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l’intercesseur favori en matière de météorologie et d’hydrométrie – lui qui emporté dans un char
de feu réside quelque part entre ciel et terre.
Les anciennes, les femmes qui se souviennent font retentir sur des rythmes endiablés – ou plutôt
endieusés - les vieux chants de supplication, repris par la foule : « O Khader notre patron ! O
Vierge notre patronne ! La terre est sèche ! Les arbres ont soif ! Donnez-nous de l’eau pour boire !
Envoyez la pluie sur nos champs ! Fais reverdir le Jubbes ! etc. » Tous entonnent les litanies en
tapant des mains, avant et après les prières et bénédictions prononcées par Abouna.
Les prières n’auront pas été lancées au ciel en vain : le lendemain, dès lundi matin, 6 janvier, fête
du grand saint populaire de l’Orient chrétien, saint Nicolas, la pluie tombe à verses sur les
collines ! La lecture de la messe du jour y fait comme écho : « Le désert et le pays de la soif, qu’ils
se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il
exulte et crie de joie !... L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays
torride se changera en lac, la terre de la soif en eaux jaillissantes. » (Isaïe 35)