L'affaire Copernic
et ses secrets
Par Jean Chichizola et Hervé Deguine
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M 01907
- 291 -
F: 3,00 E
N°291 - JUIN 2009 - 3
N°291 - JUIN 2009 - 3
Anatomie de
l'antisémitisme russe
Anatomie de
l'antisémitisme russe Le soutien
des Tchèques
à Israël
Le soutien
des Tchèques
à Israël
Le dossier
des Rosenberg
Le dossier
des Rosenberg
Etre juif ou
le troisième cercle
Etre juif ou
le troisième cercle
Imams et rabbins
pour déjouer l'impuissance
Imams et rabbins
pour déjouer l'impuissance
INFORMATION JUIVE Juin 2008 3
Editorialiste : Josy Eisenberg
Chroniqueur : Guy Konopnicki
Comité de rédaction : Josy Eisenberg,
Michel Gurfinkiel, Victor Malka,
Joël Mergui, Philippe Meyer
Collaborateurs : Armand Abécassis,
Anne-Julie Bémont, Albert Bensoussan,
Paul Giniewski, Hélène Hadas-Lebel,
Carol Iancu, Gérard Israël, André Kaspi,
Naïm Kattan, Elie Korchia, Odette Lang,
Annie Lelièvre, Daniel Sibony.
Direction Administrative
et Financière :
Noémie Lasry
Maquette : Information Juive
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Régie publicitaire : BTN Edition
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Edité par S.a.r.l. Information Juive
le journal des communautés
au capital de 304,90
Durée de la société : 99 ans
Commission paritaire des journaux
et publications : 0708K83580
Dépôt légal n° 2270. N°ISSN : 1282-7363
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INFORMATION JUIVE
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Directeur :
Victor Malka
N°291 - JUIN 2009
AU SOMMAIRE D’
EDITO
5- Etre juif ou le troisième cercle par Josy Eisenberg
ISRAËL
7- Tsahal : ses défis, ses enjeux Un entretien avec Samy Cohen
EUROPE
11- Le soutien des Tchèques à Israël par Luc Rosenzweig
29 ANS APRÈS
13- L'affaire Copernic et ses secrets par Jean Chichizola et Hervé Deguine
CHRONIQUE
16- En avant vers l'arrière par Guy Konopnicki
ÉCONOMIE
18- La crise sera ce que nous en ferons par Laurent Philippe
POLITIQUE
19- L'optimiste pari d'Alexandre Adler
LA VIE DU CONSISTOIRE -20
ÉDUCATION
26- Les ambitieux projets de l'école Tenoudji par Virginie Guedj-Bellaiche
JUDAÏSME
27- Assez d'actes, des paroles ! par Elie Botbol
HISTOIRE
30- Anatomie de l'antisémitisme russe Un entretien avec Jean-Jacques Marie
33- Le dossier des Rosenberg Un entretien avec André Kaspi
BONNES FEUILLES
35- Imams et rabbins pour déjouer l'impuissance par Khaled Bentounès
LIVRES
37- par Odette Lang
ARTS
39- Marcel Marceau, le vagabond du quotidien par Maurice Arama
CINÉMA
40- Le bel hommage d'Almodovar au septième art par Elie Korchia
CARNET -41
VERBATIM - 42
711
13
19
36
30
16
23
33
40
Le Messie est en retard
Depuis un certain nombre d'années, le site internet
du quotidien Yedioth Aharonot a établi un
questionnaire qu'il propose à des personnalités du
pays. Dans ce questionnaire, on trouve des
questions telles que "quelle est votre plus grande
expérience religieuse juive ?" ; "à quelle époque
biblique aimeriez-vous revenir ?" ; "quel personnage
biblique aimeriez-vous rencontrer ?" ; "quelle est la
mitsva qui vous plaît en particulier ?" etc…
Récemment, ce questionnaire a été proposé à
Sharon Reginiano qui a fait "retour à la tradition". A
la question : "que manque-t-il dans le calendrier
hébraïque ?", il a répondu : "La seule date qui y
manque c'est celle de la venue du Messie"
Le voyage de Benoît XVI
vu par le grand rabbin Sirat
