da etreonstcnee - Institut for Engelsk, Germansk og Romansk

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ROHANSK
INSTITUTS ·
DUPLH<EREDE
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Apposition, a.tlribul
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ROMANSK BIBLIOTEK
RIGEN$GAOE 13
1316 K81ENHAYM K
TLF. 121711 LOKAL 20
Apposition 9 attribut indirect et complément
de circonstance en français moderne.
par
Henrik Prebensen
1. Le problème d'analyse syntaxique qui est l'objet de cette communication a retenu mon attention lors de l'élaboration des exercices de grammaire française parus sous le titre de Grll_1l~e_g_ramma­
tik. l) Il s'agit de savoir quelle analyse il faut proposer pour
le membre de phrase mis en italiques dans les phrases:
1) Laide 9 elle se tue par le feu (Journal
du Dimanche 16-4-72 s 1)
2) Law devait s'enfuir 1 T.U~né (Histoire
Générale 5 9 120)
Il faut souligner dès le début que les problèmes que pose
l'explication de ces exemples sont trop compliqués pour qu'il
soit possible d'en donner une analyse exhaustive en une vingtaine
de minutes.
2. Il semble que le problème qui nous occupe ait surtout éveillé
la curiosité des grammair:i.on s dano j s , qui 1 'ont traité sous dj_f ·férentes dénominations: ~il.s~_?!ld~spe,!:eg_n~ls~ ( indication d'état)
(Mikkelsen) 9 at!:.r2:-P:1:1j:.JpQ_i,_r.e.s:J ( Sandfeld) 9 ~pp9si t~_ori...r>ré§..:ï-.~?.!:.!Y~.
(H0ybye L !J-_lstfind~J?!~_d_i~~_tj.y (attribut d'état ) ( Togeby L f.!'2-):.
prredikat (attribut libre) ( Pedersen 9 Spang-Hanssen 9 Vikner) •
..,__ ....
A ces différences terminologiques correspond une confusion
non moins grande quant à la nature syntaxique du phénomène. Tous
les auteurs éprouvent du mal à distinguer entre ~.t.~rl:P~.~-- _ip.slJ.!".~ct
et ~:e;posJ!ion 9 et cela sans expliquer pourquoi il est si malaisé
de circonscrire les deux notions avec précision. Sandfeld, qui a
donné l'exposé le plus exhaustif du phénomène 1 dit expressément
qu'il n'y a pas de limite précise entre les deux et qu'on passe
de l'apposition à l'attribut indirect par degrés infinitésimaux. 2 )
Togeby constate que les deux constructions sont très voisines dans
beaucoup de cas , mais qu'il y a tout efois une différence nette de
sens: l'attribut indirect indiquerait ce qui est actuel et non
durable 9 alors que l'apposition indiquerait ce qu i est permanent,
•
--------
~
!
- 2 -
constant. 3 )
3) Mme. d'Argonne 9 p,_~r.veu~ 9 regardait l'heure
aurait par conséquent deux interprétations sémantiques:
4a) Mme. d'Argonne, qui était nerveuse à ce moment-là 9
regardait l'heure
4b) Mme. d 1 Argonne 9 qui était une personne nerveuse,
regardait l'heure
Le sens(4a) résulte de l'analyse: attribut indirect~ le sens
(4b) de l'analyse: apposition.
Selon les auteurs de Fra__nsk~.YE~~k~ 9 il y a un lien de parenté
entre l'épith~t~, ]-'a.PJ?2~-~.!.i9p9 et 1-._'_a!,"t:_riput~ip._d_iregJ. Ce qui
est caractéristique pour un attribut indirect c'est que ~ tout en
étant subordonné à un syntagme nominal comme le sont également
une épithète et une apposition (subordination manifestée par
l'accord) - il dépend du verbe de la proposition, si bien qu'il
a aussi une valeur adverbiale. 4 ) En témoignage de cette fonction
double de l'attribut indirect, les auteurs citent les exemples
suivants:
qui a le même sens que
5a) Concha souriait §é4aiEf.1..~~~~~~p~
6 ) ~nf.<?:P.!:. 9 elle lui avait appris à ne jamais
insister
que les auteurs traduisent par
6a) 9E.ê!12~~.l était e~j'ant, elle lui avait appris
à ne jamais insister
7 ) Depuis trois ans~ Antoine vit ~eul 9 mais
dangereusement
où un attribut indirect ? ~~ul? est coordonné avec un complément
circonstanciel de manière 9 d~n~er~.
Tous les auteurs cités r econna issent d'ailleurs qu'un attribut
indirect a souvent la valeur d'un complément de circonstance.
