ON OD lettre N 20

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NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS
(Déjeuner chez Wittgenstein)
Thomas Bernhard / Séverine Chavrier
OD ON
LA COMÉDIE
DU SACCAGE
LA MOUETTE
Anton Tchekhov / THOMAS OSTERMEIER
CRISE DE L'AMOUR,
CRISE DE L'ART
les PALMIERS SAUVAGES
WILLIAM FAULKNER / Séverine Chavrier
UNE FUGUE,
UNE FUITE
o
Lettre N 20
Odéon-Théâtre de l’Europe
mai – juin 2016
2
Nous sommes repus mais pas repentis 3
énormément d'art, et en particulier
de musique. La musique hante la
réflexion du philosophe comme elle
hante la scène du dramaturge. Elle
fixe une sorte de point de nostalgie.
Bernhard rêvait d'être chanteur lyrique
avant que la maladie l'en empêche. Et
l'une des grandes questions qu'aborde
Wittgenstein dans ses Remarques
mêlées est de déterminer ce qu'on veut
dire quand on parle de «comprendre»
un thème musical. La musique est
pour lui une grammaire, et la façon
dont cette grammaire fonctionne a
des incidences sur son propre style.
Le frère de Wittgenstein, qui était un
grand pianiste, a perdu le bras droit
pendant la Première Guerre mondiale. C'est pour lui que Ravel a écrit
son Concerto pour la main gauche...
Toujours cet étrange mélange de virtuosité et de gaucherie ! Dans le spectacle,
la musique est donc partout. Je joue
du piano en direct. Le sol est recouvert
de disques vinyle. À un moment, on
voit s'élever tout un mur de pochettes
de 33 tours, comme une tenture. Nous
travaillons avec des platines, nous trafiquons les bruits de vaisselle...
p. 2 à 4
NOUS SOMMES REPUS
MAIS PAS REPENTIS
(Déjeuner chez Wittgenstein)
LA COMÉDIE DU SACCAGE
ENTRETIEN AVEC
CLAUDE FISCHLER
p. 4 à 5
LES PALMIERS SAUVAGES
UNE FUGUE, UNE FUITE
p. 6 à 7
© Samuel Rubio
LA MOUETTE
CRISE DE L'AMOUR, CRISE DE L'ART
p. I à IV
les bibliothèques
de l’odéon
GASTON BACHELARD
OU LE «DROIT DE RÊVER»
LA VOIE DE L'ACCÉLÉRATION
FESTIVAL JAZZ À SAINT-GERMAINDES-PRÉS PARIS
À PROPOS DES MONUMENTS
NATIONAUX
p. 8 à 9
ADOLESCENCE
ET TERRITOIRE(S)
LA COMÉDIE
DU SACCAGE
F(EUX)
Voyager de William Faulkner à Thomas Bernhard n'est pas donné à tout le monde. Comment et pourquoi passer d'un
Génération(s) odéon
grand roman de la passion amoureuse (Les Palmiers sauvages) à un huis-clos familial (Nous sommes repus...) signé par
CAMPAGNE DE MÉCÉNAT
PARTICIPATIF
p. 10
un maître de la dramaturgie contemporaine ? Entre la folle fuite en avant façon Nouveau Monde et la non moins folle
révolte sur place façon vieille Europe, Séverine Chavrier interroge avec brio – et comme toujours, en musique – deux
AVANTAGES ABONNÉS
styles de refus, deux manières de se cogner la tête contre les murs du monde. À ses côtés, Marie Bos, Déborah Rouach
Invitations et tarifs préférentiels
(qui fut la Cendrillon de Joël Pommerat) et Laurent Papot (dont la saison à l'Odéon s'est ouverte sur le rôle de Rodolpho
p. 11
dans Vu du pont, mis en scène par Ivo van Hove).
ACHETER ET RÉSERVER
SES PLACES
p. 12
LANCEMENT DE SAISON
2016-2017
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Odéon-Théâtre de l’Europe
Le titre du spectacle, Nous sommes
repus mais pas repentis, est une sorte
d'interprétation instinctive du titre
français de l'œuvre, Déjeuner chez
Wittgenstein. Et ce titre-là était déjà
une lecture proposée par son traducteur, puisqu'en allemand, la pièce est
désignée par le nom des trois acteurs
qui l'ont créée : Ritter, Dene, Voss.
Pour Bernhard, c'était donc un titredédicace, une façon de dire que le texte
a été écrit pour ses interprètes. De
rappeler aussi que nous sommes
en plein théâtre, mais que le théâtre
concerne des gens réels, des contemporains, et non pas simplement des
rôles plus ou moins fictifs. La traduction recentre l'œuvre du côté de
la fiction, car l'histoire qui nous est
racontée consiste effectivement en
trois moments d'une journée dans
l'intimité de la famille Wittgenstein, le
frère et les deux sœurs. À vrai dire, le
fameux philosophe n'est jamais vraiment nommé par Bernhard, mais on ne
peut avoir aucun doute sur son identité,
vu les indices qu'il a semés dans sa
pièce et sa manière de s'amuser avec
les allusions : par exemple, le médecin de la famille s'appelle Frege, du
nom d'un spécialiste de logique dont
le Wittgenstein historique a discuté
les conceptions. Et donc, au-delà de la
traduction, avec le passage au plateau,
nous avons à notre tour déplacé le titre.
Wittgenstein nous intéresse, bien sûr,
et le théâtre aussi. Mais nous tenions
à pouvoir ouvrir le texte, à y intégrer
d'autres passages de Bernhard, tirés
de ses pièces ou de ses romans. Surtout, il s'agissait de revenir à ce que
l'auteur visait, à savoir, le temps présent. Il nous dit quelque chose de nousmêmes, de notre situation historique,
à nous autres Européens. C'est difficile à exprimer... L'Europe a tout, et
en même temps non, ça ne va pas,
ce n'est toujours pas ça. Bernhard a
écrit quelque part que Salzbourg a le
taux de suicide par habitant le plus
élevé d'Autriche ; curieusement, nous
créons ce spectacle en Suisse, qui est
le pays dont le taux de suicide est le
plus élevé d'Europe. Une enclave de
richesse, de confort, de tranquillité,
Il est un mixte
d'autodidacte
et d'héritier.
comme à l'abri de l'Histoire, sauf que
c'est illusoire, qu'il n'y a pas d'abri,
et que comme disait Brecht, et nous
le voyons tous les jours, «le ventre
est toujours fécond d'où est sortie la
bête immonde». Qu'on le veuille ou
non, la violence du monde hante nos
mémoires, nos corps. Et le plateau.
Déjeuner chez Wittgenstein est une
des pièces les plus abouties de son
auteur, avec Place des héros et Avant
la retraite, qui met déjà en scène un
frère et ses deux sœurs. Mais l'accent y est moins sur le passé nazi de
l'Autriche que sur la figure de l'intellectuel, et sur son extrémisme propre,
entre pensée et folie. Le Wittgenstein
de Bernhard est très proche de certains fous shakespeariens. Ce qui me
touche aussi chez lui, c'est qu'il est un
mixte d'autodidacte et d'héritier. Il y a
d'abord sa volonté de rupture absolue.
Il veut tout devoir à ses propres capacités. Et de même qu'il tente de penser à
partir de son propre fonds, contre toute
la tradition occidentale, de même il
veut être capable de pouvoir construire
lui-même sa maison. Mais en fait, l'être
que nous montre Bernhard est fragile,
démuni, maladroit. C'est comme s'il
n'avait plus de mains, ou des livres à
la place des mains. Ou plus de monde.
On le sort d'une clinique, qui est le seul
endroit où il peut à peu près vivre. Son
corps l'obsède et en même temps le
trahit, parfois jusqu'à la grivoiserie.
Comme si c'était le prix à payer pour
une pensée qui danse en tâtonnant,
d'une singularité à l'autre, toujours en
débat. Les fameux «jeux de langage»
pratiqués par Wittgenstein dans la
deuxième période de sa réflexion,
autour de son grand projet de
Grammaire philosophique, sont comme
autant de petites machines de guerre
individuelles anti-généralité, antimétaphysique, qui détraquent toute
visée systématiste.
Ce sabotage inquiet de la banalité,
c'est quelque chose de commun à
Wittgenstein et à Bernhard. Cela produit un humour assez particulier. Autre
point commun, tous les deux parlent
13 – 29 mai 2016
Berthier 17e
Nous sommes
repus mais pas
repentis
(Déjeuner chez Wittgenstein)
de Thomas Bernhard
conception Séverine Chavrier
Dans ses recherches sur les jeux de
langage, Wittgenstein a commenté la
notion de «plan de table», s'est intéressé à la façon dont on décrit la dégustation d'un vin. Pour la dramaturgie de
ce Déjeuner, nous sommes partis du
fait que pour accueillir leur frère à la
maison en toute tranquillité, les deux
sœurs ont renvoyé les domestiques.
Les voilà obligées de se débrouiller
toutes seules. Or elles n'ont jamais eu à
le faire. Elles ont été servies toute leur
vie. Apporter les plats, débarrasser les
assiettes sales, elles ne savent pas. Le
petit personnel dont elles sont si dépendantes circule entre ces trois héritiers
de grande famille patricienne comme un
fantôme. Bernhard avait d'ailleurs des
rapports compliqués, ambigus, avec les
gens dits «simples», les chasseurs, les
cuisiniers, passant sans cesse de l'attirance au rejet. Comment survivre sans
les domestiques qui vous servent
de mains ? Je suis fascinée et touchée
Pour Bernhard,
toute enfance
est une
catastrophe.
en «vie». Comment échappe-t-on à
l'héritage ? Même en fracassant la vaisselle, même en retournant les portraits
contre le mur, on est toujours repris
par la famille, et pourtant on ne peut
pas ne pas tenter de lui échapper, de
partir courir dans la neige, en forêt
– mais rien à faire : pour Bernhard, toute
enfance est une catastrophe, le mort
saisit le vif. Dans le spectacle, soit dit
en passant, nous jouons nous-mêmes
tous les membres de notre famille.
Le penseur qu'invente Bernhard dans
sa pièce s'échappe d'une autre façon.
Chez lui, la joie de la pensée est aussi
le plaisir de la tyrannie assumée.
L'urgence de l'une s'accompagne tout
naturellement de l'égoïsme de l'autre. Il
faut qu'on l'écoute ! Tant pis s'il abuse,
tant pis si l'irresponsabilité est la conséquence de son exercice infantile du
pouvoir. Pour lui, être intellectuel, c'est
aussi conquérir le droit de penser ce
que les autres ne pensent pas. Donc il
faut savoir délirer. Étymologiquement,
délirer, c'est sortir du sillon. Comme une
aiguille qui rippe sur un disque et produit des sons inouïs... Si la «folie» est le
prix qu'il doit payer pour y arriver, soit.
