Plan de conservation de l`aristide à rameaux basilaires

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EspÈcE mEnacÉE au QuÉbEc
Plan de conservation
de l’aristide à rameaux basilaires
(Aristida basiramea)
2
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
Qu’est-ce qu’un plan de conservation?
Le plan de conservation d’une espèce floristique menacée ou vulnérable est un document
qui définit les actions à mettre en oeuvre pour assurer sa survie à long terme sur
l’ensemble de son aire de répartition au Québec.
Après avoir résumé la situation et la problématique de conservation de l’espèce, le plan
identifie les occurrences1 pour lesquelles des actions doivent être menées en priorité.
Ces cibles de conservation sont sélectionnées en s’appuyant sur une procédure normalisée
identique pour l’ensemble des plantes désignées menacées ou vulnérables. Une stratégie
d’intervention est ensuite établie et, pour chaque cible retenue, on assigne aux mesures
à prendre une priorité et un échéancier, et on identifie des organismes concernés.
De tels plans seront élaborés pour chaque espèce floristique légalement protégée au Québec.
Ces documents sont produits à l’intention des divers intervenants sur le territoire.
Ce n’est qu’en se familiarisant avec leur contenu que ces derniers pourront contribuer à
leur mise en œuvre et, finalement, à la sauvegarde de ces éléments exceptionnels de
notre patrimoine naturel.
comment citer ce document :
DÉSILETS, P., L. COUILLARD et J. LETENDRE. 2012. Plan de conservation de l’aristide
à rameaux basilaires (Aristida basiramea) : Espèce menacée au Québec. Gouvernement
du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des
Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs, Québec. 16 p.
1 Le terme «occurrence» désigne un territoire abritant ou ayant déjà abrité une espèce menacée ou vulnérable.
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
3
L’aristide à rameaux basilaires
Dessin : Réjean Roy
nom Latin :
nom franÇais :
nom angLais :
Aristida basiramea Engelm. ex vasey
aristide à rameaux basilaires
forked three awn grass
statut au QuÉbEc :
menacée (2010)
statut au canada :
en voie de disparition (2002)
rangs dE prioritÉ2 :
G5/N1/S1
Répartition et situation de l’espèce
En amÉriQuE du nord
L’aristide à rameaux basilaires est une espèce endémique de l’Amérique du Nord dont
l’aire de répartition se concentre dans la portion centre-est des États-Unis. Au sud, elle
atteint le Texas, à l’ouest, le Colorado, à l’est, le Maine et au nord, le Québec et l’Ontario
(NatureServe3, 2011). Dans ces deux provinces, où elle se trouve à la limite nord de son
aire de répartition, elle est considérée comme une espèce périphérique nord.
Selon les données du réseau NatureServe, la disparition de l’aristide à rameaux basilaires
n’est pas à craindre à l’échelle globale (G5), pas plus qu’aux États-Unis (N4), bien que son
rang de priorité ne soit pas encore déterminé dans plusieurs États (figure 1). Sa situation est
néanmoins très à risque au Colorado (S1), à risque modéré en Iowa (S3) et possiblement en
Illinois (S3?). Au Canada, la situation de cette graminée est nettement plus préoccupante (N1).
Le risque de sa disparition est en effet jugé très élevé (S1) dans les deux seules provinces
qui l’abritent, soit le Québec et l’Ontario, qui comptent respectivement sept et quatre
occurrences.
figurE 1.
rangs dE prioritÉ dE L’aristidE À ramEaux basiLairEs En amÉriQuE du nord4
2 Rangs décroissants de priorité pour la conservation (de 1 à 5), déterminés selon trois échelles : G (globale; l’aire de
répartition totale), N (nationale; le pays) et S (subnationale; la province ou l’État) en tenant compte principalement
de la fréquence et de l’abondance de l’élément. Seuls les rangs 1 à 3 traduisent un certain degré de précarité.
