PAGES SPÉCIALES N° 9421 JEUDI 18 JUIN 2015 CCR, 2e cause de mortalité par cancer Page 2 Les atouts du test immunologique Page 3 Le rôle central du médecin traitant Page 4 Conduite à tenir en fonction des résultats du test de dépistage Pages 5-6 La coloscopie, l’exploration rectocolique de référence Page 7 mise au point DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE L e dépistage du cancer colorectal est population générale. Deux enjeux majeurs en passe de connaître une véritable du dépistage organisé du cancer colorectal. avancée avec l’arrivée du test immu- Pour les médecins, ce nouveau test de nologique suite à un appel d’offres euro- ­dépistage du cancer colorectal est un ­levier péen. Cette décision s’appuie sur un avis de intéressant pour faciliter une meilleure et un rapport ­adhésion de leurs patients compte-tenu de de l’INCa (3), confirmant les performances sa meilleure performance, sa praticité et de du test immunologique et sa mise en place sa simplicité. dans le programme national du dépistage Pour les hommes et les femmes de la popu- organisé du cancer colorectal. lation cible du dépistage organisé du ­cancer Le test immunologique étant un test quanti- colorectal, c’est un atout et une chance tatif d’hémoglobine humaine, un seuil de po- grâce à sa fiabilité et son efficacité. la Haute Autorité de santé (1,2) sitivité lui a été défini. Il est de 150 ngHb/ml de tampon et devrait permettre d’obtenir un taux de positivité de l’ordre de 4 %. Deux fois plus sensible quant à la détection des cancers, mais aussi 2,5 fois plus sensible Intuitif, simple et rapide Retrouvez en ligne sur www.lequotidiendumedecin.fr Dépistage du CCR : Place au test immunologique CAS CLINIQUES INTERACTIFS quant à la détection des adénomes avancés, le test immunologique laisse ­espérer non seulement une réduction significative de la mortalité globale par cancer colorectal au niveau de la population cible, mais aussi une diminution de son incidence dans la Pr JEAN-FRANCOIS BRETAGNE, service des maladies de l’appareil digestif, CHU Rennes ; vice-président de l’Association pour le dépistage des cancers en Ille-et-Vilaine (ADEC135) . Dr JULIEN LE BRETON, maître de conférence des Universités au département de médecine générale de l’Université Paris Est -Créteil, membre du CNGE (Collège National des Généralistes Enseignants), vice-président de la SFMG (Société Française de Médecine Générale). 1 Anne, 56 ans, patiente à risque élevé de cancer colorectal 2 Claire, 54 ans, sujet à risque moyen de cancer colorectal 3 Xavier, 62 ans, à risque augmenté de cancer colorectal vous consulte pour bénéficier du test de dépistage TESTEZ VOS CONNAISSANCES PAGES SPÉCIALES DE FMC DU « QUOTIDIEN DU MÉDECIN », RÉALISÉES AVEC LE SOUTIEN DE L’INCa FMC MISE AU POINT DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE CANCER COLORECTAL : DEUXIÈME CAUSE DE MORTALITÉ PAR CANCER E n France, les données récentes rapportent­­ À RETENIR LES FACTEURS DE RISQUE 42 152 nouveaux cas de cancer colorectal et 17 722 ­décès par an imputables à ce cancer, soit la deuxième cause de décès par cancer après le cancer du poumon (4-6). Le cancer colorectal est de bon pronostic lorsqu’il est détecté à un stade précoce (stade I et II de la classification TNM). Le taux de survie relative à 5 ans est estimé à 90 % pour les cancers colorectaux diagnostiqués au stade I et II ; à 70 % au stade III ; et à 13 % au stade IV (7). Une tumeur très souvent bénigne au départ On estime que seulement 5 % des adénomes évolueront vers un cancer. Inversement, c’est la transformation maligne des adénomes qui explique la majorité des adénocarcinomes. ❚ Age supérieur à 50 ans ❚ Obésité ❚ Sédentarité ❚ Tabagisme ❚ Diabète ❚ Consommation excessive de viandes rouges, charcuteries, ❚ Consommation d’alcool ❚ Consommation déficitaire en calcium ❚ Alimentation trop calorique et/ou riche en graisses animales ❚ Acromégalie Le cancer colorectal survient rarement avant l’âge de 50 ans. Il est diagnostiqué dans la majorité des cas villeux). C’est une tumeur épithéliale bénigne qui a le (95 %) après 50 ans : 55,1% des hommes et 44,9% potentiel d’évoluer en tumeur maligne, avec différents des femmes . L’âge moyen au moment du diagnostic degrés de dysplasie (atypie ou perte de différenciation est de 69,5 