SYMPOSIUM DE GÉNIE ELECTRIQUE (SGE 2016) : EF-EPF-MGE 2016, 7-9 JUIN 2016, GRENOBLE, FRANCE Augmentation de la distance de transport de l’énergie offshore par câble sous-marin en basse fréquence Dasco Antony, Bacha Seddik, Raison Bertrand Univ. Grenoble Alpes, G2Elab, F-38000 Grenoble, France CNRS, G2Elab, F-38000 Grenoble, France [email protected], [email protected], [email protected] RESUME – Cet article présente une méthode d’analyse de puissance qui permet de trouver les distances maximales de transport électrique dans un réseau sous-marin en basse fréquence. Du fait des limites imposées par l’impédance capacitive des câbles en AC à 50 Hz et aux coûts importants liés aux réseaux HVDC, une fréquence électrique plus basse s’avère intéressante. Cette solution est encore utilisée par les réseaux ferroviaires dans quelques pays de l’Europe. Différents niveaux de tension et sections de câbles ont été testés et comparés entre eux. La distance de livraison est principalement limitée par la puissance réactive générée par les câbles et non par les pertes actives. Par ailleurs, il est envisagé d’utiliser une fréquence variable qui optimise les flux de puissances dans un réseau. Mots-clés—Transport d’Énergie, Basse Fréquence, Réseau Offshore, Câbles sous-marins 1. INTRODUCTION L’installation des éoliennes offshores a débuté en 1991 à 2.5 km de la côte danoise avec une puissance installée de 4.95 MW. La puissance offshore a dépassé 1 GW en 2011. Par ailleurs, l’Association Européenne d’Énergie Éolienne ou « European Wind Energy Association » (EWEA) annonce une puissance totale offshore éolienne dans 18 pays de l’Europe, de l’ordre de 40 GW en 2020 et au-delà de 150 GW en 2030 [1]. Ce projet comprend l’installation de fermes éoliennes offshores situées à 200 km en moyenne des côtes et qui seront aussi interconnectées, constituant ainsi un réseau offshore. D’un côté, du fait des grandes distances et des limites imposées par les câbles sous-marins à 50 Hz, l’utilisation de cette fréquence n’est plus d’actualité. De l’autre côté, les liaisons HVDC permettent une distance plus grande du transport électrique, mais sont tributaires d’avancées technologiques qui pour certaines ne sont pas encore au stade de la commercialisation [2] [3]. Entre ces deux technologies, il existe la possibilité d’utiliser la basse fréquence AC : cette approche permet la réduction de l’effet capacitif des câbles et donc l’incrémentation de la distance de transport électrique sous-marin [4]. La basse fréquence a été utilisée pour la première fois en 1902 dans le transport ferroviaire en utilisant 15 Hz comme fréquence nominale des machines à induction [5]. La fréquence réduite de 50/3 Hz (ou connue aussi comme 16 2/3 Hz) est toujours utilisée dans le réseau ferroviaire Allemand et dans d’autres pays d’Europe. Ces réseaux incluent des protections électriques en basse fréquence, à la différence de l’HVDC existant qui coupe l’énergie du côté 50 Hz. Plusieurs articles ont exposé les avantages de la Basse Fréquence (BF) pendant ces deux dernières décennies [6] [7], [8] Les auteurs sont tous d’accord avec l’augmentation de la distance du transport électrique grâce à la BF. D’autres testent des solutions diverses pour la sélection des convertisseurs d’électronique de puissance. Leurs analyses de flux de puissance à différentes fréquences montrent également plusieurs distances nominales attribuées à chaque fréquence. Ce document s’inscrit dans la mouvance de ces travaux au niveau via les analyses du flux de puissance dans un réseau offshore sous-marin. L’idée est d’établir les distances maximales du transport énergétique en limitant le niveau de puissance réactive générée. Les tests se déroulent avec plusieurs sections de câbles XLPE sous-marin et quatre différents niveaux de tension. La méthode de résolution a été développée avec Matlab et ensuite testée en simulation avec le logiciel ATPDraw et EMTP-RV. 2. MODÉLISATION DU RÉSEAU Un réseau offshore est principalement caractérisé par l’utilisation des câbles sous-marins dont la valeur de la puissance réactive générée est très importante. La distance de transport est donc limitée par le facteur de puissance au niveau du raccordement. Par hypothèse, la puissance réactive est générée uniquement par le câble, on prendra également un facteur de puissance de 0,87 au point de livraison. Cela permet d’incrémenter indépendamment la puissance apparente livrée en sortie du câble sous-marin. 2.1 Définition de l’étude réalisée Le réseau sous-marin présenté dans ce document a été défini comme un réseau de puissance avec deux nœuds : nœud bilan (côté livraison) modélisé en tant que source de tension fixe à la valeur de 1 p.u. et le nœud de génération offshore (côté source) avec une puissance apparente constante modélisée comme une source de courant. La valeur de puissance nominale a été définie active à 1 p.u. Le schéma simplifié est représenté par la figure 1. 