Publié par : Commandité par :
DOSSIER SPÉCIAL À L’INTENTION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ
L’équipe du projet ANCHOR, Sydney, Nouvelle-Écosse
Partout au Canada, des équipes de soins de santé accordent la priorité aux patients
LA PRATIQUE
interprofessionnelle
LA REVUE DE FORMATION CONTINUE DU PHARMACIEN
May 2009
2 | LA PRATIQUE interprofessionnelle
sommaire
3 Éditorial : Une approche centrée sur le patient
4 Le point de vue du patient
5 Le projet ANCHOR, en Nouvelle-Écosse
7 L’équipe de Santé familiale PrimaCare, en Ontario
8 Le West Winds Primary Health Centre,
en Saskatchewan
9 Le projet LOYAL, au Québec
11 Le Passeport santé, en Ontario
12 Foothills, le réseau de soins primaires de Calgary
13 Un outil de dépistage de la démence, en Ontario
14 Le réseau de soins primaires de Wood Buffalo,
en Alberta
15 À cœur d’y voir clair, un programme de santé cardiaque
16 Opinion : le Collège des médecins de famille du Canada
17 Opinion : l’Association des pharmaciens du Canada
18 Le point de vue du médecin
19 Le point de vue du pharmacien
20 Le point de vue d’un infirmier
21 L’entretien motivationnel
22 Les gouvernements préparent le terrain
Photo de la page couverture : Warren Gordon
La pratique interprofessionnelle est
publiée par Lactualité médicale et le Québec
Pharmacie, Les Éditions Rogers ltée
1200, avenue McGill College
bureau 800, Montréal, QC H3B 4G7.
®2009 Les Éditions Rogers.
La version anglaise de cette publication,
Interprofessional Practice, a é distribuée en
premier lieu dans le numéro Avril-mai 2009
de Pharmacy Practice et dans le nuro
du 19 mai 2009 du Medical Post.
Les Éditions Rogers remercient le Collège
des médecins de famille du Canada et
l’Association des pharmaciens du Canada
pour leur collaboration et leur soutien à la
rédaction.
La pratique interprofessionnelle est publiée
grâce à une subvention à visée éducative de
Pfizer Canada inc.
Directrice, Projets spéciaux
Karen Welds
Chargés de projet
Neil Faba
Chantal Benhamron
Directeur artistique
Pascal Gornick
Éditeur
Janet Smith, éditrice exécutive
Groupe Santé
Pour obtenir des copies supplémentaires ou
des renseignements, communiquer avec
Karen Welds, Groupe Santé,
Les Éditions Rogers
Tél. : 416 764-3922
Téléc. : 416 764-3931
Publié par :
Commandité par :
LA PRATIQUE
interprofessionnelle
LA REVUE DE FORMATION CONTINUE DU PHARMACIEN
Mai 2009 LA PRATIQUE interprofessionnelle | 3
éditorial
to come
L’accent que l’on met de plus en plus sur
la collaboration interprofessionnelle en
matière de soins de santé reflète bien
l’évolution du concept consistant à « mettre le
patient au centre des soins de san ». De même
que c’est en mettant le Soleil (et non la Terre)
au centre de l’univers que Copernic a réussi à
expliquer les orbites planétaires, il faut, pour
donner un sens à notre sysme de soins de
santé soumis à tant de défis et de contraintes,
remettre le patient au centre de ce système.
Comme l’a souligné le document intitulé
Collaboration interprofessionnelle en soins de
san : un plan directeur provincial, publié en
2007 par ProfessionsSantéOntario, une appro-
che misant sur la collaboration interprofession-
nelle et axée sur le patient apporte de nombreux
avantages aux prestataires de soins (diminution
des tensions et des conflits), au sysme de santé
(meilleure utilisation des ressources cliniques
et diminution des accidents) et, surtout, aux
patients (accès plus facile et meilleurs résultats,
entre autres)1.
