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UE2 Santé, Société, Humanité
Dr CHIRPAZ
Date : 24/09/15 Plage horaire : 8h30-10h30
Promo : D1 2015/2016 Enseignant : Dr CHIRPAZ
Ronéistes :
GERBANDIER Estelle
PATEL Aimane
Le dépistage des cancers
I. Définitions
II. Les différents types de dépistage
III. Conditions de lefficacité dun dépistage
IV. Caractéristiques dun test de dépistage
V. Evaluation de lefficacité dun dépistage
VI. Le dépistage organisé en France
1. Cancer du sein
2. Cancer colorectal
3. Cancer du col de lutérus
VII. Autres dépistages
1. Cancers des VADS
2. Cancers cutanés
3. Cancer de la prostate
4. Autres pistes
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I. Définitions
Dépistage (screening) = recherche chez une personne « non malade connue » d'une ou de plusieurs maladies
ou d'anomalies dites "à risques".
Notion importante pour le dépistage : on sadresse à une population non malade. On est dans le cadre de la
prévention secondaire, on cherche à diminuer la prévalence des maladies.
Rappels (OMS) :
Prévention primaire : cest lensemble des actes destinés à diminuer lincidence d'une maladie ou dun
problème de santé, donc à réduire lapparition des nouveaux cas dans une population saine par la diminution
des causes et des facteurs de risques. Ce sont les mesures de prévention (ex : campagnes individuelles contre
le tabac, lalcool, pour le sport ou les mesures de prévention collectives comme la qualité de leau, la salubrité
de lalimentation, la médecine du travail).
Prévention secondaire : cest lensemble des mesures destinées à diminuer la prévalence dune maladie
dans une population, donc à réduire la durée d’évolution de la maladie. On retrouve le dépistage précoce des
maladies et les traitements initiaux qui vont conduire à une réduction de la durée de la maladie et donc une
baisse de la prévalence.
Prévention tertiaire : cest lensemble des moyens mis en œuvre pour diminuer la prévalence des incapacités
chroniques ou handicaps dune maladie dans une population, ainsi que l'incidence des récidives dans une
population, donc à réduire au maximum les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie.
On a aussi les soins palliatifs (traitement des patients pour lesquels il ny a plus de soin curatif possible).
Remarque : le dépistage d'une lésion pré-cancéreuse (typiquement cancer du côlon et du col lutérus) constitue
:
> une action de prévention secondaire pour la lésion pré-cancéreuse pour la traiter ( de leur prévalence),
> une action de prévention primaire pour le cancer ( de leur incidence).
Dépister nest pas diagnostiquer (important)
Le test de dépistage est une étape avant le diagnostic, appliqué à des sujets apparemment indemnes de la
maladie. Cest un « filtre ». On ne va pas chercher à faire le diagnostic dune maladie par un dépistage, on
va chercher à cibler une partie de la population qui a un risque plus important quune autre d’être malade.
Le test est négatif, on vous considère comme non-malade, vous avez peu de chance d’être malade. Le test est
positif, il y a des risques que vous ayez la maladie, il faudra aller plus loin et faire le test de diagnostic pour
confirmer la maladie. Ce test sadresse à des personnes asymptomatiques.
Notion importante : un test de dépistage est un test qui ne fera pas le diagnostic de la maladie. On pourra juste
dire quil y a une possibilité que le patient soit malade.
Le test diagnostic donne la certitude diagnostique; il est appliqué à des personnes présentant des troubles
définis, éventuellement en seconde ligne dun test de dépistage. Il est réalisé quand il y a des symptômes qui
font suspecter la maladie.
Le dépistage permet de « trier » au sein dune population-cible apparemment en bonne santé les personnes
possiblement atteintes dune maladie des personnes probablement indemnes.
>> Le test de dépistage nest pas un test diagnostic; lorsquil est positif, il doit orienter secondairement vers
une procédure diagnostique
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I. Les différents types de dépistage
Dépistage systématique / ciblé
Dans le dépistage systématique dit «de masse » (mass screening), la population recrutée nest pas sélectionnée
(comprend le dépistage dans une tranche d'âge spécifique).
Ex : dans le cancer du sein, on sadresse à toutes les femmes de 50 à 75 ans. Pour le cancer du col de lutérus,
cest toutes les femmes de 25 à 65 ans. Il ny a pas de condition supplémentaire qui cible la population.
Le dépistage ciblé lui ne concerne quune population recrutée sur des critères précis (facteur de risque +++).
Ex : pour le cancer du côlon on va cibler les personnes qui ont une poly-adénomatose familiale.
Dépistage organisé / individuel
Le dépistage est dit organisé (= communautaire) si le recrutement se fait dans une communauté, dans le
cadre dune campagne de dépistage. On a une organisation dans le département avec des bases de données
de toutes les personnes qui doivent être dépistées en fonction de leur âge.
Le dépistage est dit individuel (= opportuniste) sil est réalisé dans le cadre dun recours aux soins individuels,
impliquant le médecin et le patient (ex : cancer de la prostate et de la peau qui se font par le médecin
généraliste qui propose un dosage de la PSA, daller voir le dermatologue).
Ronéo 2014
Souvent un dépistage de masse sera organisé
Le dépistage organisé en France se fait pour 2 cancers : le cancer du sein et le cancer colorectal. On a des
structures de dépistage dans chaque département qui vont organiser ce dépistage, vérifier les résultats, que les
patients sont bien pris en charge.