Si l'on prend en considération la posit ion de syntagmes comme
1~1..~ ou f~in~ dans(l) et(2), on voit encore plus nett ement quel
mal on à eu a définir avec précision la _notion ·.d 1 attribut'.indirect.
- 3 Selon Sandfeld, lm attribut indirect ne peut figurer qu'après
le verbe de la proposition, une apposition seulement avant celuici.5) C'est donc la position qui fournit le critère déterminant
puisque dans
Sa) Pierre partit,
heu~
nous avons un attribut indirect alors que dans
8b) Pierre, he}:l!'~~' partit (aussitôt)
Be) Hèu::.~eax, Pierre partit
nous avons des appositions. Cependant, ce crj_tère fournit dans
certains cas des résultats si surp~3nants que Sandfeld se sent
obligé d'introduire également le terme 9..212_osition indir~~~ 6 ),
malheureusement sans bien préciser ce qu 1 il faut entendre par cela.
Selon Togeby, une apposition peut être placée li b.ro:rient dans
la proposition ce que peut également un attribü.t indirect. Ce
qui les distingue, c'est avant tout l e sens (cf. (3) et (4)).
Pour les auteurs de .E!:.§!1.§~-~~a:tc.s, le. po:sit.:.on joue un rôle
aussi déterminant que chez Sandfeld; mais selon oux 7 ur.e appcsition ne peut figurer qu 1 immédiatemen-c après le ,sy.ntagm0 nom5.nal
auquel elle se rattache , et elle .'en est tr)ujours _s épar ée par une
pause ( une virgule).
Tous ces auteurs sont do~c d'nccord pour dire que les
attributs indirects participent de la nature des appositions a1!ssi
bien que de celle des compléments de c.:.rconstance. C' est le fait
que les attributs indirects sont s ~uvent constitués par des syntagmes adjectivaux ou nominaux qui les r:-..pproche cle0 &pposi·cions.
C'est pour expliquer l'accord qu '0:1 les qualifie d '.§l~J..fib~~s.
C'est le fait qu'ils ont souvent un sen s temporel, causal, concessif ou hypothétique qui les :ï.~approche des compléments de circonstance: ils "dépendent" du verbe de la proposition. P;:.iur
expliquer leur nature double, on émet donc corr:me
hypothèse
1 1 existence d'une fonction syntaxique part .Lc:.~lière: on postule entre 1 'apposition et le complément de circonstance - t:~ne catégorie intermédiaire: l'attribut indirect? catégorie aux contours
assez flous.
j
3. Cette hypothèse me paraît peu sati sfa:i.san-Ce 2 t je pr o:::JOee d.2
la remplacer par une autre,
qui élimin2rai t la 1:..otion d 1 attribut
indirect 1 et qui rangerait ces ccnst."'uctic:.1s p&rmi lo.s propositions
adverbiales. Il s'agirait àonc d 'un~ proposition complément de
. ·.. ·.
,.
- 4 circonstance, réduite au seul prédicat ou, dans certains cas 9 au
seul attribut. Cette proposition réduite peut en outre être confondue avec une apposition cela dans certains cas d'ambiguïté
structurale , auxquels on peut donner une explication satisfaisante.
L'analyse que je propose s'exprime grosso modo par le schéma
suiva!lt:
1
(1)
apposition
Analyse
traditionnelle
1
complément de
circonstance
attribut
indirect
=================== ---------------- ===========L==============
(2)
__ _
... .._.._
Analyse proapposition
posée
.... -...... _... - . .. ..... . . . . . . . . . . . . . . - ....
complément d·e circonstance
- -.... . ·- . . . . . . . . . -· . ., .... . ..-. .....
_..
..._
~
(2.1) Non coréférence
proposition
relative non
restrictive
1
._
~
proposition adverbiale
ou construction absolue
1
1
( 2. 2) Coréférence!
'
1
proposition adverbiale
(2.2a)prop osition
!r elat ive non
estrictive
1
.1. ••
(2 . 2b) syntagme verbaJ au participe présent
syntagme verbal réduit à l'attribut
syntagme verbal réduit à un "nexus"
1. . --· .. ~-econd·a·i~-e
. . . . . ......... ......... ...
1
1
(
1
2. 2c) syntagme verbal
1
1
1
r é duit à un nom
propre attribut
!
synta~me verbal constitue par étant +
attribut
·· ·-~~·
synta ~me verbal constitue par ayant +
11 ne}...ruS 11 seco'n 'd aire
p_~en. Sil!~?