Les patients ont changé et on ne peut
plus continuer à fournir des soins de santé
fragmentés et cloisonnés selon l’établisse-
ment, la spécialité ou la profession. Selon les
estimations, une proportion pouvant aller de
50 % à 75 % des budgets de santé publique
sert à traiter des maladies chroniques et plus
de la moitié des Canadiens de plus de 45 ans
souffrent d’au moins deux de ces maladies2.
La « collaboration interprofessionnelle »
consiste non seulement à échanger de façon
« séquentielle » les informations nécessaires
pour assurer la continuité des soins lorsque
le patient passe de son médecin de famille à
un spécialiste ou à un établissement de soins
de courte durée avant de retourner chez son
pharmacien et son thérapeute habituels, mais
aussi à collaborer à la gestion des différents
plans de soins établis en vue de traiter de
multiples maladies chroniques, à prioriser
les interventions, à surveiller les interactions
médicamenteuses et à coordonner les res-
sources communautaires en matière de santé,
d’aide sociale et de travail.
Les patients en viennent rapidement à
assurer « l’autogestion » de leurs problèmes
de santé chroniques. Des études montrent
qu’une personne atteinte d’une maladie
chronique reçoit chaque année, en moyenne,
12 heures de soins dispensés par des profes-
sionnels de la santé (généralistes et spécia-
listes, infirmières, thérapeutes ou travailleurs
sociaux), ce qui revient à dire que 364,5 jours
par an, il est laissé à lui-même.
Il est évident que l’extension logique de
la collaboration interprofessionnelle est la
collaboration avec le patient. En 1994, Santé
Canada avait lancé un programme intitulé
« Prendre en main sa santé » qui réunissait
des professionnels de la santé et des consom-
mateurs au sein de projets pilotes menés en
collaboration pour encourager les patients
à prendre en charge leur santé. En plus de
la formation et du réseautage dont ils ont
pu bénéficier, les participants se sont rendu
compte de l’existence d’importants outils et
d’un appel à un changement de système fon-
damentalement axés sur les utilisateurs3.
À l’Institute for Optimizing Health
Outcomes, nous pensons que les soins
« axés sur le patient » constituent une forme
suprême d’autonomie pour ce dernier et
nous proposons une formation dans le cadre
de notre programme (inspiré du programme
Stanford) sur l’auto-prise en charge des
maladies chroniques. Tout aussi important,
nous offrons également une formation aux
professionnels de la santé sur la façon de
soutenir cette auto-prise en charge. La bou-
cle est ainsi bouclée : d’abord la collaboration
interprofessionnelle, puis l’intégration de la
collaboration du patient et enfin le soutien à
l’auto-prise en charge par le patient.
Pour plus de renseignements, on peut
communiquer avec Durhane Wong-Rieger à
l’Institute for Optimizing Health Outcomes, à
Toronto, au 1 877 992-6364 ou à l’adresse
Site Web : www.optimizinghealth.org
Une approche centrée sUr le patient
L’augmentation des cas de maladies chroniques fait
ressortir l’importance de l’auto-prise en charge.
n PAR DURHANE WONG-RIEGER, Ph.D.
PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE
INSTITUTE FOR OPTIMIZING HEALTH OUTCOMES
SOURCES
1. ProfessionsSantéOntario. Collaboration interprofessionnelle en soins de santé : un plan directeur provincial. Toronto (Ontario), juillet 2007. Accessible à l’adresse : http://
www.healthforceontario.ca/upload/fr/whatishfo/french%20ipc%20blueprint%20final.pdf
2. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Juin 2004. Accessible à l’adresse http://www.statcan.gc.ca/cgi-bin/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&SurvId=322
6&SurvVer=0&SDDS=3226&InstaId=15282&InstaVer=2=en&db=imdb&adm=8&dis=2
3. Prendre en main sa santé : une initiative partagée 1999-2002, document publié par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et parrainé par Santé Canada.