Dans un entretien qu'il a accordé au journal " La Croix"
( 18 mai 2009), René-Samuél Sirat, ancien grand rabbin
de France et comodérateur de la Conférence mondiale
des religions pour la paix, a commenté le récent voyage
de Benoît XVI au Proche Orient. Le grand rabbin Sirat
encourage le dialogue inter-religieux à aller de l'avant
" malgré les difficultés ". Il a déclaré notamment : " Il
se trouve qu'en 2000, j'avais été le seul rabbin à
accueillir le pape devant le Mur occidental à Jérusalem
: voir ce vieil homme, souffrant, parcourir les quelques
mètres jusqu'au mur et y déposer sa prière a été
extrêmement émouvant. Après un moment aussi
grandiose, j'avais certaines appréhensions : Benoît XVI
allait-il accomplir le même geste ? Il l'a fait, et pour
moi, cela restera, avec sa visite au Mémorial de Yad
Vashem, l'un des grands moments de ce voyage et
même du dialogue judéo-chrétien. Ce que Jean-Paul
II n'était donc pas un acte unique, mais avait vocation à être répété. Quant à la condamnation qu'a faite Benoît XVI de
l'antisémitisme et du négationnisme, elle a été très nette ; désormais, il n'est plus possible qu'un évêque défende ces thèses"
Le négationnisme chez les Arabes d'Israël
41% seulement des Arabes vivant en Israël reconnaissent le droit d'exister d'Israël. En 2003, ils étaient 65, 6 % . Par
ailleurs 40,5 % d'entre eux nient que la Shoah ait eu lieu. Ces négationnistes n'étaient que 28 % en 2006 : ce sont là
les chiffres rendus publics par le professeur Sami Samoha qui, depuis des années, fait des études sur les relations
entre Juifs et Arabes en Israël. Ces études sont menées dans le cadre de l'université de Haïfa. Le sondage qui a été
effectué cette année a touché 700 personnes (hommes et femmes) au sein de la population arabe, druzes et
bédouins y compris.
Selon le professeur Samoha, le négationnisme dans ces milieux arabes déborde les clivages générationnel et
éducatif : ainsi 37 % de ces négationnistes ont fait des études supérieures.
Il faut rappeler qu'en 2003, la même enquête avait établi que 81 %des Arabes reconnaissaient à Israël le droit
d'exister.
Autre donné de l'enquête : 47,3 % des Arabes interrogés ne souhaitent pas vivre aux côtés d'un voisin juif ( ils
n'étaient que 27,2 % en 2003 )
Commentant ces chiffres, le professeur Sami Samoha a déclaré que les raisons de cette aggravation tiennent à la
deuxième guerre du Liban et au gel actuel des négociations de paix.
REPÈRES
Le grand rabbin René-Samuél Sirat
Le consulat de France
à Haïfa menacé
Le Figaro, dans son édition du 19 mai dernier, annonce que le
Quai d'Orsay pourrait fermer pour des raisons économiques le
consulat général de France à Haïfa. C'est en tout cas la crainte du
maire de la ville Yona yahav. Dans une lettre qu'il a adressée à
Edmonde Charles-Roux, il fait part de son inquiétude et demande
à la veuve de Gaston Defferre son aide pour empêcher la disparition
de ce consulat où sont inscrits près de 15.000 Français. Dans cette
lettre Yona Yahav écrit entre autres : " Cette décision porterait
inéluctablement atteinte à une des sources privilégiées des relations
entre nos deux pays ".
Par ailleurs cette décision pourrait entraîner la fermeture du
centre culturel Gaston Defferre sur les hauteurs du mont Carmel.
4INFORMATION JUIVE Juin 2009
INFORMATION JUIVE Juin 2009 5
Au cours de la prière
du Chabbat, nous
prononçons une
phrase emblématique.
