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UE2 Santé, Société, Humanité
Dr CHIRPAZ
Date : 20/09/16 Plage horaire : 8h30-10h30
Promo : D1 2016/2017 Enseignant : Dr CHIRPAZ
Ronéistes :
NATIVEL Mathilde
CHANE-CHAN Amélie
Le dépistage des cancers
I. Définitions
II. Les différents types de dépistage
III. Conditions de l’efficacité d’un dépistage
IV. Caractéristiques d’un test de dépistage
V. Evaluation de l’efficacité d’un dépistage
VI. Le dépistage organisé en France
1. Cancer du sein
2. Cancer colorectal
3. Cancer du col de l’utérus
VII. Autres dépistages
1. Cancers des VADS
2. Cancers cutanés
3. Cancer de la prostate
4. Autres pistes
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I. Définitions
Dépistage (screening) = recherche chez une personne « non malade connue » d'une ou de plusieurs maladies
ou d'anomalies dites « à risques ».
Notion importante pour le dépistage : on s’adresse à une population non malade. En terme de santé publique,
on est dans le cadre de la prévention secondaire (but : diminuer la prévalence des maladies).
Rappels (OMS) :
Prévention secondaire : c’est l’ensemble des mesures destinées à diminuer la prévalence d’une maladie
dans une population, donc à réduire la durée d’évolution de la maladie.
On retrouve le dépistage précoce des maladies (donc diagnostic précoce, et parfois guérison plus simple) et
les traitements initiaux qui vont conduire à une réduction de la durée de la maladie et donc une baisse de la
prévalence.
Prévention primaire : c’est l’ensemble des actes destinés à diminuer l’incidence d'une maladie ou d’un
problème de santé, donc à réduire l’apparition des nouveaux cas dans une population saine par la diminution
des causes et des facteurs de risques.
Ce sont les mesures de prévention individuelle et collective : baisse des facteurs de risques etc (ex :
campagnes individuelles contre le tabac, l’alcool, pour le sport ou les mesures de prévention collectives
comme la qualité de l’eau, la salubrité de l’alimentation, la médecine du travail).
Prévention tertiaire : c’est l’ensemble des moyens mis en œuvre pour diminuer la prévalence des incapacités
chroniques ou handicaps d’une maladie dans une population, ainsi que l'incidence des récidives dans une
population, donc à réduire au maximum les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie.
Autre volet qu’on nomme « prévention » mais c’est de la prévention pour les conséquences des maladies.
On a aussi les soins palliatifs (traitements des patients pour lesquels il n’y a plus de soin curatif possible).
Remarque :
Le dépistage d'une lésion pré-cancéreuse (typiquement cancer du côlon et du col l’utérus) constitue une double
action vis-à-vis du cancer :
> une action de prévention secondaire pour la lésion pré-cancéreuse pour la traiter (↓ de leur prévalence),
> une action de prévention primaire pour le cancer (↓ de leur incidence) car si on soigne ces lésions pré-
cancéreuses, on empêchera au cancer d’apparaître.
Dépister n’est pas diagnostiquer (important): un test de dépistage ne va PAS permettre de poser un
diagnostic.
Le test de dépistage est une étape avant le diagnostic, appliqué à des sujets apparemment indemnes de la
maladie. Ce sont des sujets qui n’ont AUCUN signe clinique, pour lesquels on ne suspecte pas la maladie.
C’est un « filtre ». On ne va pas chercher à faire le diagnostic d’une maladie par un dépistage, on va chercher
à cibler une partie de la population qui a un risque plus important qu’une autre d’être malade. Le test est
négatif, on vous considère comme non-malade, vous avez peu de chance d’être malade. Le test est positif, il y
a des risques que vous ayez la maladie, il faudra aller plus loin et faire le test de diagnostic pour confirmer
la maladie. Ce test s’adresse à des personnes asymptomatiques.
Le test diagnostic donne la certitude diagnostique; il est appliqué à des personnes présentant des troubles
définis qui font suspecter une maladie, éventuellement en seconde ligne d’un test de dépistage.
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Le dépistage permet de « trier » au sein d’une population-cible apparemment en bonne santé les personnes
possiblement atteintes d’une maladie / à haut risque d’être malades, des personnes probablement indemnes/
à bas risque d’être malades.
>> Le test de dépistage n’est pas un test diagnostic; lorsqu’il est positif, il doit orienter secondairement vers
une procédure diagnostique, qui va permettre d’infirmer ou de confirmer le diagnostic.
II. Les différents types de dépistage
On différencie les dépistages de 2 manières :
Dépistage systématique ou ciblé
Dans le dépistage systématique dit « de masse » (mass screening), la population recrutée n’est pas lectionnée
sur un facteur de risque ou autre (comprend le dépistage dans une tranche d'âge spécifique).
Il s’adresse à tout le monde, dans une tranche d’âge donnée, que les personnes soient fumeuses ou non,
buveuses d’alcool ou non, obèses ou non etc.
Ex : dans le cancer du sein, on s’adresse à toutes les femmes de 50 à 75 ans. Pour le cancer du col de l’utérus,
c’est toutes les femmes de 25 à 65 ans. Il n’y a pas de condition supplémentaire qui cible la population.
Le dépistage ciblé lui ne concerne qu’une population recrutée sur des critères précis (facteur de risque +++) :
une population à risque.
Par ex, pour certains cancers
- Le cancer de la prostate si il existe des facteurs de risques familiaux
- Chez les fumeurs ou les buveurs, on va proposer des dépistages notamment du cancer de la bouche.