3 Réseau international de centres de données sur la conservation
4 NATURESERVE, 2011
4
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
au QuÉbEc
Les petites colonies d’aristides à rameaux basilaires, distribuées de façon éparse sur une
zone de dépôt sableux d’une quinzaine de kilomètres carrés entre les municipalités de
Saint-Anicet et de Godmanchester, ont été regroupées en six occurrences (tableau 1 et
figure 2). Ainsi, la majorité des occurrences québécoises se trouvent dans l’ensemble
physiographique de la Plaine de Saint-Jean-Beauharnois (B0103). Une nouvelle population
a été découverte en 2010 dans l’ensemble physiographique des Monticules de Hemmingford
(B0104). Cette dernière est située sur des affleurements de grès, à une distance d’environ
35 kilomètres à l’est des populations connues, dans les municipalités de Très-SaintSacrement et d’Ormstown. Ce secteur est aussi appelé « Le rocher ».
Les relevés disponibles actuellement
n’ont pas tenté de dénombrement
étant donné la forte abondance de la
plante et son potentiel de variabilité
interannuelle. Par conséquent,
la densité et la surface sont les
principaux critères utilisés pour
déterminer la qualité des occurrences
(Barbeau et Brisson, 2004).
Le niveau de perturbation et la probabilité que l’espèce se maintienne naturellement
dans le milieu ont également été considérés. Ainsi, des sept occurrences connues à ce jour
au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ, 2011), quatre possèdent
une cote de qualité bonne (B), deux ont une cote passable (C) et la dernière possède une
cote faible (D) en raison de sa situation le long d’une route. L’aire de répartition limitée
des occurrences au Québec et les menaces potentielles et réelles sur son habitat font en
sorte que l’aristide à rameaux basilaires s’est vu reconnaître un risque très élevé de disparaître
du territoire québécois (S1).
Photo: Caroline Bélair, CNC
Comme le démontre cette nouvelle
découverte, le nombre et les limites
spatiales de ces occurrences pourraient
changer à moyen terme considérant
la facilité de dispersion de l’espèce
(annuelle de milieu ouvert) et la
dynamique du milieu qui l’abrite
(Barbeau et Brisson, 2004). Bien
que les effectifs soient sujets à varier
annuellement et que l’abondance de
l’espèce au Québec soit indéterminée,
on trouve probablement plusieurs
milliers d’individus. Il est cependant
trop tôt pour dégager la tendance
des populations.
5
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
figurE 2.
rÉpartition dEs occurrEncEs dE L’aristidE À ramEaux basiLairEs au QuÉbEc
SOURCE : CENTRE DE DONNÉES SUR LE PATRIMOINE NATUREL DU QUÉBEC
tabLEau 1.
rÉpartition dEs occurrEncEs dE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
sELon LEs proVincEs naturELLEs, LEs rÉgions naturELLEs Et
LEs EnsEmbLEs pHYsiograpHiQuEs5
Qualité des occurrences6
a
b
province des basses-terres du saint-Laurent
Plaine du haut Saint-Laurent (B01)
Ensemble physiographique
de la Plaine de Saint-Jean–
Beauharnois (B0103)
3
Ensemble physiographique
des Monticules de
Hemmingford (B0104)
1
total
4
c
d
E
H
x
total
2
1
-
-
-
6
2
1
-
-
-
1
7
5 Selon le cadre écologique de référence du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (2010).
Les ensembles physiographiques constituent l’unité territoriale de référence retenue pour les plans de conservation, soit
un niveau de découpage de l’ordre de 1000 km2.
6 La qualité des occurrences d’une espèce s’exprime par des cotes établies principalement à partir de la taille des populations
et du degré d’intégrité de l’habitat. Pour l’aristide à rameaux basilaires, ces cotes ont été définies comme suit : A : excellente
(superficie > 1000 m2, densité moyenne ≥ 75 plants/m2); B : bonne (200-1000 m2, 26-75 plants/m2 ou population plus dense
dont l’habitat est légèrement perturbé ou menacé); C : passable (10-200 m2, 5-25 plants/m2 ou 26-75 plants/m2 et l’habitat
est modérément perturbé ou menacé); D : faible (petite superficie, < 5 plants/m2, peu importe le degré de perturbation ou
population < 100 individus peu importe le degré de perturbation ou 5-25 plants/m2 et l’habitat est modérément perturbé
ou légèrement perturbé et menacé); E : à caractériser; H : historique; X : extirpée.