ans chez l’homme et de 72,8 ans chez la de cellules épithéliales). (7) (8) femme (7). niveau des cellules épithéliales de la muqueuse intes- Un adénocarcinome dans la majorité des cas tinale à partir d’un polype adénomateux ou adénome Certains cancers colorectaux peuvent se développer (tumeur bénigne). Plusieurs types de polypes bénins de novo, et non à partir de polypes adénomateux dé- sont décrits : adénomateux, festonnés (groupe auquel tectables. De découverte récente, une autre voie de appartiennent les hyperplasiques), inflammatoires ou cancérogénèse colorectale passe par les polypes ses- lymphoïdes. Les polypes hyperplasiques sont les plus siles festonnés, qui constituent un sous-groupe parmi fréquents des polypes non cancéreux. les polypes festonnés.Qu’il soit de novo, ou issu de la Le polype adénomateux ou adénome résulte de la pro- transformation maligne d’un adénome ou de celle plus Ce cancer se développe dans 60 à 80 % des cas au lifération des cellules des glandes de Lieberkühn, avec rare d’un polype sessile festonné, le cancer colorectal trois types histologiques (tubuleux, tubulovilleux et est un adénocarcinome dans 95 % des cas. UNE SYMPTOMATOLOGIE PARFOIS ASPÉCIFIQUE ❚ Le cancer colorectal peut évoluer à bas bruit. ❚ Il peut aussi se manifester par des signes cliniques (anémie ferriprive sans autre cause, masse palpable abdominale). ❚ Il peut être accompagné de signes fonctionnels non spécifiques : rectorragies, melaena,douleurs abdominales inexpliquées, coliques violentes, syndrome rectal (faux besoins, ténesme, épreintes), troubles du transit intestinal, amaigrissement récent inexpliqué, occlusion intestinale. 2 n LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – PAGES SPÉCIALES – N° 9421 - JEUDI 18 JUIN 2015 80 % des CCR surviennent en dehors d’un contexte de prédisposion. 1% 2à3% 80 % Polyposes 15 à 20 % Risque très élevé (prédisposition génétique polypose, syndrome de Lynch) Risque élevé (antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal, d’adénome ou de maladie de Crohn) Risque moyen (sans antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal ou d’adénome) Répartition de l’incidence du cancer colorectal (CCR) par niveau de risque. FMC MISE AU POINT Retrouvez les dossiers FMC sur Internet DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE www.lequotidiendumedecin.fr LES ATOUTS DU TEST IMMUNOLOGIQUE, PLUS SENSIBLE ET PLUS SIMPLE L e test immunologique (9) intègre le programme ­n ational du dépistage organisé du cancer ­colorectal. Cette décision fait suite à un avis favorable de la Haute Autorité de la santé (HAS) (1, 2) et à un rapport de l’INCa (3), en raison d’une plus grande sensibilité et simplicité d’utilisation. Il s’agit d’un test spécifique de l’hémoglobine humaine dont la lecture n’est pas manuelle mais automatisée, ce qui lui confère ­précision, fiabilité et reproductibilité. À RETENIR à celle du test au gaïac (7 à 8 cancers détectés 7 À 8 CANCERS SUR 10 sont dépistés avec le test immunologique contre 4 sur 10 avec le test au gaïac çois Bretagne, gastro-entérologue, CHU Rennes. pour 100 tests positifs), rapporte le Pr Jean-FranOn peut se demander pourquoi il y a un gain en sensibilité si la valeur prédictive positive est la même ? La réponse est liée au fait que le test ­i mmunologique est globalement deux fois plus souvent ­positif, ce qui amène à faire deux fois plus de ­coloscopies à bon escient ». Cette nouvelle technologie facilite l’interprétation des résultats, minimise l’erreur humaine et permet Une ergonomie simplifiée de modifier le seuil de positivité de sorte à ajuster Côté pratique, le test immunolo- la performance du programme dans le temps, en gique ne nécessite qu’un seul pré- fonction des résultats obtenus ou selon la popula- lèvement de selles (au lieu des six tion cible. prélèvements sur trois selles avec Une meilleure sensibilité Un autre intérêt majeur du test est sa sensibilité (10) : le recours au test immunologique permet donc de détecter davantage d’adénomes avancés (lésions précancéreuses) et des études ont montré une augmentation de la sensibilité pour la somme des cancers isolés (rapport de 2 selon le seuil retenu) et pour les adénomes avancés (rapport de 2,5 selon le seuil de positivité retenu) (3) . Quant à la valeur prédictive