Théâtre de l’Odéon 6e– Atelier Berthier 17e01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
Odéon-Théâtre de l’Europe Saison 2009 2010
de Jean-Pierre Siméon d’après Sophocle / mise en scène Christian Schiaretti
24 septembre – 18 octobre / Odéon 6e
de Dimítris Dimitriádis / mise en scène Michael Marmarinos
7 – 12 novembre / Berthier 17e
d’Heinrich von Kleist / mise en scène André Engel
2 – 31 décembre / Berthier 17e
d’après La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe /mise en scène Amos Gitai
6 – 10 janvier / Odéon 6e
de Dimítris Dimitriádis / mise en scène Caterina Gozzi
27 janvier – 20 février / Berthier 17e
de Tennessee Williams / mise en scène Krzysztof Warlikowski
4 février – 3 avril / Odéon 6e
texte & mise en scène Wajdi Mouawad
11 mars – 10 avril / Berthier 17e
de Dimítris Dimitriádis / mise en scène Giorgio Barberio Corsetti
14 mai – 12 juin / Odéon 6e
d’après les frères Grimm / adaptation & mise en scène Olivier Py
18 mai – 11 juin / Berthier 17e
Festival de jeunes compagnies
17 – 26 juin / Odéon 6e& Berthier 17e
d’après Alexandre Dumas &Heiner Müller / mise en scène Frank Castorf
9 – 15 avril / Odéon 6e
d’après William Shakespeare &Heiner Müller / de Matthias Langhoff
5 novembre – 12 décembre / Odéon 6e
Odéon-Théâtre de l’Europe Théâtre de l’Odéon 6e– Ateliers Berthier 17e01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
Direction Olivier Py
texte & mise en scène Olivier Py
18 septembre – 24 octobre / Berthier 17e
d’être sans illusions, frayant sa
voie tout contre la fatalité, tournant
en tous sens dans le cercle affolé
de l’Histoire, est depuis toujours
une intelligence partae, collective.
Du temps de Sophocle, les citoyens
les plus riches supportaient les
frais du spectacle tandis que les
spectateurs se voyaient indemniser
pour leur présence. La culture
comme projet public et civique,
l’aspiration utopique et concrète
à un égal accès de tous aux
œuvres de l’esprit, le bonheur
comme exigence de justice : ici,
avec vous, nous y croyons encore
et peut-être plus que jamais.
L’Odéon-Théâtre de l’Europe a
montré grâce à vous, spectateurs,
la force de cet établissement qui,
avec ses deux sites, a déployé son
aura, conforté sa place centrale
dans le paysage théâtral européen
et, de façon plus générale, son
rôle actif dans la vie intellec-
tuelle. Nous avions fait le pari
d’une offre plus large et plus
diverse, que ce soit en termes de
spectacles, de nombre de places,
de rendez-vous hors program-
mation. Ce pari est largement
gagné. Une relation de confiance
s’est construite et approfondie
entre le théâtre et son public. Les
abonnés n’ont jamais été aussi
nombreux. Quil sagisse de
propositions inédites ou de
répertoire, de nouveaux créateurs
ou de maîtres reconnus, 170 000
spectateurs auront répondu
«présent» tout au long de la
saison – nombre auquel il
conviendrait d’ajouter le public
des tournées de lOdéon en
France et dans le monde : Japon,
Italie, Suisse, Corée du Sud,
Espagne, Colombie, Canada,
Grèce, Belgique, États-Unis...
Et maintenant ? Et demain ?
Wajdi Mouawad dit des œuvres
à venir qu’elles sont comme des
messagers, encore invisibles,
dont nous sentons pourtant les
yeux posés sur nous. Cette
nouvelle saison se place sous les
signes, non contradictoires et peut-
être même d’une indispensable
complémentarité, du romantisme
et de la politique, de la conscience
intime comme de l’engagement
général. Elle fait se télescoper les
temps : Dumas y croise Müller,
Langhoff y fait chanter Hamlet.
Elle s’ouvre à d’autres horizons :
Gitai y dialogue avec Flavius
Josèphe, tandis que Mouawad
creuse l’extrême contemporain.