6
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
Habitat
Exigeant la pleine lumière et appréciant les milieux bien drainés, l’aristide à rameaux
basilaires occupe, dans l’ensemble de son aire de répartition, des terrains ouverts et
plats, plutôt stériles. Au Québec, cette espèce se trouve dans deux types d’habitats, à
savoir les prairies sèches colonisant des dépôts sableux et les affleurements de grès
couverts de bryophytes et de lichens du genre Cladina. Dans tous les cas, les terrains
présentent un pourcentage notable de sol dénudé. Les régimes de perturbations tels
l’action du feu, de la sécheresse, du vent ou d’autres éléments peuvent avoir un effet
favorable pour le maintien de ces habitats ouverts essentiels à cette espèce (Jones, 2007;
J. Brisson, comm. pers.).
Pour la majorité des occurrences au Québec, il semble que l’ouverture artificielle du
milieu ait favorisé la propagation de l’espèce. Ainsi, l’aristide à rameaux basilaires se
trouve fréquemment dans des milieux modifiés par des activités anthropiques tels que
les champs abandonnés, les bords de route, les pistes de véhicules tout-terrain, les
sablières et les carrières. Malgré le fait que certaines populations apparaissent
adventives, l’espèce est tout de même considérée comme indigène au Canada, selon le
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC, 2002). Originellement,
ces milieux sableux étaient probablement occupés par des pinèdes blanches maintenues
relativement ouvertes par un régime de feux. Cette dynamique de perturbations
naturelles aurait pris fin avec la coupe des grands pins à l’époque de la colonisation.
Photo: Line Couillard, MDDEFP
Photo: Patricia Désilets, MDDEFP
Le contexte périphérique des occurrences de l’aristide à rameaux basilaires se compose
de pinèdes clairsemées et de friches surtout dominées par le peuplier faux-tremble
(Populus tremuloides), l’érable rouge (Acer rubrum) ainsi que d’autres espèces pionnières.
En plus de l’aristide à rameaux basilaires, les milieux ouverts de la plaine sableuse de
Cazaville abritent plusieurs espèces thermophiles peu communes au Québec telles que la
monarde ponctuée (Monarda punctata var. villicaulis) et le trichostème fourchu
(Trichostema dichotomum). À l’intérieur et aux environs de l’occurrence de Très-SaintSacrement et d’Ormstown, on trouve également cinq espèces rares, dont la bartonie de
virginie (Bartonia virginica), le carex dense (Carex cumulata) et une importante population
de pin rigide (Pinus rigida) située en grande partie dans une réserve écologique.
L’ensemble de ces caractéristiques confère à ces deux régions du Haut-Saint-Laurent un
intérêt exceptionnel sur le plan floristique.
Au Québec, les petites colonies d’aristide à rameaux
basilaires sont, pour la plupart, distribuées de façon
éparse sur une zone de dépôt sableux d’une quinzaine
de kilomètres carrés entre les municipalités
de Saint-Anicet et de Godmanchester.
Une nouvelle occurrence colonisant des affleurements
de grès à la limite des municipalités d’Ormstown et
de Très-Saint-Sacrement a été découverte en 2010.
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
7
Problématique de conservation
À propos dE L’EspÈcE
L’aristide à rameaux basilaires est une graminée annuelle, unique représentante de son
genre au Québec, dont les graines se dispersent à proximité des individus reproducteurs
(Barbeau et Brisson, 2004). La viabilité des graines et le taux de germination ou de
survie des plantules ne sont pas connus. Néanmoins, la densité importante de plants
observée par le passé dans certaines zones semble indiquer que l’espèce n’a pas de
difficulté à se reproduire lorsque les conditions favorables sont réunies (Barbeau et
Brisson, 2004). Sa dispersion vers le nord pourrait toutefois être limitée par sa longue
période de croissance, sa fructification étant parfois si tardive qu’une partie des graines
n’atteint pas la maturité aux premiers gels (Barbeau et Brisson, 2004). Par ailleurs, on
ne lui connaît pas de relation particulière avec d’autres espèces, mais l’aristide à
rameaux basilaires semble très intolérante à la compétition. Ainsi, un déclin de l’espèce
a été observé dans un champ abandonné envahi par la danthonie à épis (Danthonia
spicata) où le processus de succession naturelle suit son cours (Sabourin, 2011).