Accessible à l’adresse : http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/pubs/hhrhs/2002-selfauto-collabor/index-fra.php
Mai 2009
4 | LA PRATIQUE interprofessionnelle
le point de vUe dU patient
Je me bats contre la maladie chroni-
que depuis la mi-trentaine. Je me suis
promenée d’un médecin à l’autre pour
comprendre ce qui n’allait pas et personne
ne semblait trouver une façon de m’aider.
À l’époque, j’avais un jeune enfant à élever et
je devais souvent m’absenter de mon travail
pour me reposer.
On a finalement diagnostiqué un syn-
drome de fatigue chronique, en plus de mon
problème d’asthme et des nombreuses aller-
gies dont je souffrais depuis ma naissance. J’ai
par la suite été atteinte d’un trouble de dou-
leur chronique. Bien que toutes ces maladies
m’aient rendue invalide, ce que j’ai trouvé
le plus pénible, c’est le nombre d’allées et
venues que je faisais pour aller consulter tel
docteur, tel spécialiste, tel physiothérapeute,
etc., et également d’essayer de remettre les
formulaires qu’il fallait aux personnes adé-
quates, pour m’apercevoir finalement qu’ils
avaient été égarés ou qu’ils s’étaient évanouis
dans la nature.
Après presque dix ans de combat, je suis
devenue membre du Stonegate Commu-
nity Health Centre qui venait d’ouvrir dans
mon quartier d’Etobicoke, en Ontario. Je
fréquente maintenant le centre depuis plus
de 10 ans. À Stonegate, j’ai un excellent
médecin de premiers recours qui me dirige
vers les spécialistes dont j’ai besoin et qui
travaille en étroite collaboration avec eux.
Un travailleur social et thérapeute est sur
place pour m’aider à faire face à mes dif-
ficultés de jeune mère célibataire inapte au
travail. Un nutritionniste m’aide à résoudre
la question de mon régime alimentaire et
un centre d’emploi et de loisirs m’offre du
soutien pour tout ce qui concerne les pres-
tations d’aide sociale, d’assurance chômage
et de garde d’enfant.
Avant de trouver Stonegate, j’avais parfois
du mal à me procurer les médicaments qu’il
me fallait. Aujourd’hui, mon médecin géné-
raliste surveille tout cela et travaille en étroite
collaboration avec mon pharmacien pour
s’assurer que mes inhalateurs sont toujours en
bon état de fonctionnement et que je béné-
ficie des remboursements auxquels j’ai droit.
Ils jouent tous deux un rôle très actif auprès de
moi. Je me sentirais vraiment perdue sans leur
soutien et leur collaboration constante.
J’ai également reçu au centre une forma-
tion d’un éducateur agréé en asthme qui m’a
été d’un grand secours, ainsi qu’à ma fille à
qui l’on a diagnostiqué de l’asthme à l’âge de
onze ans. Le centre m’a également orientée
vers la Société canadienne de l’asthme, qui
s’est avérée une source continue de soutien
et d’éducation.
Le fait d’avoir accès à un éventail de
services de santé et d’autres services dans
un même lieu me permet de recevoir rapi-
dement les soins dont j’ai besoin. Au lieu
de gaspiller le peu d’énergie dont je dispose
pour me déplacer d’un spécialiste à l’autre,
je peux prendre rendez-vous avec deux pro-
fessionnels de la santé au cours d’une même
visite : ils se passent simplement mon dos-
sier d’un bureau à l’autre et peuvent même
discuter de mon cas avant que j’arrive. Je
vois mon médecin toutes les trois semaines
pour mes injections d’immunothérapie et
nous faisons le point sur mes soins pendant
une heure. Ces visites fréquentes m’ont
aidée à comprendre mon asthme et à évi-
ter les crises aiguës. Mon médecin et mon
pharmacien continuent par ailleurs tous
deux à m’aider à régler mes problèmes quo-
tidiens de sommeil et de douleur chronique.