Elle accueille d’immenses voix :
Laurent Terzieff, Isabelle Huppert,
Jeanne Moreau, entre autres. Elle
fait naître de grands spectacles
euroens, de Warlikowski à
Corsetti, en rassemble d’autres
d’Engel à Castorf. Elle met enfin
et toujours le poète au cœur, de
Sophocle à cette voix secrète et
très haute, exigeante et noble
d’un auteur traduit dans toutes
les langues du continent et peu
connu encore en France :
Dimítris Dimitriádis, dont nous
aurons la joie d’accueillir trois
pièces, parmi lesquelles deux
créations. Pour rêver, inventer
avec gravité mais dans un élan
enthousiaste ce territoire qui
nous appartient à tous, le poème.
Dans le même temps, le pro-
gramme «Psent composé»,
ponctuant la saison de ses rendez-
vous réguliers illuminés de temps
forts exceptionnels – et dont le
rayonnement porte bien au-delà du
public habituel de notre Tâtre –,
contribuera une fois encore à
illustrer avec éclat la place
centrale de l’Odéon dans notre
ographie intellectuelle. Luis
Sepúlveda, Ohran Pamuk, une
traversée philosophique avec
Wolf Lepenies, Giorgio Agamben
ou Slavoj Zizek, qui nous ont
fait l’honneur d’accepter nos
invitations, seront là pour le
confirmer. Tables rondes et
rencontres autour de l’Italie ou
de la Turquie sont d’ores et déjà
prévues – ainsi que quelques
belles surprises, tout au long de
l’année.
«L’art est long et le temps est
court», dit le poète. Mais le théâtre
est ainsi fait qu’il doit faire vite
– sans pourtant se précipiter. Il
est lart du présent, la fugacité
même – et à ce titre, l’aliment
intime de nos mémoires. Entre
longueur et brièveté, la saison est
ce tempo si particulier qui
contraint lart et le temps à
s’accorder, l’un pressant le pas et
l’autre ralentissant le sien. Qu’en
sera-t-il de cette saison-ci ? Elle
ressemblera à l’identité plurielle
de l’Oon, assez proche de
l’idée que l’on peut se faire
aujourd’hui de l’Europe. Mais
une fois encore, c’est à vous – et
par vous seuls – qu’elle découvrira
son visage.
Olivier Py
Le moment est venu de sortir des
apocalypses, d’accepter, en ces
jours qui ne souffrent plus
l’hésitation, que de la mélancolie
peut naître l’action. Sortir des
apocalypses, c’est accepter que le
temps qui vient n’est pas dessiné
ailleurs que dans les mythes, c’est
vouloir faire de notre nostalgie
une force allante. C’est alors
penser la révolution comme un
état d’intranquillité proche d’une
joie errante dans lequel l’effroi
de notre liberté nous est donné
pour force inaliénable. Est-ce
trop demander à une génération
que de croire encore au sens
de son action et de ne plus
désespérer de l’affirmation ?
Oui, le théâtre ne se laisse pas
décourager par l’émiettement
des forces politiques, au contraire,
il pense que la vérité est dans le
fragile et l’instable, l’écume plus
que le roc, le nuage plus que
la terre. Un théâtre qui nous
rappelle que nous sommes
toujours plus nombreux que nous
le croyons à aimer le présent.
Notre maison, comme d’autres,
est le lieu par excellence de ce
rassemblement dans la diversité
qui nous permet de partager le
désir de sens. Nous constatons
avec la joie d’artisans fiers d’un
labeur récompensé que nous ne
nous étions pas tout à fait trompés
en insistant sur un théâtre
nécessaire. Nous sentons de
toute part un profond besoin
d’éprouver, d’interroger cette
matière essentielle, vitale, qui
irrigue nos sociétés : les idées. Le
véhicule de l’oralité, propre à nos
métiers, nous permet à nous,
spectateurs, dêtre dans une
position découte qui est en
rupture avec la seule réception
passive. L’ensemble hétérogène
qui compose une salle est en effet
vivant, donc actif, il a une
incidence sur l’auditoire lui-
même comme sur l’émetteur qui
est en scène. Cette entente, à tous
les sens du terme, qui donne corps
aux idées et se noue au théâtre
entre acteurs et spectateurs, trans-
formant les uns et les autres, est à
elle seule ferment d’intelligence.