Photo: Line Couillard, MDDEFP
Bien que l’effectif d’aristides à rameaux basilaires au Québec semble important, on ne
connaît pas la taille minimale de viabilité d’une population pour cette espèce. Par
ailleurs, les conditions climatiques et la facilité de dispersion de l’espèce pourraient faire
varier grandement les effectifs sur une base annuelle. Une étude démographique plus
poussée et un suivi de l’abondance et de l’aire d’occupation des occurrences connues
pourraient répondre à ces interrogations sur la tendance des effectifs québécois.
L’ouverture artificielle du milieu semble favoriser la propagation de l’aristide à rameaux basilaires.
Ainsi, l’espèce se trouve fréquemment dans des milieux modifiés par des activités anthropiques,
telles que les champs abandonnés et les bords de route.
8
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
À propos dE L’Habitat
La rareté de l’habitat de l’aristide à rameaux basilaires est une cause primordiale de la
précarité de l’espèce au Québec et au Canada (Jones, 2007). La plaine sableuse près
de Cazaville serait vraisemblablement la seule grande zone ouverte de ce type dans le
sud-ouest du Québec au sud du fleuve Saint-Laurent (Barbeau et Brisson, 2004). Les
grands affleurements de grès du secteur nommé « Le rocher » sont aussi relativement
rares. De plus, les restrictions de l’espèce en matière de conditions climatiques limitent
probablement l’aristide à rameaux basilaires dans sa colonisation de zones sableuses et
d’affleurements de grès plus au nord, et feraient du Haut-Saint-Laurent une limite climatique
pour l’espèce (Barbeau et Brisson, 2004). Cependant, avec le réchauffement climatique,
cette dernière pourrait être sujette à se déplacer (J. Brisson, comm. pers.).
L’habitat propice à l’aristide à rameaux basilaires a vraisemblablement connu des pertes
importantes depuis un siècle dans le sud du Québec et de l’Ontario, ce qui explique qu’il n’en
reste probablement que de faibles étendues fragmentées (COSEPAC, 2002). La succession
naturelle vers une fermeture du couvert et diverses activités anthropiques ont pu réduire
la superficie et la qualité des zones sablonneuses ouvertes (COSEPAC, 2002).
Aujourd’hui, l’utilisation du territoire par l’homme et tout particulièrement la fermeture
du couvert végétal, que ce soit par succession naturelle ou par plantation (surtout de
conifères), représentent les principales menaces pour l’aristide à rameaux basilaires
dans la région de Cazaville (Barbeau et Brisson, 2004). Parmi les menaces anthropiques, les
occurrences font face à l’exploitation minière (sablière et carrière) et agricole qui continue
de s’étendre à proximité des habitats connus. Par ailleurs, comme cette espèce ne tolère pas
l’ombre, certaines activités humaines comme la circulation en véhicule tout-terrain sont
nuisibles lorsqu’elles détruisent les plants en place, mais peuvent s’avérer favorables
lorsqu’elles créent de nouvelles ouvertures ou maintiennent celles qui sont existantes,
ce qui rend complexe la gestion de ces territoires.
mEsurEs dE consErVation ExistantEs
autres mesures
Un volet sur la sauvegarde de l’aristide à rameaux basilaires, intégré au projet Urgence-Conservation de
l’Institut de recherche en biologie végétale et du Jardin
botanique de Montréal, a été entrepris en 2003. Ces
travaux qui avaient pour objectifs l’inventaire précis
de l’espèce dans le Haut-Saint-Laurent et la
détermination des principales caractéristiques de son
milieu ont mené à la rédaction d’un rapport de situation
(Barbeau et Brisson, 2004). Ce projet bénéficiait notamment
du soutien du Programme d’intendance de l’habitat pour les
espèces en péril du Canada, dont est toujours bénéficiaire
l’organisme Conservation de la nature Canada. Cet organisme a pour
objectif la protection de l’habitat tant dans le secteur de Cazaville que
Photo : Caroline Bélair, CNC
mesures juridiques
L’aristide à rameaux basilaires a obtenu en 2010 le statut d’espèce
menacée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables
du Québec. Au Canada, l’espèce est désignée en voie de disparition
en vertu de la Loi sur les espèces en péril depuis 2002. Afin de
répondre aux exigences de cette loi, un programme national
de rétablissement a été publié en 2007 (Jones, 2007) et un
plan d’action est en cours de rédaction.