Si ses sœurs acceptent son jeu, elles
doivent en assumer les conséquences,
et si ce jeu-là leur déplaît, elles n'ont
qu'à ne pas jouer à être ses sœurs !
À la fin, d'un seul geste, les sœurs
deviennent ou redeviennent des
infirmières. À ce moment du parcours, trois enfants viennent jouer
de la musique de chambre – piano,
violoncelle et violon. Comme si tout ce
qui précède n'avait été qu'une comédie jouée à la clinique. Je ne voudrais
pas que ce signe soit trop rassurant,
qu'on se dise : ouf, il rentre à l'asile,
peut-être même qu'il n'en est jamais
sorti. Je préférerais qu'on se demande
lequel des deux espaces, le familial
ou l'asilaire, est le plus fou des deux.
Et que le théâtre, qui permet d'inventer
et d'occuper un lieu indécidable entre
folie et raison, ne résout pas la question, au contraire : il la rend encore
plus inquiétante, en laissant entrevoir
que l'hôpital n'est qu'une couche de
plus dans un jeu qui décroche et dérive
d'une position à l'autre sans jamais se
refermer sur une conclusion trop rassurante. Cela dit, la musique des enfants
est là, et sa beauté libère de la pure ironie.
Elle fait résonner la note sérieuse dans
la mélancolie de Bernhard, qui n'était
pas qu'un ricaneur, qui portait un fond
terrible de tristesse et de douleur.
Le spectacle dure un peu plus de deux
heures. La première a lieu dans trois
jours. J'hésite encore à placer un
entracte. Le mouvement conduit d'une
irritation insomniaque, les nerfs à vif,
jusqu'à une sorte d'enlisement dans la
glu familiale, en passant par l'exécution
des jeux de rôle et des codes du déjeuner. Pour finir, on débouche sur une
troisième partie plus tchekhovienne,
une atmosphère de suspension résignée et presque minérale après épuisement des figures de la révolte. C'est
l'après-midi, il pourrait pleuvoir, on
dirait que l'heure de la sieste approche...
On pourrait aussi penser à Beckett,
mais Vincent Baudriller, en venant voir
une répétition après avoir assisté à
La Mouette d'Ostermeier, nous a dit qu'il
était frappé de retrouver tellement de
thèmes de Tchekhov : l'actrice et ses
frustrations, l'aspiration à la beauté, à
l'intelligence, qui se fracasse en plein
vol, le rêve de nouveauté et de liberté
qui plie sous le poids des héritages
– sans parler des abîmes quotidiens
qui s'ouvrent entre les êtres qu'on dit
proches, ces concentrés de béances, de
violences, ces nœuds de complicités et
de malentendus qu'on appelle familles.
Propos recueillis par Daniel Loayza
6 mars 2016
La musique
fixe une sorte
de point
de nostalgie.
par la maladresse. Peut-être parce que
je suis moi-même d'une maladresse terrible ! Laurent, lui, est un virtuose, un
«adroit du plateau». Il est maladroit s'il
le veut et comme il le veut. Il peut tout
casser à la façon des grands clowns ou
de certains enfants.
scénographie
Benjamin Hautin
dramaturgie
Benjamin Chavrier
lumière
Patrick Riou
son
Frédéric Morier
vidéo
Jérôme Vernez
© Samuel Rubio
sommaire
Ces trois personnages bernhardiens ont aussi un aspect enfantin.
On sent qu'ils ont été livrés à euxmêmes, élevés sans tendresse – on
les croirait tout droit sortis de certains
romans de Henry James. Cela fait que
Déjeuner chez Wittgenstein a quelque
chose d'une comédie enfantine du
saccage, donc une sorte de gaieté,
mais quand même un peu désespérée, sous le regard austère des portraits des parents. La loi de la famille
est redoutable : le regard peint maintient le pouvoir des ancêtres, les garde
avec
Marie Bos
Séverine Chavrier
Laurent Papot
durée
2h20
production
Théâtre de Vidy
Compagnie La Sérénade interrompue
coproduction
Odéon-Théâtre de l’Europe
CDN de Besançon Franche-Comté
créé le
9 mars 2016 au Théâtre de Vidy
la Compagnie La Sérénade interrompue
est en résidence artistique au Théâtre
Roger Barat d’Herblay
avec le soutien de la ville d’Herblay, de la
DRAC Île-de-France, du conseil ­général
du Val d’Oise et du Festival Théâtral du
Val d’Oise
4 Nous sommes repus mais pas repentis
Pourquoi Thomas Bernhard a-t-il choisi de mettre en scène
un philosophe à table ? Quels rapports entre son éducation
religieuse et son comportement de convive ? Pourquoi le
déjeuner avec ses sœurs prend-il une tournure si bizarre ?
Éléments de réponse avec le sociologue Claude Fischler,
spécialiste de l'alimentation humaine.
Claude Fischler, quelles réflexions
la lecture de ce Déjeuner chez
Wittgenstein vous a-t-elle inspirées ?
Le premier détail qui m'a intrigué
en lisant Bernhard, c'est que les
Wittgenstein, si je me souviens bien,
étaient une tribu assez nombreuse, dont
beaucoup de membres se sont suicidés.
Leur identité était assez complexe. Du
côté du père, ce sont des Juifs convertis au protestantisme luthérien. Mais
la mère de Ludwig était catholique,
et Ludwig a été baptisé et élevé dans
cette religion. Ce qui a son importance.
Ce déjeuner est-il un symptôme ?
Il est un révélateur, et le point focal
de la pièce. Bernhard l'a divisée en
trois parties : avant, pendant, et
après le déjeuner. Celui-ci est donc
au centre de l'œuvre. Si l'on s'en tient
à son déroulement, on peut relever
plusieurs écarts, voire des dysfonctionnements, mis en évidence par les
didascalies. Par exemple, l'une des
sœurs semble resservir inlassablement de la «viande» dans les assiettes,
selon un rythme assez peu déchiffrable.
Puis elle y déverse de la «sauce», alors
même que son frère n'y touche pas.
Ensuite, et ensuite seulement, plusieurs
pages plus loin, arrivent les pommes
de terre et le riz... On insiste aussi sur
le fait qu'une sœur a préparé pour lui
sa «sauce préférée» et son «dessert
préféré», des profiteroles. J'ai d'ailleurs trouvé remarquable que Bernhard,
qui note si scrupuleusement le service
elles veulent contrôler le repas, mais ne
savent pas comment en régler le bon
déroulement. Et du côté du frère, les
refus vont croissant. D'abord, il mange
sans appétit, ne fait pas honneur au
repas, violant ainsi l'un des principes
fondamentaux de la commensalité. Le
don alimentaire est en effet quasiment
assimilable à une forme de don de soi,
et le contre-don du récipiendaire doit
consister à accepter ce don. À l'hospitalité, on répond en principe par la
confiance. En espagnol, on dit «mi casa
es su casa», en français «vous êtes chez
vous» : l'un fait tout pour l'autre, et réciproquement ce dernier se livre, s'engage. Ce qu'on lui offre, il le paie, si je
puis dire, de sa personne en l'absorbant. Comme si, en effet, il était chez lui.
Mais justement, le protagoniste ne se
sent pas chez lui...
de la sauce sur la «viande», ne précise
jamais qu'on verse du chocolat fondu
sur ces fameuses profiteroles... Peutêtre que les profiteroles à l'autrichienne sont servies ainsi : je sais bien
que le goulasch, qui est un ragoût de
viande, devient une Gulaschsuppe en
Autriche. Mais on a plutôt l'impression
que la recette personnelle de la sœur
constitue en elle-même une déviation,
une de plus, par rapport à la norme
gastronomique.
C'est même l'un de ses refus explicites,
et l'une des façons les plus radicales
de subvertir le lien de la commensalité. Le titre français est d'ailleurs
un peu trompeur, car il laisse supposer que les sœurs sont allées manger
chez lui. Déjeuner chez les Wittgenstein
serait plus exact. J'ai même cru au
début qu'elles seraient peut-être allées
le voir dans sa cabane en rondins
norvégienne. Ce qui soulève la question : où habite-t-il, où est son foyer ?
Il n'en a plus. Il est dans un état de
semi-nomadisme revendiqué, sans feu
ni lieu... Les rapports sont donc forcément non réciproques – et à l'occasion, le héros sait très bien exploiter
cette asymétrie à son profit. Mais pour
en revenir au don alimentaire, notez
qu'il y a une autre façon de le renverser, à savoir la dévoration animale. Au
moment du dessert, le héros s'étouffe
avec les profiteroles, qu'il engloutit
avec une sorte de rage suicidaire. Là
encore, on passe du vide au trop-plein :
soit je ne mange pas ta tambouille,
soit je me fais crever avec, et tu auras
ma mort sur la conscience. À la racine
de la commensalité et de la convivialité, vous avez le même préfixe, le cum
latin, l'être-avec. Soit qu'on ne mange
rien, soit qu'on ne fasse que cela, on
n'entre pas dans le jeu de l'être-avec,
on ne partage pas sa présence avec
ses hôtes. La syntaxe, c'est une façon
de co-ordonner, de co-organiser un
tel sens de la présence plus ou moins
rituellement partagée. Elle est le fait
des deux parties, de la puissance invitante, mais aussi de l'invité.
La sauce est donc le signe d'un
déréglage, par excès et par défaut ?
Manger, c'est donc toujours manger
«avec» ?
En effet, ce repas n'a pas de mesure. Il
transgresse plusieurs points de la syntaxe commensale. Du côté des sœurs,
C'est ce trait qui définit la commensalité. On ne vit pas que de pain. Il y faut
des conditions de temps et d'espace.
Le don
alimentaire
est une forme
de don de soi.
Est-ce qu’une relation vécue
comme une œuvre d’art n’est
pas une entreprise solitaire,
vouée à l’échec? Est-ce qu’un
art d’aimer poussé à son
absolu ne devient pas un art
Séverine Chavrier
de mourir ?
Même quand on mange seul, on s'assied plutôt en tournant le dos au mur.
Le refus du foyer n'est-il pas aussi un
refus du père ?
Il est en effet frappant que le protagoniste insiste pour changer de place
et prendre celle du père. On y transporte son couvert. Et c'est à partir du
moment où il s'y installe que le déjeuner commence vraiment à dérailler.
Autrement dit, c'est bien là qu'il y a un
compte à régler. Comme dans Festen.
Celui qui devrait être garant de la tradition familiale et culinaire, celui pour
qui l'on va essayer de reproduire, respecter, reconduire cette tradition, est
précisément celui qui va l'achever en
mettant tout par terre. En renversant
la table, comme on dit, ou ici en tirant
sur la nappe.
Les pauvres sœurs ne maîtrisent pas
la syntaxe sur laquelle elles comptent
tant...