L’intelligence est-elle aujourd’hui
tragique ? Non pas triste, en
tout cas, non pas sinistre, au
contraire : aiguë, risquant le tout
pour le tout, prête à aller tou-
jours plus loin dans l’exploration
des passions contradictoires de
lâme et de lépoque. Cette
intelligence qui lutte, joyeuse
3
18 septembre – 24 octobre 2009
Ateliers Berthier 17e
texte & mise en scène Olivier Py
décor, costumes & maquillages
Pierre-André Weitz
lumière
Olivier Py avec Bertrand Killy
avec Nâzim Boudjenah, Amira Casar, Matthieu Dessertine, Mathieu Elfassi,
Michel Fau, Philippe Girard, Frédéric Giroutru, Christophe Maltot, Olivier Py,
Bruno Sermonne, Pierre Vial (sociétaire de la Comédie-Française)
production Odéon-Théâtre de l'Europe
– Pourquoi vouloir le pire ?
– Pour que la parole retrouve son poids.
Olivier Py
On sait que le divin Saturne
dévorait ses propres enfants pour
conserver son trône. Le Saturne
mortel imaginé par Olivier Py
semble de même vouer sa
descendance à la dépossession et
à la mort. Mais il le fait en laissant
faire, pareil à un créateur qui se
serait absenté du monde pour
permettre à ses catures d’y
exercer leur liberté. Dans cette
pièce sans mères, presque tous les
liens de la parenté ordinaire sont
subvertis – un frère et sa sœur
s’aiment charnellement, un père
qui rêve de ravager toute beauté
est tourmenté d’une passion
maudite pour son propre fils…
Concentrant en elle toutes les
figures de la fureur et de l’excès,
la famille est ici au cœur du noir
éblouissement tragique. Du
moins quand elle n’est pas,
moins glorieusement, la matière
d’un drame bourgeois : l’un des
protagonistes observe que «dans
la tragédie, […] il n’y a aucune
raison, rien. Aucune explication.
Rien. Mais dans le drame bourgeois
il y a une raison à la catastrophe.
[…] Notre lâcheté.» La pièce
d’Olivier Py autorise les deux
lectures. Sur l’un de ses versants,
elle se laisse aborder comme la
chronique d’une abdication
collective, celle denfants qui
n’ont pas la force ou la volonté de
poursuivre l’œuvre paternelle.
La fin de Saturne est aussi, selon
son héros éponyme, celle d’une
certaine France, d’une République
qui a donné son nom au journal
qu’il dirige, d’un pays qui était
aussi un paysage, une «semence
paysanne et littéraire» où l’écriture
et la géographie semblaient faire
corps. Selon Saturne, cette France-
là, qui a «inventé la politique» et
«est une idée», paraît désormais
incapable de se réinventer,
pourvue de destin et d’Histoire ;
et à ses yeux, la faiblesse de ses
propres rejetons, héritiers indignes
de La République, est le plus
triste témoignage de la médiocrité
du temps. La vérité de son legs,
c’est ailleurs qu’il la reconnaît : là
où son fils illégitime a perdu sa
main droite pour lui, là où l’encre
de La République s’est mêlée au
sang de Ré. C’est donc avec Ré,
par lui, que l’Histoire va continuer,
fût-ce au prix de la tragédie, sans
autre «raison» qu’une folle fatalité
d’amour et de haine : c’est par Ré
que Saturne va peut-être trouver
une fin digne de son aptit
d’ogre. Le combat du fils et du
père, cette lutte lancinante sur
laquelle Olivier Py ne cesse de
revenir de pièce en pce, prend
ici des accents nouveaux.
L’expérience du mal et de la
douleur infligée à autrui comme
à soi-même est-elle donc la seule
voie que l’on puisse frayer vers
«l’amour, l’amour, le très pur
amour» que Saturne lui-même
célèbre in extremis ? La réponse
s’incarne peut-être en un jeune
homme d’une piété filiale sans
bornes : Nour, l’étranger dont le
nom signifie lumière, et en son
ami Virgile, nommé d’après un
poète qui sut traverser les enfers.
à lire Les Enfants de Saturne d'Olivier Py, éditions Actes Sud-Papiers, 2007
5
Un chef-d’œuvre trop peu joué,
dans une langue dont Jean-Pierre
Siméon réinvente la puissance et
l’éclat. En 1992 déjà, Christian
Schiaretti avait une première fois
abordé Sophocle en présentant
un Ajax/Philoctète remarqué.