Ex : pour le cancer du côlon on va cibler les personnes qui ont une poly-adénomatose familiale.
Dépistage organisé ou individuel
Le dépistage est dit organisé (= communautaire) si le recrutement se fait dans une communauté, dans le cadre
d’une campagne de dépistage. On a toute une organisation sur la convocation des gens avec des bases de
données de toutes les personnes qui doivent être dépistées en fonction de leur âge, sur le déroulement de
l’examen de dépistage (voir plus loin dans le cour), et sur le suivi des gens en fonction de leurs résultats. Pour
ce dépistage, toute la procédure est organisée.
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Le dépistage est dit individuel (= opportuniste) s’il est réalisé dans le cadre d’un recours aux soins individuel,
impliquant le médecin et le patient (ex : cancer de la prostate et de la peau qui se font par le médecin
généraliste qui propose un dosage de la PSA, d’aller voir le dermatologue).
Très souvent, le dépistage organisé est donc un dépistage de masse tandis que le dépistage individuel peut
être un dépistage de masse mais aussi un dépistage ciblé.
Avantages du dépistage organisé par rapport au dépistage individuel
> Participation élevée (organisation de la convocation des gens basée sur les listes de la sécu. Tous les assurés
sociaux sont convoqués en fonction de leur âge ct),
> Equité dans l’accès aux soins (parce que le dépistage individuel implique que vous alliez voir votredecin
pour que vous soit proposé et fait un dépistage alors que là, on vient vers vous, on vous convoque donc ça
permet de passer outre les problèmes d’information et d’accès aux soins.),
> Organisation du contrôle qualité avec des normes
Ex : Tout cabinet de radiologie ne peut pas faire du dépistage du cancer du sein, il faut des appareils qualifiés.
De plus, il y a une double lecture (ce qui n’est pas le cas en dépistage individuel où un seul radiologue valide)
par un radiologue puis un radiologue spécialisé dans la structure dépistage. Il y a donc toute une organisation
qui permet d’améliorer la qualité du dépistage
Inconvénients du dépistage organisé
> Coût. (il faut qu’il y ait des avantages pour la société pour qu’on le fasse).
Organisation typique d'une campagne de dépistage (dépistage organisé)
(Il lit la diapo)
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En France, c'est géré par des organismes de coordination des dépistages au niveau de chaque département,
qui récupèrent la liste des sujets affiliés à la Sécurité Sociale pour la tranche d'âge considérée. Puis ils
convoquent les patients, font leur suivi cad qu’ils vérifient qu’après un résultat positif par ex, que les patients
aient bien un test diagnostic etc.
III. Conditions de l’efficacité d’un dépistage
On va réserver le dépistage qu’à certaines pathologies parce que pour qu’un dépistage soit efficace, il y a
certaines conditions qui doivent être remplies, comme par ex les possibilités de prise en charge de cette
pathologie
On ne peut pas dépister toutes les maladies, et il y a des conditions pour qu'une maladie soit « dépistable » et
que le dépistage soit efficace sur la population.
Les 10 Critères de Wilson et Jungner (1968,OMS) : connaître l’année dernière)
1. Pertinence : la maladie à mettre en évidence doit appartenir aux problèmes de santé importants en terme
de fréquence et/ou de gravité. On ne va pas se lancer dans le dépistage de maladie rare et non grave, ça n’a
aucun intérêt. Vu le coût de cette démarche, il faut qu’il y ait un avantage.
2. Traitabilité: la maladie doit être traitable au moyen d’une méthode thérapeutique généralement admise,
connue et efficace. Il n’y a aucun avantage à diagnostiquer une maladie qu’on ne peut pas traiter. Sauf dans
les cas particuliers de maladies génétiques, avec des problématiques de possibilité de transmission à la
descendance.
3. Disponibilité des moyens: les moyens disponibles pour poser le diagnostic doivent être suffisants, une fois
que le patient est dit possiblement malade par le test de dépistage.
(Les points 4 et 5 vont ensembles)
4. Identification : un stade latent/précoce identifiable doit exister pour justifier la volonté de recherche. Il n'y
a aucun intérêt à aller dépister une maladie pour laquelle on ne peut pas faire un diagnostic précoce ou si le
diagnostic précoce n'entraine pas une augmentation des chances de guérison.
5. Evolution naturelle : l’évolution naturelle de la maladie à mettre en évidence doit être connue, entre la
phase de latence, la phase clinique… Cela permet de déterminer le délai entre 2 examens : par ex la
mammographie tous les 2 ans permet de ne pas rater le cancer.
Donc on sait comment évolue la maladie et on sait qu’avant qu’apparaisse la maladie, il existe un stade latent
pour lequel on a un examen de dépistage qui permet d’amener au diagnostic de la maladie.
6. Qui est malade ? Il doit exister un consensus sur les critères de diagnostic de maladie.
Il existe des maladies pour lesquelles on a des doutes avant de poser le diagnostic, par exemple la maladie
d’Alzheimer. Cependant dans le cas des cancers, ce n’est pas le cas, le diagnostic se fait à partir de l’histologie
et le critère 6 n’est pas pertinent.
7. Méthode de tection : une bonne méthode de détection doit exister. Un bon test de dépistage avec des
bonnes caractéristiques.
8. Acceptabilité : la méthode de détection doit être acceptable pour la population. L’examen ne doit pas être
trop invasif ou trop lourd, afin qu’on puisse le déployer à une majeure partie de la population et le répéter
(pour la continuité).
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