Une fugue, une fuite
Le formalisme est omniprésent, même
s'il n'est pas respecté. Bernhard écrit :
«manie de géométrie même sur la table
de salle à manger»... Ou encore : «Je vais
dresser la table comme il aime, comme
la mère l'a dressée», et là-dessus, on
rectifie la position des couverts. L'ironie est féroce : Ludwig Wittgenstein
était un grand penseur de la syntaxe,
un spécialiste du formalisme. Et là,
toute la formalité est dans les choux !
Il faut dire qu'elles ne connaissent pas
trop bien les rails qu'il faudrait suivre.
Toute la
formalité
est dans
les choux !
L'une d'elles met un plat creux sur la
table, alors qu'il devrait rester en cuisine en attendant d'être garni... Jamais
les domestiques ne commettraient un
impair pareil. Ce déjeuner fait interférer
différentes formes de sabotage commensal : l'involontaire, celui des sœurs,
par incompétence ou incapacité, et le
volontaire, celui de leur frère – du moins
dans la mesure où il est effectivement
responsable de ses actes, ce qui est
loin d'être sûr. En somme, il n'y aurait
pas eu de pièce si elles n'avaient pas
donné leur congé aux gens de maison.
Les apparences auraient sans doute
été beaucoup plus sauves...
Propos recueillis par Daniel Loayza
Paris, 9 mars 2016
Claude Fischler
est directeur de recherches au Centre
National de la Recherche Scientifique
et dirige l'Institut Interdisciplinaire
d'Anthropologie, dont il est le
cofondateur. Il a notamment publié
L'Homnivore (Odile Jacob, 1990),
Manger mode d'emploi ? Entretiens
avec Monique Nemer (PUF, 2013) et
a dirigé et préfacé Les Alimentations
particulières : mangerons-nous encore
ensemble demain ? (Odile Jacob, 2013).
© Samuel Rubio
On ne mange pas seul :
entretien avec
Claude Fischler
Les Palmiers sauvages 5
3 – 25 juin 2016
Berthier 17e
Les Palmiers
sauvages
d’après le roman de William Faulkner
mise en scène Séverine Chavrier
dramaturgie
Benjamin Chavrier
scénographie
Benjamin Hautin
son
Philippe Perrin
lumière
David Perez
vidéo
Jérôme Vernez
avec
Séverine Chavrier
Laurent Papot
Déborah Rouach
durée 1h45
production
Théâtre de Vidy
Compagnie La Sérénade interrompue
coproduction
Nouveau Théâtre de Montreuil
avec le soutien de
la SPEDIDAM
du Ministère de la Culture
et de la Communication
du CDN de Besançon Franche-Comté
de Pro Helvetia – Fondation suisse
pour la culture
créé le
25 septembre 2014 au Théâtre de Vidy
certaines scènes de ce spectacle peuvent
heurter la sensibilité des plus jeunes,
il est déconseillé aux moins de 16 ans
Quelle belle aventure ! Quel beau voyage dans
l’univers de Faulkner ! J’ai été totalement séduite
par l’univers de cette proposition. Je l’ai trouvée
d’une fraîcheur revigorante. Elle s’empare de ce texte,
de cette réécriture de Faulkner qui est faite de hiatus
et qui part parfois dans tous les sens, mais qui va
très loin en profondeur pour sonder l’âme humaine.
Elle arrive avec liberté et audace à restituer cette
histoire d’amour, cette passion folle et incandescente
entre ces deux êtres d’une fragilité incroyable,
portée magnifiquement par Laurent Papot et Déborah
Rouach. Je suis restée subjuguée. On entend tout :
les sons, le vent, les embruns de ce lac qui, de temps
en temps, apparaît en fond de scène, les soupirs,
les silences, les cris de la jouissance...
Elle pose sur le plateau un décor qui est comme un
territoire, leur territoire : des matelas qu’ils retirent,
qu’ils remettent, qu’ils piétinent, dans lesquels
ils se roulent, s’enroulent, s’emmêlent et puis ces
sommiers anciens, métalliques, sur lesquels parfois
ils sautent, tables, étagères comme celles que l’on
imagine voir dans certains drugstores d’une
Amérique fantasmée ou en tout cas faulknérienne,
boîtes de conserve, fauteuils : on part dans cette
aventure, on prend le train et on les suit jusqu'au bout.
Marie-José Sirach, journaliste à l'Humanité
Retranscription de la critique des Palmiers sauvages
Diffusée sur France Culture le 8 décembre à 21h dans
l’émission «La Dispute», animée par Arnaud Laporte
Suis-je donc
condamné
à vivre
éternellement
derrière une
barricade
d’éternelle
innocence
comme un
poulet dans
un enclos ?
William Faulkner,
Les Palmiers sauvages
Si Les Palmiers sauvages est excentré dans l’œuvre de Faulkner, l’histoire
demeure faulknérienne. Elle met en jeu
cette relation à soi, à autrui, au même,
à l’autre, à l’étranger dont Faulkner a
exploré les linéaments et les butées
entre les membres d’une famille, à l’intérieur des demeures, des domaines,
des foyers, voire tout au fond de la
conscience de ses personnages, ou de
ce qui en tient lieu. Le roman retrace
une fugue-fuite dans le monde intermédiaire où confine l’adultère et une
romance de littérature de gare. L’œuvre
prend une dimension mythique, chimérique : malédiction, damnation, expiation, rédemption... Vouée à l’exigeante
religion de l’amour, refusant de donner
la vie, captive de sa culture, Charlotte
voue les deux amants à un angélisme
mortel, à l’amour à mort. Qui se révélera être un amour de la mort. Elle ne
voit pas que cette fuite en avant est
un enfermement, que cette exigence
quasi nietzschéenne de cultiver un
art de vivre et d’aimer, dans le faceà-face nu de deux êtres désemparés,
se révèle être un art de mourir.
Chez Faulkner, l’hyperromantisme,
loin de Werther et de Bovary, devient
minéral et tue la vie : à force d’aimer
l’amour, on finit par perdre la trace de
l’autre, par le nier, par perdre la viabilité de cet amour. L’amour comme
absolu – qui ne s’abaisse à chercher
les conditions de sa survie. L’amour
qui laisse l’identité se confondre avec
l’identification : je suis ce que je lis du
devenir de l’autre...
Des paysages exténués : brises,
odeurs, rivières, glycine, taillis, futaies
C’est une cavalcade venteuse dans «un
vent sans horaires, sans lois, imprévisible, venant de nulle part et n’allant
nulle part, comme un attelage emballé
à travers une plaine déserte». Il y a
une fonction topique du paysage chez
Faulkner. Ni bucolique, ni idyllique,
fantomatique, presque fantastique.
Comment rendre sur scène ces traces
ou signes d’une histoire naturelle en
décomposition à l’image de ces paysages traversés ? De ces bruits, brises,
odeurs, rivières, glycines, taillis,
futaies, odeurs puissantes, lumières
particulières, vent omniprésent, qui
enveloppent les protagonistes et
participent de leurs fixations, de
leurs pressentiments, de leurs douleurs immobiles ? Cette sensualité des
éléments, cette nature prémonitoire
qui invente une polyphonie est bien
celle de «ces États-Unis d’Amérique
où la civilisation naissait sous la hutte
et allait mourir dans les bois», disait
Tocqueville.
Trajet, traque : biffures et bifurcation
Cinq chapitres, quatre lieux : de l’hôtel
à l’atelier de Chicago, puis le chalet
dans l’Utah et enfin le bungalow au
bord de la mer, ultime paysage, ultime
horizon. Un trajet de la vie de bohème
au cabanon de plage, abandonné au
seul bruit des palmiers sauvages, un
trajet de la vie à la mort. Une histoire
d’amour, de bruit et de fureur. On a
beaucoup écrit sur la prescience de la
circulation, du trajet dans la littérature
américaine, comme si «l’âme ne s’accomplissait qu’en prenant la route». Ici
c’est aussi une descente aux enfers,
une précarité qui gagne, une sauvagerie, celle de la nature, du corps
engrossé, qui prend le dessus ; un trajet
particulièrement clair qui, libératoire à
l’origine, finit par l'agonie (Charlotte)
et l’enfermement (Harry) et où chaque
étape rature la précédente.
Séverine Chavrier
extrait de la note d'intention, 2014
les
bibliothèques
6 La Mouette
7
© Arno Declair
OD ON
mai – juin 2016
entretien avec THOMAS OSTERMEIER
CRISE DE L'AMOUR,
CRISE DE L'ART
Après un Richard III d’anthologie et après des mises en scène d’Henrik Ibsen décisives dans votre parcours de metteur en
scène, La Mouette est le premier texte d'Anton Tchekhov que vous portez à la scène et votre seconde création en français
après Les Revenants d’Ibsen, que vous aviez créé à Vidy en 2013. Trois ans après l’avoir mis en scène à Amsterdam,
vous revenez à La Mouette, en français cette fois. Quelle direction a prise votre adaptation de ce texte emblématique
du répertoire du XXe siècle ?
aucune référence à d’autres problématiques. Mais en arrière-plan sourd
une crise humaine fondamentale, une
crise sociale et politique qui malmène
des êtres, torturés, malades ou livrés à
eux-mêmes. Je vois dans cette opposition entre ses engagements et ses
descriptions un écho à la situation d’aujourd’hui en Europe, et pas seulement
à la nôtre, d’artistes et d’intellectuels.
C’est le cas avec sa traduction. Enfin,
nous avons rajouté du texte tiré d’histoires propres aux acteurs ou de
citations utilisées lors des répétitions.
Vous avez commandé une nouvelle traduction à Olivier Cadiot, qui avait déjà
traduit pour vous Les Revenants. Son
écriture poétique se retrouve dans cette
traduction, à travers une langue à la fois
contemporaine, presque quotidienne,
tout en étant vive et rythmée. Qu’estce que la langue de Cadiot apporte à
votre lecture du texte ?
Il faut d’abord dire qu’il y a de grands
acteurs partout dans le monde et qu’il
n’y a pas une culture théâtrale meilleure qu’une autre. Dans ce cas précis,
parce que je connais déjà une partie de
Pour mettre en scène un texte dans
une autre langue que l’allemand, j’ai
besoin de travailler avec quelqu’un
en qui j’ai une totale confiance dans
son rapport au langage. D’une part
Olivier Cadiot est un écrivain qui
connaît mon travail, et nous partageons le même intérêt pour le langage quotidien, la langue que l’on parle
tous les jours. D’autre part il est poète
autant qu’auteur, et j’ai également
besoin d’une langue élaborée, bien
pensée, qui nourrisse et structure le jeu.
Vous mettez en scène des acteurs francophones avec lesquels vous aviez mis
en scène Les Revenants, rejoints par
trois autres comédiens. Est-ce que
cela influe sur votre travail scénique ?
Tchekhov a
envoyé des
livres aux
bagnards de
Sakhaline.
la troupe, et parce que ces acteurs me
connaissent et connaissent mon travail,
il est plus simple de travailler ensemble :
le fait qu’ils soient suisses, français ou
belges n’est pas essentiel.