2.2 Modélisation des câbles sous-marins Des références commerciales des câbles ABB-XLPE ont été utilisées pour les analyses de puissance [9]. Ces valeurs ont été ensuite introduites dans un modèle sous-marin triphasé dans le logiciel EMTP-RV et ce, pour obtenir les valeurs des impédances à différentes fréquences. Les câbles monophasés suivants ont été testés : Table 2.1. Section et tensions nominales des câbles modélisés. Sections [mm2] Voltages [kV] 500 630 800 220 1000 1200 275 1400 330 1600 400 ZLINE + YLINE I2 R 2 nfois-πmodel jX G/2 G/2 jB/2 jB/2 V1 1 Figure 3. Variation de puissance par rapport à la distance du transport. Limite FP autour de 400 km. Puissance triphasée = 456 MVA. 4 RÉSULTATS DE SIMULATION Figure 1. Représentation du réseau modélisé : indice 1 pour le noeud bilan et 2 pour le nœud source. Tous les paramètres d’impédance et admittances ont été pris en compte pour le modèle en Pi utilisé. Il est distribué par kilomètre dans l’algorithme et par 20 tronçons en simulation. 3 ALGORITHME DE CALCUL DES FLUX DE PUISSANCE Un réseau avec deux nœuds permet l’application de la méthode Gauss-Seidel [10] pour les itérations de la valeur des tensions des nœuds inconnues. À partir du schéma de la figure 1, il peut être montré que : 1 + 𝑍 ∙ 𝑌/2 𝑉̅ [ 1] = [ −𝑌 ∙ (1 + 𝑍 ∙ 𝑌/4) 𝐼1̅ 𝑛 −𝑍 𝑉̅ ] ∙ [ 2] 1 + 𝑍 ∙ 𝑌/2 𝐼̅2 (1) Avec Z et Y l’impédance et l’admittance totale du tronçon étudié ; V1 et I1 la tension et courant du nœud bilan ; V2 et I2 la tension et courant du nœud source ; et n la distance d’étude en kilomètres. Si la matrice d’impédances est ensuite définie comme matrice A ou [A], la méthode de résolution des flux de puissance peut être appliquée : Les résultats de simulations seront exposés dans la version finale. 5 CONCLUSIONS Une méthode pour le calcul de la distance maximale du transport énergétique à basse fréquence a été développée dans cet article. Des essais ont été réalisés en utilisant des modèles de vrais câbles sous-marins. Bien entendu, la distance du transport maximale dépend de la section du câble et du niveau de tension appliquée mais le travail permet d’avoir un outil d’analyse de sensibilité. La puissance réactive a été identifiée comme la principale limite pour augmenter la distance du transport, même si le réseau fonctionne à basse fréquence. Il a été aussi montré que le réseau sous-marin fonctionne comme générateur naturel de puissance réactive (nécessaire dans un réseau électrique), permettant d’obtenir une puissance apparente plus élevée vers la livraison. La puissance réactive unitaire (par élément) générée par le câble dépend uniquement de la tension appliquée. Les problèmes dus à la perte de de puissance active au point de génération peuvent être gérés en faisant varier la fréquence. 6 RÉFÉRENCES [1] European Wind Energy Association, «EWEA Pure Power 2011,» 11 2011. [En ligne]. Available: http://www.ewea.org/fi leadmin/ewea_documents/documents/publications/reports/Pure_Power_III.pdf. [Accès le 13 01 2015]. [2] T. Funaki et K. Matsuura, «Feasibility of the low frequency AC transmission,» chez Power Engineering Society Winter Meeting, 2000. IEEE, 2000. [3] M. Petit, S. Bacha, X. Guillaud, H. Morel, D. Planson et B. Raison, «Les Réseaux HVDC multi-terminaux : des défis multiples en génie électrique.,» chez Symposium de Génie Electrique, Cachan, 2014. [4] W. Fischer, R. Braun et I. Erlich, «Low frequency high voltage offshore grid for transmission of renewable power,» chez nnovative Smart Grid Technologies (ISGT Europe), 3rd IEEE PES International, 2012. [5] D. Michael C., Electric Railways 1880-1990, London: Institution of Engineering and Technology, 2008. [6] B. B., «Benefits of a low frequency, low voltage railway electrification system,» chez Proceedings of the Railroad Conference, 1996. [7] X. Wang et X. Wang, «Feasibility study of fractional frequency transmission system,» chez Power Systems, IEEE Transactions on,, 1996. [8] C. Mau, K. Rudion, A. Orths, P. Eriksen, H. Abildgaard et Z. Styczynski, «Grid connection of offshore wind farm based DFIG with low frequency AC transmission system,» chez Power and Energy Society General Meeting, 2012. Figure 2. Variation de puissance par rapport à la distance du transport. Limite FP à 231 km. Puissance triphasée = 830 MVA. [9] ABB, «ABB Cables,» ABB, 12 04 2010. [En ligne]. Available: www.abb.com/cables. [Accès le 08 04 2015]. Une table comparative avec toutes les valeurs de distance maximale, pertes actives et valeur de chutes de tension sera exposée dans la version finale. [10] J. J. Grainger et W. D. J. Stevenson, Power System Analysis, Singapore: McGraw-Hill, Inc., 1994, pp. 335-337. 𝑖𝑡+1 𝑉̅2 = 1 𝐴1,2 𝑃2 − 𝑗𝑄2 𝑉̅ − ∙ 𝐴1,1 1 𝐴1,1 𝑉̅ 𝑖𝑡 ∗ (2) 2 Les valeurs de V1 et P2 sont connues et définies à 1 p.u. chacune (Q2 = 0). À titre d’exemple, deux graphiques de puissance en utilisant des câbles différents sont présentés dans les figures 2 et 3 .La fréquence a été fixée à 15 Hz.