Bulletin ARCRE­PECRE n°183 13/10/2016

publicité
Bulletin ARCRE­PECRE n°183
13/10/2016
Chers Lecteurs, ce Bulletin est une SÉLECTION des articles qui ont paru dans le site ARCRE depuis
notre dernier numéro. Vous pouvez les consulter et y laisser vos commentaires. Vous pouvez consulter
également des articles de référence dans le menu «documentation» et «Lu pour vous» pour aider à une
analyse de la situation de l´islam actuel en Europe et dans le monde. Une page où vous pouvez aussi
apporter vos commentaires est également disponible sur Facebook:
https://www.facebook.com/arcrepecre/
La souscription à ce bulletin (Newsletter) est gratuite et peut se faire à
notre nouvelle adresse email [email protected] Vous pouvez vous
désabonner en écrivant à cette même adresse.
Éditorial
Après quelques numéros dans lesquels la violence de l'actualité était
sous­jascente, ce numéro nous apporte plusieurs articles qui nous
invitent à l'optimisme! Un bon dossier nous offre aussi des pistes pour
mieux comprendre la spiritualité des croyants non­chrétiens. Événements ­ Actualité
«Don’t use propaganda to
counter propaganda» (EU
Foreign Affairs Committee)
11/10/2016 par Se reférer à la Source/Auteur Laisser un commentaire
Source : Be aware of Russian and ISIS propaganda, warn foreign affairs MEPs AFET Press release ­
External relations − 10­10­2016 ­ 18:23, Faites attention à la propagande russe et à celle de Daech,
mettent en garde les députés des affaires étrangères
«Propaganda pressure on the EU from Russia and Islamic terrorist
organisations is growing, say Foreign Affairs Committee MEPs in a
resolution voted on Monday. It seeks to distort the truth, incite fear,
provoke doubt and divide the EU. However, this pressure should be
countered, not with more propaganda, but with positive messaging,
awareness raising and education to increase the information literacy
amongst EU citizens, MEPs add.
«Hostile propaganda and disinformation directed against our societies
by both Kremlin and non­state actors such as ISIS/Daesh is a fact. In
order to counter it effectively, we first need to be able to fully identify
them,” said rapporteur Anna Fotyga (ECR, PL). “This report is a very
important step in raising awareness of the problem, both across the EU
and within the member states. The European Parliament cannot stay
silent on such a vital issue for the European security », she added. The
resolution on the “EU strategic communication” stresses that the EU is
under growing pressure to counter disinformation campaigns and
propaganda from countries, such as Russia, and non­state actors, like
ISIS/Daesh, Al­Qaeda or other violent jihadi terrorist groups …Read
more.
Catégorie(s) : Politique Tags : EU Résolutions, propagande
Madame Sherin Khankan,
imam: «Rendre la religion
aveugle au genre et attentive
au savoir de celui qui parle»
11/10/2016 par ARCRE PECRE 1 Commentaire
Source :Vera Lou Derid: "Qui est Sherin Khankan, la femme imam qui remue l’islam féministe ?" in Les
Inrocks, 01/10/16, Samy Ghorbal: " Danemark : Sherin Khankan, une imam à la tête d’une mosquée
dirigée par des femmes" in Jeune Afrique, 06/09/16
« Un personnage surprenant » selon Delphine Horvilleur, présenté de
façon assez différente dans deux articles récents de Véra Lou Derid
(Les InRocks) et Samy Ghorbal (Jeune Afrique).
V. Lou Derid insisite sur sa vision de changement
nécessaire à l’intérieur de l’islam, et n’hésite pas à
la présenter comme celle qui désire
« institutionnaliser un ‘féminisme islamique‘ ». « Elle conspue l’islam promu par l’Arabie Saoudite,
qu’elle estime coincé dans une interprétation
“primitive” du Coran et hostile aux droits des
femmes« , mais elle n’apprécie pas plus la laïcité à la française: « une
forme de fondamentalisme séculaire« .
S. Ghorbal, quant à lui, semble aller bien au­delà du cadre musulman. « En fondant au Danemark une mosquée entièrement dirigée par des
femmes, cette intellectuelle veut montrer que l’islam peut être un
vecteur d’émancipation… Elle entend lutter contre les préjugés et une
islamophobie qui n’épargne pas le Danemark« . Il ne manque pas non
plus de faire un amalgame malheureux entre oecuménisme et dialogue
interreligieux (« autre clin d’œil œcuménique, la figure de Marie étant
vénérée en islam », Mariam étant le nom de la mosquée en question.
