Chapitre 2.5.14. — Encéphalite japonaise
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Le diagnostic de confirmation de l’EJ chez les chevaux repose sur l’isolement du virus responsable. Le taux
d’isolement du virus à partir des animaux malades ou morts est habituellement très faible, en raison de l’instabilité
du virus dans certaines conditions d’environnement, et aussi de la présence d’anticorps chez les animaux
infectés. Les constations cliniques, sérologiques et anatomopathologiques sont une aide au diagnostic. Le
diagnostic est aussi possible par détection des anticorps IgM et IgG spécifiques dans le liquide cérébrospinal par
des méthodes immuno-enzymatiques (1). L’acide nucléique viral a été détecté par la technique de la transcription
inverse couplée à une réaction d'amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR) dans l’encéphale de chevaux
infectés (7).
Les prélèvements à réaliser pour l’isolement du virus sont une partie du corps strié, du cortex ou du thalamus
d’encéphale de chevaux affectés. Des prélèvements de sang et de moelle épinière peuvent aussi être utilisés
pour l’isolement. Tous les prélèvements doivent être placés au froid immédiatement après récolte, et congelés à
–80°C si l’isolement doit être différé dans le temps. Tous les matériels potentiellement infectés doivent être
manipulés suivant les procédures de niveau 3 (voir le Chapitre I.1.6., « La biosécurité au laboratoire de
microbiologie vétérinaire ») pour prévenir tout risque de contamination humaine. L’homme peut se contaminer par
contact direct du matériel infectieux avec une peau lésée ou les muqueuses, par inoculation parentérale
accidentelle ou par aérosol. Les personnes réalisant les prélèvements devraient aussi prendre les précautions
appropriées pour éviter toute contamination. Un vaccin humain est disponible et toutes les personnes à risque,
vétérinaires ou personnels de laboratoire, devraient être vaccinées.
1. Identification de l’agent pathogène
Les prélèvements d’encéphale et de moelle épinière sont homogénéisés (à 10%) dans une solution saline
tamponnée à pH 7,4, contenant du sérum de veau (2%) ou de la sérumalbumine bovine (0,75%), de la
streptomycine (100 µg) et de la pénicilline (100 unités/ml). Le sérum de veau doit être exempt d’anticorps dirigés
contre le virus de l’EJ. La suspension est centrifugée à 1 500 g pendant 15 min, et le surnageant est prélevé pour
l’inoculation. Un volume de 0,02 ml est inoculé par voie intracérébrale à des souris âgées de 2 à 4 jours. Ces
souris sont gardées en observation pendant 14 jours. Il est possible qu’aucun signe clinique net ne se développe,
mais l’anorexie est révélée par la disparition des taches de lait blanches sur l’abdomen. La peau change ensuite
de couleur, passant de rosée à rouge foncé, et des convulsions apparaissent juste avant la mort. Les cerveaux
des souris mortes ou moribondes sont collectés et stockés à –80°C pour un passage ultérieur.
Pour identifier le virus, un antigène extrait sur saccharose/acétone est préparé à partir des cerveaux des souris
après un second passage effectué suivant la procédure décrite précédemment (section B.2.b.1). Cet antigène est
testé pour sa capacité à agglutiner les globules rouges de poulet de 1 jour ou d’oie à des pH compris entre 6,0 et
7,0, avec des intervalles de pH de 0,2 conformément à la procédure décrite (2). Des suspensions de globules
rouges à 1/24 sont préparées dans les solutions correspondant aux différents pH. L’extrait antigénique est dilué
de façon sériée de 2 en 2 sous un volume de 25 µl dans une plaque de microtitrage à 96 puits (puits à fond rond).
Puis 25 µl de chaque suspension de globules rouges sont ajoutés dans chaque puits. La plaque est incubée à
37°C pendant 1 h, et le résultat de l’hémagglutination est lu. Si l’antigène a la capacité d’agglutiner les globules
rouges, il est utilisé lors d’une épreuve d’inhibition de l’hémagglutination avec un sérum contre l’EJ.
Des cultures primaires de cellules d’embryon de poulet ou de rein de hamster, ou des lignées cellulaires de
moustique C6/C36 (lignée cellulaire clonée à partir d’Aedes albopictus) peuvent être utilisées pour l’isolement
viral. Les prélèvements (encéphale, sang prélevé sur les animaux infectés en début de maladie), ou la
suspension cérébrale de souriceau après inoculation, sont inoculés dans la culture cellulaire. Des anticorps
monoclonaux spécifiques des Flavivirus et du virus de l’EJ peuvent être utilisés pour identifier le virus par
immunofluorescence indirecte (6).
2. Épreuves sérologiques
Les épreuves sérologiques sont utiles pour déterminer la prévalence de l’infection dans une population animale,
la distribution géographique du virus, et le niveau de production des anticorps chez les chevaux vaccinés. Pour
appliquer les épreuves sérologiques au diagnostic individuel, il faut tenir compte du fait que les chevaux vivant en
zone d’enzootie peuvent avoir déjà été infectés de façon inapparente ou avoir été vaccinés. La validité des
résultats repose sur une augmentation significative du titre sérologique sur des prélèvements réalisés pendant la
phase aiguë et la phase de convalescence. La spécificité de chaque épreuve sérologique devrait être aussi
considérée. Un test d’agglutination au latex mis au point pour détecter les anticorps dirigés contre le virus de L’EJ
chez le porc a été récemment décrit (8).
Dans certaines régions du monde, il est nécessaire, avant de poser un diagnostic de certitude d’encéphalite
japonaise, de réaliser des tests complémentaires destinés à éliminer une infection par des virus antigéniquement
proches. C’est le cas en Australie, par exemple, où les animaux peuvent être infectés par le virus de l’encéphalite
828 Manuel terrestre de l’OIE 2005