Portrait de Gaston Bachelard par Manach&Bienvenu
© Costume3pièces.com
© Arno Declair
Thomas Ostermeier : Nous avons principalement recentré l’action autour
de ce qui me semble être les deux
thèmes principaux de la pièce, l’art et
l’amour. Par ailleurs, entre la version
d’Amsterdam et celle d’aujourd’hui, j’ai
pris davantage en compte la biographie de Tchekhov et son influence sur
son théâtre, comme en arrière-plan.
Tchekhov était très engagé socialement, il a soigné des milliers de personnes précaires sans être payé, a
fondé des écoles et des librairies.
Il a envoyé des livres aux détenus
du bagne de l’île de Sakhaline après
l’avoir visité comme médecin volontaire et avoir entrepris là-bas une sorte
d’enquête sociologique pour témoigner des conditions de vie atroces qui
y régnaient. Plus tard, il a écrit que
toutes ses œuvres avaient été marquées par cette expérience fondatrice
– et cela a beaucoup influencé ma compréhension de son œuvre. Tchekhov
était ce qu’on appellerait aujourd’hui un
human rights activist, ou quelqu’un
qui travaillerait pour une O.N.G. Pourtant il écrit une pièce qui parle peu de
questions sociales ou politiques. Au
contraire, il décrit la bourgeoisie, les
nantis de son époque, obsédés continuellement par leurs petits problèmes
de carrière et de renommée ou leurs
histoires d’amour malheureuses, sans
8 Les Bibliothèques de l’Odéon
II
Les Bibliothèques de l’Odéon III
9
6 Tartuffe
Gaston Bachelard
ou le «droit de rêver»
La voie de l'accélération
Le progrès n'est pas seulement une question de direction, mais de rythme. Le capitalisme libéral, loin d'être
un horizon indépassable et un accélérateur d'innovation, est un frein à toute véritable transformation véritable.
Parfois, pour savoir, il faut se concentrer sur les signes.
La pensée critique contemporaine, pour être féconde, doit se tourner résolument vers l'avant. Depuis leur
Parfois, faire confiance à ses cinq sens. Mais parfois,
publication il y a trois ans, ces thèses iconoclastes de Nick Srnicek et Alex Williams sont discutées dans le
il faut aussi consentir à ne plus distinguer sens et signes,
monde entier. État des lieux avec Laurent de Sutter.
à les laisser infuser les uns dans les autres. C'est alors, dit
Bachelard, que s'éveille la connaissance poétique, au pays
Le 14 mai 2013, deux doctorants
londoniens en sciences politiques, Nick
Srnicek et Alex Williams, publiaient
sur le site «Critical Legal Thinking» un
bref texte, composé de courts paragraphes numérotés, et titré «#Accelerate : Manifeste pour une politique
accélérationniste ». C’était un texte à la
fois provocateur et radical, plaçant la
pensée de gauche contemporaine face
à ses impasses nostalgiques, et réclamant l’invention d’une nouvelle logique
théorique et politique de dépassement
du capitalisme – un dépassement vers
l’avant, et non vers l’arrière. Là où la
pensée de gauche contemporaine ne
cessait de promouvoir un retour illusoire
à la situation d’équilibre keynésien qui
était celle de l’après-guerre, en Europe
(parfois mâtinée de décroissance, et de
désir rousseauiste d’Arcadie), Srnicek et
Williams en appelait à une réconciliation
profonde avec le contemporain. Ce
n’était pas ralentir, qu’il fallait ; c’était
accélérer. Il fallait s’emparer de ce
de «l'amour écrit»...
À PARTIR DE 8 ANS
Les Rêveries
de Gaston Bachelard
samedi 28 mai / 14h30
raconté par Jean-Philippe Pierron
Le Professeur Freud
parle aux poissons
samedi 11 juin / 14h30
raconté par Marion Muller-Colard
Grande salle
LA VIE COMME UN SONGE
animé par Raphaël Enthoven
Gaston Bachelard,
la rêverie et son poème
samedi 28 mai / 14h30
Sigmund Freud,
l'interprétation des rêves
samedi 11 juin / 14h30
Les cycles philosophiques La Vie
comme un songe et Les petits
Platons à l'Odéon sont programmés
les mêmes jours au même horaire.
Pendant que Raphaël Enthoven
philosophe pour les adultes en
grande salle, les plus jeunes sont
accueillis pour philosopher au salon
Roger Blin. Venez donc en famille !
LES Dialogues
du contemporain
animé par Laurent de Sutter
La voie de l'accélération
avec Yves Citton et Nick Srnicek
mardi 26 avril / 18h
Gaston Bachelard : La Poétique de la rêverie (Paris, PUF, 1968, p. 14)
illustration Yann Kebbi © Les petits Platons, Paris
Concert / création
lundi 23 mai / 20h30
tarifs exceptionnels (cf p.11)
, MICHEL PORTAL, BASTIEN BURGER, ZIV RAVITZ
Provoquer l'imprévisible, dompter et libérer la musique du
moment : un programme qui paraît simple, mais dont seuls
les plus grands, quand ils se rencontrent, savent tirer ces
étincelles qu'on appelle jazz. Ils sont cinq à s'être fixés
rendez-vous à l'Odéon. Ils vous y attendent pour une
© Lisa Roze
La rêverie que nous voulons étudier
est la rêverie poétique, une rêverie
que la poésie met sur la bonne pente,
celle que peut suivre une conscience
qui croît. Cette rêverie est une rêverie
qui s'écrit, ou qui, du moins, se promet
d'écrire. Elle est déjà devant ce grand
univers qu’est la page blanche. Alors
les images se composent et s'ordonnent.
Déjà le rêveur entend les sons de
la parole écrite. Un auteur, que je ne
retrouve plus, disait que le bec de la
plume était un organe du cerveau.
J’en suis convaincu : quand ma plume
crache je pense de travers. Qui me
rendra aussi la bonne encre de ma vie
d'écolier ?
Grande salle
soirée – évidemment – unique...
Depuis sa première venue au Festival
en 2005, le pianiste Yaron Herman a
gravi les sommets du jazz, enregistré
sept albums et marqué à jamais les
esprits par ses reprises de Radiohead
ou de Britney Spears. Il est aujourd’hui,
à seulement 34 ans, un phénomène de
la scène jazz internationale.
Improvisateur-né et créateur en perpétuelle évolution, il a publié en 2015
pour le prestigieux label Blue Note,
«Everyday», un album en duo avec le
sorcier des fûts, le batteur virtuose
Ziv Ravitz, remarqué aux côtés de Shaï
Maestro. En exclusivité pour le Festival,
Yaron Herman réunit un plateau exceptionnel, autour de ce duo audacieux :
le chanteur-guitariste - M -, le saxophoniste-clarinettiste Michel Portal qui
jouera également les 27 et 31 mai dans
des formations inédites, et le bassiste
du groupe pop The Dø, Bastien Burger.
Des amis brillants et inclassables pour
une création qui ne sera jouée que
deux fois en France, ici et au festival
Jazz in Marciac.
Depuis six ans, l'Odéon-Théâtre de
l'Europe et le Festival Jazz à SaintGermain-des-Prés Paris créent l'événement en invitant des artistes d’exception :
Richard Galliano, Stefano di Battista,
Michel Legrand, Didier Lockwood, Lisa
Simone. Yaron Herman nous fait l'honneur de prolonger le rêve et d'investir le célèbre théâtre de l'Odéon pour
une soirée qui s’annonce mémorable.
© Jean-Marc Lubrano
Salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS
À L'ODÉON
Salon Roger Blin
Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés PARIS
YARON HERMAN DUO «EVERYDAY» & FRIENDS
Jean-Philippe Pierron
Jean-Philippe Pierron
philosophe, enseigne à la Faculté
de philosophie de l'Université Jean
Moulin, à Lyon. Il enseigne dans la joie
de transmettre la philosophie morale
explorant les liens de l'imagination
et de l'action. Auteur des Puissances
de l'imagination, récemment paru aux
éditions du Cerf, il a trouvé chez
Les petits Platons l'occasion de donner
à entendre combien la philosophie
de Gaston Bachelard, en plus d'être
une philosophie qui aide à bien penser
et à bien rêver, est aussi une
philosophie qui aide à bien vivre.
Laurent de Sutter
Laurent de Sutter
écrivain et éditeur. Ses livres, traduits
en plusieurs langues, et salués par
le public et la critique, explorent de
manière inlassable les failles de ce
que nous persistons à nommer réalité.
Derniers titres parus : Striptease, l'art de
l'agacement (Le Murmure, 2015), Magic,
une métaphysique du lien (PUF, 2015),
Vies et morts des super-héros (PUF,
2016). Il enseigne la théorie du droit
à la Vrije Universiteit Brussel, et dirige
les collections «Perspectives Critiques»
aux Presses Universitaires de France,
et «Theory Redux» chez Polity Press.
Yaron Herman piano
Ziv Ravitz batterie
Matthieu Chedid guitare, voix
Michel Portal saxophone, clarinette,
bandonéon
Bastien Burger basse
Le Festival Jazz à Saint-Germaindes-Prés Paris est organisé par
l'association L'esprit Jazz
festivaljazzsaintgermainparis.com
© DR
le rêve éveillé. Certes, il peut y avoir un
trop d’imagination dans un esprit fantasque. Mais que serait une vie avec
un trop peu d’imagination, à la créativité psychique bridée, prisonnière de
l’injonction d’un autre ou d’un système ?
Certes, la psychanalyse nous a appris
à lire «le rêve comme voie royale d’exploration de l’inconscient», onirisme
névrotique qui tourne (mal) en boucle.
Mais une grande image rêvée n’est-elle
qu’un symptôme ?
Philosophe du théorème, mais aussi
du poème, Bachelard défend un droit
de rêver. Insatisfait d’une conception
pasteurisée du monde – comme on dit
d’un beurre qu’il l’est – il nous apprend
à bien rêver, à goûter la partialité des
images que nous donnent les poètes.
Une grande image ne se réduit pas à
une astuce d’écriture ou à une figure
de style, telle la métaphore. Elle se vit
et nous donne la présence au monde
dans son émergence et sa surprise. La
rêverie nous intensifie. Elle nous augmente. Elle nous enrichit par la grâce
des «hormones de l’imagination». Elle
est, pour cette raison, une école de
la liberté.
immense débat mondial, dans lequel
les plus grandes figures de la pensée
contemporaine sont intervenues, qu’il
s’agisse de soutenir Srnicek et Williams,
ou au contraire de leur adresser les
critiques les plus vives. À l’heure où
les pièces du débat paraissent enfin
en France, il fallait en discuter avec un
des auteurs, Nick Srnicek, ainsi qu’avec
celui qui, chez nous, a dialogué de la
manière la plus active avec ceux que
l’on appelle désormais «accélérationnistes», Yves Citton.