Catégorie(s) : Société Tags : Danemark, Imam
Les ex­musulmans: des
personnes à risque!
11/10/2016 par ARCRE PECRE Laisser un commentaire
Source :May Bulman: "Islamic communities contain 'tsunamis of atheism' that are being suppressed,
says leading ex­Muslim" in The Independent, 04/10/16, Council of Ex Muslims Forum
Des milliers d’ex­musulmans en Grande­
Bretagne vivent dans la peur de la vengeance
violente pour avoir abandonné la foi islamique
tandis que d’autres ont peur d’admettre qu’ils ne
croient plus selon un groupe de soutien pour les
ex­musulmans. Maryam Namazie, fondateur du
Conseil des ex­musulmans de Grande­Bretagne,
a décrit un « tsunami de l’athéisme » dans les communautés
musulmanes et a demandé que davantage soit fait pour reconnaître les
dangers souvent rencontrés par ceux qui choisissent de renoncer à la
foi musulmane. Le documentaire Exposition révélera les dangers
auxquels des ex­musulmans font face après qu’ils aient renoncé à leur
foi, « ainsi que la violence physique et psychologique des membres de
leur famille. »
Catégorie(s) : Société Tags : athéisme, islam
Egypte: annonce par al­Azhar
d’une conférence sur la paix en
2017
09/10/2016 par M.L. et source(s) indiquée(s) Laisser un commentaire
Source :Egypte: initiative de al­Azhar pour promouvoir la paix Avec des représentants des Eglises
chrétiennes d’Orient", in Zenit, 03/10/16
L’Université égyptienne d’al­Azhar (Le Caire) annonce l’organisation,
début 2017, d’une Conférence internationale sur la paix, la coexistence
et le dialogue interreligieux, à laquelle prendront part notamment des
représentants des Eglises chrétiennes d’Orient, en coopération avec le
Conseil musulman des Anciens: une initiative saluée par l’agence
vaticane Fides.
Catégorie(s) : Initiatives interreligieuses
Analyses ­ Opinions ­ Débats
« Les religions doivent s’unir
pour faire face à toutes les
formes de fanatisme religieux »
Mgr B. AUZA à l’ ONU
12/10/2016 par Se reférer à la Source/Auteur Laisser un commentaire
Source :ONU: aucune raison ne peut justifier le terrorisme Intervention de Mgr Auza (Traduction
intégrale) 6 OCTOBRE 2016 C.ROQUES ROME
Dans le cadre du Dialogue inter­religieux et la résolution des conflits
dans le monde, Mgr Bernardito Auza,
assure si bien la mission du Saint­Siège
à L’ONU. Dans sa déclaration du 5 Oct.
2016, il présente les approches de
solution au terrorisme, montre le rôle
éducatif mondial de l’Eglise Catholique et
lance un appel aux leaders religieux du
monde en ces termes: »les chefs
religieux doivent prendre l’initiative en
rejetant les récits et les idéologies qui engendrent la radicalisation, la
haine et l’extrémisme. Les religions doivent s’unir pour faire face à
toutes les formes de fanatisme religieux, aux stéréotypes et au manque
de respect pour ce que les gens considèrent comme sacré. C’est donc
un devoir primordial des chefs religieux de réfuter et de dénoncer les
idéologies tendancieuses de... »­ Lire la suite de l’article
« L’œcuménisme n’est jamais
un appauvrissement mais une
richesse » Pape François
richesse » Pape François
12/10/2016 par Se reférer à la Source/Auteur Laisser un commentaire
Source :Le pape rencontre les primats des provinces anglicanes Il invite à promouvoir la prière, le
témoignage et la mission (Traduction intégrale)
« Pour le chemin commun des
anglicans et catholiques, le pape
François a invité à promouvoir la prière,
le témoignage et la mission, en
rencontrant les primats des provinces
anglicanes, le 6 octobre 2016, au palais
apostolique du Vatican.
