C’est à la Pitié-Salpêtrière que Laurence réalise ses études de médecine. Pendant son internat, elle rencontre l’oncologie médicale. C’est
un électrochoc. « Cette année-là, le mur de Berlin s’est écroulé en même temps que mes illusions. Je me suis rendu compte du désert
scientifique dans ce domaine. On se sentait parfois totalement démuni face à certains patients. Nos connaissances étaient beaucoup trop
rudimentaires. » Laurence part alors aux États-Unis pour faire une thèse en sciences dans le laboratoire de Michael Lotze à Pittsburgh.
Elle se jette à corps perdu dans la recherche, dans l’espoir d’en apprendre davantage sur l’immunité antitumorale. « Je ne faisais que ça.
Je ne vivais que pour ça. J’y ai consacré ma vie. » Elle est l’une des premières à démontrer que les cellules dendritiques peuvent être uti-
lisées comme vaccin contre le cancer.
« La médecine et la science étaient
deux mondes vraiment cloisonnés »
De retour en France, on lui propose un poste de chef de clinique à l’IGR où elle peut se consacrer entièrement à la recherche.
« C’était une première ! À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de passerelles entre la médecine et la science. C’étaient
deux mondes vraiment cloisonnés. » À Venise, à l’occasion d’un séminaire sur les cellules dendritiques, elle retrouve un
ancien doctorant de son laboratoire de DEA. « Dix ans s’étaient écoulés. Sur les fauteuils rouges de l’hôtel, nous avons
échangé des idées. Sebastian Amigorena, alors jeune immunologiste, avait des questions plein la tête. Moi, j’avais les
connaissances techniques pour y répondre. Je suis rentrée en France, j’ai fait les expériences. Nous avons publié un papier
dans la revue Nature Medicine ». Ensemble, ils prouvent que les exosomes, petites vésicules de 60 à 90 nanomètres de dia-
mètre contenues dans le cytoplasme des cellules dendritiques sont aussi immunogènes que les cellules entières et démon-
trent leurs vertus vaccinales contre les tumeurs de souris. Un développement clinique est conduit par une société de bio-
technologie aux États-Unis et en France : dans cet essai de phase I, des exosomes sont injectés à 12 patients atteints de méla-
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l1992 : doctorat en
médecine, hôpital Saint-
Louis, Paris
l1992 : lauréate de la
fondation Marcel Bleustein-
Blanchet pour la vocation
l1992-1995 : thèse en
sciences, université de
Pittsburgh, États-Unis
l1995 : doctorat en
sciences, faculté de
médecine Paris-Sud
l1995 : chef de clinique,
département
d’immunothérapie, Institut
Gustave-Roussy (IGR)
l2002 : directrice de
l’unité Inserm 805
« Immunologie des tumeurs
et immunothérapie »
l2003 : professeur en
immunologie biologique,
université Paris-XI
l2005 : directrice du
centre d’investigation clinique
« Biothérapies en oncologie »