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utilisables dans la présente étude contrastive dans la mesure où elles
comportent l’idée qu’il n’y a pas seulement une répartition entre langues
‘subjectales’ et langues ‘non subjectales’ (Hagège), mais que les langues
peuvent être plus ou moins ‘subjectales’ selon que la fonction sujet y est
plus ou moins ‘consistante’, c’est-à-dire dotée de plus ou moins de
caractéristiques la distinguant des autres fonctions.
S’agissant du ‘sujet de prédication’, on n’a pas mis en évidence de qualités
qui seraient propres au sujet français dans ce rôle et dont le sujet néerlandais
serait dépourvu, ni inversement d’ailleurs. Dans les deux langues, le sujet
est en principe nécessaire à la conjugaison des verbes, il disparaît lorsque le
verbe est à l’infinitif, et il lui impose ses marques de nombre et de personne.
Le premier point sur lequel il apparaît une différence incontestable est
cependant la possibilité, caractéristique des langues germaniques puisque le
néerlandais la partage notamment avec l’allemand, de phrases prédicatives
sans sujet. On a vu qu’il s’agissait de phrases passives auxquelles un sujet,
qui ne pourrait être qu’impersonnel, n’apporterait pas de contenu
sémantique. Ces prédications sans sujet, qui peuvent aussi se construire
autour de certains verbes, du type de ‘blijken’ (‘s’avérer’) sont courantes
sinon fréquentes en néerlandais, comme le montrent les exemples trouvés
dans la presse et dans notre corpus bilingue.
Le deuxième phénomène qui affecte le sujet néerlandais en tant que sujet de
prédication est le développement des formes verbales passives, beaucoup
plus important en néerlandais qu’en français. Le sujet du verbe à la voix
passive se distingue en effet moins d’un objet que ne le fait le sujet d’un
verbe actif, à la fois dans son rôle sémantique et (en néerlandais) dans sa
position dans la syntagmatique de la phrase, en fin de zone médiane.
Un troisième phénomène, enfin, connaît un développement quantitativement
considérable en néerlandais alors qu’il est étranger au français. Il s’agit du
large recours à l’infinitif des verbes, et, notamment, de la substantification
des infinitifs verbaux, qui élimine par définition tout sujet pour
accompagner les verbes ainsi transformés –qui n’en conservent pas moins
leur contenu sémantique.
Mais c’est en tant que ‘sujet de référence’ que le sujet français nous est
apparu se distinguer le plus du sujet néerlandais, par sa plus grande
permanence. Il est vrai que, là encore, la base commune est importante : le
sujet possède, en néerlandais comme en français, une permanence
référentielle suffisante pour lui permettre de contrôler un infinitif
subordonné au verbe qu’il régit, par exemple. Le français utilise cependant
plus systématiquement ce pouvoir de référence du sujet pour construire des
enchaînements de propositions que ne le fait le néerlandais, comme on l’a
vu dans les fragments qui constituent notre corpus bilingue de référence.