« L’œcuménisme n’est jamais un
appauvrissement mais une richesse »,
a­t­il affirmé au cours de l’audience à laquelle participait l’archevêque de
Cantorbéry Justin Welby, primat de l’Église anglicane. »…Lire la suite
« Strangers, people from other
religions remind us of the
Christian virtues of humility and
thanksgiving » Pope Francis
12/10/2016 par Se reférer à la Source/Auteur Laisser un commentaire
Source :Pope Francis: the most godlike people might not be who you expect ­ by Elise Harris, Vatican
City, Oct 9, 2016 / 03:55 am (CNA/EWTN News)
At the close of the Marian Jubilee (Oct. 9), Pope Francis said that it’s
often strangers and even people from other religions who remind us of
the Christian virtues of humility and thanksgiving, of which Mary is a
prime model. “How many foreigners, including persons of other
religions, give us an example of values that we sometimes forget or set
aside” the Pope said . People who live among us but might be “scorned
and sidelined because they are foreigners, can in fact be the ones who
“teach us how to walk on the path that the Lord wishes.”… Read more Catégorie(s) : Religions Tags : Commentaire, déclaration du pape
François
« Le problème c’est l’islamisme
qui manipule les
musulmans… » (Alireza
Manafzadeh)
11/10/2016 par ARCRE PECRE Laisser un commentaire
Source :RFI: France: quels musulmans, quel islam ?, 07/10/16
L’imprécision de notions, telles que « musulman » ou « islam de
France« , dont les protagonistes se servent pour développer leurs
discours, ne justifie l’ampleur du débat sur l’islam en France selon A.
Manafzadeh. « En France on a l’habitude de parler des musulmans,
mais on oublie qu’ils se définissent pour la plupart d’abord et avant tout
comme appartenant à une nation ou provenant d’un pays… Présenter
une population par sa confession est un héritage d’un autre âge« . Mais
l’État « peut se doter d’outils intellectuels pour pouvoir discerner et
pointer, le cas échéant, l’islamisme qui grignote jour après jour l’espace
réservé aux fidèles de l’islam." Catégorie(s) : Société Tags : Islam de France
« Une culture de dialogue »
pour combattre la radicalisation
parmi les jeunes (Mgr
Urbanczyk)
10/10/2016 par M.L. et source(s) indiquée(s) Laisser un commentaire
Source :Marina Droujinina: "« Une culture de dialogue » pour combattre la radicalisation parmi les
jeunes" in Zenit, 07/10/16
Lors de la première journée de la conférence
méditerranéenne sur les jeunes, le 5 octobre 2016 à
Vienne, Mgr Janusz Urbanczyk, représentant du Saint­
Siège près de l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE), insiste sur l’importance
de l’éducation au dialogue.
Catégorie(s) : Politique
Dossier
Spiritualités comparées
(compilé par le P. G. Verbist)
12/10/2016 par ARCRE PECRE Laisser un commentaire
La mondialisation est également religieuse et spirituelle. On assiste à
une quête renouvelée de sens et de spiritualité, favorisant
l’approfondissement de ses propres convictions et l’intérêt pour des
formes de spiritualité jusqu’alors inconnues.
L’Église nous appelle aujourd’hui à un dialogue interreligieux
indispensable à un véritable vivre­ensemble.
Dans ce dossier nous comparons la spiritualité chrétienne avec d’autres
spiritualités: (1) juive (2) islamique (3) hindoue (4) bouddhiste (5)
animiste.
Les textes viennent de la revue hebdomadaire DIMANCHE pour les
paroisses francophones de Belgique.
(1) Le Judaïsme, mémoire de l’Alliance
Les autorités religieuses juives considèrent le plus
souvent le christianisme comme une branche du
judaïsme, qui s’est détaché de l’arbre, se muant en une
foi nouvelle.
Au cœur du judaïsme : l’Alliance avec Dieu
Dieu, dans sa liberté souveraine, a élu un peuple parmi
toutes les nations, pour en faire son Peuple. Exode 19,5.
Cette Alliance implique une fidélité du Peuple qui passe concrètement
par une écoute et une obéissance à la Loi que Dieu a donné par la
médiation de Moïse. Cette Loi révélée par Dieu, sera inscrite dans la
Torah (cinq premiers livres de l’Ancien Testament).
Dans le christianisme, c’est la juste foi qui sauve, et qui se traduit dans
des actions bonnes ; dans le judaïsme, c’est la bonne pratique de la Loi
qui permet de demeurer dans la foi. Deutéronome 6, 4­5.
Dans le judaïsme, c’est l’écoute fondamentale de Dieu qui se réalise à
travers une spiritualité concrète, qui passe par des rites concrets et par
un comportement éthique concret.