J
SJ..ll_9.j.9.._u.e 9
p_arc_(3_ .9..u.~. 9 p_u_i§_~e 9
comme + syntagme
V-erbal au participe
présent ou réduit"
à un attribut
1
...
(2) Dans la structure profonde d'une phrase 9 une apposition
e st une propositioh . Cette pr oposition appositive peut toujours être la source d'une proposition r elative non restrictive
(ou par enthétique ) dans la structure de s urface.7) Les compléments de circonstance qui nous intéressent ici sont égal ement
-5tous constitués par des pr0positions dans la structure profonde
de la phrase . Ils ont le plus souvent un sens causal 9 concessif,
hypothétique ou temporel . Ces propositions peuvent être la source
4'une proposition adverbiale dans la structure de surface.
(2.1). La règle qui dérive une proposition relative non restrictive d'une proposition appositive s'applique obligatoirement,s'il
n'y a pas coréféreps~ du sujet de la proposition appositive et
du syntagme nominal auquel elle est rattachée:
9 ) Mais pourquoi pas? dit la voix brève du
cardinal ? .9..,_~ on__J'.1_' ..~.J2~!'.c~vaj.j;.J?_a.§.. • (MalletJoris 9 Personnages 303).
10) A la fin de septembre , je fus invitée avec ma
soeur à Meulan où )eU.~fl.~_s_k .ê~ . ~~1-.~~u.r~.
fil!l_ie ~vaiept__ ~,e~m_§l_il:?_9E· (Beauvoir, Mémoires 207).
De même, s'il n'y a pas coréférence du sujet de la proposition complément de circonstance et du sujet de la principale
(rarement un autre constituantL la règle qui en dérive une proposition adverbiale ou la règle qui en dérive une construction
absolue s'applique obligatoirement:
11) Q1::l.?!1§__l,e._ .C~9.:t. .e~s.t. 29:.r t.:i, les souris dansent
12)
L~ __Eh~!_._ pa~.:t;J.. ,
les souris dans ent
13) Elle n'a pas eu d'autre s enfants, ~riJI?._~te~. ~~
Ys>:UJ-_~!!.t.. p~_s __q,1::1~. _
s _o!l_.h_é ri !.?B~. §.e-.:E?!'~afi'}. (Vailland,
Loi 134)
(2 . 2). S'il y a coréférence du sujet de la proposition appositive
et du syntagme nominal auquel elle est rattachée(.·( 2. 2a), colonne
1) , la règle qui dérive une proposition relative non restrictive
s'applique facultativement :
14) A Loudan 9
g_l.:!J.__~st une__.I?_~t.i1~ y_ille_~~c_!'_a§é~
.~.n:trLt.r.o.i_s_ .c.o.J~.1.iI]._~_s_...C?P.?Y.~~-~~.§.'
les mois
d'été s ont toujours étouffants (Hougron , Kandara 7)
De même ? dans le cas de la pr oposition complément de circonstance? la règle qui dé rive une proposit ion adverbiale s'applique
f acultativement ( (2.2a ) 7 col onne 2 )
15 ) 0'l_:land j_~~!a.i_s_~_nf_a:nt , dit Walter à mi-voix ,
j ' a vais grand-peur de la mor t (Mal raux ~
Antimémoi res 33).
Mais il existe d'Rutres règles qui donnent les résultats indiqués dans la case (2.2 .b). Il est en effet possible d'élider le
sujet de la proposition 11 subordonnée 11 de sorte qu'il n'en reste
que le prédicat ( le syntagme verbal) ou une partie de celui·· Ci.
La règle d'élision du sujet s ' applique à tous les cas 1 d'où la
suppression du trait qui sépare les deux colonnes du schéma. Si
le verbe de la suborclon.rié e n' e.st pas ili.~ 1 ou si le prédicat
n'est pas constitué pe.r .ê:Y21-E -1 un "nexus" secondaire, le verbe
se met au participe présent:
16) D' autref>, se :f2.!..1§ar.l~2l,l.!'..._:-~-~- an?-logies_ave_Ç.