Je suis maintenant plus forte qu’avant, mais
quand je traverse un moment difficile, ils
sont là pour me tendre la main et m’aider à
reprendre le dessus.
J’ai appris de première main combien
la collaboration interprofessionnelle dans
les soins de santé peut être bénéfique et je
souhaite que ce type de pratique devienne la
norme. Malheureusement, j’ai de la famille
qui vit dans le nord de l’Ontario et qui
n’a même pas de médecin de famille ils
doivent attendre des années sur une liste
d’attente pour en obtenir un.
Grâce aux encouragements de tous ces
professionnels dévoués, je suis parvenue à
élever ma fille, qui est vraiment formidable.
Et je peux maintenant travailler à mi-temps
et faire du bénévolat. Je bénéficie de conseils
et de soutien qui m’aident à faire ce que je
fais et surtout à savoir quand j’en fais trop.
Quel cadeau merveilleux !
Debbie Valentini vit à Toronto. En tant que
membre de la Société canadienne de l’asthme,
elle a accordé de nombreuses entrevues et pré-
senté des exposés sur les effets de la qualité de
l’air et des allergènes sur les personnes atteintes
d’asthme.
les bienfaits de la collaboration
interprofessionnelle dans
les soins de santé
n PAR DEBBIE VALENTINI
May 2009 LA PRATIQUE interprofessionnelle | 5
profil
Selon les estimations, les maladies car-
diovasculaires (MCV) tuent chaque
année 2 900 Néo-Écossais, ce qui repré-
sente près de 36 % de tous les décès dans la pro-
vince. Les habitants des provinces de l’Atlanti-
que présentent le risque le plus élevé de décès
rels à une maladie cardiaque du Canada et
se classent au-dessus de la moyenne nationale
pour tous les facteurs de risques clés, notam-
ment le tabagisme, l’hypertension, le diabète,
l’obésité et l’inactivité physique.
Devant ces statistiques préoccupantes, un
consortium de partenaires publics et privés a
lancé le projet ANCHOR (A Novel approach
to Cardiovascular Health by Optimizing Risk
Management) en Nouvellecosse en octobre
2006. Cette initiative s’appuie sur la collabora-
tion interprofessionnelle pour a) aliorer la
prise en charge des risques cardiovasculaires des
patients de deux établissements de soins pri-
maires de façon à améliorer globalement leur
santé cardiaque; et b) améliorer le mode de vie
et l’adhésion thérapeutique de façon à duire
les risques cardiovasculaires.
Le Duffus Health Centre d’Halifax et le
Sydney Family Practice Centre de l’Île du Cap-
Breton sont les deux établissements de soins
primaires qui ont été choisis pour cette étude
de trois ans. Le projet ANCHOR, finan par
une bourse de recherche de Pfizer Canada inc.,
est mis en œuvre grâce à un partenariat entre
le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse,
la Capital District Health Authority et la fon-
dation QEII, la Cape Breton District Health
Authority, la Fondation des maladies du ur
de la Nouvelle-Écosse et Pfizer Canada inc.
« Des projets de recherche comme
ANCHOR sont essentiels pour favoriser
l’auto-prise en charge des adultes de Nouvelle-
Le projet ANCHOR : s’inspirer du modèle de collaboration
interprofessionnelle pour prendre en charge le risque de maladie
cardiovasculaire chez les habitants de la Nouvelle-Écosse
n PAR LOUISE LEGER
L’équipe du projet ANCHOR, au Sydney Family
Practice Centre (de g. à d.) :
Julia Townsend, physiothérapeute; Florence Gillis,
diététiste; Susan Taylor, diététiste; Dr Steven
MacDougall,decin; Michael Gillis, pharmacien;
Mary MacNeil, infirmière.
Photo : Warren Gordon
Mai 2009
1 / 24 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!