positive (VPP) de cancer du test immunologique, « elle est comparable LE TEST IMMUNOLOGIQUE augmente significativement la détection des polypes adénomateux à haut risque de transformation maligne permettant de les retirer avant même qu’ils n’évoluent en cancer le test au gaïac). L’ergonomie du test (tube plastique contenant un tampon liquide de transport avec un bouchon muni d’une tige striée) facilite le recueil de selles ; il suffit de les gratter avec la tige puis de reboucher le tube. La mise à disposition de ce nouveau test immunologique permet d’envisager une plus grande participation de la population cible au dépistage du cancer colorectal, facteur clé d’une plus grande efficacité du programme de dépistage. UN TEST IMMUNOLOGIQUE EN 3 ÉTAPES JEUDI 18 JUIN 2015 - N° 9421 – PAGES SPÉCIALES – LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN n 3 FMC MISE AU POINT DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE LE RÔLE CENTRAL ET DÉTERMINANT DU MÉDECIN TRAITANT, INTERLOCUTEUR PRIVILÉGIÉ DU DÉPISTAGE L e dépistage organisé du cancer colorectal repose sur un test de recherche de sang occulte dans les selles, suivi d’une coloscopie en cas de positivité du test. Il est proposé aux hommes et femmes de 50 à 74 ans à risque moyen de cancer colorectal (7). La structure en charge du dépistage des cancers leur adresse tous les 2 ans un courrier les invitant à aborder le dépistage avec leur médecin traitant. Ce dernier joue un rôle central (7) : évaluer le niveau de risque, proposer à ses patients une démarche de dépistage ou un suivi adapté et expliquer l’intérêt du dépistage afin d’en favoriser l’adhésion. À RETENIR Le médecin explique et remet le test gratuitement si son patient appartient à la population cible. KIT DE DÉPISTAGE Près de 9 personnes sur 10 déclarent avoir effectué le test de dépistage lorsqu’il a été expliqué et remis par le médecin traitant au cours de la consultation.(12) freins au dépistage présents chez un certain nombre de personnes. Trois principaux freins au dépistage LES STRUCTURES DE GESTION du CCR ont été identifiés : la méconnaissance du Les structures de gestion du programme national de dépistage du cancer qu’elles soient départementales, interdépartementales ou régionales, ont pour missions : la coordination des campagnes de dépistage, la gestion des invitations des bénéficiaires, le suivi des résultats des dépistages, les relations avec les professionnels de santé, la communication locale, les relations avec les centres de liaison hospitaliers. ­cancer colorectal et de son dépistage ; la gêne éprouvée à l’égard de ce cancer, des modalités de ce dépistage, de la sphère digestive en général mais aussi le sentiment de ne pas être concerné par ce dépistage et/ou la volonté de ne pas se sentir concernés. « Le médecin doit insister sur l’intérêt du test immunologique pour une meilleure acceptabilité de la réalisation pratique du dépistage, ­observe le Dr Le Breton, il est important que le médecin comprenne le ressenti, les ré- Le MG en première ligne du dépistage ticences du patient par rapport à ce dépistage, qu’il re- Le médecin explique et remet le test si son patient ap- cherche les causes éventuelles pour lesquelles le patient partient à la population cible (risque moyen) ou l’oriente refuse le dépistage afin de pouvoir être en mesure de vers la stratégie la plus adaptée en fonction de ses an- dépasser les obstacles identifiés. Les efforts du médecin técédents personnels ou familiaux, de la présence de doivent aussi porter sur les patients à risque aggravé (le symptômes d’alerte et d’éventuelles explorations co- risque élevé et très élevé) chez qui la coloscopie est di- liques déjà réalisées (cf. pages 5-6). rectement proposée, car c’est tout particulièrement au Lors de la remise du kit de dépistage, le médecin ­l’informe des modalités de réalisation du test à domicile, sur les bénéfices et les limites du dépistage. Sensibiliser les patients et identifier les freins au dépistage La relation de confiance entre le médecin et son ­p atient lui donne une force de conviction unique pour présenter l’intérêt du dépistage, ses modalités de réalisation pratique mais aussi pour identifier les Retrouvez des outils d’aide à la pratique dans le module eFMC « Dépistage du CCR », rubrique « Infos