Aps ses mises en scène de
Coriolan de Shakespeare et de
Par-dessus bord de Michel Vinaver
– spectacles qui ont été respective-
ment distingués du prix Georges-
Lerminier et du Grand Prix du
Syndicat de la Critique pour le
meilleur spectacle de l’année, et
qui figurent tous deux parmi les
nominations aux Molières du
théâtre public 2009, – ses retrou-
vailles avec le grand tragique
grec sont donc très attendues.
Elles le sont d’autant plus qu’elles
marquent une étape du com-
pagnonnage artistique qui lie
Schiaretti à Jean-Pierre Siméon.
Auteur d’une quarantaine de
livres, poète distingué par de
nombreux prix, romancier,
critique, essayiste, Jean-Pierre
Siméon travaille aux côtés de
Christian Schiaretti à la Comédie
de Reims (dont il est «poète associé»
pendant cinq ans), puis au
Théâtre National Populaire de
Villeurbanne. De ce Philoctète,
qu’il caracrise comme une
«variation à partir de Sophocle»
qui «suit plutôt fidèlement le
dessin de la pièce», le poète
confie qu’il est «une totale réécriture
qui est réappropriation de l’objet
originel dans une langue autre :
ce qui signifie ici non pas du grec
au français, mais d’une poésie à
une autre. Donc pas une équiva-
lence plus ou moins ajustée mais
une métamorphose». L’intrigue
de cette «variation» mérite qu’on
la rappelle. Ulysse l’expérimenté
assigne une mission au jeune
optolème, fils d’Achille :
s’emparer de l’arc et des flèches
de Philoctète, sans lesquels Troie
ne peut être prise. Pour y parvenir,
il faut recourir à la ruse – ces
armes divines héritées d’Héraklès
rendent en effet Philoctète
invincible. Or Philoctète, blessé
et incurable, n’a jamais pardonné
aux Grecs (dont Ulysse) de
l’avoir abandonné neuf ans plus
tôt sur une île déserte pour ne
plus avoir à supporter ses
hurlements et la puanteur de sa
plaie. Seul Néoptolème peut
espérer gagner la confiance du
vieux guerrier, car lui seul ne
s’était pas embarqué avec l’armée
grecque en ce temps-là. Le noble
fils d’Achille doit donc mentir à
l’infirme et lui faire croire qu’il
teste lui-même les Grecs
depuis qu’ils lui ont refusé les
armes de son père mort,
décernées… à Ulysse. La subtile
épreuve initiatique du jeune
guerrier, pris dans un conflit de
devoirs contradictoires, se double
ici de l’un des portraits les plus
poignants du répertoire, celui
d’un homme humilié par la souf-
france, livré par son propre camp
à une solitude absolue, et qui,
neuf ans après, ne revoit les
visages de ses semblables que
pour être à nouveau trahi. On
comprend que le rôle ait tenté
Laurent Terzieff : il marquera à
coup sûr un nouveau sommet
dans une carrière d’artiste riche
de plus dun demi-siècle.