2~rj;_~}!l§_2P-9P.!ê_§-.r.abes. ? ·1eulent que les
Manacor~ens l'aient re~ue des Sarrasins
(Vailland, Loi 129)
17) Francesco traîn& dans la cuisine 1 grj_ê}2tan~
~:r:i_l>i,.ê_q~i t_ ( i b.id. 152)
On remarque que le conjonctif disp~raît du même coup. Ceci est
assez naturel lorsqu 1 il s'agit d'une apposition, où celui-ci
fait partie du pronom sujet. Lorsqu' il s'agit d'un complément
de circonstance 9 le procédé est le même, que nous ayons une
construction absolue ou seulement un sy11tagr.ïe verbal au participe
présent. On pe1J.t ég;;i.le:7lent établir un parallèle avec les propositions subordonnées non i:n~ :ro duites ).Jar u; \e conjonction
(Yi~!lnent
tout à~_.f.é?-.~~- }:~!3. _ç;p~y-~~~ fil:}.~.-_(.:;=_.9..t!-9r?-2-_.YJ.~!1~fSJ~.t).2...Se
seront de bonnes pers0nnes · G:;:év .~ sse, Usage 1959 1 § 179 ) .
Dans ces cas--là 9 le rapport sé Jo.ntique entre les deux propositions est 3. ·:(°t"'" ....:.·~er 11 pc- 1'.' 1 1 , li_ë:_itE-ur: cause ou temps? con0ession ou hypothèse?
"t ~ ·~, 1 .1 vent diÎficile de trancher.
C'est la rAducti '_,,,_1 de ~u_
:;i t:Lon subordonnée au seul
prédicat 3ans conjon~tif qui
.-L .__ 1.:e pourquoi une apposition
et un "attribut indirect 11 ont été confondus. Dans (16 L par
exemple, il n'est pas a:i.sé de rlire s : il faut analyser s~-~!2~1:!.9-_ant
~ -._..,,- .... ~_.-.......... - .. ___... .. ~
..............._ .....
_,._ a;:_, . _ '
~
••
-~
15u.r..._ de;>~~log_i_es. _aY-_~_c _ _c_eF:t?_ir~.. __cp._a!).}.~..-?!'.ê-P~~ comme une apposition
ou comme ":..1n compJ.ément d e ca11sc ou cle temps. !\Tous avons donc
une ambiguïté structurale 9 mais qui est expl iquée par l'application d e règles de réduction à deux structu1·es initialement
différentes o
Si le verbe de la suoordonnée esL ~tre_ 9 celui-ci est supprimé
en rè gl e générale ~ de sorts 1:_;_-,t' il 11.e · :~este du p rédicat que
l'attribut
- 7 -
18)
~f9pt,
il regardait derrière les constellations
les étoiles de plus en plus petites jusqu'à
l'épuisement de ses yeux (Malraux , Antimémoires
36) ( cf. (15) ci-dessus).
19) A Clarens, E_e.t i ~~-. ..Y-~11-.e. .~.u.. I?,i.e.d. 51.e .s ..A.lp.e?.' . SaintPreux déclare sa ?assion (cit. J. Rasmussen dans
Cébal l? 1970, 139) (cf. (10) et (14) ci-dessus)
20) Francesco sortit lentement, _g_ranq , ~§F.E~-.È~~p~y]-~..§.,
marchant d'un pas mesuré (Vailland, Loi 153)
21) A!:_t_is!~__e!_ ~J'g~ , a~s_asin et poète , ayant fait du
mensonge son art de vivre, Benvenuto Cellini avait
assez de qualités pour séduire (Monde 18-5-72, 17)
\
. \.
La juxtaposition des "attributs" mis en italiques dans (20) et
(21) avec un syntagme verbal au participe présent , maE.2!:an~-È~U!l.
~!:§_llr~ , §Y~!l.t~ !.~.i.t _ .d~__m.ep..s,o:ng_~ __ ppp~~I!-. 51_e_ yJYI'_e, constitue
un argument en faveur de l'hypothèse proposée , qui leur attribue
des sources identiques dans la structure profonde (ou la même
fonction syntaxique dans la phrase) ,et qui l es différencie seule-.
ment · par l 'appl_icati:on ~de · la. règle ·d·1·él-ision du verbe . être.
Si le prédicat de la subordonnée est constitué par le verbe
~v2l.!: suivi d'un "nexus" secondaire - le§_ma_i_n_s. §an.s ..1.§~ I?gg}~-~. '­
nous avons une règle de réduction semblable à celle qui élide
le verbe être:
22) Francine ? .J-.e!"~ Y~}-12,C_ ~pi~_ry_e_iJl§s, regardait 1 'ilot
(Triolet , Cheval 139)
23) Ils sont assis dans l'ombre fraîche, dispos , la
!Il_?ifl__.<.!.~E-~. . .}~a__ pi,a_ig, écoutant les eaux vives
(Vailland, Loi 148)
Dans ( 23), la juxtaposition de _dispos_, l~ main '"da~ .l~_ pi_airl: .,
et écoutap~_)es.~p~_yiy~p constitue à nouveau un argument en
faveur de l'hypothèse qui les dérive de sources identiques.