Plus » 4 n LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – PAGES SPÉCIALES – N° 9421 - JEUDI 18 JUIN 2015 sein de cette population de patients que la coloscopie va mettre en évidence la présence d’un cancer ». Le dépistage du cancer colorectal met en lumière l’évolution du rôle du médecin traitant qui inscrit sa pratique dans une démarche de prévention vs une démarche de soins. En ce sens où l’accent mis sur la prévention s’ajoute aux soins qui lui sont depuis longtemps dévolus. Cette démarche de prévention (11) nécessite d’impliquer le patient (patient non demandeur) ou de l’accompagner et le motiver (patient demandeur). FMC MISE AU POINT Retrouvez les dossiers FMC sur Internet DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE www.lequotidiendumedecin.fr CONDUITE À TENIR EN FONCTION DES NIVEAUX DE RISQUE L e médecin traitant évalue le niveau de risque de chaque personne pour lui proposer la stratégie de dépistage qui lui est adaptée. Le dépistage organisé du cancer colorectal s’adresse à la population à risque moyen, asymptomatique et sans antécédents ­personnels ou familiaux de maladies touchant le colon ou le rectum. Pour cette population, le test immunologique est indiqué. Il sera remis par le médecin traitant À RETENIR La répétition régulière des tests est le gage de l’efficacité du dépistage du cancer colorectal. à l’occasion d’une consultation. ❚ Si le test est négatif, le médecin traitant invite alors le patient à renouveler le test deux ans plus tard, ­sachant que la répétition régulière des tests est le gage de l’efficacité du dépistage du cancer c­ olorectal. PERSONNE À RISQUE MOYEN CHEZ QUI LE TEST N’EST PAS INDIQUÉ Examens : - coloscopie totale (< 5 ans) complétée ou non par un lavement baryté (< 5 ans) et/ou un coloscanner (< 2 ans), - coloscanner seul (< 2 ans), - recherche de sans dans les selles (< 2 ans). Maladies intercurrentes (autres cancers, maladies, personnes dépressives, etc.) événements de vie, accidents récents Refus (lever les freins, cf. page 4) Le médecin est également amené à inciter le patient à consulter si des signes d’alerte surviennent dans ❚ Un résultat positif doit toujours être confirmé l’intervalle (présence de sang dans les selles, troubles par une coloscopie. Le médecin adressera le pa- du transit d’apparition ­récente, douleurs abdominales tient à un gastroentérologue pour la réalisation d’apparition récente, persistante et inexpliquée, amai- d’une coloscopie, qui permettra, le cas échéant, grissement inexpliqué). de retirer d’éventuels polypes et de confirmer ou Le dépistage organisé du cancer colorectal (CCR) en pratique chez les personnes âgées de 50 à 74 ans (risque moyen) sans symptôme ni antécédents particuliers de maladie affectant le côlon ou le rectum (13) ÉTAPE 1 Votre patient(e) reçoit tous les deux ans, de la structure de gestion du dépistage des cancers, un courrier personnalisé l’invitant à réaliser un dépistage du cancer colorectal. Ce courrier lui suggère d’aborder ce sujet avec vous à l’occasion d’une prochaine consultation. ÉTAPE 2 Lors de cette consultation, vous évaluez son niveau de risque de cancer colorectal en fonction de ses symptômes, de ses antécédents médicaux et de ceux de sa famille ÉTAPE 3 Si votre patien(e) ne présente pas de risque particulier, vous l’informez de l’intérêt et des limites du dépistage, vous examinez avec lui ses éventuelles réticences. Vous lui proposez le test de recherche de sang dans les selles, lui expliquez comment l’utiliser*, et lui remettez la fiche d’identification à compléter. ÉTAPE 4 Votre patient(e) réalise le test à son domicile et l’adresse au centre de lecture agréé dans le cadre du dépistage organisé, à l’aide d’une enveloppe T. ÉTAPE 5 Sous une quinzaine de jours, votre patient(e) et vous-même recevez le résultat du test de dépistage ÉTAPE 6 Si le résultat du test est négatif (96 %) Si le résultat du test est positif (4 %) Votre patient(e) sera invité(e) 2 ans plus tard à renouveler son test de dépistage. Il lui sera conseillé de vous consulter dans l’intervalle en cas de symptôme évocateur. Vous adressez votre patient(e) à un gastroentérologue pour la réalisation d’une coloscopie. * Disponible en vidéo sur http://www.e-cancer.fr/tutoriel-test-depistage-cancer-colorectal. JEUDI 18 JUIN 2015 - N° 9421 – PAGES SPÉCIALES – LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN n 5 FMC MISE AU POINT DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE Dans l’éventualité où le test précédent était positif et Le dépistage du cancer colorectal pour les personnes à risque aggravé que le patient n’a pas suivi, malgré vos conseils, votre Le test n’est pas indiqué pour les personnes présen- recommandation de réaliser une ­c­oloscopie, vous veil- tant des antécédents personnel ou familiaux de ma- lerez à le notifier dans le dossier. La prescription ou ladies touchant le colon ou le rectum. Dans ces cas, le la remise d’un nouveau test de sang occulte dans les médecin traitant adresse la personne à un gastroenté- selles pour confirmation, n’est pas adaptée dans cette rologue qui mettra en place la stratégie de dépistage situation. et de suivi adaptée. infirmer un diagnostic de cancer (après biopsie). Dépistage du cancer du côlon : schéma simplifié des conduites à tenir en fonction du niveau de risque Patients à risque moyen Patients à risque élevé Patients à risque potentiellement très élevé Femmes et hommes • De 50 à 74 ans • ATCD personnel de cancer colorectal ou adénome. • Polypose adénomateuse familiale. • Sans symptôme • ATCD familial de cancer colorectal ou adénome (un parent 1er degré < 65 ans ou deux parents 1er degré quel que soit l’âge). • Cancer colorectal héréditaire non polyposique (HNPCC ou syndrome de Lynch). • Et n’étant pas à risque élevé ou très élevé • Maladie inflammatoire chronique (rectocolite hémorragique ou maladie de Crohn). Programme de dépistage organisé du cancer colorectal Test immunologique Consultation chez un gastroentérologue Coloscopie Consultation chez un gastroentérologue Consultation d’oncogénétique* Chromoendoscopie** ** La chromoendoscopie est une endoscopie digestive utilisant l’indigo carmin comme colorant de la muqueuse colique afin de repérer plus facilement les adénomes plans et de mieux préciser les limites d’une lésion identifiée par coloscopie sans coloration. * INDICATIONS DES CONSULTATIONS D’ONCOGÉNÉTIQUE ET DES TESTS GÉNÉTIQUES 1) CCR (cancer colorectal) diagnostiqué avant l’âge de 50 ans. 2) Sujet avec un antécédent personnel de cancer du spectre Lynch (côlon, endomètre, grêle, voies urinaires excrétrices), CCR synchrone ou métachrone, ou cancer extra-colique du spectre Lynch quel que soit l’âge au diagnostic. 3) CCR diagnostiqué avant 60 ans avec caractéristiques anatomo-pathologiques évocatrices d’un syndrome de Lynch. 4) CCR avec au moins un apparenté au premier degré atteint d’un cancer du spectre Lynch élargi (pancréas, voies biliaires, estomac, ovaires, glioblastomes, tumeurs cutanées), un des cancers diagnostiqué avant 50 ans. 5) CCR diagnostiqué chez un individu ayant au moins 2 apparentés au 1er ou 2e degré atteint d’un cancer du spectre élargi HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer), quel que soit l’âge au diagnostic. 6) Polypose adénomateuse familiale. 6 n LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – PAGES SPÉCIALES – N° 9421 - JEUDI 18 JUIN 2015 FMC MISE AU POINT Retrouvez les dossiers FMC sur Internet DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL : PLACE AU TEST IMMUNOLOGIQUE www.lequotidiendumedecin.fr LA COLOSCOPIE, L’EXPLORATION RECTOCOLIQUE DE RÉFÉRENCE L a coloscopie, réalisée le plus souvent sous anes- facteur de risque, la coloscopie est indiquée si le test thésie générale en hospitalisation courte ou en de dépistage est positif. ambulatoire est la technique de référence pour la Parmi les complications majeures, le risque de perfo- détection des lésions de la paroi colique. Elle permet ration est rare (1 à 2 cas/1 000 coloscopies), le risque dans le même temps la résection puis l’analyse his- hémorragique existe (1 à 2/1 000) et le risque de décès tologique de toute lésion retrouvée. Ses performances représente 1 cas/18 000 à 1 cas/1 000. Les facteurs tant diagnostiques que thérapeutiques sont élevées. de risque majorant le risque de complications d’une La coloscopie est proposée en 1re intention chez les coloscopie sont : l’âge > 60 ans, une maladie chronique patients à risque élevé. cardiaque ou respiratoire préexistante, l’exérèse d’un En cas de risque moyen de CCR correspondant à la polype de gros