Geraldine Nein & Rina Pistis TB 3.1 Juillet 2009
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2 Questions et problématique
Nous allons dans un premier temps expliquer et situer notre question clinique dans le cadre de
nos expériences personnelles, ensuite nous l’argumentons en liens avec les contextes socio-
sanitaire et professionnel. Finalement, nous présentons et définissons les concepts théoriques
présents dans la question et la problématique.
2.1 Contexte situationnel
2.1.1 Expériences personnelles
Notre questionnement clinique sur les interventions infirmières auprès des personnes atteintes
de cancer dans un milieu hospitalier a pris tout son sens lors d’un stage, l’un en médecine-
oncologie, l’autre en médecine-générale. La question s’est précisée tout au long du troisième
et quatrième semestre de notre formation jusqu’à trouver satisfaction quant à notre intérêt réel
et commun à ce projet :
Quelles interventions les infirmières dans un milieu hospitalier doivent-elles mobiliser pour
maintenir ou renforcer l’espoir des jeunes adultes (25-35 ans) suite à l’annonce d’un
diagnostic de cancer ?
Le désespoir des jeunes patients, rencontrés après l’annonce du diagnostic, nous a
profondément touché et nous a amenés à nous interroger sur l’attitude à adopter afin
d’optimiser notre rôle professionnel dans ce type de situation. En effet, ces jeunes adultes
nous ont confié qu’ils se sont retrouvés dans une situation de « stand by » à la suite de
l’annonce de leur diagnostic, comme si tout c’était figé, qu’il n’y avait ni passé ni futur. Nous
pensons que l’annonce d’un tel diagnostic engendre une appréhension et donc inévitablement
une crise. Bien que le cancer ne soit pas systématiquement synonyme de mort, son annonce
entraîne fragilité, anxiété, perte de repères, désespoir, dévastation… et ces sentiments crées un
terrain favorable au développement de crises. Selon Caplan, « Une crise peut surgir lorsque
l’individu affronte un problème qu’il ne peut résoudre, ce qui provoque une augmentation des
tensions intérieures et se manifeste par des signes de désordre émotionnel » (Caplan, 1961,
cité par Aguilera, 1990, p. 5). Découvrir brusquement que l’on souffre d’un cancer déclenche
généralement une crise que l’on ne parvient pas ou difficilement à gérer. Le patient ressent
son futur comme incertain (Rustoen & Hanestad, 1998, p. 19), limité, inquiétant et ceci
occasionne une source additionnelle de stress qu’il essaiera de surmonter. En effet, la maladie
et sa thérapie agressive demandent au patient de mobiliser des stratégies efficaces (Jamison &
al 1986a, Koocher 1986, Teta & al, 1986, cité par Hinds, Quargnenti, Bush, Pratt, Fairclough,
Rissmiller, Betcher, & Gilchrist, 2000, p. 7). L’espoir est considéré, dans ce cas de figure,
comme une ressource efficace d’adaptation à la situation. Celui-ci fournit au malade une force
qui peut l’aider à traverser ce moment difficile et lui permettre de retrouver l’envie de vivre,
voire d’atteindre ses buts, de vivre ses rêves. L’espoir est une source d’énergie qui peut
contribuer au bien-être, à la guérison et à la survie des patients atteints de cancer (Miller,
1989 ; Ringdal, 1995, cité par Rusteon & Hanestad, 1998, p. 19). Selon le philosophe Gabriel
Marcel (1978), l’espoir est pour l’esprit ce que respirer est pour l’organisme vivant (cité par
Hammer, Mogensen & Hall (2009), p. 1).