Pléonasme
Le pléonasme consiste à employer des mots surabondants ou à redire les mêmes
mots, comme quand on dit : j'irai moi-même, j'ai vu de mes yeux, j'ai entendu de
mes oreilles. Le pléonasme s'emploie pour donner au discours plus de force ou
plus de clarté, comme dans ces vers :
Et que m'a fait à moi cette Troie où je cours ? (Racine)
Je l'ai vu, dis-je, vu de mes propres yeux, vu... Ce qui s'appelle vu. (Molière)
Il y a dans le langage familier une infinité de pléonasmes que l'usage a autorisés,
quoiqu'ils soient tout à fait oiseux ; par exemple, voler en l'air, unir ensemble,
déchirer cruellement, prenez-moi un bouillon chaud.
Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête. (La Fontaine)
Un pléonasme est vicieux quand il n'est ni utile ni autorisé par l'usage, et alors on
l'appelle « périssologie », comme dans les phrases suivantes :
On fit des plaintes réciproques de part et d'autre.
Cette lettre est remplie de beaucoup de civilités.
Ses raisons sont assez suffisantes.
Les mots de part et d'autre, beaucoup et assez sont là de trop, puisqu'ils ne sont
qu'une répétition inutile du sens exprimé par les mots réciproque, rempli et
suffisantes.
Pléonasmes vicieux Commentaires
Petit monticule, petit opuscule, petit animalcule,
petit jardinet, petite maisonnette, petite fillette,
petite flottille, petite fleurette, petite poulette.
C'est un pléonasme vicieux d'ajouter l'adjectif petit
à un substantif qui est par lui-même un diminutif.
Prévenir d'avance On dit bien « avertir d'avance », « dire d'avance »,
« faire savoir d'avance » ; mais le verbe prévenir
exclut l'adverbe d'avance, parce qu'il est composé
de la particule pré, qui a la signification de cet
adverbe.
Reprendre de nouveau Les verbes redire, reprendre, redemander, revenir,
et en général tous les verbes qui sont composés de
« re », et qui conservent la signification du primitif,
excluent l'expression « de nouveau »
Pléonasmes vicieux Commentaires
Ajouter un mot de plus On dit : je n'ajouterai pas une phrase, je n'ajouterai
pas un mot à ce que j'ai dit, je n'ajouterai rien à ce
que j'ai fait. L'adverbe « de plus » dans ces phrases,
serait une faute remarquable.
Un petit peu Peu signifie une petite quantité, et si l'on veut
ajouter à la signification de ce mot, il faut dire : très
peu, ou bien peu ; et non pas un petit peu, qui
signifie une petite petite quantité, et dont l'opposé
serait un grand peu.
Allumer la lumière Une lumière signifie une chandelle allumée ou une
ampoule allumée ; or on ne peut pas direr allumer
une chandelle allumée ou une ampoule allumée.
Une hémorragie de sang Le mot hémorragie, signifiant par lui-même perte
de sang, ne doit pas être accompagné d'un
complément qui y est déjà compris ; hémorragie est
composé de deux mots grecs : haima (sang) et
rhegnumi (rompre)
Finir enfin Enfin, joint au verbe finir, peut être regardé comme
un pléonasme, quoique Boileau ait dit : « Et pour
finir enfin par un trait de satyre, un sot trouve
toujours un plus sot qui l'admire. »
Reculer en arrière Il est évident que lorsqu'on recule, c'est en arrière,
car on ne recule pas en avant.
Je pourrai peut-être, la chose est peut-être possible Certains grammairiens ont condamné l'emploi de
l'adverbe peut-être avec le verbe pouvoir et avec
l'adjectif possible. On peut ne pas être d'accord
avec cette idée. Le verbe pouvoir signifie avoir la
faculté ou le moyen ; or, si l'on dit bien « j'aurai
peut-être le moyen de vous être utile », s'il n'y a
point là de mot superflu, il n'y en a pas non plus
dans cette phrase équivalente, « je pourrai peut-être
vous être utile ». L'adjectif possible signifie
faisable, et si l'on dit sans pléonasme que « la chose
est peut-être faisable », on peut dire aussi qu'elle
est « peut-être possible ». La seule faute qu'il y ait
dans l'emploi de l'adverbe peut-être avec le verbe
pouvoir, c'est de présenter une paronomasie avec
quelques temps du verbe, par exemple, il peut peut-
être.
J' ai mal à ma tête, il tend sa main, on lui a coupé
ses oreilles, il reçut une blessure à sa jambe
On fait un pléonasme vicieux en joignant l'adjectif
possessif à un nom, quand la propriété de cet
Pléonasmes vicieux Commentaires
adjectif est suffisamment indiquée par les autres
termes de la phrase. Ainsi, on dira : j'ai mal à la
tête, il tend la main, on lui a coupé les oreilles, il
reçut une blessure à la jambe.
Quel quantième de la lune ? Joindre les deux mots quel et quantième est un
pléonasme vicieux. Le mot quantième est un
adjectif interrogatif, et le mot quel l'est également ;
de sorte qu'en les réunissant dans la même phrase,
on fait une faute similaire à celle-ci : Quand quel
jour viendrez-vous ? Quel combien demandez-vous
?
Il a survécu à son fils qui est mort avant lui, un
petit homme qui n'est pas grand
Une autre espèce de pléonasme vicieux, qu'on a
appelée battologie, du nom d'un Grec nommé
Battus, consiste à répéter inutilement la même
chose en d'autres termes. Dans chacune de ces
phrases, on dit deux fois la même chose.
Je me réjouis beaucoup, je suis bien aise, je suis
content, je suis satisfait de votre arrivée.
Ce type de pléonasme est appelé datisme, du nom
d'un satrape persan nommé Datis, qui, dans ses
discours, entassait ainsi synonymes sur synonymes.
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