© Sébastien Vincent
Mettant du jeu dans la réalité, l’art de
la comédie fait vivre, par l’image, la
«magie du théâtre». Aller au fond du
rêve pour approfondir le réel ; travailler à métamorphoser les images toutes
faites du monde pour en réveiller l’expression native, découvre que l’imagination est, dans notre petit théâtre
intérieur, l’âme de notre âme. C’est cette
idée qu’explora Gaston Bachelard
pour qui l’imagination n’est pas une
faculté qui forme des images mais qui
les déforme. Aussi est-ce se faire une
bien piètre idée du rêve pour ne le considérer que comme le contraire de la réalité. C’est là réduire la rêverie à de la
rêvasserie, ou à une divagation inopportune. «Tu prends tes rêves pour la
réalité !», «Arrête de rêver, d’avoir la
tête dans les nuages»… Toutes ces
expressions manifestent la police du
rêve propre à l’esprit de sérieux. Elle
ne conçoit la puissance des images
que comme une petite machine intime
à fabriquer de l’illusion. Mais il faut se
faire une idée bien pauvre de la réalité
pour se laisser croire qu’elle se décline
dans les seuls contours matériels d’un
monde ; qu’elle se réduit à un système
de fonctionnalités et d’utilités. Un peu
comme le personnage de Charles
Dickens Thomas Gradgrind dans Temps
difficiles, pour lequel, avec une règle et
une balance, aucune parcelle de nature
humaine n’échappe à la pesée ou à
la mesure, tout le reste n’étant que…
de la littérature ! Bachelard n’est pas
de ceux qui croient que le rêve serait
l’autre du réel ; qu’il serait la marque
en nous d’une pathologie de l’imagination. Pour lui la rêverie n’est pas
clôture d’un repli sur soi mais ouverture au surréel. Rêver ce n’est pas se
divertir, c’est s’approfondir. Ce n’est
pas s’évader mais se renouveler intérieurement. Les méfaits de l’imagination ne disent pas tous des effets de
la rêverie active que convoquent, le
poète, le théâtre, les arts plastiques,
que l’époque proposait de meilleur
en matière d’invention scientifique
et technologique, et d’expérimentation politique, et aller plus vite encore
dans l’innovation, de sorte à brûler la
politesse du capitalisme néolibéral,
lequel ne cessait de freiner. Car, contrairement à ce que l’on continue à croire
trop souvent, le capitalisme n’est pas
cette idéologie de la vitesse absolue ;
au contraire, il est devenu, depuis les
années 1970, celle du management de
la rétention de l’innovation – de son
ralentissement et de l’exploitation
systématique de chaque micro-progrès.
Pour Srnicek et Williams, il fallait
retrouver le sens du progrès, et remettre
celui-ci au service d’une véritable entreprise de sortie de la crise politique,
sociale, économique et écologique de
notre temps – une sortie par le plus
haut, et non une sortie par le bas. Bien
entendu, des tels propos ne pouvaient
rester sans réponse. Aussitôt après sa
publication, le «Manifeste» suscita un
Un dimanche à…
à propos des monuments nationaux
10
Salon Roger Blin
20 mai – 25 juin 2016
Théâtre de l'Odéon 6 e
animé par Laurent de Sutter
La Mouette
LES DIALOGUES DU CONTEMPORAIN
Je suis né à l’emplacement actuel du Théâtre de l’Odéon et j’ai
passé sept ans dans le donjon du château de Vincennes. Qui suis-je ? Donatien-Alphonse-François de Sade, dit le marquis de Sade.
Pourquoi les premiers spectateurs du Théâtre de l’Odéon
gardaient-ils leurs chaussures propres lorsqu’ils se rendaient
en direction de l’Île de la Cité ?
Parce qu’après le percement du lotissement de l’hôtel de Condé
en 1779, la rue de l’Odéon, anciennement rue du Théâtre-Français,
fut la première rue de Paris pourvue d’un trottoir.
En
le
ce
la
maI / JUIN
1983, une équipe de chercheurs enregistre à Vostok en Antarctique
record de température négative avec - 83°. Plus récemment,
record a été battu. À quel endroit de la surface de la Terre,
température la plus basse a-t-elle été enregistrée ?
La voie de l'accélération
d'Anton Tchekhov
mise en scène
Thomas Ostermeier
mardi 26 avril / 18h
Accueillir les non-humains
mardi 7 juin / 18h
Lieu secret
un dimanche à...*
promenade littéraire accompagnée par Léon Bonnaffé
lundi 23 mai / 20h30
Salon Roger Blin
LIRE LE THÉÂTRE
La Mouette d'Anton Tchekhov
mardi 24 mai / 18h
Entre les tombeaux de Rousseau et de Voltaire dans la crypte
du Panthéon. Plus de deux siècles après leur mort,
ils sont restés en froid.
Celle de Pierre et de Marie Curie, dont les corps momifiés
et en parfait état de conservation ont été exhumés
du cimetière municipal de Sceaux.
animé par Raphaël Enthoven
Gaston Bachelard, la rêverie et son poème
samedi 28 mai / 14h30
samedi 11 juin / 14h30
Salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS à L’ODéON
ateliers philosophiques / à partir de 8 ans
Les Rêveries de Gaston Bachelard
samedi 28 mai / 14h30
raconté par Jean-Philippe Pierron
Le Professeur Freud parle aux poissons
samedi 11 juin / 14h30
raconté par Marion Muller-Colard
 À Vidy, je retrouve un véritable
esprit de compagnie, ce qui est lié
notamment à la situation de la production : tous les acteurs du projet
sont ici loin de chez eux. Cela crée
un esprit de troupe, une attention et
une confiance particulières, davantage déterminantes que la nationalité.
À propos de la langue, il faut savoir
qu’en répétition j’évite autant que possible de commenter les intonations, la
façon dont il faudrait prononcer telle
ou telle phrase. J’essaie de travailler à
partir des situations ; lorsque la situation est claire pour l’acteur, lorsqu’il
conçoit clairement d’où il vient et ce
qu’il cherche dans une scène, j’ai l’impression que prononciations et intonations se déterminent d’elles-mêmes.
Le langage est pour moi un outil pour
agir sur la situation de chacun, pour
faire évoluer les relations entre chaque
personnage : c’est une action concrète
qui ne vaut pas en elle-même, mais
pour ce qu’elle provoque.
Grande salle
EXILS
animé par Paula Jacques
Giacomo Casanova
vu par Chantal Thomas
textes lus par Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française
lundi 6 juin / 20h
De la conciergerie, qui était alors une prison.
Grâce à une corde tendue des tours de Notre-Dame à un toit
d’une maison située sur le parvis. Il déposa symboliquement
une couronne sur la tête d’Isabeau de Bavière, la nouvelle
reine de France, épouse de Charles VI.
Quel est le point commun entre les vitraux de la Sainte-Chapelle
et la galerie des glaces au château de Versailles ?
Leur superficie est identique, environ 750 m2. * AVERTISSEMENT
sans être acrobatiques, ces promenades littéraires sont déconseillées
aux personnes gênées par la marche ou la montée d’escaliers.
À propos d’action concrète, vous dites
rechercher un «acteur-créateur» au
service de ce que vous appelez un
«théâtre non théâtral», notamment
dans une conférence récente que vous
avez donnée sur l’art de l’acteur. Vous y
décrivez votre méthode du storytelling,
une manière de conduire des improvisations autour des tensions emblématiques du drame. Dans le cas de
La Mouette, comment avez-vous travaillé avec les acteurs ? Comment les
impliquez-vous dans la recherche de
leur personnage ?
Des poissons. En effet, à deux reprises le monument a subi des
inondations qui endommagèrent assez lourdement le décor peint.
Le travail de laboratoire sur le jeu
d’acteur devient de plus en plus impor-
Philippe Edme Coittant, Almanach Des Prisons, Paris, 1795, p.8
Le Centre des monuments nationaux conserve, restaure,
gère, anime et ouvre à la visite près de cent
monuments nationaux en France, propriétés de l’État.
Abbayes, châteaux, grottes préhistoriques, sites
archéologiques... tous illustrent par leur diversité
la richesse du patrimoine français.
tant et passionnant à mes yeux. Pour
le storytelling, nos exercices portaient
sur la vie affective des acteurs, leurs
histoires d’amour ou de trahison et sur
une dizaine d’autres situations liées aux
Dans tous les
théâtres du
monde règne la
peur de monter
sur scène.
personnages du texte – des situations
très concrètes et précises que chacun
a pu vivre. Il s’agit ainsi de comprendre
les liens entre les situations des personnages dans la pièce et leur propre
vie ; et d’explorer comment chacun
d’eux aurait réagi dans la même situation – ce qui est tout à fait inspiré de
la méthode de travail de Stanislavski.
Bien sûr, personne ne réagirait toujours de la même façon à une même
situation, mais il apparaît une certaine
vérité quand un acteur joue une scène
à partir de quelque chose qu’il a vécu.
Le théâtre est au centre de La Mouette,
dont la plupart des personnages sont
des artistes. Comment traitez-vous cet
aspect du texte ?
À mes yeux, il s’agit davantage d’une
réflexion sur les différentes étapes
dans la vie d’un artiste. La Mouette
porte en partie sur le conflit entre les
générations, notamment entre artistes.
Deux générations s’opposent : celle des
artistes établis, prônant un art conventionnel, souvent auto-satisfait, un art
qui est probablement d’un assez bon
niveau – par exemple la littérature de
Trigorine – mais avec un certain manque
de radicalité, de liberté et sans doute de
passion ; et celle des plus jeunes, qui
débutent et qui ne connaissent pas les
lois, les règles de la scène, du théâtre,
de la narration, mais qui veulent révolutionner le théâtre et l’art, témoigner
d’un engagement, au risque d’être ridicules, superficiels et un peu banals
dans leur révolte. Ainsi je traite la question davantage d’un point de vue social,
en observant les tensions entre les arrivistes, les débutants, les révolutionnaires, les établis et les conventionnels.
Pour conclure, vous avez une autre
actualité, car vous venez de faire
paraître un nouveau livre sous la forme
d’un recueil de conférences qui s’intitule Le Théâtre et la peur (Actes Sud,
2016). Pourquoi ce titre ?
Cela fait référence à deux sortes de
peurs. D’un côté, mon théâtre essaye
de réfléchir une société allemande,
peut-être aussi européenne, pleine
de peurs : une peur qui règne dans tous
les domaines, la peur de la perte du statut social – sur laquelle s’appuie notre
système capitaliste – la peur métaphysique du néant, la peur terroriste, politique… J’essaye de rendre compte de
la façon dont ces peurs entraînent des
comportements humains très limités
et obtus, des angoisses, des lâchetés,
des maladies physiques comme psychiques qui sont le résultat de cette
peur dominante. Le théâtre est un très
bon instrument pour cette nécessaire
analyse critique. Et deuxièmement,
j’essaie de combattre cette peur à
l’intérieur du théâtre lui-même, car
dans tous les théâtres du monde
il règne la peur de monter sur scène,
de ne pas réussir, de l’échec artistique,
de la fin de la carrière… par exemple.