9
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
dans celui de Très-Saint-Sacrement et d’Ormstown. À ce jour, aucune entente n’est
intervenue avec les propriétaires privés, mais la sensibilisation a permis de minimiser les
effets des activités anthropiques sur l’aristide à rameaux basilaires. De plus, la municipalité
de Saint-Anicet montre depuis de nombreuses années un intérêt pour protéger les
secteurs dont elle est propriétaire et désigner possiblement un habitat floristique.
Conservation de la nature Canada accompagne la municipalité dans cette démarche avec
le soutien du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et
des Parcs.
Cibles prioritaires de conservation
Afin de répartir de façon optimale les ressources allouées à la protection des espèces
floristiques menacées ou vulnérables, une grille de priorités d’intervention a été
élaborée (Jolicœur, 2003). Selon cette grille, l’aristide à rameaux basilaires se trouve
dans la classe de priorité d’intervention élevée. Pour les espèces de cette classe, les
critères à considérer pour la sélection des cibles prioritaires de conservation sont les
suivants :
1 Assurer, tout d’abord, la protection et le maintien à long terme de toutes
les occurrences actuelles de l’espèce;
2 Introduire ou réintroduire l’espèce, si cela est réalisable, dans les
ensembles physiographiques où elle est disparue.
Le premier objectif mène à la sélection de six des sept occurrences connues comme
cibles prioritaires de conservation (tableau 2 et figure 3). Cependant, l’accent sera mis
sur la protection des occurrences récentes et viables au cours des prochaines années;
la conservation de l’occurrence de qualité faible de Godmanchester (no 15107 au
CDPNQ) n’a donc pas été retenue.
tabLEau 2.
QuELQuEs caractÉristiQuEs dEs cibLEs prioritairEs dE consErVation
no
occurrence
(numéro au cdpnQ7)
cote de
qualité
nombre
d’autres
plantes
menacées ou
vulnérables
tenure et
protection
région
mrc
1
2
3
4
5
Saint-Anicet (15104)
Saint-Anicet (15106)
Godmanchester (15108)
Saint-Anicet (15103)
Saint-Anicet (15105)
C
B
B
C
B
1
2
_
4
Montérégie
Montérégie
Montérégie
Montérégie
Montérégie
Le Haut-Saint-Laurent
Le Haut-Saint-Laurent
Le Haut-Saint-Laurent
Le Haut-Saint-Laurent
Le Haut-Saint-Laurent
6
Très-Saint-Sacrement
et Ormstown (20263)
B
5
Privée
Privée
Privée
Privée
Privée et publique
(municipalité de
Saint-Anicet)
Privée
Montérégie
Le Haut-Saint-Laurent
7 CDPNQ : Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec.
10
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
figurE 3.
EmpLacEmEnt dEs cibLEs prioritairEs dE consErVation8
SOURCE : CENTRE DE DONNÉES SUR LE PATRIMOINE NATUREL DU QUÉBEC
Stratégie d’intervention
Le Québec abrite sept des onze occurrences connues d’aristide à rameaux basilaires au
Canada. Il assume donc une grande responsabilité dans la survie de cette espèce au
pays. La précarité de l’aristide à rameaux basilaires au Québec se justifie par la faible
disponibilité de l’habitat et la présence de peu d’occurrences rassemblées sur un territoire
restreint faisant l’objet de menaces importantes (fermeture du couvert, plantation d’arbres,
exploitation du sable, etc.).
Comme le fait ressortir la figure 3, aucune des cibles actuelles n’est protégée légalement.
De plus, la tenure privée de la plupart des occurrences limite la capacité d’intervention
du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs,
qui privilégie un engagement volontaire des propriétaires dans la conservation de
l’espèce et de son habitat. Un autre volet de la stratégie d’intervention du Ministère
consistera donc à soutenir les organismes de conservation, tel Conservation de la nature
Canada, dans leur démarche de sensibilisation des propriétaires fonciers et des utilisateurs
8 Voir le tableau 2 pour une description sommaire de chaque cible.
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
11
du milieu. Selon les opportunités, il serait de premier ordre de consolider la protection
de l’habitat de l’aristide à rameaux basilaires par des ententes de conservation légales
(habitat floristique, acquisition, servitude de conservation, etc.). La désignation d’un
habitat floristique pourrait être facilitée pour l’une des cibles qui est en partie située sur
des terres publiques municipales.
