BULLETIN ARCRE 211(27/04/17)
Source : Why saying ‘I know a Christian’ only furthers extremist rhetoric by Maladouh
ALMUHAINI in Al Arabiya du 19/4/2017
Catégorie(s) : Religions, Société Étiqueté : extrémisme islamiste
LU POUR VOUS
Les nouveaux acteurs de l’islam (compte-rendu)
Anne-Bénédicte Hoffner : Les nouveaux acteurs de l’islam. Préface de Rachid Benzine.
Bayard, 2017, 188 p., ISBN 978-2-227-49122-9, 16,90 €.
A.B. Hoffner nous présente dans ce livre les témoignages de six personnes (4 hommes et 2
femmes) dont la manière de vivre et de penser leur religion pourrait, au moyen comme au
long terme, diminuer la prédominance des discours sur le permis/défendu dans l’islam et
influencer les musulmans afin d’interpréter leurs sources et les rendre à la fois plus adéquates
au monde contemporain et fidèles à la révélation originelle.
Ces témoignages sont répartis en trois volets, chacun d’eux étant introduit par une présentation générale du
thème par l’auteure :
•l’enseignement direct et la lutte contre la sclérose de la pensée : Hicham Abdel Gawad et Iqbal
Gharbi,
•l’interprétation du Coran aujourd’hui, avec plus ou moins d’importance donnée à la tradition :
respectivement Mohamed Bajrafil et Michael Privot,
•la spiritualité et la praxis : Farid Abdelkrim et Nayyla Tabbara.
Que ce soit en Belgique (Mr. H. Abdel Gawad) ou en Tunisie (Mme. I. Gharbi), les deux enseignants
sont confrontés à des jeunes soumis à l’influence salafiste. «Outre les moyens financiers investis dans sa
promotion, la simplicité du salafisme, sa ’modernité’ dans les questions abordées comme la manière d’y
répondre contribuent indéniablement à son succès, notamment auprès des jeunes » (p.33) Abdel Gawad
enseigne l’islam à des élèves ayant « un rapport moins sacralisé avec le Coran (37) ; il est aussi confronté à
la situation politique belge de l’enseignement de la religion (s’agit-il du fait religieux ou de catéchèse?») ; il
se sent tiraillé entre les attentes du ministère et des autorités politiquement représentatives des musulmans en
Belgique (l’E.M.B.). La seconde, Mme Gharbi, à la Zitouna, là où « la mosquée comme l’université sont
désormais des têtes de pont du discours wahhabite en Tunisie»(55), regrette que la coopération entre
« islamologues, intellectuels et théologiens ne se [fasse] pas encore »(69) ; elle insiste sur le fait que le
« féminisme musulman […] ne remet pas en cause l’ ‘authenticité’ du Coran. Les féministes musulmanes ne
voient nulle incompatibilité entre l’adhésion à une foi et la revendication des droits de la femme » (61). Nos
deux enseignants, dans leurs situations particulières respectives, peuvent se sentir seul(e), mais les fruits de
leur pédagogie sur leurs élèves ou étudiants ne pourront se mesurer réellement que dans quelques années.
Dans la section « Lire et interpréter le Coran aujourd’hui » ( 71-87), A.-B. Hoffner donne la parole à
deux intellectuels qui ont des approches différentes. Michael Privot, devenu musulman par choix, voudrait
« ôter les lunettes de la tradition » et redécouvrir le Coran qui ne parle pas de foi mais d’alliance ; un Coran
source d’inspiration plus que d’obligation. Dans la ligne de R. Benzine, il cherche à promouvoir « les
principes de l’anthropologie historique pour les appliquer à la théologie musulmane» (107).
Quant à Mohamed Bajrafil, membre du nouveau Conseil théologique des musulmans de France, il
préconise d’ « interroger les textes en termes de finalité et de rationalité » (123) sans négliger la dimension
spirituelle du Coran (129).