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Pendant près de quarante ans, la définition et la mise en œuvre de
« politiques de l’emploi » sont progressivement devenues le monopole
de bureaucrates qui ont reproduit systématiquement les mêmes
recettes et dispositifs.
Parallèlement à la déconnexion grandissante de politiques devenues « hors
sol » au fur et à mesure que l’État voyait l’économie échapper aux logiques
de planification qui l’ont structurée après-guerre, deux nouvelles logiques,
apparemment contradictoires sont apparues : globalisation et proximités.
Deux enjeux que l’État est devenu incapable de comprendre pour être à même
de mieux les accompagner.
Les mots et les chiffres ont été vidés de leur sens… et de leur valeur.
32 milliards destinés à la formation ? L’atomisation et l’inefficience d’un
dispositif français de formation professionnelle incapable d’irriguer l’économie
de demain.
Ubérisation ? Entrepreneuriat ? TPE – PME ? De quoi s’agit-il ? Les politiques
de l’emploi dans ces domaines sont devenues un Léviathan, ne faisant in fine
que produire de la précarisation de masse sans pour autant protéger les acteurs
et soutenir la prise de risque.
Territoires ? Les transferts de compétences, notamment aux Régions, ont été
l’une des illustrations après 35 ans de décentralisation, des lois Defferre à la
loi NOTRe, de la faillite de « l’État-stratège ». Entre financements figuratifs
et politiques cosmétiques, l’État n’aura pas su tirer les conséquences du
changement d’ère sociétale et économique pour restituer aux territoires les
clefs de leur avenir.
Europe ? Stratégie de Lisbonne ? Horizon 2020 ? Le nom d’Europe qui
a longtemps été une promesse de croissance structurelle, de performance
sociale… et de plein-emploi est devenu résonance d’amertume pour des français
désenchantés. Et pire : synonyme d’échec technocratique et antidémocratique.
Désormais une seule possibilité : rendre l’emploi à l’économie, et la politique
à tous !
EMPLOI :
Tout va très bien, Madame la Marquise !
Chronique d’un temps passé au service d’un temps futur