24 septembre – 18 octobre 2009
Théâtre de l'Odéon 6e
de Jean-Pierre Siméon, variation à partir de Sophocle
mise en scène Christian Schiaretti
scénographie
Fanny Gamet
lumière
Julia Grand
costumes
Thibaut Welchlin
avec Laurent Terzieff, Johan Leysen, David Mambouch
et un chœur Olivier Borle, Julien Gauthier, Damien Gouy, Aymeric Lecerf,
Clément Morinière, Julien Tiphaine (distribution en cours)
production Théâtre National Populaire – Villeurbanne,
Compagnie Laurent Terzieff
avec la participation artistique de l'ENSATT
et l'aide de la Région Rhône-Alpes pour l'insertion des jeunes professionnels
à lire Philoctète de Jean-Pierre Siméon, éditions Les Solitaires Intempestifs, mai 2009
Qui que vous soyez parlez parlez-moi
Que j’entende enfin une langue humaine
Jean-Pierre Siméon
7
5 novembre – 12 décembre 2009
Théâtre de l'Odéon 6e
de Matthias Langhoff
d’après William Shakespeare
texte français
Jörn Cambreleng
d’après le texte allemand d’Heiner
Müller &Matthias Langhoff
lumière Frédéric Duplessier
costumes Arielle Chanty
musique Olivier Dejours
décor Matthias Langhoff
toiles Catherine Rankl
et un dessin Alfred Kubin
créé le 20 novembre 2008
au Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
avec Marc Barnaud, Patrick Buoncristiani, François Chattot, Agnès Dewitte,
Gilles Geenen, Anatole Koama, Frédéric Künze, Philippe Marteau,
Patricia Pottier, Jean-Marc Stehlé, Emmanuelle Wion, Delphine Zingg et
Osvaldo Caló avec le Tobetobe-Orchestra
production déléguée Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
co-production Odéon-Théâtre de l'Europe, Théâtre de Sartrouville,
Théâtre national de Strasbourg, Espace Malraux – Chambéry
avec la participation artistique du jeune théâtre national
«Quel plaisir», écrivait récemment
Jean-Pierre Thibaudat, «de
retrouver Langhoff dans le lit de
Shakespeare, un auteur qu’il sent
comme le chien sent son maître.
Inoubliable et inoublié reste son
Roi Lear avec Serge Merlin.
Son Hamlet le sera tout autant.
Sinon plus.» Créé fin 2008 au
Théâtre Dijon Bourgogne, ce
«Hamlet-Cabaret» a pour titre
exact En manteau rouge, le matin
traverse la rosée qui sur son passage
paraît du sang ou Ham and ex. by
William Shakespeare – tout un
programme, ou une promesse
que Langhoff tient à sa façon :
celle d’un disciple de Brecht et
d’un ami de Heiner Müller, pour
qui le théâtre ne peut vivre
quen suicidant allègrement sa
propre muséographie. C’est que
pour Langhoff, «le théâtre est l’art
d’organiser le scandale : il doit
révéler le scandaleux et l’obscène
que le monde s’efforce de cacher
[…. Et pour y parvenir, le
théâtre selon Langhoff charrie
librement tous les débris du siècle
qu’il arrache sur son passage :
comme le confie encore le metteur
en scène, «un spectacle, ce n’est
pas un produit, c’est un bricolage».
Langhoff est donc un bricoleur,
et qui s’assume comme tel. La
pièce ne fait guère l’objet d’une
réflexion «théorique» préalable à
son approche artisanale en
compagnie des comédiens : «qui
est assis sur le dos de qui»,
s’interrogeait le metteur en scène
en cours de travail, «est-ce le
cabaret qui est sur le dos de
Shakespeare ou Shakespeare qui
avance sur le dos du cabaret ?
Je ne le saurai qu’à la fin de
l’expérience». Le plateau est ici
comme un atelier-bazar-dancing
où des machines se montent et se
détraquent, où des substances se
mélangent et parfois explosent,
et où surtout sont entreposés
toutes sortes de restes de tentatives
ou d’obsessions anciennes, de
trouvailles de hasard, de pièces
tachées ou de fragments
orphelins attendant dêtre
remployés. Cet allègre travail de
fabrication / sabotage, dont le
mélange de music-hall surréaliste
et de vaudeville funèbre a réjoui
les publics de Strasbourg et de
Sartrouville avant d’imposer son
capharnaüm à la Grande salle de
l’Odéon, a l’énergie et «la santé
furieuse du théâtre qui empêche
le monde de tourner en rond»
(Gilles Costaz). Ce cabaret
princier aura vu par exemple le
plus célèbre monologue de
l’histoire du tâtre mondial
chanté en chœur pendant la dis-
tribution de tracts publicitaires,
le spectre paternel surgissant
d’une poubelle (car le Shakespeare
de Langhoff a lu Fin de partie) ou
le confident du héros changeant
de sexe pour se métamorphoser
en Horatia – toutes transgressions
puissamment assumées par
François Chattot et une magni-
fique troupe de comédiens, au
son du Tobetobe-Orchestra.
En manteau rouge, le matin traverse la rosée qui sur son passage
paraît du sang ou Ham and ex. by William Shakespeare
Si tout allait bien, je ne vois pas pourquoi je
ferais du théâtre.
Matthias Langhoff
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