diamètre (20 mm ou plus), la prise d’an- population asymptomatique de plus de 50 ans et sans ticoagulants ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, l’inexpérience du médecin pratiquant la coloscopie. PLACE DU COLOSCANNER ❚ Selon la HAS (16, 17), le coloscanner ou coloscopie virtuelle (CV) ne constitue pas un examen de première ligne d’exploration colique, mais une alternative à la vidéo-coloscopie dans des situations particulières. La CV peut être proposée lors de vidéo-coloscopie incomplète. Dans un contexte de diagnostic de symptômes évocateurs de tumeur colorectale ou de dépistage de patients à risque élevé de cancer colorectal, la CV peut être proposée en cas de refus de la vidéo-coloscopie (après information complète et loyale du patient) ou en raison de comorbidités compromettant la sécurité de cette vidéocoloscopie. Lors de dépistage de patients à risque moyen de cancer colorectal, la CV peut être proposée en cas de contreindication médicale à la vidéo-coloscopie chez un patient ayant un test positif de saignement occulte dans les selles. La CV ne constitue pas un examen de dépistage de patients à risque très élevé de cancer colorectal. ❚ Le coloscanner permettrait de détecter des polypes du colon avec une sensibilité d’environ 80 % pour les polypes de plus de 5 mm (15, 16). En revanche, des lésions planes, même de grande taille, peuvent passer inaperçues. Des performances dépendantes de la qualité de la préparation colique La performance de la coloscopie est liée en premier lieu à la qualité de la préparation colique (14). Le caractère incomplet de la préparation colique a pour conséquence un examen intestinal incomplet. Il importe d’inciter les personnes ayant à faire une coloscopie à bien respecter les conditions de la préparation colique. Le second élément qui optimise la qualité de l’examen est lié à l’expérience du médecin endoscopiste et au temps d’examen, notamment au temps de retrait du coloscope (15). Le taux de faux négatifs (lésions « non vues ») est inversement corrélé à la durée du retrait du coloscope. L’augmentation du temps de retrait du coloscope (minimum 10 minutes) permet d’améliorer la performance de l’examen. L’utilisation de colorant (indigo carmin) au cours de la coloscopie (chromo-endoscopie) est une aide au diagnostic et à la décision thérapeutique, en particulier en cas de suspicion de lésion « plane ». Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques dans le module eFMC « Dépistage du CCR », rubrique « Infos Plus » SESC, 1, rue Augustine-Variot - 92245 Malakoff Cedex. Tél. : 01.73.28.12.70. Fondateurs : Dr Marie-Claude TESSON-MILLET et Philippe TESSON Président et directeur de la publication : Dr Gérard Kouchner Directeur général : Julien Kouchner Imprimerie : Imprimerie Vincent (Tours) CPPAP 0417 T 81257 - N° ISSN : 0399-2659 COMITÉ DE RÉDACTION Directeur médical : Dr Alain Marié Directeur scientifique : Dr Emmanuel de Viel Rédacteur en chef : Dr Sylvie Le Gac Rédaction : Dr Martine André Conception réalisation : Leslie Nadotti Secrétaire de rédaction : François Fonvieille COMITÉ SCIENTIFIQUE Pr Jean-François Bretagne, CHU Rennes Dr Julien Breton, Université Paris-Est Reproduction interdite de tous les articles, sauf accord de la direction. Les textes publiés sont sous la responsabilité des auteurs. JEUDI 18 JUIN 2015 - N° 9421 – PAGES SPÉCIALES – LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN n 7 DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL NOUVEAU TEST POUR VOS PATIENTS PLUS PERFORMANT, PLUS FIABLE, PLUS SIMPLE – Crédit photo : studio Rauzier Rivière – INCa – SIREN : 187 512 777. Le test immunologique, en améliorant la détection des cancers, permet une prise en charge plus efficace de vos patients et augmente leurs chances de guérison. Grâce à sa sensibilité élevée, il détecte 2 fois plus de cancers et 2,5 fois plus d’adénomes avancés que le précédent test de dépistage. Ce test à prélèvement unique est plus simple et plus rapide à réaliser. Vous êtes médecin généraliste, commandez-le dès maintenant sur votre « Espace pro » d’Ameli.fr. Si vous n’avez pas d’accès à « Espace pro », le test peut être commandé auprès de la structure de gestion en charge des dépistages dans votre département. Consultez le dossier d’information et de formation sur