
Mai 2009 LA PRATIQUE interprofessionnelle | 3
éditorial
to come
L’accent que l’on met de plus en plus sur
la collaboration interprofessionnelle en
matière de soins de santé reflète bien
l’évolution du concept consistant à « mettre le
patient au centre des soins de santé ». De même
que c’est en mettant le Soleil (et non la Terre)
au centre de l’univers que Copernic a réussi à
expliquer les orbites planétaires, il faut, pour
donner un sens à notre système de soins de
santé soumis à tant de défis et de contraintes,
remettre le patient au centre de ce système.
Comme l’a souligné le document intitulé
Collaboration interprofessionnelle en soins de
santé : un plan directeur provincial, publié en
2007 par ProfessionsSantéOntario, une appro-
che misant sur la collaboration interprofession-
nelle et axée sur le patient apporte de nombreux
avantages aux prestataires de soins (diminution
des tensions et des conflits), au système de santé
(meilleure utilisation des ressources cliniques
et diminution des accidents) et, surtout, aux
patients (accès plus facile et meilleurs résultats,
entre autres)1.
Les patients ont changé et on ne peut
plus continuer à fournir des soins de santé
fragmentés et cloisonnés selon l’établisse-
ment, la spécialité ou la profession. Selon les
estimations, une proportion pouvant aller de
50 % à 75 % des budgets de santé publique
sert à traiter des maladies chroniques et plus
de la moitié des Canadiens de plus de 45 ans
souffrent d’au moins deux de ces maladies2.
La « collaboration interprofessionnelle »
consiste non seulement à échanger de façon
« séquentielle » les informations nécessaires
pour assurer la continuité des soins lorsque
le patient passe de son médecin de famille à
un spécialiste ou à un établissement de soins
de courte durée avant de retourner chez son
pharmacien et son thérapeute habituels, mais
aussi à collaborer à la gestion des différents
plans de soins établis en vue de traiter de
multiples maladies chroniques, à prioriser
les interventions, à surveiller les interactions
médicamenteuses et à coordonner les res-
sources communautaires en matière de santé,
d’aide sociale et de travail.
Les patients en viennent rapidement à
assurer « l’autogestion » de leurs problèmes
de santé chroniques. Des études montrent
qu’une personne atteinte d’une maladie
chronique reçoit chaque année, en moyenne,
12 heures de soins dispensés par des profes-
sionnels de la santé (généralistes et spécia-
listes, infirmières, thérapeutes ou travailleurs
sociaux), ce qui revient à dire que 364,5 jours
par an, il est laissé à lui-même.
Il est évident que l’extension logique de
la collaboration interprofessionnelle est la
collaboration avec le patient. En 1994, Santé
Canada avait lancé un programme intitulé
« Prendre en main sa santé » qui réunissait
des professionnels de la santé et des consom-
mateurs au sein de projets pilotes menés en
collaboration pour encourager les patients
à prendre en charge leur santé. En plus de
la formation et du réseautage dont ils ont
pu bénéficier, les participants se sont rendu
compte de l’existence d’importants outils et
d’un appel à un changement de système fon-
damentalement axés sur les utilisateurs3.
À l’Institute for Optimizing Health
Outcomes, nous pensons que les soins
« axés sur le patient » constituent une forme
suprême d’autonomie pour ce dernier et
nous proposons une formation dans le cadre
de notre programme (inspiré du programme
Stanford) sur l’auto-prise en charge des
maladies chroniques. Tout aussi important,
nous offrons également une formation aux
professionnels de la santé sur la façon de
soutenir cette auto-prise en charge. La bou-
cle est ainsi bouclée : d’abord la collaboration
interprofessionnelle, puis l’intégration de la
collaboration du patient et enfin le soutien à
l’auto-prise en charge par le patient.
Pour plus de renseignements, on peut
communiquer avec Durhane Wong-Rieger à
l’Institute for Optimizing Health Outcomes, à
Toronto, au 1 877 992-6364 ou à l’adresse
Site Web : www.optimizinghealth.org
Une approche centrée sUr le patient
L’augmentation des cas de maladies chroniques fait
ressortir l’importance de l’auto-prise en charge.
n PAR DURHANE WONG-RIEGER, Ph.D.
PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE
INSTITUTE FOR OPTIMIZING HEALTH OUTCOMES
SOURCES
1. ProfessionsSantéOntario. Collaboration interprofessionnelle en soins de santé : un plan directeur provincial. Toronto (Ontario), juillet 2007. Accessible à l’adresse : http://
www.healthforceontario.ca/upload/fr/whatishfo/french%20ipc%20blueprint%20final.pdf
2. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Juin 2004. Accessible à l’adresse http://www.statcan.gc.ca/cgi-bin/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&SurvId=322
6&SurvVer=0&SDDS=3226&InstaId=15282&InstaVer=2=en&db=imdb&adm=8&dis=2
3. Prendre en main sa santé : une initiative partagée 1999-2002, document publié par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et parrainé par Santé Canada.
Accessible à l’adresse : http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/pubs/hhrhs/2002-selfauto-collabor/index-fra.php