Virologie DFGSM2 - UE De l'agent infectieux à l'hôte - Pathogenèse virale
Ph. Van de Perre 1
PATHOGENESE VIRALE
La pathogenèse virale décrit les processus par
lesquels un virus induit une maladie. Les éléments
suivants doivent être couverts par cette description: la
porte d'entrée, la diffusion du virus chez l'hôte, le
tropisme viral, les déterminants de la virulence, les
mécanismes de transmission, la persistance virale et,
dans certains cas, l'oncogenèse virale. Tous ces
éléments devront être considérés dans le contexte du
virus, de son hôte et de leurs relations réciproques
(équilibre hôte/pathogène).
1. Porte d'entrée
La peau représente en surface une couche de
keratinocytes morts, de sorte qu'une peau saine
constitue une barrière mécanique contre la plupart
des virus, sauf accident: cette barrière peut-être
franchie par certains virus par piqûre d'arthropode
(West Nile, fièvre jaune), érosion (virus de l'hépatite
B, papillomavirus humain), morsure (rage) ou,
accidentellement, par injection (médicale ou non),
transfusion de sang, greffe d'organe ou de tissus
(VHB, VHC, VIH).
Au niveau de l'œil, de l'arbre respiratoire, du
tube digestif, du tractus génito-urinaire, les
muqueuses présentent en surface des cellules
vivantes. Elles constituent une barrière beaucoup
moins efficace que la peau en dépit de plusieurs
éléments associés tels que la sécrétion de mucus, les
pH extrêmes (tube digestif, vagin), les enzymes
protéolytiques (larmes, tube digestif), une structure
protectrice de la surface luminale (bordure en brosse),
un tapis muco-cilliaire (arbre bronchique), la réponse
immune locale (IgA sécrétoires). Certains virus
détournent à leur profit des cellules muqueuses
spécialisées dans le transport trans-muqueux, telles
que les cellules M des plaques de Peyer du tube
digestif.
Bréche Récepteur
alternatif Récepteur
Fc Transcytose Cellule M
Lymphocyte T
Monocytes/macrophages
Cellules
infectées VIH lib
Cellules
dendritiques
Cellules épithéliales
VIH libr
Cellules
infectées
Lumière
Sous muqueuse
Figure 1. Mécanismes potentiels d'entrée du VIH-1 à travers la
muqueuse digestive.
De nombreuses infections virales ont une porte
d'entrée muqueuse, pénétrant notre organisme par
inhalation (grippe), ingestion (entérovirus) ou rapport
sexuel (VIH, herpes génital, papillomavirus humain).
Plus rarement, l'infection se fera par voie
transcutanée.
Certains virus (CMV, rubéole, parvovirus B19,
VIH) transmis au fœtus peuvent utiliser la voie
transplacentaire. L'infection est le plus souvent
contemporaine d'une virémie maternelle. Le passage
vers le compartiment vasculaire fœtal est facilité par
des brèches tissulaires ou des cellules placentaires
assurant le transport du virus (cellules de Hofbauer).
2. Diffusion chez l'hôte
Trois cas de figures sont possibles après le
franchissement de la porte d'entrée:
- Absence de propagation. Un premier mécanisme
de défense est le passage en apoptose des cellules en
début de cycle viral: par leur suicide avant la phase
d'assemblage et de libération de nouvelles particules
virales, les cellules infectées mais sacrifiées à temps ne
propageront pas l'infection;
- Infection locale. La réplication virale a lieu
uniquement à proximité du site d'entrée (rotavirus,
papillomavirus);
- Infection systémique. Poursuite de la réplication
virale à distance du site d'entrée (CMV, herpes
simplex, VIH, flaviviridae)
2.1. Diffusion sous-muqueuse
Une fois la porte d'entrée muqueuse franchie, les
particules virales rencontrent généralement des
cellules phagocytaires (polynucléaires neutrophiles,
macrophages). La résistance de certains virus à la
phagocytose (poliovirus) ou à la destruction dans les
phagosomes va permettre à ceux-ci de s'y multiplier
et/ou d'utiliser ces cellules pour être véhiculés vers
leurs organes-cibles(fièvre jaune, VIH, CMV). Les
cellules dendritiques ainsi que d'autres cellules de la
lignée macrophagique (monocytes, macrophages
tissulaires, cellules de Kuppfer, cellules de Hofbauer,
cellules microgliales, cellules de Langerhans) peuvent
jouer un rôle de transport pour certains virus. Ainsi le
VIH utilisera les cellules dendritiques, et
singulièrement leurs récepteurs DC-SIGN, pour être
véritablement livrés aux ganglions lymphatiques (et
aux autres organes lymphatiques périphériques) via
les voies lymphatiques afférentes.
2.2. Diffusion lymphatique et sanguine
Au sein des organes lymphatiques périphériques,
si la réponse immune ne détruit pas ou ne neutralise