Outre les mesures de protection, une vigilance particulière est requise en ce qui a trait
à l’utilisation des propriétés où se trouve l’espèce. Des modes de gestion adaptés à
chaque propriétaire doivent être proposés selon la volonté de chacun d’exploiter ou non
sa propriété. En priorité, il faudra éviter que les terrains qui présentent un caractère
naturel ou peu humanisé ne soient transformés en sablière, en carrière ou en plantation.
Si cela n’est pas possible, on tentera de concilier l’exploitation des ressources avec la
conservation de l’aristide, par exemple en demandant que des bandes non boisées
soient maintenues dans les plantations ou qu’un certain volume de sable soit laissé en
place afin de préserver des habitats favorables à l’espèce.
La génération artificielle de perturbations pour maintenir la qualité de l’habitat est
également à expérimenter. Ainsi, des interventions pour ouvrir le couvert végétal (herbacé
ou ligneux) pourront être testées pour certaines populations qui le requièrent. Ensuite,
un suivi des populations devra être fait afin de mesurer le succès de l’opération. Des
expériences en ce sens se sont avérées concluantes en Ontario. Par ailleurs, quantité
d’autres plantes menacées ou vulnérables se trouvent parfois à proximité de l’aristide à
rameaux basilaires. Cette réalité devra être prise en compte dans la stratégie d’intervention
et l’approche multispécifique sera à considérer dans certains cas.
La découverte de l’aristide à rameaux basilaires au Québec est relativement récente
(2001) et une nouvelle occurrence a été trouvée en 2010, ce qui porte à croire que
des recherches dans des habitats favorables pourraient porter fruit. Plusieurs
renseignements sur la dynamique des populations demeurent manquants et, bien que
sans être indispensables à la sauvegarde de l’espèce, une étude pourrait être utile pour
évaluer la tendance des populations et définir les caractéristiques d’une population viable.
Afin d’atteindre l’objectif du plan de conservation, qui est d’assurer la sauvegarde de
l’espèce sur l’ensemble de son aire de répartition au Québec, les principales
mesures à préconiser pour les cibles retenues sont les suivantes :
Photo : Patricia Désilets, MDDEFP
1 Sensibiliser les propriétaires privés et les municipalités afin
de limiter leurs pratiques incompatibles avec son maintien;
2 Déterminer avec les propriétaires la meilleure approche
de conservation et, si possible, assurer la protection légale
de l’habitat de l’espèce;
3 Tester des interventions d’ouverture du couvert végétal.
Le tableau 3 présente la liste détaillée des actions à entreprendre
pour les six cibles prioritaires de conservation. Pour chaque
action, un rang de priorité est attribué, un échéancier est établi, et
des partenaires sont identifiés. Des mesures plus générales,
c’est-à-dire qui ne s’appliquent pas à une cible en particulier, sont
aussi mentionnées à la fin du tableau.
L’ensemble de ces actions reflète l’état des données consignées au
Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec et fournies par les
partenaires engagés dans la conservation de cette espèce. Elles constituent un point de
départ pour la mise en œuvre du plan de conservation. Elles seront revues et ajustées
au fur et à mesure que nos connaissances sur l’espèce s’amélioreront et selon le succès
des actions entreprises.
12
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
tabLEau 3.
actions À EntrEprEndrE par cibLE prioritairE dE consErVation
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
Actions
●
●
●
1 / saint-anicet (15104)
plantation de pins / fermeture du couvert
Priorité9
Échéancier
12 13 14 15
Poursuivre la sensibilisation des propriétaires fonciers.
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤
Déterminer la meilleure approche de conservation
✯✯
✤ ✤
(conservation volontaire, acquisition, etc.).
Minimiser les pressions sur l’habitat.
✯✯✯ ✤ ✤ ✤ ✤
2 / saint-anicet (15106)
Extraction de sable / fermeture du couvert
plantation / Véhicule tout-terrain
Actions
Priorité9
Échéancier
12 13 14 15
● Poursuivre la sensibilisation des propriétaires fonciers.