Le Dieu unique
On ne peut enfermer, saisir Dieu d’aucune manière. On ne peut le
connaître ni le maîtriser, d’où interdiction de le représenter (on le
réduirait à une idole…) On ne peut que l’écouter.
Alliance universelle
Son objectif dernier est de permettre une Alliance entre Dieu et toutes
les nations, ce qui s’accomplira par la venue du Messie.
Pour les chrétiens ce Messie est déjà venu et a accompli cette Alliance
universelle.
(C.HERINCKX – Dimanche 4.09.16.)
Nos relations avec le Judaïsme
Evangelii Gaudium du pape François N° 247,248,249.
247. Un regard très spécial s’adresse au peuple juif… L’Église, qui
partage avec le Judaïsme une part importante des Saintes
Écritures, considère le peuple de l’Alliance et sa foi comme une
racine sacrée de sa propre identité Du côté chrétien… Nous
croyons ensemble en l’unique Dieu qui agit dans l’histoire, et nous
accueillons avec eux la commune Parole révélée.
248. Le dialogue et l’amitié avec les fils d’Israël font partie de la vie des
disciples de Jésus…
249. Dieu continue à oeuvrer dans le peuple de la première Alliance et
fait naître des trésors de sagesse qui jaillissent de sa rencontre
avec la Parole divine. Pour cela, l’Église aussi s’enrichit lorsqu’elle
recueille les valeurs du Judaïsme… Il existe une riche
complémentarité qui nous permet de lire ensemble les textes de la
Bible hébraïque et de nous aider mutuellement à approfondir les
richesses de la Parole, de même qu’à partager beaucoup de
convictions éthiques ainsi que la commune préoccupation pour la
justice et le développement des peuples.
(2) L’Islam du coeur
A côté des idéologies djihadistes, il existe d’autres courants au sein du
monde musulman. Le soufisme est l’un de ces courants. Il propose une
voie d’union mystique à Dieu.
Le soufisme constitue une tradition au sein de l’islam, qui se présente
comme initiatique, voire ésotérique, subsistant au
cours des siècles à travers une lignée ininterrompue de
maîtres transmettant leur savoir et leur expérience à
des générations de disciples. Le soufisme propose une
lecture spirituelle du Coran, cherchant à discerner
l’esprit de la lettre. La voie soufie présuppose la foi
musulmane orthodoxe qui voit dans le Coran la
révélation définitive de Dieu aux hommes, transmise par Allah à
Mohammed. Comme tout musulman, les soufis pratiquent les cinq
piliers de l’islam (la profession de foi, les cinq prières, le jeûne,
l’aumône, le pèlerinage à la Mecque). Le soufi va être initié au sens
profond de ces pratiques, en vue d’accéder à l’union à Dieu, compris
comme Amour miséricordieux.
Parcours initiatique
Le disciple va être rattaché à un maître, gardien de la tradition
initiatique. Le maître a lui­même été désigné par les sages de la
confrérie.
Il s’agit d’un cheminement spirituel qui a pour objectif de purifier le ‘moi ‘
de ses illusions, de ses passions, des différentes contraintes. Le disciple
va se rendre de plus en plus disponible à la Lumière divine, jusqu’à se
réaliser pleinement dans une union d’amour avec Dieu.
Différence avec la mystique chrétienne
La mystique musulmane, affirmant l’Unicité absolue de Dieu, semble
peiner à rendre compte de l’union entre l’homme et le Dieu Un.
Dans la mystique chrétienne, ce Dieu Un est également Trinité. Dès
lors, il y a en Dieu Lui­même une place pour l’altérité, une place en Dieu
pour l’homme, qui devient un avec Lui, en devenant enfant du Père
dans le Fils.
Différentes écoles au Moyen­Orient, au Maghreb, en Afrique
subsaharienne
La confrérie Alawiya, en Algérie. La confrérie d’origine marocaine
Qadirriyya Boutchichiyya. La confrérie de la Tidjaniya, avec des milliers
d’adeptes en Afrique de l’Ouest, en particulier au Sénégal. L’un des
maîtres très connu est Tierno Bokar (1875 – 1939), ainsi que son
sucesseur Amadou Hampaté Bâ, Malien (1901 – 1991)
La confrérie des Mourites d’Amadou Bamba (1850 – 1927) au Sénégal.
