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d’éteindre tous les becs de gaz de son réseau.
Il s’agit d’un travail saisonnier car les
réverbères ne sont allumés que la moitié de l’année, de
la Saint Michel à la Saint Amédée. Lors des soirs de bal
on les maintient exceptionnellement jusqu’à minuit. Par
économie, en période de pleine lune, Louis a ordre de ne
point allumer les becs de gaz…
Rentrant à des heures tardives ou très
matinales dans les rues non éclairées,
il n’a jamais fait de mauvaises
rencontres. Et, pour améliorer son
ordinaire aux jours libres de la belle
saison, Louis accomplit d’autres tâ-
ches sur la voirie et, à l’occasion, se
fait sonneur de cloches pour les
baptêmes, mariages et enterrements.
A droite, réverbère à
gaz de la place Sainte Croix à Lou-
dun (Vienne) en 1905.
En 1932, l’emploi
de l’électricité comme
source d’éclairage public
mit un terme à sa carrière
d’allumeur de réverbère.
Louis, devenu employé
communal, eut la charge de
vérifier le bon fonctionne-
ment de ces nouveaux
lampadaires et d’en
changer les lampes quand
l’usure du temps les avait
grillées.
Ici, un allumeur de réverbère célèbre que
le Petit Prince nous a fait connaître au cours de son
extraordinaire voyage. Celui-là est employé à plein
temps et pour l’éternité…
Patrice LUCQUIAUD
que celle produite par les anciennes lampes à huiles ou à
pétrole... Ce type d'éclairage va bientôt être appliqué
dans toutes les villes. Les allumeurs de réverbères
préposés à cet office ne sont ni des fonctionnaires ni des
salariés du gaz bien que dès cette époque on les appelle
gaziers… Ce petit métier fort astreignant est bien mal
payé…
Voici maintenant décrite
leur mission : quand le soir tombe,
les gaziers partent de l’usine pro-
ductrice de gaz et vont de réverbère
en réverbère situés sur leur ligne
d'alimentation. Plus besoin
d'échelle mais une longue perche
terminée par un crochet. Cet outil
permet à l'employé, depuis le sol,
de manœuvrer l'arrivée de ce nou-
veau système d'éclairage urbain.
La griffe, à l'extrémité, permet à
la fois d'ouvrir la vitre du réverbère
et d'actionner le robinet d'arrivée
de gaz. En outre, cette perche est
munie d'une lampe à alcool qui sert
à enflammer le gaz. Ces allumeurs
de réverbères doivent faire vite car
on exige d'eux qu'ils allument 65
réverbères en 40 minutes !...
Et leur travail ne s'arrête pas là. À l’aube,
ils doivent aussi éteindre et donc refaire en sens inverse
leur tournée et, avec leur perche, couper l'arrivée de gaz
de chacun de ces lampadaires qu'ils ont en charge.
A partir des années 1900, le salaire des
allumeurs de réverbère n'augmente pas sinon leurs tâ-
ches puisqu'il leur est imposé un nettoyage quotidien de
ces becs de gaz à effectuer de jour ce qui rend de nou-
veau indispensable l'équipement d'une échelle... Dans
certaines villes, ces gaziers sont astreints à effectuer,
en sus, des rondes de nuit.
L'ampoule électrique inventée par Thomas
Edison en 1879 qui équipe progressivement en France
tous les réverbères, à partir de 1930, entraîne la
disparition du métier d'allumeur de réverbères.
Témoignages :
C’est en 1902, à l’âge de 14 ans que
Louis Cherriot introduit dans la profession par son père
Léon, fait ses premiers pas dans le métier d’allumeur de
réverbère. Préposé à Loudun, on lui confie d’abord le
nettoyage des candélabres et des vitres entourant le bec
de gaz. Cet entretien des réverbères, il l’accomplit juché
sur une échelle pendant le jour. Quelques années plus
tard, il remplace son père pour l’allumage et l’extinction.
Chaque soir au crépuscule, il se met en route en suivant
le réseau et débloque le pointeau d’alimentation de cha-
que réverbère à l’aide d’une longue perche. Cette man-
œuvre demande une certaine habileté que seule la prati-
que, au fil des semaines, lui permet d’acquérir. D’avoir
ouvert le débit de gaz ne suffit pas, il doit aussi l’en-
flammer à l’aide d’une lampe à huile qu’il fixe à l’extré-
mité de sa perche.
A dix heures du soir, Louis doit faire le
chemin inverse pour faire pivoter chaque pointeau afin