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤
● Déterminer la meilleure approche de conservation
✯✯✯ ✤ ✤
(conservation volontaire, acquisition, etc.).
● Minimiser les pressions sur l’habitat.
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤
16
Organismes
concernés10
✤
CNC et MDDEFP
✤
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
16
Organismes
concernés10
✤
CNC et MDDEFP
✤
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
3 / godmanchester (15108)
Extraction de sable / agrandissement de la carrière
fermeture du couvert / Véhicule tout-terrain
Actions
Priorité9
Échéancier
Organismes
concernés10
12 13 14 15 16
CNC et MDDEFP
● Poursuivre la sensibilisation des propriétaires fonciers.
✯✯
✤ ✤
● Déterminer la meilleure approche de conservation
(conservation volontaire, acquisition, etc.).
✯✯✯ ✤ ✤
● Minimiser les pressions sur l’habitat.
✯✯✯ ✤ ✤ ✤ ✤ ✤
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
Actions
●
●
●
9
4 / saint-anicet (15103)
Extraction de sable / fermeture du couvert / Véhicule tout-terrain
Priorité9
Échéancier
Organismes
concernés10
12 13 14 15 16
Poursuivre la sensibilisation des propriétaires fonciers.
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤ ✤
CNC et MDDEFP
Déterminer la meilleure approche de conservation
(conservation volontaire, acquisition, etc.).
✯✯✯ ✤ ✤
Tester une intervention d’ouverture
du couvert végétal.
✯✯✯ ✤ ✤ ✤ ✤ ✤
✯✯✯: Élevée; ✯✯: Moyenne; ✯: Moindre
10 CNC : Conservation de la nature Canada;
MDDEFP : ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs.
13
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
5 / saint-anicet (15105)
Extraction de sable / fermeture du couvert
plantation / agriculture / Véhicule tout-terrain
Actions
Priorité9
Échéancier
12 13 14 15 16
● Constituer un habitat floristique pour
✯✯✯
✤ ✤
une portion du territoire (tenure publique).
● Poursuivre la sensibilisation des autorités
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤ ✤
municipales et des propriétaires fonciers.
● Déterminer la meilleure approche de conservation
✯✯✯ ✤ ✤
(conservation volontaire, acquisition, etc.)
pour les terrains de tenure privée.
● Minimiser les pressions sur l’habitat.
✯✯
✤ ✤ ✤ ✤ ✤
Organismes
concernés10
MDDEFP, CNC
et municipalité
de Saint-Anicet
No / Occurrence (numéro au CDPNQ)
Type de menace
6 / très-saint-sacrement et ormstown (20263)
route publique à proximité / décapage du sol
dépôt de déchets et de sol / Exploitation du grès ou de la silice
Actions
Priorité9
Échéancier
Organismes
concernés10
12 13 14 15 16
CNC
● Poursuivre la sensibilisation des propriétaires fonciers.
✯✯
✤ ✤
● Déterminer la meilleure approche de conservation
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(conservation volontaire, acquisition, etc.).
● Minimiser les pressions sur l’habitat.
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actions générales
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●
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●
Mettre sur pied une équipe de rétablissement.
Tester une intervention d’ouverture du couvert
végétal par la perturbation du substrat et la coupe
et suivre les populations concernées.
Réaliser des inventaires des occurrences connues
et mettre à jour les renseignements au CDPNQ.
Rechercher l’espèce dans des habitats potentiels,
surtout dans le secteur du Très-Saint-Sacrement
et d’Ormstown appelé « Le rocher ».
Susciter un projet de recherche sur la dynamique
des populations.
Priorité9
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Échéancier
13 14 15
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Organismes
concernés10
MDDEFP, CNC
CNC
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MDDEFP, CNC
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MDDEFP, CNC,
milieu
universitaire
MDDEFP, CNC
milieu
universitaire
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PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
Références
BARBEAU, O. et J. BRISSON. 2004. La situation de l’aristide à rameaux basilaires
(Aristida basiramea Engelm. ex vasey) au Québec. Institut de recherche en biologie
végétale. Rapport préparé pour le ministère de l’Environnement du Québec, Direction
du patrimoine écologique et du développement durable. 30 p.