Il faut signaler que certains de ces exemples révèlent
l'ambiguïté structurale mentionnée et que cette ambiguïté'
s'explique de la même façon: par l'application des règles de
réduction.
Dans la case (2.2.c), nous retrouvons les règles qu'il fallait
invoquer pour expliquer les constructions de (2.2.b). Cependant,
les colonnes 1 et 2 sont à nouveau séparées pour indiquer qu'ici
il n'y a pas d'ambiguïté. Dans la colonne 1 , nous avons le cas
... 8 -
d'une apposition réduite à un nom propre:
24) Julia Vigaud 9 ].~a- ri1Jlb}J1:.?-, avait eu un grand chagrin
(Triolet ~ Cheval 10)
25) Le village le plus proche 9 Cl}_~vag_n~~ 9 est à sept
kilomètres (Fournier ~ Louis 5)
Ces exemples ne se distinguent des précédents que par le fait
qu'une proposition telle que _i,1___~...' .aPP~.l_le .. _C!).~.Y..a.gp.?s ? qu'on peut
raisonnablement proposer comme source d'une telle apposition 9
peut difficilement constituer un complément de circonstance, si
bien que la seule interprétation plausible est l'apposition.
Dans la colonne 2, l'absence d'ambiguïté s'explique par le
fait que la réduction est moins 11 défigurante 11 que dans (2.2.b).
Ou bien c'est le verbe ~.!F~. qui n'est pas élidé.
26) Comme il en avait beaucoup fait §_t _9 pt --~L~nt.9
les muscles furent dociles (Triolet, Cheval 142)
27) Elle m'adorait .é!.ap._!_~E.f.9n"t. (Mallet-Joris 9 Personnages 44) (cf. (15) et (21) ci-dessus)
28) Le troisième du "Trio"? !}_'J!:an~_p9~s- _d~.. .l?. .f.a!11.i11.~.'
s'était débiné (Triolet 9 Cheval 70)
29) des flûtes de Pan, des orgues-à-bouche , des xylophones comportent des tuyaux ou des lames 9 dont on
n'a que faire et qui 9 p._:_é~~n>:_ .9..u~ .. P.O.U.r . .1~. !flg.!1~.r-~. '
sont parfois qualifiés d' 11 aveugles" (Histoire de
la musique I , 100);
ou bien c'est le verbe .a x.<?l:!:; je n 1 ai pas trouvé d 1 exemple li ttéraire de cette construction , mais il doit être possible de dire
par exemple
30) !}YfJ.!!>-.. _l_es_!11.a .ins_ liées .. sJ..e.r.r.i_~F~ ...1!3. 9-.0.§.9 il n'ira
pas loin;
ou bien encore la proposition subordonnée est réduite au prédicat
ou à une partie de celui-ci, comme dans les cas déjà mentionnés,
mais elle est introduite par une conjonction de subordination 9
qui explicite son rapport avec l a principale
31) ~2-.~_.9..u.~.. .s..9.l.i.d~. 9 il avait l'air d'une fille (Triolet
Cheval 115 )
32) Qt_.lp_~.92::!-.e..s:u./?P_e_ct . .à. .d.' .~:u.t.r.e.s _é,g_ar9-J?. , l e chant eut généralement leur préfé r ence (Histoire de la mus ique I 9
99 )
- 9 -
33) Ce prince, .9Y.<?l:-.9..ue
~~. pl~gpj..fJ..9..U5:_,
lui fit des
dons dont il parut d'abord se satisfaire (MalletJoris, Personnages 176)
34) Il s'arrêta net g_omme_..2.c?P.Y?-.i!?--91:! (Ibid. 96)
35) D'autre' part, est-il vraisemblable de supposer
que s'ils établissaient des partitions destinées
à l'imprimeur, celles-ci aient ensuite toutes été
supprimées .~.0!!1!!1_e. ~ta_n.t !f~v.ep:u.e.s..J..P.:!:l.t.iJ:.e§_ (Histoire
de la musique I, 705)
36) Je manque de prestige ici, ~.rce .9..':1~. r~.Y.Y....d.~·-·)ta.
m.a~Y..?.i.~. .r~_ng_~. PP.OY.ipp}~l-.JT!lJ-.s . 51.éJ?.§.I'_'l.uf, . .P.e~. :t!:l-1lapi__c~:u.sel!f. (Romain , Amour enfantines I, 13, ci t.
R. et G. le Bidois, Syntaxe 1968, § 1462).
4.
L•hypothèse qui vient d'être exposée a un double avantage.
