Epuisement de la Terre et multitude des hommes, jusqu`o�

Hiver 2005-2006, je vis cette extraordinaire aventure
- l’Odyssée sibérienne- à la découverte de ce territoire
à la saisissante beauté, peuplé de gens admirables, mais pour com-
bien de temps encore ? Là-haut, dans cet espace d’une pureté
originelle, plus que nulle part ailleurs je constate les effets
des multiples dégradations que l’humanité fait subir à notre
planète. Il faut agir et vite pour préserver ce que les Indiens
appellent “notre mère à tous”, cette si belle Terre.
Du voyage au rêve utile
Ce voyage, au coeur des pays du froid, ne s’est pas effectué
en solitaire. Une équipe me précédait dans tous mes déplacements
et collectait des informations. 700 000 enfants dans les écoles ont
aussi suivi l’expédition à la télévision et sur internet. L’accueil
des populations a été exceptionnel. Les Sibériens, en particulier,
ont été touchés par la nature de notre démarche, placée sous
le signe du “rêve utile”. En évoquant avec eux les problèmes liés
à l’exploitation du gazoduc sur les rives du lac Baïkal, ils ont eu le sentiment d’avoir été
entendus.
Pour autant, cette Odyssée a mis nos corps à rude épreuve. D’importantes difficultés liées
à des anomalies climatiques ont parfois bouleversé notre programme de traversée. Malgré tout,
quelques souvenirs demeurent impérissables. Une rencontre avec des nomades éleveurs
de rennes dans l’Oural fut un moment magique.
Nicolas Vanier, voyageur du froid, écrivain, inspirateur de plusieurs films :
Au Nord de l’hiver” 1992 , “Le dernier trappeur” 1994, “L’Odysée sibérienne” 2006.
Publications : “L’Odyssée blanche” Pocket 2006, “La Grande Odyssée, profession chien
de traineau” Hachette 2006.
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Monde fini ou nouvelles frontières... Quel futur pour l’aventure humaine ?
10eUniversité des CCI - vichy - septembre 2006
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La planète en danger
De ces milliers de kilomètres parcourus, je retiens deux enseignements inquiétants quant
au devenir écologique de notre planète : la forêt disparaît et la glace fond.
La déforestation est un problème d’une gravité extrême. Elle illustre l’inconscience des hommes
qui peuplent la Terre. Les habitants des pays de l’Europe de l’Ouest ont à cet égard une lourde
responsabilité : la surexploitation de bois forestiers alimente les plus grandes usines d’Europe
qui, par leur production massive, répondent à une demande en papier sans cesse croissante
et souvent dispendieuse. Si la consommation et la crois-
sance mondiale continuent à leur rythme actuel,
la disparition de la Taïga est programmée à une cinquan-
taine d’années. Lors de la traversée de la Sibérie, j’ai pu
constater à quel point les forêts boréales étaient soit mal
exploitées, soit totalement surexploitées. En outre,
la coupe à blanc y était pratiquée. Dans l’Oural,
les forêts ne repousseront plus car le sol a été érodé
par des pluies de plus en plus fréquentes.
La fonte de la glace menace la biodiversité. Selon
toute vraisemblance, l’ours polaire est condamné
à disparaître à l’instar de nombreuses autres espèces.
La banquise d’été constitue, pour cet animal, une plate-
forme de chasse indispensable. Or, elle s’amenuise peu
à peu. Une baisse du poids des femelles de l’ordre
de 15% et une baisse de la natalité de 20% ont été
constatées.
Par ailleurs, en Sibérie, au Canada et dans la région de
l’Alaska, le permafrost est en train de fondre sur des épais-
seurs de plusieurs mètres. Dans le Nord, il constitue
un ciment naturel sur lequel des forêts et des villages
s’accrochent. Phénomène aggravant, le méthane piégé
sous cette couche de glace constitue une véritable bombe
à retardement. Le réchauffement climatique accentue le dégel du permafrost. Du méthane est
alors libéré dans l’atmosphère, augmentant le volume de gaz à effet de serre, cause principale
du réchauffement climatique. Ce cycle néfaste va accélérer le processus de réchauffement.
Des spécialistes travaillant sur ce phénomène font part de leur préoccupation. Ils prévoient
des bouleversements à l’échelle planétaire dans les cinquante prochaines années et la dispari-
tion massive d’espèces animales et végétales. Selon certains, l’homme lui-même serait menacé
s’il ne prend pas les mesures appropriées pour ralentir ce bouleversement climatique.
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Monde fini ou nouvelles frontières... Quel futur pour l’aventure humaine ?
Au niveau mondial, il faut prendre conscience de la nécessité d’un autre développement, moins
quantitatif, plus qualitatif.
C’est l’humanité dans son ensemble qui consomme trop. Elle pompe dans ses réserves, situa-
tion qui ne pourra durer trop longtemps. Chaque jour, l’homme consomme l’équivalent de
ce que la Terre a produit en 485 ans. Ce chiffre montre le décalage considérable entre ce que
la Terre peut produire et les consommations effectives des hommes. Si chaque individu, à la
surface du globe, consommait de manière identique à un Français, il faudrait l’équivalent de
deux Terres pour assurer les besoins énergétiques de la population mondiale.
Sans céder à un quelconque pessimisme, il est nécessaire de prendre en compte
les défis à venir. Or, les modes de production et de consommation actuels aboutissent tous
à la même hypothèse, celle de la destruction programmée de l’environnement terrestre. De
ce point de vue, des efforts considérables restent encore à fournir pour préserver
cet environnement que nous allons léguer aux générations futures. Même si des solutions
pratiques incontournables semblent devoir être adoptées, à l’instar du développement de
l’énergie nucléaire pour pallier le déficit grandissant de ressources énergétiques fossiles, une
véritable révolution philosophique est à engager. Nous avons conjugué le verbe “avoir”, pen-
dant quarante ans. Aujourd’hui, il est temps que nous conjuguions le verbe « être ».
L’humanité consomme trop
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