Le dépistage de masse se fait pour 3 cancers : le cancer du col de lutérus, du sein et du colon.
Pour le cancer du col de lutérus, on a des recommandations de dépistage de masse pour toutes les femmes de
25 à 65 ans mais très peu de départements lorganisent. On demande aux femmes daller se faire dépister mais
elles doivent elles-mêmes faire la démarche auprès de leur gynéco. Il ny a pas dorganisation sauf pour
quelques départements.
Avantages du dépistage organisé
> Participation élevée (permet la diffusion de l'information, les gens vont être convoqués),
> Equité dans laccès aux soins (ce qui améliore la participation),
> Organisation du contrôle qualité (ex : pour le cancer du sein, les radiologues doivent être agréés pour faire
la mammographie, le matériel est surveillé, les résultats sont vérifiés avec une double lecture par les
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radiologues spécialistes, la structure vérifie que les femmes ayant eu un cas de mammographie positive ont
bien eu derrière les démarches diagnostiques pour confirmer ou infirmer le diagnostic).
Inconvénients du dépistage organisé
> Coût (il faut quil y ait des avantages pour la société
pour quon le fasse).
Organisation typique d'une campagne de dépistage dépistage
En France c'est géré par des organismes de coordination des dépistages au niveau de chaque département, qui
récupèrent la liste des sujets affiliés à la Sécurité Sociale pour la tranche d'âge considérée. Puis ils convoquent
les gens pour leur dire qu'ils doivent aller faire une mammographie ou une recherche de sang dans les selles
chez le médecin généraliste, etc...
I. Conditions de lefficacité dun dépistage
On ne peut pas dépister toutes les maladies, et il y a des conditions pour qu'une maladie soit dépistable et
que le dépistage soit efficace sur la population.
Les 10 Critères de Wilson et Jungner (OMS) : (à connaître)
1. Pertinence : la maladie à mettre en évidence doit appartenir aux problèmes de santé importants en terme de
fréquence et de gravité. Vu le coût de cette démarche, il faut quil y ait un avantage.
2. Traitabilité : la maladie doit être traitable au moyen dune méthode thérapeutique généralement admise,
connue et efficace. Il ny a aucun avantage à diagnostiquer une maladie quon ne peut pas traiter derrière.
3. Disponibilité des moyens : les moyens disponibles pour poser le diagnostic doivent être suffisants, une fois
quon a dit que le patient est possiblement malade par le test de dépistage.
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4. Identification : un stade latent/précoce identifiable doit exister pour justifier la volonté de recherche. Il n'y
a aucun intérêt à aller dépister une maladie pour laquelle on ne peut pas faire un diagnostic précoce ou si le
diagnostic précoce n'entraine pas une augmentation des chances de guérison.
5. Evolution naturelle : l’évolution naturelle de la maladie à mettre en évidence doit être connue, entre la phase
de latence, la phase clinique Cela permet de déterminer le délai entre 2 examens : par ex la mammographie
tous les 2 ans permet de ne pas rater le cancer.
6. Qui est malade ? Il doit exister un consensus sur les critères de maladie.
7. Méthode de détection : une bonne méthode de détection doit exister. Un bon test de dépistage avec des
bonnes caractéristiques.
8. Acceptabilité : la méthode de détection doit être acceptable pour la population. On va appliquer ce test sur
une population saine considérée comme non malade, il ne faut donc pas quil soit trop lourd, trop invasif.
9. Coût-bénéfice : les coûts doivent être proportionnels aux bénéfices. On met en œuvre des gros moyens avec
un risque pour la population dans certains cas, il faut quil y ait des résultats positifs en terme de mortalité,
de morbidité… il ne faut pas non plus que le coût soit exorbitant.
10. Continuité : le processus de détection doit être continu. Ex : si on fait une mammographie chez une femme
de 50 ans, si derrière on nen fait plus, il ny a aucun intérêt. Le risque de cancer augmente avec l’âge.
Problématique :
« Amener au juste traitement les malades » sans être « délétère » pour ceux qui nen ont pas besoin.
Ronéo 2014
Le dépistage va amener à traiter des patients qui nauraient pas été traités si on ne les avait pas dépistés dans
le cas où on a une maladie lente qui naurait jamais été diagnostiquée. Par ce diagnostic, on peut être délétère
en traitant des gens.
Il faut trouver un consensus pour détecter des maladies sans aller trop loin (ex : cancer de la prostate). On ne
va pas détecter des maladies qui ne se seraient jamais manifester durant la vie du patient et qui vont engendrer
des traitements lourds.
Les effets "bénéfiques" du dépistage
Amélioration du pronostic de la maladie (précocité de la prise en charge),
de la prévalence, des complications
Allègement des thérapeutiques,
Diminution de lincidence de la maladie si dépistage de facteurs de risques (lésion précancéreuse par
exemple).
Ronéo 2014
Le but du dépistage est daméliorer le pronostic des malades. On est dans le cadre de la prévention IIre en
général et donc on va permettre une détection précoce de la maladie, ce qui est particulièrement vrai dans le
cancer. La majorité des cancers se guérissent sils sont pris tôt, à un stade local : cest le but du dépistage. Plus
on traite tôt, moins on aura de traitement lourd et de complications à long terme.
On peut aller jusqu’à diminuer lincidence de la maladie si le dépistage permet de détecter les lésions
précancéreuses et donc on empêche lapparition de la maladie.
Les effets « délétères » du dépistage
Stress associé aux bilans complémentaires chez les sujets avec test positif. On sadresse à
une population
non malade.
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