D’autres grands soufis : Ibn Arabi (1165 – 1240) Al­Ghazâli (1058 –
1111) et Rumi (1207 – 1273), tous deux Persans.
(C.Herinckx – DIMANCHE 11.09.16)
La relation avec les croyants de l’Islam
Evangelii Gaudium n° 252, 253.
252. La relation avec les croyants de l’Islam acquiert à notre époque
une grande importance. Ils sont aujourd’hui particulièrement
présents en de nombreux pays de tradition chrétienne, où ils
peuvent célébrer librement leur culte et vivre intégrés dans la
société. Il ne faut jamais oublier qu’ils « professent avoir la foi
d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur
juge des hommes au dernier jour ».
253. …. Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et
respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la
même manière que nous espérons et nous demandons à être
accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique….
L’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à
éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et
une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence.
(3) L’hindouisme, entre rites et renoncement
Troisième en termes de nombre de fidèles (un milliard), l’hindouisme est
l’une des plus anciennes religions du monde.
Les Vedas, textes sacrés
L’apparition, vers 1500 avant J­Chr, des textes sacrés, les ‘Vedas’.
Considérés comme révélés, les Vedas contiennent des chants et des
prières adressés à différentes divinités, et la description de nombreux
rites et sacrifices qui sont des éléments essentiels de la religion
hindoue.
Une spiritualité de l’harmonie cosmique
La notion de ‘ dharma ‘ est au coeur de
l’hindouisme. C’est la Loi cosmique, l’ordre
harmonieux du monde. Cette vision est liée au
système des castes.
Au sommet de la société, on trouve les prêtres
(brahmanes).
La spiritualité consiste à remplir ses devoirs envers les dieux et la
société, en vue de perpétuer et de renforcer l’ordre des choses. Les
dieux sont alors perçus comme faisant partie de ce tout.
Le ‘karma’ et les réincarnations
Ce mot renvoie au fait que, en posant des actes, j’entretiens le désir et
mon attachement aux biens de ce monde. Et cet attachement
m’entraîne dans une succession infernale de réincarnations, plus ou
moins favorables en fonction du poids accumulé du karma, qui est
comme une sorte de carburant que je n’arrive jamais à épuiser. Les
dieux eux­mêmes sont soumis à ce cycle…
Une spiritualité du renoncement
En­deça de l’ego et de ses désirs illusoires, il existe un autre ‘MOI’, le
véritable Moi, qui est esprit (atman), éternel, et non soumis à
l’impermanence des choses, à la naissance et à la mort. Il s’agit dès
lors, par la méditation, par l’ascèse, par le renoncement à tout désir, de
se replonger dans cet esprit éternel, qui n’est pas différent de l’Absolu.
Ce faisant, l’homme échappe au cycle des réincarnations, et rejoint
l’Absolu. En rejoignant l’Absolu, le Moi prend conscience qu’il n’est pas
différent de l’Absolu.
Cette vision des choses entraîne encore aujourd’hui certaines
personnes en Inde à se couper radicalement de la société, à vivre en
ermite ou en vagabond, dans un renoncement et un dénuement
extrêmes.
Une spiritualité de l’union à Dieu
Le renoncement total étant pratiquement impossible, il s’agit de remplir
tous ses devoirs dans le monde, mais avec détachement, sans être mû
par le désir qui nous enchaîne aux réincarnations.
Pour parvenir à cet objectif, il s’agit de s’unir à Dieu, conçu comme
Absolu personnel, avec lequel l’homme peut donc entrer en relation. Il
s’agit d’une relation d’amour, dans laquelle on entre par la faveur de
Dieu, et par des pratiques de dévotion.
Différence avec la spiritualité chrétienne
Là où la philosophie hindoue considère l’Absolu comme impersonnel; là
où le moi de l’homme doit se fondre dans cet Absolu, la différence est
évidente.
Pour entrer en relation avec Dieu, le chrétien s’unit à Jésus­Christ.
( C. HERINCKX. Dimanche 18/09/16 )
La relation avec les non chrétiens
Evangelii Gaudium n° 254.
254. Les non chrétiens, par initiative divine gratuite, et fidèles à leur
conscience, peuvent vivre “justifiés par la grâce de Dieu », et ainsi
“être associés au mystère pascal de Jésus Christ ».