CENTRE DE DONNÉES SUR LE PATRIMOINE NATUREL DU QUÉBEC. 2011. Ministère du
Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du patrimoine
écologique et des parcs.
CENTRE DE DONNÉES SUR LE PATRIMOINE NATUREL DU QUÉBEC. 2008. Les plantes vasculaires menacées ou vulnérables du Québec. 3e édition. Gouvernement du Québec,
ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du
patrimoine écologique et des parcs, Québec. 180 p.
COSEPAC. 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’aristide à rameaux
basilaires (Aristida basiramea) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril
au Canada. Ottawa. vii + 31 p.
JOLICOEUR, G. 2003. Priorisation des plantes menacées ou vulnérables en vue de la
mise en œuvre des plans de conservation. Ministère de l’Environnement, Direction du
patrimoine écologique et du développement durable. 4 p.
JONES, J.A. 2007. Programme de rétablissement de l’aristide à rameaux basilaires
(Aristida basiramea Engelm. ex vasey) au Canada. Série de Programmes de rétablissement
de la Loi sur les espèces en péril. Parcs Canada, Ottawa. 29 p.
MDDEP. 2010. Cadre écologique de référence du Québec (Niveau de perception 1, 2, 3).
Direction du patrimoine écologique et des parcs, Ministère du Développement durable,
de l’Environnement et des Parcs, Décembre 2010.
NATURESERvE. 2011. NatureServe Explorer: An online encyclopedia of life [Application
Web], version 3.1. NatureServe, Arlington (virginia).
[http://www.natureserve.org/explorer] (Site consulté le 13 septembre 2011).
SABOURIN, A. 2011. Étude de l’ampleur de la menace des plantes envahissantes sur les
populations d’Aristida basiramea et de Monarda punctata var. villicaulis à Cazaville.
Rapport non publié préparé pour la Société canadienne pour la conservation de la Nature,
région du Québec. 14 p.
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
15
personnes-ressources
Photo: André Sabourin
Caroline Bélair, Conservation de la nature Canada
Jacques Brisson, Institut de recherche en biologie végétale
vincent Carignan, Environnement Canada
Frédéric Coursol, consultant en botanique
Patricia Désilets, ministère du Développement durable,
de l’Environnement, de la Faune et des Parcs
Jacques Labrecque, ministère du Développement durable,
de l’Environnement, de la Faune et des Parcs
André Sabourin, consultant en botanique
La plaine sableuse de la plaine du haut Saint-Laurent serait vraisemblablement la
seule grande zone ouverte de ce type dans le sud-ouest du Québec. La rareté de
cet habitat serait à l’origine de la précarité de l’espèce au Québec et au Canada.
16
PLAN DE CONSERvATION DE L’aristidE À ramEaux basiLairEs
Plan de conservation de l’aristide
à rameaux basilaires en bref
objEctif
Assurer la survie à long terme de l’aristide à rameaux basilaires
sur l’ensemble de son aire de répartition au Québec.
probLÉmatiQuE dE consErVation
✤ Habitat restreint, menacé et perturbé.
✤ Aucune population protégée légalement.
stratÉgiE d’intErVEntion
✤ Sensibiliser les propriétaires.
✤ Assurer la protection de l’habitat.
Ce papier contient 100% de fibres recyclées après consommation. 7344-12-05
contribution au cdpnQ
Si vous repérez une population d’espèce menacée ou vulnérable, signalez-la au
Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Vos observations
permettront d'améliorer la connaissance de cette espèce et en favoriseront la sauvegarde.
www.cdpnq.gouv.qc.ca
protÉgEr, c'Est dans ma naturE!
Pour tout renseignement, vous pouvez communiquer avec
le Centre d’information du ministère du Développement durable,
de l’Environnement, de la Faune et des Parcs :
Téléphone : 418 521-3830
1 800 561-1616 (sans frais)
Télécopieur : 418 646-5974
Courriel :
[email protected]
Internet :
www.mddep.gouv.qc.ca
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012
ISBN imprimé : 978-2-550-64938-0
ISBN PDF : 978-2-550-64939-7
© Gouvernement du Québec, 2012
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