D'abord, elle établit une cohérence entre un ensemble de phénomènes dont on a bien senti qu'ils étaient apparentés, mais
sans pouvoir expliquer ~omm~nt4 Ensuite elle explique un certain
nombre de phénomènes inexpliqués ou passés inaper~us.
Cette cohérence ressort partiellement du schéma ci-dessus: on
voit que non seulement l'"attribut indirect", mais aussi les participes présents et lf~ s 11 nexus 11 secondaires (souvent abusivement
qualifiés de "constructions absolues") sont placés ensemble, de
même que les 11 attributs indirects " et les participes introduits
par bi~n _g__u~ (_9,!:1oi_qu~), 2.2!!1!!1~. (=comme si), et .Eil..t'.E~~ .<l.':1~ (I>.1l_isg,_ue).
Le rapport entre ces constructions et les constructions absolues
est désormais clair: 1° toutes ont la même source dans la structure
profonde, à savoir une proposition subordonnée complément de
circonstance , source également de la proposition adverbiale;
2° toutes sont dérivées à l'aide d'une même règle (ou ensemble
de règles ) de transformation du prédicat de cette subordonnée;
3° la différence entre l~s constructions absolues et les autres
eonstructions s'expliquet par l'élision d~ sujet coréférentiel.
La cohérence va cependant plus loin. Il semble en effet qu'il
soit possible de formuler des règles analogues gouvernant la
transformation des propositions infinitives:
37) Il a couru chez ma tante et a insisté P.our qu~
je passe_ E.12-..l?!'_~mi~re ~.iré~-~-J'a:r_i~ay,e_c~ lui
(Vailland 9 Jeu 327)
38) Il sourit9 il montre le rondeau , il joue cette
-- 10 -
chanson 9 il insiste même p2~r la_ lui~aFE!~ndr~
(Mallet-Joris 9 Personnages 58)
Nous avons dans ces deux exemples une proposition subordonnée qui
apparaît obligatoirement comme proposition comportant un sujet et
un prédicat avec un verbe fini s'il n'y a pas coréférence entre
les sujets de la subordonnée et de la principale 9 mais qui est
réduite au seul prédiact - avec un verbe infini - si les deux
sujets sont coréférentiels. Il s'agit donc - apparement - de la
même règle d'élision du sujet que ci-dessus, mais d'une autre
règle de transformation du prédicat 9 applicable lorsque la proposition subordonnée est régime d'une locution prépositionnelle
(§~P§.9 E2~.E.9 §fi.E_d~? à po~n§~? etc.) et mettant le verbe de la
proposition subordonnée à l'infinitif, alors qu'il doit être mis
au participe présent (éventuellement supprimé) lorsque le rapport
de la subordonnée avec la principale est inexprimé ou exprimé
à l'aide d'une conjonction ( È_i_c::_n que y .9._l::lpi gy~, 12§.F~~- -~~9 etc.) .
Il semble enfin que ce soit un ensemble de règles du même
type qui gouvernent la dérivation d'une épithète comme le montrent
les exemples suivants 8 ).
39) On désignera par AB l'assemblage
obtenu~p éc!'~v~nt
1.' ,?-~.§~!Il.bJ:._~~g_e, f3. .à J..a. 9-r.o_
i:t.e. _d_e __l..' .a§.~.~Jll.b.l.a_g_e_~ A
(Bourbaki , Eléments 12)
40) Il y a deux assemblages de deuxième espèce B et C
El'~S?._é§_ap~ __.{i
(Ibid. 15)
41) Si Ai est de la forme -,A. ~ où A. est un assemblage
de deuxième espèce ~ ~pr~.c~~~i 9-B:ns_ ~.a., ..C.0!1.s.tr~:
tion , A'. est identique à - . A'. d'après CS5 (Ibid.
·~-- ··
l.
J
18 )
42) Tant de louanges pour une fille _g_u_!_ 6 ~~-i:t. :t.O!!l.b.é.~
_s_i_J,?_a.§_ (Clavel , Voyage 18 2)
On peut résumer ces ressembl ances par le schéma suivant:
coréférence
élision du sujet
-~ ~- -
épithète
-
--
non coréférence
-
. .... - ..... . --- ..... .
_.......
-- ,,. - . --- - - - . . - . --- ... ----.-...--. ... l.verbe au partiproposition relative
cipe présënt
r estrictive
2. élis i on de é tant
(si 1 1 attribut--Y:emplit c erta ines conditions)
- .. - ... - -- ... . .... ·-- ..