Je n’y arrive sans doute presque jamais,
mais je tente de donner aux acteurs les
moyens de dépasser cette peur dans
le jeu et de vivre dans l’instant.
Propos recueillis par Éric Vautrin,
Théâtre de Vidy, Lausanne,
18 février 2016
À Paris :
8
9
2
7
4
1 3 5
6
1 Conciergerie
2 Domaine national du Palais-Royal
3 Sainte-Chapelle
4 Hôtel de Béthune-Sully
5 Tours de la cathédrale Notre-Dame
6 Panthéon
7 Musée des Plans-reliefs
8 Arc de triomphe
9 Chapelle expiatoire
tarifs
Grande salle
Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€
Tarifs exceptionnels 40€, 28€, 18€, 14€
(séries 1, 2, 3, 4)
Salon Roger Blin
Tarif unique 6€
suivez-nous
#Bibliodeon
www.monuments-nationaux.fr
créé le
26 février 2016 au Théâtre de Vidy

CONCERT / CRÉATION
FESTIVAL JAZZ À SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS PARIS
Yaron Herman duo «everyday» & friends
Sigmund Freud, l'interprétation des rêves
[1]
Mélodie Richard
Matthieu Sampeur
et Marine Dillard
Grande salle
LA VIE COMME UN SONGE
Que pouvait-on voir se promener dans la partie basse
de la Sainte-Chapelle en 1690, puis en 1910 ?
de la Comédie-Française
production déléguée
Théâtre de Vidy
coproduction
Odéon-Théâtre de l’Europe
Théâtre National de Strasbourg
Teatro stabile di Torino
La Filature – Scène nationale Mulhouse
Tap-Théâtre Auditorium de Poitiers
Théâtre de Caen
avec le soutien de
Pro Helvetia –­Fondation suisse
pour la culture
dimanche 22 mai / 16h30
Grande salle
Comment un jeune Génois descendit-il des tours de Notre-Dame
de Paris un dimanche d’août 1389 ?
avec
Bénédicte Cerutti
Valérie Dréville
Cédric Eeckhout
Jean-Pierre Gos
François Loriquet
Sébastien Pouderoux
durée 2h30
Vers un troisième lieu secret
Quelle panthéonisation a nécessité la présence du Centre d’études
nucléaires du CEA et de l’Office de protection contre les
rayonnements ionisants en 1995 ?
À propos de quel monument national peut-on lire en 1795 que
«les guichetiers ivres parlent un langage extraordinaire, chargés
d’énormes clefs, et suivis de chiens fait - comme eux - pour
répandre l’épouvante»[1] ?
traduction et adaptation
Olivier Cadiot
Thomas Ostermeier
musique
Nils Ostendorf
scénographie
Jan Pappelbaum
dramaturgie
Peter Kleinert
lumière
Marie-Christine Soma
costumes
Nina Wetzel
peinture
Katharina Ziemke
CARTE
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
Carte 10 entrées 50€
Certaines manifestations ne sont pas
accessibles avec la carte, du fait de tarifs
exceptionnels
date limite d’utilisation : 30 juin 2016
01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
Éric Vautrin
Maître de conférences en arts
du spectacle à l'Université de Caen
Normandie depuis 2007, il est
dramaturge du théâtre de VidyLausanne depuis septembre 2015.
Il est également chercheur associé
à Thalim-CNRS équipe ARIAS
et co-dirige avec B. Boisson
et L. Fernandez le programme
de recherche NoTHx («Nouvelles
Théâtralités») qui porte sur le renouveau
des formes scéniques depuis 2000.
De Nina à Arkadina :
trois questions
à Valérie Dréville
Vous avez joué Nina dans la mise en scène de La Mouette
par Alain Françon. Aujourd'hui, vous interprétez Arkadina
sous la direction de Thomas Ostermeier. D'un rôle à
l'autre, quel chemin intérieur avez-vous parcouru ?
Ce n'est pas facile, comme question...
Comment dure-t-on dans ce métier ?
Comment est-on toujours vivant,
comme personne et comme artiste ?
Comment vieillit-on ? Et comment
est-ce qu'on accepte de ne plus
jouer Nina ? Ce sont des questions
de comédienne, les questions mêmes
d'Arkadina... Ce n'est pas évident,
ni pour elle ni pour moi ! Mais c'est
passionnant. Ce qui est très remarquable, à mon avis, c'est qu'à la fin
de la pièce, au quatrième acte, Nina
est plus mature qu'Arkadina. Elle a
une vision de son métier, une perspective, notamment vis-à-vis de la
foi, du fait d'y croire, dont Arkadina
est tout à fait dépourvue. D'après le
temps des horloges, Arkadina est
plus âgée, mais en réalité elle est plus
immature. Tout ça est très complexe...
J'aime montrer d'où vient cette immaturité, celle d'une vie construite sur
l'extérieur, sur le résultat, sur le succès. Donner à voir les dangers de
cette vie-là, ça me plaît beaucoup.
Nina, dans sa douleur et presque
dans sa folie, a le sens de l'art. Elle
l'a trouvé grâce à son chagrin, à sa
perte. À l'intérieur de ce qu'elle a
vécu, elle a trouvé une lumière.
Contrairement à Arkadina, qui est
fixée dans l'ambition, dans une
image de soi qu'elle voudrait intacte,
inchangée, éternelle. Ce n'est pas
un hasard si Tchekhov pointe son
avarice. Il y a une rétention chez elle.
Il faut aimer donner. Si on ne veut
plus que recevoir, alors on retient,
forcément... Cela dit, que l'on joue
l'une ou l'autre, en fin de compte,
même si on occupe des positions
différentes, c'est toujours la même
question qu'on pose, et avec mes
camarades, on travaille tous cette
question. Ce n'est pas seulement
une affaire d'incarnation. J'ai un
regard sur Nina comme j'en ai un sur
Arkadina. Qu'est-ce qu'on raconte,
qu'est-ce qu'on veut dire en tant
qu'acteur ? On peut jouer un rôle
et puis vouloir faire entendre tout à
fait autre chose que ce que ce rôle
exprime, voire le contraire. Jouer
Arkadina pour dire quelque chose
des dangers de notre métier, c'est
très intéressant.
À qui ou à quoi ressemble «votre»
Tchekhov ?
Tchekhov n'est pas «à moi» ! Je ne
le sens pas comme ça... Ce qu'il est
pour moi ? Vous savez, quand on
répète une pièce, on a toujours un
rapport avec l'auteur, plus ou moins
proche. Cela ne dépend pas du fait
qu'il soit vivant ou mort. C'est d'un
autre ordre. Cela tient à la nature
de la présence... Tchekhov, c'est un
ami. Il est fraternel, il a toujours le
sourire, même dans les moments
difficiles. Quelqu'un avec de la distance, avec de l'humour, et avec les
yeux... brillants. Quand on joue ses
pièces, on le ressent comme ça, et
quand on lit ses nouvelles aussi. Il
est généreux avec tous les êtres qu'il
croise ou qu'il crée, sans faire la différence entre les uns et les autres,
entre ses créations et les êtres réels.
Et même les gens les plus fantasques
et les plus bizarres, comme ma chère
Arkadina, on sent qu'il ne les juge
pas. Il la connaît bien, on voit qu'il
a dû en rencontrer pas mal comme
elle. À vrai dire, il est aussi charmé
par elle, car elle a quand même beaucoup de charme...
Quelle est votre réplique préférée,
celle que vous mettriez en exergue
à votre personnage ?
Ma réplique préférée, celle qui me fait
le plus rire : «Je n'ai pas d'argent, je
suis actrice, c'est ruineux !» J'adore...
Propos recueillis par Daniel Loayza
11 mars 2016
13
F(eux)
dirigé par
Manon Thorel
Julie Lerat-Gersant
création collective
avec
Yanis Bouferrache, Benoît Bringtown,
Aîcha Chemmah, Elliot Cohen,
Ikram Erajai, Sofia Cousinie,
Tene Doumbia, Rima Freiha, Elfie Gay,
Josephine Godard, Camélia Hassanine,
Elyse Lambert, Juliette Maheu,
Victoria Molland, Rosa Pradinas,
Sarah Sadouni, Dina Sebti,
Capucine Vaissettes
ADOLESCENCE
ET TERRITOIRE(S)
2016 / 4e ÉDITION
L'Odéon-Théâtre de l'Europe développe depuis 2012 un programme à destination d'adolescents issus de
la proximité des Ateliers Berthier. Les comédiennes et dramaturges Manon Thorel et Julie Lerat-Gersant
représentations
entrée libre sur réservation
dans la limite des places disponibles
se sont emparées de ce programme avec dix-huit jeunes, explorant la question du point de vue dans le
récit. F(EUX), le fruit de ce travail, sera présenté aux Ateliers Berthier les 6 et 7 mai 2016, puis dans les
différents théâtres partenaires jusqu'au 20 mai 2016.
Ateliers Berthier
Paris 17e
6 – 7 mai / 20h
01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu
Espace 1789
Saint-Ouen
10 mai / 20h
01 40 11 70 72 / [email protected]
Théâtre Rutebeuf
Clichy-la-Garenne
12 mai / 20h30
01 47 15 98 50 / 51
[email protected]
TGP
Saint-Denis
20 mai / 20h
01 48 13 70 00
[email protected]
Le projet
Manon Thorel
Depuis octobre dernier, 18 adolescents
issus de Clichy-la-Garenne, SaintOuen, Saint-Denis et Paris 17e ,
travaillent au plateau, en intelligence
collective avec Manon Thorel et Julie
Lerat-Gersant de la Cie La Piccola
Familia.
En véritables laborantins, ils
interrogent la question du point de
vue, les endroits où il peut susciter
des points de frottement, distordre
le réel, prêter à de l'interprétation, du
quiproquo, du conflit, du non-dit. Ces
réflexions permettent aux participants
d'explorer les différents niveaux de jeu
et de prises de parole théâtrale. Ces
derniers devront s'adapter aux différents niveaux d'adresse : parle-t-on de
la même manière à un partenaire de jeu
qu'au public par exemple ? Quel lien
peut-on créer avec une masse d'inconnus plongés dans le noir ? Quelle intimité ? Que peut être le public pour un
personnage qui vient se raconter ? Un
confident, un ami, un miroir, un ennemi
intime, la prolongation de soi ? Et comment s'adresser à lui et l'inclure dans
sa propre histoire ?
Le but de ce projet est de chercher
les endroits qui sembleront justes à
chacun et de raconter à plusieurs et
sous plusieurs formes une histoire,
celle inventée par le groupe et qui
l'animera parce qu'elle sera devenue
sienne. L'objectif des comédiennes et
dramaturges est donc de trouver une
vibration commune, chercher une unicité, un endroit de rencontre tout en
s'appuyant sur les différences d'individualité, d'énergie, d'inspiration, de
point de vue de chacun, à la fois acteur
et personnage.