Tu es Unique, ton
nom est unique, et
qui, sur la terre, est unique comme ton
peuple, Israël”. Cette formule, en
établissant un emphatique
parallélisme entre Dieu et Israël,
confère au peuple juif bien plus
qu’une place : une aura
exceptionnelle. Elle l’adoube expres-
sément comme le vicaire de Dieu,
voire son miroir…
Que l’histoire trimillénaire d’Israël
soit singulière, que sa survie en dépit
de quasi-permanentes tentatives
d’annihilation soit unique, c’est une
évidence que reconnaissent tous les
hommes de bonne foi : une sorte de
prime à l’ancienneté, un quartier de
noblesse dont se réclament
légitimement tous les Juifs attachés
à leurs racines.
Il s’agit là de la face historique,
sociologique et psychologique de
l’identité juive. Historien moi-même,
je ne saurais en sous-estimer
l’importance. Cependant, si l’on passe
du général – la vision historique et
collective du destin juif – au
particulier – comment un juif croyant
Etre juif ou
le troisième cercle PAR JOSY EISENBERG
la vit au quotidien – la singularité
juive prend une tout autre dimension.
Je vais donc être amené à parler de
ma propre expérience. Il ne s’agit pas
là de subjectivité, mais d’une
évidence : ce que je vis, c’est ce que
des générations de Juifs ont vécu et
vivent encore.
Le prisme juif
Lorsqu’un Juif est élevé dans la
tradition, ou lorsqu’il y
retourne, il hérite d’un
prodigieux patrimoine littéraire et
religieux : la Bible, le Talmud,
Maïmonide, la Cabbale, le
hassidisme et les milliers de
commentaires qui ont prolongé ces
œuvres maîtresses. La terminologie,
d’une part ; les valeurs, de l’autre :
la condensation de ces deux
dimensions crée un phénomène
mental et existentiel des plus
singuliers. Une forme de génétique
mémorielle, imagée et verbale qui
enveloppe le croyant d’une sorte de
tunique de Nessus. Tout comme je
vis grâce à la circulation sanguine,
je suis traversé par un autre flux, non
moins important : la culture juive et
le regard qu’elle secrète. J’appellerai
cela le troisième cercle.
Dans l’acquisition de la
connaissance et du savoir, tout
homme est traversé par deux cercles,
conformément à la dialectique
classique de la nature et de la
culture. Le premier cercle, c’est ce
qu’il découvre par soi-même, à
travers ses sens et ses impressions.
Le second, c’est ce que l’éducation
et le milieu où il vit lui enseignent et
lui transmettent. Cela est commun
aux Juifs et aux autres. Ce qui
singularise le Juif croyant, c’est la
superstructure de sa mémoire
particulière. Elle l’amène, ou le
contraint, à regarder le monde à
travers le prisme de son patrimoine.
En fait, il s’agit d’une sorte de délire
plutôt sympathique, et dont les
personnages de Cholem Aleikhem,
notamment Tevié le laitier, sont tout
à fait représentatifs.
Dans l’univers mental qui était le
leur et que je partage, la vie n’était
rien d’autre que la projection
quotidienne des grands textes et des
idées reçues. L’histoire biblique était
sans cesse vécue et revécue au
quotidien. Un antisémite, c’était
Hamane ou Pharaon ; un homme
humble, le clone de Moïse. Pour dire
“passe-moi le beurre”, on utilisait
une formule talmudique. Et, dans
toutes les situations, les références à
la Torah étaient au premier plan.
Pour illustrer mon propos, une
anecdote personnelle. Il est écrit
dans la Torah, à propos du divorce et
du remariage : “cette femme sortira
(de son premier foyer) et sera à un
autre homme”.
Mon père allait tous les vendredis
aux bains municipaux. En sortant,
il avait l’habitude de dire, en
Face à n'importe quelle situation, je sais ce qu'en
disaient rabbi Akiba et Schopenhauer. Je peux les
associer ou les dissocier, voire même choisir ce que
je pense être la vérité : je ne suis pas esclave de la
pensée unique.
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