··--·
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- 11 apposition
l.verbe au participe présënt
2.élision de étant
proposition relative
non restrictive
l.verbe au participe
présent ou à l'infinitif
2.suppression de ~~t
ou de _ay~.~.
proposition adverbiale
·-----·-. -complément
de circonstance
Le schéma est loin d'être exhaustif 9 mais il montre comment~ à
la lumière de la cohérence qu'établit l'hypothèse proposée 9 on
peut expliquer certaines constructions que l'analyse traditionnelle
laisse inexpliquées. Ainsi 1 il est tout à fait normal qu'on
puisse coordonner deux compléments de circonstance 9 alors qu'il
est plutôt étonnant qu'on puisse coordonner un "attribut libre"
et un participe présent,étant donné que les participes présents
n'apparaissent pas normalement en fonction d'attribut :
43) Mordu par la tentation ~t gardant néanmoins la
conscience de l'abîme où il allait tomber, il
eut 9 comme une impatience d'eau froide 7 le désir
de se confier (Aymé, Vouivre 237)
44) C'est lui qui servait dans la salle 9 toujours
rasé de frais 7 tovjours propre sur lui , ~..!
faisant marcher le phono pour un oui , pour un
non (Triolet, Cheval 81)
45) Abstraction faite de ces musiques de grand art,
encore vivant peu ou prou, qu'en quelques lieux
priviligiés - Japon, Indes, Java et ailleurs on a vu naître, à plus d'un égard semblables à
la nôtre , gouvernées par des codes pointilleux
et réclamant chacune ses propres histoiriens 7 • •
(Histoire de la musique I, 121)
On peut même expliquer comment il est possible d'avoir des constructions telles que (26) - (30) et surtout (31) - (36) qui tout en resemblant fortement à des "attributs librcs 11 - sont
incontestablement des compléments de circonstance.
On peut également expliquer l'accord de l'"attribut libre"
avec un syntagme nominal: cet accord est en effet de nature
attributive, mais par l'intermédiare d'un sujet coréférentiel
élidé.
- 12 -
Finalement 9 il n'y a plus de mystère à ce qu'un attribut libre
puisse avoir une valeur causale 9 concessive 9 hypothétique ou
temporelle: c'est tout simplement qu'il s'agit d'un complément de
circonstance authentique .
5. Ce qui vient d'être exposé est très loin d'être définitif.
C'est au plus une"bonne idée" qui permettra~ je l'espère 1 d'entreprendre des recherches plus complètes et plus précises. Aussi
ai-je été très prudent à propos des"règles" mentionnées ci-dessus:
j'en parle 9 mais je ne les formule pas.
Les problèmes les plus importants sont les suivants:
1° Il faut éclaircir les rapports entre les propositions relatives non restrictives et les autres appositions (et probablement
aussi entre les propositions relatives restrictives et les épithètes). Les solutions proposées jusqu'ici ne me semble pas
satisfaisantes .
2° Il faut également tirer au clair les rapports entre les
différentes sortes de compléments de circonstance. Il n'est pas
impossible que les hypothèses émises par Fillmore 9 ) ou Lakoff lo)
puissent être utiles 9 par exemple pour expliquer l'emploi de§~~]-.
dans des exemples tels que
46) Michel disparaissait pour des journées entières
dans les bois et les champs avec d'autres enfants 9
s'il en trouvait sur son chemin9 .?~U.__t5?u·t~~~l.
(Triolet,Cheval 14)
47) Pierre déjeune seu.:L.2~ avec son frère (Langue française 11~ 21)
48) Le terme de soprano sopranissimo est réservé à
Mme. Mado Robin qui 9 seul e au monde_,_e.:t. depuis les
débuts de l'histoire du chant9 possède un quatrième
registre et atteint le ré
(2330 cycles) (Histoire
6
de la musique I? 73)
où seul est coordonné avec des compléments de circonstance"comitatifs" qu'on peut difficilement .dériver d 2·uné proposition dans ·la·· ,-.·.
structureprofamde (_êvec.. + co.!!1.E]jment ·) _( 46), ( 4 7) ou avec un
complément de t emp s ( 48) (cf. ( 7) où seuJ.:. est coordonné avec un
adverbe de manière ). L'étude des 11 cas" permettra aussi peut-être
de résoudre le problème du gérondif et de ses rapports ave c les
Participes présents tels qu'ils sont dérives ci-dessus.
- 13 -
3° Finalement 9 il faut rédiger les règles de manière qu'elles
soient explicites 9 et cela surtout pour pouvoir expliquer aussi
les cas où elles se trouvent entravées 7 problème qui n' a pas
été effleuré 1c1.