F(eux), pièce écrite à plusieurs
mains est l'aboutissement de leur
recherche.
Après des études de théâtre, elle
intégre l’école Claude Mathieu. En
2005, elle écrit et interprète son premier spectacle jeune public Petit
nuage (qui tournera pendant plus de
5 ans) puis Fée(s) en 2008 et Puce en
2010. Comédienne dans L’École des
Maris de Molière, L’Opéra du Dragon
d’Heiner Muller, Arlequin poli par
l’amour de Marivaux, Monsieur
et Madame Silverdust d'Adlene
A. Amrane, elle explore aussi le théâtre
de rue sous de nombreuses formes
et spectacles avec la Cie Acidu et
la Cie la Tête Ailleurs. En 2010, elle
retrouve la Cie La Piccola Familia, participe à l'aventure Henry VI de William
Shakespeare mis en scène par Thomas
Jolly et reçoit pour son interprétation
et l'écriture de son rôle de Rhapsode
le prix de la révélation théâtrale 2015
par l'Association Professionnelle de
la Critique. En parallèle, elle participe
à l'élaboration, l'écriture et la mise
en scène d'H6m2 , spectacle de tréteaux résumant les 8 premières heures
d'Henry VI en 45 min sur 6m2 . Depuis
2012, elle anime de nombreux ateliers
en cadre scolaire, et signe en 2015
Seul Ensemble, une courte pièce écrite
pour une classe de primaire.
F a commis un acte grave. F est
absent. Ceux qui l'ont connu,
croisé, le racontent. Chacun d'eux
nous délivre une bribe de ce qu'il
fut et de ce qu'il fit.
À travers des instants de vie, des
témoignages, des souvenirs, nous
tenterons de reconstituer le puzzle
de sa vie et les raisons de son geste.
Les subjectivités de chacun
permettront-elles de retracer
l'histoire de manière objective ?
Julie Lerat-Gersant
Après une formation à l’Actéa à Caen,
elle intègre l’école supérieure professionnelle de théâtre du Limousin. En
2006, elle cofonde la Cie La Piccola
Familia dirigée par Thomas Jolly. Elle
a travaillé sous la direction de Michel
Didym, Christian Taponard, Claudia
Stavisky, Pierre Pradinas, Olivier
Lopez, Thomas Jolly, Laurianne
Baudouin... Comédienne dans Arlequin
poli par l’amour de Marivaux, Toâ
de Sacha Guitry (Prix du Public au
Festival Impatience 2009), Piscine
(pas d’eau) de Mark Ravenhill ;
comédienne et collaboratrice
dramaturgique sur Henry VI de
William Shakespeare mis en scène
par Thomas Jolly. Elle rédige un
mémoire sur «La quête des origines
chez Wajdi Mouawad» – intéressée par
l'écriture contemporaine –, écrit deux
pièces : Picollina mia, Passe du temps
près des vagues, et un roman pour
pré-adolescents : Chic ! Elle donne des
ateliers d’écriture et intervient dans
plusieurs types de structure scolaire,
amateur, centre social... En 2015, elle travaille avec Thomas Jolly à l’adaptation
de Richard III de William Shakespeare,
et parallèlement, écrit et joue dans
L’affaire Richard mis en scène par
Charline Porrone.
© Mélissa Boucher
«Pas à pas»
le choix du web-documentaire
À chaque édition, un documentaire est réalisé
pour retracer cette aventure artistique. Renaud
Skyronka et Quentin Montant, dont la jeune
société de production Ketchup Mayonnaise
collabore régulièrement avec l’Odéon-Théâtre
de l’Europe, ont de nouveau cette année été
associés à Adolescence et territoire(s). Après
un reportage en 2014 et un documentaire de
création en 2015, ils ont retenu pour cette nouvelle saison la forme d'une série web-documentaire et collaborent avec le réalisateur Grégoire
Lamarche.
Depuis 2012
4
territoires partenaires
436 h
d'ateliers de pratique
théâtrale hors temps scolaire
72
jeunes entre 15 et 20 ans
1
mécène
5
artistes associés
19
représentations
CULTIVONS
LEUR
AVENIR !
#GOpourlavenir
campagne
de mécénat
participatif
du 7 mars
au 2 mai 2016
Dans le cadre de ses
actions d’éducation
artistique et culturelle,
l’Odéon-Théâtre de
l’Europe a mis en place
le programme
Génération(s) Odéon.
100 collégiens d’Île-deFrance en font d’ores
et déjà partie.
Pour financer la seconde
année de deux classes,
l’Odéon cherche à réunir
30 000 €.
3 202
spectateurs
Aidez
des élèves
à vivre
un projet
artistique
européen !
liens web
épisode 1 : dai.ly/x3hck9y
épisode 2 : dai.ly/x3xwtz4
Faites un
don sur
http://www.theatre-odeon.eu/fr/
generations-odeon
Ce dernier s'est intéressé à la question du point
de vue pour présenter le projet sous forme d'épisodes. Il filme tout au long des stages l'équipe
artistique et les jeunes, à la fois sur le plateau, dans les quartiers, afin de produire cinq
épisodes de 4 minutes environ.
14
15
Avantages abonnés
Acheter et réserver ses places
Retrouvez toutes les offres du moment
sur la page «Avantages» de notre site internet
En lien avec ses partenaires culturels proches des Ateliers Berthier,
l’Odéon-Théâtre de l’Europe propose à ses abonnés des offres privilégiées.
Ouvertures de location
tout public
La comtesse Kessler, vers 1886, huile sur toile.
Paris, musée national Jean-Jacques Henner
© Photo Rmn - Grand Palais / F. Raux
Offres dans la limite des places disponibles
RÉOUVERTURE DU MUSÉE
JEAN-JACQUES HENNER
De nouveaux espaces dédiés
à la programmation culturelle
La campagne de travaux a notamment
permis de réhabiliter et de restaurer
les espaces de réception du rez-dechaussée qui étaient fermés depuis
plus d'une quinzaine d'années.
Ces espaces sont constitués d'un salon
de style néo-renaissance s'ouvrant
par une colonnade en stuc sur un jardin
d'hiver, surmonté d'une verrière.
Dans le jardin d'hiver, les travaux ont
porté, outre sur la rénovation nécessaire des espaces, sur la restauration de la mosaïque d'origine, datée
de 1878 et qui fut redécouverte en
2001, et sur la création d'une nouvelle verrière.
Ces espaces rénovés sont désormais
dédiés à la programmation culturelle.
Situés hors parcours, ils constituent
une étape importante pour le visiteur qui pourra y découvrir l'histoire du musée dans une ambiance
feutrée. Le jardin d'hiver accueillera plus particulièrement des expositions temporaires, des concerts
et des spectacles, à l'instar de ses
premiers occupants, la famille
Dubufe.
Un nouvel accrochage
Ces travaux s’accompagnent d’une
nouvelle présentation des œuvres
dont la muséographie a été réalisée
par Hubert Le Gall, d’outils d’aide à
la visite repensés et d’une programmation culturelle attractive. L’accrochage, plus dense, dans le goût
du XIXe siècle, s’articule autour de
deux grands thèmes : la carrière d’un
artiste officiel au XIXe siècle retraçant l’itinéraire de Henner, au premier étage, et l’atelier du peintre, au
troisième étage, qui permet de mieux
comprendre comment travaillait
Henner grâce aux esquisses, œuvres
inachevées, meubles et plâtres issus
de l’atelier…
Outre l'emblématique L'Alsace. Elle
attend, incarnation du sentiment
patriotique après la défaite de 1870,
le musée présente de lumineux paysages italiens, des tableaux de Salon
aux sujets religieux ou historiques,
des portraits étonnants de vérité ainsi
que les paysages alsaciens idéalisés,
peuplés de femmes rousses qui ont
fait la célébrité du peintre.
Espace 1789
THÉÂTRE – NADIA C
Jeudi 12 mai à 20h
d'après l'œuvre de Lola Lafon La petite
communiste qui ne souriait jamais
mise en scène de Cholé Dabert
Odéon 6e Berthier 17e Les Bibliothèques de l'Odéon salon Roger Blin / Grande salle / Hors les murs
ven 6 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h
sam 7 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h
dim 8 Phèdre(s) 15h
lun9 mar 10 Phèdre(s) 20h mer 11 Phèdre(s) 20h jeu 12 Phèdre(s) 20h ven 13 Phèdre(s) 20h Nous sommes repus 20h sam 14
Nous sommes repus 20h
dim 15
Relâche
lun16
mar 17
Nous sommes repus 20h
mer 18
Nous sommes repus 20h
jeu 19
Nous sommes repus 20h
ven 20La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
sam 21La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
dim 22La Mouette 15h
Nous sommes repus 15h
Un dimanche à... 16h30
lun23
Concert Jazz à Saint-Germain-des-Prés
20h30
mar 24La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
La Mouette d’Anton Tchekhov / Lire le théâtre
18h
mer 25La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
jeu 26La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
ven 27La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
sam 28La Mouette 20h
Nous sommes repus 20h
Gaston Bachelard / La Vie comme un songe
14h30
Les Rêveries de Gaston Bachelard / Les petits Platons
14h30
dim 29La Mouette 15h
Nous sommes repus 15h
lun30 Génération(s) Odéon
mar 31La Mouette 20h
Nous sommes repus mais pas repentis
du 13/05 au 29/05
(DÉJEUNER CHEZ WITTGENSTEIN) représentations
Les Palmiers sauvages représentations du 03/06 au 25/06
• 6 avril theatre-odeon.eu • 13 avril guichet / téléphone
Montréal, 1976. Nadia Comaneci,
gymnaste roumaine de 14 ans, fait
exploser les codes et les représentations.
Elle devient l’image de la perfection. Une
icône, un objet médiatique qui fascine
d’est en ouest… Lola Lafon en propose
un récit, à la croisée de l’intime et de la
grande Histoire. Chloé Dabert suit les
pistes proposées par l'auteure et offre
une enquête à trois voix à la recherche
de Nadia C., personnage emblématique
et mystérieux. La Mouette représentations du 20/05 au 25/06
• 13 avril theatre-odeon.eu • 20 avril guichet / téléphone
les bibliothèques de l’odéon
Vous pouvez réserver pour l’ensemble de la saison 15/16
Au guichet du Théâtre
de l’Odéon
du lundi au samedi
de 11h à 18h
Par téléphone
01 44 85 40 40
du lundi au samedi
de 11h à 18h30
> Tarif préférentiel 11€ au lieu de 15€
> 01 40 11 70 72 ou [email protected]
et précisez le code GYM
> Espace 1789, 2/4 rue Alexandre Bachelet
93 400 Saint-Ouen
© Marc Domage
juin
Abonnés
Odéon 6e Berthier 17e
mer
jeu
ven
sam
dim
lun
mar
mer
jeu
ven
sam
Si vous n’avez pas choisi vos dates de spectacles :
– Vous pourrez réserver vos
dates, à tout moment de
l’année. Merci de vérifier
la disponibilité de la date
choisie auprès du service
abonnement avant de
retourner votre contremarque.