Mais, en raison de la dimension sacramentelle de la grâce sanctifiante,
l’action divine en eux tend à produire des signes, des rites, des
expressions sacrées qui à leur tour rapprochent d’autres personnes
d’une expérience communautaire de cheminement vers Dieu. Ils n’ont
pas la signification ni l’efficacité des Sacrements institués par le Christ,
mais ils peuvent être la voie que l’Esprit lui­même suscite pour libérer
les non chrétriens de l’immanentisme athée ou d’expériences
religieuses purement individuelles.
Le même Esprit suscite de toutes parts diverses formes de sagesse
pratique qui aident à supporter les manques de l’existence et à vivre
avec plus de paix et d’harmonie.
Nous chrétiens, nous pouvons aussi profiter de cette richesse
consolidée au cours des siècles, qui peut nous aider à mieux vivre nos
propres convictions.
(4) Le bouddhisme
Le bouddhisme, qui se décline en de nombreux courants et écoles, est
à la fois une philosophie, une sagesse et une spiritualité, d’une grande
profondeur.
Le Bouddha, l’éveillé
Jeune prince du Nord de l’Inde, vivant dans un palais,
découvre le monde extérieur à l’âge de 14 ans. Il est
confronté, pour la première fois de sa vie, à la vieilesse, la
maladie et la mort. Il découvre la condition humaine.
Il finit par atteindre l’éveil au terme d’une longue pratique
de méditation.
Une nuit il accéda à la claire conscience que nous les êtres vivants sont
prisonniers d’un cycle incessant de réincarnation. Cette nuit là il devint
le Bouddha, ‘ l’éveillé ‘. Il connut également le moyen de se libérer de
ce cycle.
Ces découvertes se traduisirent par les ‘quatre nobles vérités ‘ , qui
forment le coeur de l’enseignement (dharma) du Bouddha.
Les quatre ‘nobles vérités’
Première vérité: tout est souffrance. L’existence est faite de
souffrance, car rien n’est permanent dans ce monde.
Deuxième vérité: la cause de la souffrance, c’est le désir,
l’attachement aux choses. Cet attachement va en outre provoquer,
indéfiniment, des réincarnations successives. C’est la loi du karma:
chaque action motivée par le désir fait que je demeure, de vie en vie,
attaché à cette réalité illusoire.
Troisième vérité: l’extinction de la souffrance est possible. Cette
extinction (qui est le sens premier du terme ‘nirvana’) consistera
justement à éteindre le désir, à renoncer à tout attachement. A ce
moment, je sortirai du cycle des réincarnations.
La quatrième vérité: la pratique que le Bouddha a enseigné, qui est
une voie pour parvenir à l’extinction du désir.
Le nirvana, extinction du désir
Pour le bouddhisme le ‘moi’ est une illusion de plus, car il n’existe aucun
sujet, aucun ‘je’ permanent.
Quant au nirvana, il ne s’agit pas d’un lieu, ni d’un objet, ni de Dieu.
En fait, on ne peut le nommer, car tous les mots sont liés à la réalité
‘impermanente ‘. Pour y accéder on ne peut compter que sur ses
propres efforts, de détachement, de méditation.
Grand véhicule
Un certain assouplissement va voir le jour à partir du début de notre ère
: le bouddhisme du “grand véhicule ‘, qui sera le plus répandu dans le
monde.
Dans ce courant majoritaire, on va insister sur l’importance de la
compassion.
Une nouvelle notion apparaît alors : un Bouddha librement réincarné va
pouvoir attribuer ses mérites à ceux qui sont encore sur le chemin de la
délivrance. Désormais, la libération par dévotion à un Bouddha va être
possible. Ce sont les Boddhisattvas. Ainsi, l’actuel Dalaï­Lama est
considéré comme une émanation du Boddhisattva.
Aussi, les Bouddhas vont être considérés comme des manifestations
d’un Absolu, compris non pas comme un Être suprême, mais comme
l’éveil en lui­même, cet état que tous les êtres doivent atteindre.
Relations bouddhisme­christianisme
La spiritualité bouddhiste et la spiritualité chrétienne cherchent la même
chose: le salut.
Pour le bouddhisme: le monde n’est pas l’oeuvre d’un Dieu d’amour,
mais une pseudo­réalité négative, sans commencement ni fin, dont il
faut parvenir à s’extraire.
Le salut pour l’homme consiste à entrer dans une autre dimension, qui
n’est ni réalité, ni néant.