Les idées exposées ci- dessus me semble prometteuses en ce sens
que 9 loin de créer ces problèmes 9 elles permettent de les formuler
d'une façon plus précise et par là même contribuer à y trouver
des solutions.
Henrik Prebensen
Notes:
1: H. Gettrup 9 H. Prebensen, C. Vikner, O. Wewer: Gr~pJ>~~~~~~ ik
l -3s K0benhavn 1971 9 vol. 2 9 p. 62 ss.
2: K. Sandfeld: f.~re~ik_~~· 1940 . Manuscrit non publié. p. 133:
"Overgangen fra indirekte prœdikat til apposition er gradvis
og bestemte grœnser kan ikke drages. 11
3: K. Togeby: Fr.aril?~~.GP.?-lTIF~1~.t.i~.· K0beP_h.avn 1965. § 1032.
4: J. Pedersen 9 E. Spang-Hanssen? C. Vikner: fF~k-~J.:!'!t~~·
K0benhavn 1970 . § 9.8.3.
5: Op. cit . p. 143.
6 : Ibid . p . 13 6 •
7: Cette explication du parallèle entre les propositions relatives et les appositions, cf.
Il n'y a plus que Louise , soudain délivrée et qui ne
comprend plus (Mallet- Joris 9 Personnages 2~-4)
est courante dans la grammaire transformationnelle ~ v. par
exemple C. Rohrer: ~.Pl.?2~.:\tive KQ.n.s.t_r}:l~_"ti9_n_~n. ~i!11_.f!'.a!1~§Ms_i.Ê.9!.1.e!!,
>'Tg_Ts!.._ 2_1. (1968) p. 392 SS.
8: L'hypothèse qui consiste à dériver un adjectif épithète d'une
proposition relative o~ cet adjectif est attribut est courante
dans la grammaire transformationnelle.
9: C. Fillmore: J:~h~__c_~.s.e.. .fPT_ .C§_S e, in Uni versals in Lingustic
Theory (éd. E. Bach H:'ld. EL. }{n~ms) New York 1968, p. 1 ss.
10: G. Lakoff: .Jp~r~11~ri.t:.a.l. A_dye.r:t?.~-- a.n.d. :_!;p~ .C.or.s;.ep~_ pf_ P.eep_ §try.2..t~-~~ f.O~·~_gg~~~-op._s . .o.f..L?!f_KU_ag~.-~4.? 1 968 s p. 4 ss. , cf. J. Walms-
ley:
Th.e~ri_gl}f?.~.
.C.om.i ~at_i v.e.
§J:.r:u~t:u.r.~. ~ f..O.u!l.Sl.a.t.~_o;n_s~
~as.e. a!J:~.. :tP~..G_<?~n_c_eJJ!.. .o.f. Q~-~
9!_.L§ipg.:u.a.g~
7 9 1971? p. 493
SS.
Textes cités:
M. Aymé: La Vouivre. Coll . pourpre. 1950.
S. de Beauvoir: }W~oj..r_c.s_ .4. 'YP~J.e:.1!1~..fif..l.e __r~.n.B.~2~. L. de poche.1966.
N. Bourbaki : !:le!Jl.e.n.t.s. .d.e_ m.aj:_h.ema_t_ig_u.~. Fasc.XVII 9 Hermann, 1966.
B. Clavel: .L.e_ yoyag_e. _à:U. P.è.:;-_e,. Coll." J'ai lu 11 • 1968 .
A.-P. Fournier: ·-·Louis
du père Castor.Flammarion
.. ...du
...Limousin.Albums
•· .... - .
1972.
Bf§toire de la musique 1-2. Pléiade.1960
Histo-iré-·gériéra1ë- d.es· c'i'v1·1isations 1-7. P. u. F. 1967.
'J.i-fo1.1gro!1: .. ·J e ...rèvienèfr·à·i' ·à· izai-i.d.arii.-ï.·:ae poche. 1966.
F. Mallet-Jül'Ts·: · '1;i:e_s: .Ë~~.!'1'~6p~~g·e·~. ~..Coll. 11 J 1 ai lu 11 • 1971.
A. Mal r aux: Antimemoires. Gallimard . 1967.
E. Triolet: ·:ce-·cheva°J_·· 'f:ifanc. L.de poche. 1965.
R. Vailland~ -P~r."f>Ie:-~d·e:_ j~}l.·:· L.de poche. 1969.
R. Vailland: La loi. L.de poche. 1963.
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__j2~.rp_af__,ct:u--Dlmai1che.
Le r.1onde .
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