– Nous vous conseillons de
choisir vos dates avant
l’ouverture de réservation tout
public, afin que nous puissions
vous placer au mieux.
Vous avez la possibilité
de réserver des places
supplémentaires aux dates
d’ouverture de location de
chaque spectacle.
Vous bénéficiez d’un tarif réduit
pour Les Bibliothèques de
l’Odéon, en grande salle.
Contact 01 44 85 40 38
[email protected]
© Guillaume Chapeleau
Théâtre Gérard Philipe
THÉÂTRE – Antigone Jeudi 12 et vendredi 13 mai à 20h
de Sophocle
direction artistique Jean Bellorini
d’un spectacle qui associe théâtre et musique. Instaurée
par Jean Bellorini dès son arrivée à la direction du TGP,
la Troupe éphémère est, comme son nom l’indique, une
équipe artistique engagée dans un projet au fil d’une
saison et guidée par un seul objectif : la rencontre finale
avec le public.
La Troupe éphémère se compose de jeunes gens,
âgés de quinze à vingt ans, qui disposent ou non d’une
expérience théâtrale, et qui sont réunis par le désir
commun de découverte et de partage dans la création
> I nvitations à gagner en appelant au 01 48 13 70 00 en précisant
le code ODÉON et la date de réservation souhaitée
> Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de SaintDenis, 59 boulevard Jules Guesde, 93 200 Saint-Denis
Représentations
Promettez-moi de ne pas rire : je rêve d’un spectacle
existentiel. Oui, allons-y, ne nous gênons pas, ne nous
mouchons ni du pied, ni du coude, il s’agirait d’un
spectacle traitant de la vie, de la mort, autant dire que
je deviens ambitieux avec l’âge. Justement, il y sera
question de l’âge et du temps qui passe, et aussi de la
recherche du bonheur. Il y sera forcément question de la
déchéance, des amours impossibles et d’autres sujets
aussi délicieux. Oui, je rêve d’un spectacle existentiel :
promettez-moi de rire !
>T
arif préférentiel 20€ au lieu de 25€ en précisant
le code Odéon
> Réservation
01 47 15 98 50 / 51
[email protected]
> Théâtre Rutebeuf, 18 Allées Gambetta, 92 110 Clichy
sur présentation de la carte abonné
© Manuelle Toussaint
dim 12La Mouette 15h
lun13
mar 14La Mouette 20h
mer 15La Mouette 20h
jeu 16La Mouette 20h
ven 17La Mouette 20h
sam 18La Mouette 20h
dim 19La Mouette 15h
lun20
mar 21La Mouette 20h
mer 22La Mouette 20h
jeu 23La Mouette 20h
ven 24La Mouette 20h
sam 25La Mouette 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 15h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 15h
Giacomo Casanova / Chantal Thomas / Exils 20h
Les Dialogues du contemporain / Accueillir les non-humains 18h
Sigmund Freud / La Vie comme un songe 14h30
Le Professeur Freud parle aux poissons / Les petits Platons 14h30
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 15h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Les Palmiers sauvages 20h
Tarifs
Théâtre Rutebeuf
THÉÂTRE – Seul en scène – La Fin du Monde
est pour dimanche
Mercredi 8 juin à 20h30
mise en scène Benjamin Guillard
avec François Morel
1La Mouette 20h
2La Mouette 20h
3La Mouette 20h
4La Mouette 20h
5La Mouette 15h
6
7La Mouette 20h
8La Mouette 20h
9La Mouette 20h
10La Mouette 20h
11La Mouette 20h
pour les 3 spectacles
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h
relâche exceptionnelle le dimanche 15 mai pour Nous sommes
repus mais pas repentis
Spectacles
JOURNÉE PORTES OUVERTES
Jeudi 16 juin de 11h à 18h
> 4 3 avenue de Villiers, 75017 Paris
01 47 63 42 73
www.musee-henner.fr
mai
ADOLESCENCE ET TERRITOIRE(S) / F(eux)
représentations 6 et 7 mai 2016
• location ouverte
À la suite de travaux de rénovation de ses espaces, le musée
ouvre de nouveau ses portes le 21 mai 2016.
Un musée-atelier
Le musée national, ouvert au public
en 1924, est consacré à l'œuvre
du peintre français Jean-Jacques
Henner (1829-1905). Ses collections
retracent l’itinéraire d’un artiste qui,
de son Alsace natale à Paris où il
fit carrière, en passant par la Villa
Médicis où il séjourna suite à son Prix
de Rome, était considéré au début
du XXe siècle comme un des plus
importants de son temps.
Le musée est installé dans un hôtel
particulier qui était la demeure et
l'atelier d'un contemporain de Henner,
le peintre Guillaume Dubufe (18531909). Cet hôtel particulier est tout
à fait emblématique des demeures
d'artistes qui ont éclos dans les
années 1880, faisant alors de la Plaine
Monceau un des quartiers les plus
en vogue. Guillaume Dubufe, peintre
mondain issu d'une dynastie de
portraitistes renommés, y associait
à la fois vie artistique, vie familiale et
domestique, et vie mondaine. Chaque
semaine, dans le salon de réception
que constituait alors le jardin d'hiver,
les Dubufe recevaient amis et artistes,
qui se produisaient sur la petite scène
qui prolonge le salon. On sait que
Jean-Jacques Henner, qui vivait dans
le quartier de la Nouvelle Athènes et
dont l'atelier se trouvait Place Pigalle,
a souvent été invité chez les Dubufe.
Peut-être même a-t-il franchi les
portes du 43 avenue de Villiers ?
Calendrier
Plein tarif
Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA*
Demandeur d’emploi*
Public en situation de handicap*
Élève d’école de théâtre*
Lever de rideau (2h avant la représentation)
Pass 17* (dates spécifiques)**
* Justificatif indispensable lors du retrait des places
Les
l’Odéon
Bibliothèques de Théâtre de l’Odéon 6e
Ateliers Berthier 17e
série 1
série 3
série 4série unique
40 € 28 € 18 €
20 € 14 € 9 €
14 €
7 €
36 €
18 €
22 € 18 € 12 €
—
— 8 €
—
—
—
—
—
—
8 €
—
6 €
—
22 €
8 €
—
22 €
** Nous sommes repus mais pas repentis : 18 mai / 20h ; 26 mai / 20h
Les Palmiers sauvages : 8 juin / 20h ; 16 juin / 20h
Théâtre de l’Odéon 6e
Tarifs exceptionnels
Concert Jazz à Saint-Germain-des-Prés
Grande salleRoger Blinsérie 1 série 2 série 3série 4
Plein tarif
Carte Les Bibliothèques de l’Odéon
Abonné Odéon
Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA*
Demandeur d’emploi*
Public en situation de handicap*
Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation)
* Justificatif indispensable lors du retrait des places
série 2
Contacts
Groupe d’adultes, amis, association,
comité d’entreprise,
01 44 85 40 37
[email protected]
Public de l’enseignement
01 44 85 41 18
[email protected]
Public de proximité des Ateliers Berthier,
public du champ social et public en
situation de handicap
01 44 85 40 47
[email protected]
10 €
—
6 €
6 €
6 €
6 €
6 €
—
6 €
6 €
6 €
6 €
40 € 28 € 18 € 14 €
—
—
—
—
—
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—
—
—
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—
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—
Carte Les Bibliothèques de l’Odéon
Carte 10 entrées 50€
Carte à utiliser librement ; une ou plusieurs
places lors de la même manifestation.
Réservation fortement conseillée.
Date limite d'utilisation : 30 juin 2016
Certaines manifestations ne sont pas accessibles
avec cette carte — tarifs exceptionnels.
(cf. tarifs exceptionnels, voir ci-contre).
LANCEMENT
DE SAISON
2016-2017
2 octobre – 1er novembre / Odéon 6e
16
IVANOV
d’Anton Tchekhov
mise en scène Luc Bondy
10 octobre – 21 novembre / Berthier 17 e
VU DU PONT
d’Arthur Miller
mise en scène Ivo van Hove
création
Stéphane Braunschweig et l'Odéon-Théâtre de l'Europe
seraient heureux de vous accueillir
le mardi 17 mai à 19h30
soirée durant laquelle sera présentée la saison 2016-2017
10 – 15 novembre / Odéon 6e
PRIMERA CARTA DE SAN PABLO
A LOS CORINTIOS
d’Angélica Liddell
avec le Festival d’Automne à Paris
Réservation à partir du mardi 3 mai / 11h
01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu
Dans la limite des places disponibles
2 – 20 décembre / Odéon 6e
ORESTIE
(une comédie organique ?)
d’après Eschyle
de Romeo Castellucci
SAISON 2016-2017
LANCEMENT DE LA CAMPAGNE
D'ABONNEMENT INDIVIDUEL
avec le Festival d’Automne à Paris
5 décembre – 3 janvier / Berthier 17e
PINOCCHIO
Sur Internet
dès le mercredi 11 mai / 11h
d’après Carlo Collodi
de Joël Pommerat
Par courrier
dès le mercredi 18 mai / 11h
6 janvier – 13 février / Odéon 6e
RICHARD III
de William Shakespeare
mise en scène Thomas Jolly
28 janvier – 25 mars / Berthier 17 e
TARTUFFE
de Molière
mise en scène Luc Bondy
17 mars – 13 mai / Odéon 6e
Soutenez
la création théâtrale
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Cercle de l’Odéon
PHÈDRE(s)
Wajdi Mouawad, Sarah Kane,
J.M. Coetzee
mise en scène Krzysztof Warlikowski
création
13 – 29 mai / Berthier 17 e
NOUS SOMMES REPUS
MAIS PAS REPENTIS
Ils sont mécènes de la saison 2014-2015
(Déjeuner chez Wittgenstein)
de Thomas Bernhard
mise en scène Séverine Chavrier
Information et contact
Pauline Rouer
[email protected]
20 mai – 25 juin / Odéon 6e
LA MOUETTE
d’Anton Tchekhov
mise en scène Thomas Ostermeier
3 – 25 juin / Berthier 17 e
d’après William Faulkner
mise en scène Séverine Chavrier
octobre 2015 – juin 2016
LES BIBLIOTHÈQUES
5 L’ODÉON
DE
Du nouveau, des nouvelles, des réseaux
La revue du web de l’Odéon
Le Blog Tartuffe me tape /
témoignage exclusif
de Damis – Pierre Yvon
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couverture : La Mouette © Arno Declair / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 – 1064582
LES PALMIERS SAUVAGES
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