Pour le christianisme: le monde et l’homme ont été voulus par Dieu. Ils
sont bons en soi.
Un dialogue entre bouddhistes et chrétiens peut cependant être
bénéfique pour les uns et les autres. Le bouddhiste pourra rappeler au
chrétien que la Réalité ultime demeure toujours au­delà des mots.
Quant au chrétien, il pourra indiquer au bouddhiste que cette Réalité
ultime est un ‘Tu’, qui se tourne vers le ‘je’ que je suis.
(C. HERINCKX. Dimanche n°34. 2/10/16)
(5) Au commencement, l’animisme
Les croyances et les pratiques animistes sont les témoins les plus
anciens de la religiosité humaine.
Clémentine Nzuji, professeure émérite de cultures d’Afrique à l’
UCLouvain­la­Neuve, nous l’explique.
Ce qui anime les êtres
Le mot ‘animisme ‘ exprime bien ce qui est en jeu
dans les croyances et les pratiques des religions
traditionnelles, telles qu’on les trouve encore
aujourd’hui en Afrique, mais qui sont ou ont été
vécues également sur les autres continents, dont
l’Europe, avant l’arrivée du christianisme. La notion d’animisme
renvoie à l’ âme, ce qui anime les êtres, et donc aussi à la chose
animée.
Monothéisme
Ses pratiques religieuses sont fondées sur la croyance en un seul Dieu,
et cette croyance se retrouve chez tous ceux qu’on appelle ‘animistes ‘.
Dans la religion animiste, quand on est devant une statue, celle­ci n’est
pas considérée comme Dieu, mais comme le symbole de Dieu.
Et quand on se met à genoux, le matin, pour accueillir le soleil, la face
diurne de Dieu, ou quand on danse sous la lune, la face nocturne de
Dieu, ce sont des symboles, on n’est pas en train d’adorer le soleil ou la
lune.
Le croyant animiste croit bel et bien en un Être suprême, seul Créateur,
qui a créé tout ce qui existe.
Relation et énergie – les rites
Dans la vision animiste du monde, il existe une grande cohérence. Dieu
a créé tout ce qui existe, et dans tout ce qui existe, il y a une parcelle du
Créateur.
De ce fait, tous les êtres sont en relation, et chaque être est en relation
avec l’Être suprême.
Cette cohérence se traduit dans la culture, et induit un grand respect
des choses naturelles qui posèdent toutes une étincelle divine.
Chaque être est inséré dans un tissu de relations,dans lequel les uns
tirent les autres, selon la force de chacun. C’est une relation de ‘force ‘,
d’énergie, et cette énergie n’est pas la même en tout être, de même que
le niveau de conscience.
Celui qui possède une énergie forte va essayer de la préserver, mais
aussi s’approprier l’énergie de l’autre pour la renforcer, et ainsi se
protéger contre celui qui est plus fort que lui, et qui veut également
renforcer son énergie.
Ainsi les rites sont partie constituante des religions animistes, car ils
permettent d’équilibrer les situations en un continuel mouvement.
Voilà pourquoi on a besoin de sorciers, de forces maléfiques, de force
positive, pour se protéger ou pour nuire aux autres, pour prendre leur
force.
Intermédiaires
Dieu est unique et transcendant. Il est considéré comme éloigné. On ne
va pas constamment s’adresser à lui, on ne va pas l’importuner.
Ce sont les ancêtres et les autres intermédiaires qui font le lien avec lui.
Il y a les esprits et les ancêtres, certains ont un rôle protecteur, d’autres
sont malveillants.
Il y a aussi des êtres sacrés, qui sont comme des intermédiaires, parce
qu’ils ont reçu de l’Etre suprême, une sorte de mission pour aider leurs
semblables.
Les devins sont considérés comme de véritables canaux par lesquels
passe le contact avec Dieu.
Dieu agit par des médiations. Ainsi, les thérapies traditionnelles sont
presque toutes des thérapies initiatiques, qui nous font passer par un
rite.
Quand un malheur ou une maladie arrive, la première pensée qui passe
par la tête, c’est qu’il y a eu un manquement, une transgression, le non­
respect de l’ordre des choses ou la non­observance d’une coutume ou
d’un interdit.
D’où l’importance de la fonction réparatrice des rites.
(C. HERINCKX – Dimanche 9.10.16.)
G.V. 10.10.2016.
Téléchargement