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L’A.M.E. et l’HISTOIRE
e 11 janvier 2007, dix-neuf adhérents
de l’A.M.E. se sont rendus au Jardin
Atlantique (Paris XIV
ème
et XV
ème
) pour
visiter le Musée Jean MOULIN et le Mé-
morial Maréchal LECLERC de HAUTECLOQUE et de la
Libération de Paris.
Une charmante conférencière, Stéphanie Bironneau, nous a
présenté et commenté la personnalité et l’action de ces deux
figures exemplaires de la Résistance intérieure et extérieure.
Ses réponses aux questions posées ont permis des échanges
de vue avec les participants qui ont vécu la période 1940-
1945.
Le Musée est consacré à Jean MOULIN (1899-1943). Préfet
d’Eure-et-Loir, resté à son poste lors de la débâcle de 1940, il
est révoqué par Vichy… Il prend alors contact avec les pre-
miers mouvements de résistance : Combat et Libération-Sud,
puis il rejoint Londres où il se met à la disposition du Général
de Gaulle. Parachuté en France dans la nuit du 31 décembre
1941, il a reçu la mission d’être l’unificateur de la Résistance.
Au retour d’un second séjour à Londres, en février 1943, où il
a été nommé délégué du Général de Gaulle afin de créer un
organisme politique représentatif de l’ensemble de la Résis-
tance, il constitue le C.N.R. (Conseil National de la Résis-
tance) dont il sera le président. Trahi, il est arrêté à Caluire
(Rhône) le 21 juin 1943. Torturé, il ne parlera pas. Transporté
agonisant en Allemagne, sa mort est constatée à Francfort le 9
septembre 1943. Son corps est alors ramené à Paris, pour être
incinéré au cimetière du Père-Lachaise.
Le Mémorial retrace l’action de
Philippe LECLERC de HAUTE-
CLOQUE (1902-1947) avant la
guerre, puis dans le cadre de la
France Libre et de la Libération, de
1940 à 1945, ainsi que son action
face aux problèmes d’après la guerre en Indochine et en Afri-
que du Nord.
1940, la « drôle de guerre », la débâcle… Devant la désorga-
nisation de l’armée et l’indécision des chefs, le jeune Capi-
taine de cavalerie Philippe de Hautecloque, blessé après s’être
vaillament battu, s’évade vers le Sud, animé par une volonté
inébranlable : continuer la lutte coûte que coûte.
Il parvient à quitter
la France, « la rage
au cœur mais non
pas vaincu », pour
rejoindre le Géné-
ral de Gaulle à
Londres. C’est le
début d’une longue
épopée qui le
conduira des riva-
ges de l’Afrique, qu’il a contribué à rallier à la France Libre, à
la Tunisie, puis aux côtes normandes où il débarquera en août
1944 à la tête de la 2ème D.B. Il libérera Alençon et Paris,
avant de marcher sur Strasbourg et de monter au nid d’aigle
d’Hitler à Berchtesgaden, le 5 mai 1945.
Le 14 août 1945, un Conseil des ministres
extraordinaire nomme le Général de corps
d’armée Leclerc commandant supérieur des
troupes françaises en Extrême-Orient. Le Gé-
néral Leclerc atterrit le 24 août à Kandy, capitale de Ceylan où
l’Amiral Mountbatten, chef suprême des forces alliées dans le
Sud-Est asiatique l’informe des dispositions prises lors de la
conférence de Postdam (17 juillet—2 août 1945) à laquelle la
France n’a pas été invitée. Le désarmement des Japonais en
Indochine est confié aux Anglais, au sud du 16
ème
parallèle.
Au nord, il est confié aux Chinois.
Le 2 septembre 1945, à bord du cuirassé USS Missouri, Le-
clerc appose sa signature au nom de la France, sur l’acte de
capitulation du Japon. Le 5 octobre, il arrive à Saïgon.
En Indochine, sous l’action du Vietminh, la situation est révo-
lutionnaire. Avec des moyens militaires réduits et dans des
conditions diplomatiques extrêmement délicates, Leclerc par-
viendra entre octobre 1945 et juillet 1946, à rétablir la pré-
sence française en Cochinchine, au Cambodge, au Laos, au
Sud-Annam et au Tonkin. En désaccord avec l’Amiral d’Ar-
genlieu, Haut Commissaire en Indochine, il demande son rap-
pel en France. Le 19 juillet, il s’envole de Saïgon pour Paris.
Avant son départ, il a appris sa nomination à la tête des forces
terrestres en Afrique du Nord
Le 28 novembre 1947, au cours d’une mission d’inspection
dans le sud algérien, il trouve la mort dans un accident d’a-
vion, en même temps que sept membres de son état-major et
l’équipage de son appareil.
Le Général Leclerc de Hautecloque sera élevé, à titre pos-
thume, à la dignité de Maréchal de France par l’Assemblée
Nationale, le 23 août 1952.
Que l’évocation de la vie de ces hommes qui ont intensément
servi la France, nous rappelle que parmi les familles montge-
ronnaises qui se sont « engagées » durant la période 1940-
1945, la famille Lelong a participé à la résistance intérieure et
extérieure. Le Général Pierre Lelong a rejoint Londres où le
Général de Gaulle le fera Compagnon de la Libération. Son
épouse Elise et leur fille Jacqueline, membres du réseau CDN
(confrérie Notre-Dame Castille), seront successivement tra-
hies, arrêtées par la Gestapo et déportées au camp de concen-
tration de Ravensbrück.
Alain Paternote
N.B. : Monsieur Alain Paternote est
membre de l’A.M.E. depuis sa fonda-
tion en 1992. Il nous a apporté, à di-
vers reprises, une aide aussi précieuse
et efficace que discrète, notamment à
l’occasion des visites des vétérans de
Port Chester, ou en mettant à notre
disposition des documents pour la
rédaction d’articles, ou la préparation
de conférences. Nous tenons à lui
adresser nos plus vifs remerciements
pour l’article qu’il a bien voulu écrire
à la suite de cette visite. Nous en som-
mes d’autant plus honorés que Mon-
sieur Paternote a servi sous les ordres
du Général Leclerc, commandant de la
2ème Division Blindée, dans laquelle il
fut engagé volontaire en septembre
1944. (N.D.L.D.)