
appuis, mais aussi au niveau de placards
particulièrement inflammatoires pour
renforcer la compression. On utilise des
mousses de latex expansé de différentes
épaisseurs, des cavaliers en cuir au niveau
des commissures, des silicones (gels, pâtes
modelables). L’efficacité d’action des plaques
de silicone, en fait, dépendrait plus de la
création par les plaques d’un environnement
anaérobie de la cicatrice que de la
compression elle-même.
LUTTER CONTRE LA RÉTRACTION
(tableau I)
La compression est un premier moyen de
prévention contre la rétraction car elle
diminue la prolifération de myofibroblastes,
cellules douées de propriétés rétractiles. Il
faut y associer la mise en tension cutanée
maximale par posture manuelle ou par
orthèse pour garder, au niveau des
articulations, un « capital peau » le plus
étendu possible.
L’abord du traitement de la rétraction par
orthèse chez l’enfant diffère de celui chez
l’adulte dans la mesure où :
– toute brûlure articulaire induit un risque
de rétraction plus fréquent et plus
prononcé ;
– une cicatrice rétractée peut perturber la
croissance cutanée ;
– l’absence d’évolution vers la raideur
articulaire, la faible incidence des ostéomes,
après immobilisation, autorise un port
d’orthèse plus prolongé.
Il en résulte une attitude plus intervention-
niste que chez l’adulte. Le bénéfice obtenu
par des immobilisations contraignantes doit
permettre de dépasser la perte fonctionnelle
transitoire qui en résulte, sans jamais abuser
de la contrainte lorsque celle-ci n’est pas
indispensable.
La conduite du traitement peut être
schématisée, mais est à adapter pour chaque
individu par une équipe expérimentée, en
fonction de critères d’efficacité et de
tolérance physique et psychologique.
On peut différencier la période initiale qui
encadre la greffe cutanée et la période
secondaire qui débute lorsque l’épidermi-
sation est en bonne voie.
¶Traitement postural initial
Il doit être mis en œuvre rapidement sans
entraver la réanimation et consiste à installer
l’enfant en tenant compte de la localisation
des brûlures et de la nécessité du maintien
de la tension cutanée maximale.
Classiquement, le cou est en extension, les
épaules en abduction à 120°, les coudes en
extension, les avant-bras en supination, les
hanches en extension et légère abduction, les
genoux en extension, les pieds à angle droit,
les poignets et les mains maintenus dans
une orthèse d’extension statique, doigts
écartés.
Le pansement joue un rôle posturant
important, surtout au niveau de la main et
des pieds : les doigts sont individualisés et
les commissures couvertes en « fronde » de
pansements gras.
À ce stade, le traitement est préventif, mais
les contraintes d’ordre local ou général ne
permettent pas toujours d’éviter l’apparition
de rétractions qui peuvent limiter
l’amplitude articulaire.
¶Traitement postural secondaire
Il repose sur le maintien des postures
pendant la phase inflammatoire.
L’installation simple est progressivement
remplacée par la mise en place d’orthèses
[25, 26]
. Le choix du type et la durée du port
des orthèses dans la journée sont évalués en
fonction du siège et de l’importance des
brides
[27]
.
En cas de limitation importante des
amplitudes articulaires, des plâtres successifs
sont refaits tous les2à3jours en fonction
de l’état cutané, jusqu’à obtention d’une
amplitude normale (fig 14). Si les rétractions
sont plus limitées, des orthèses amovibles
en résine sont confectionnées et portées, soit
uniquement la nuit, soit en permanence
23 h/24, avec habituellement une
diminution progressive du port journalier
pour arriver à un port uniquement nocturne.
En outre, l’observation précise des cicatrices
permet de distinguer :
– les brides monoarticulaires ;
– les brides ou placards étendus,
pluriarticulaires, nécessitant la posture
simultanée des différentes articulations
concernées ;
– les brides antagonistes pour lesquelles on
alterne différentes orthèses.
Le rétablissement de la fonction peut aussi
conduire à alterner les orthèses, par
exemple : orthèses thoracobrachiales droite
et gauche alternées le jour, pour permettre
l’utilisation d’un membre supérieur (fig 15,
16, 17) et, au niveau des mains, alternance
d’orthèses de fonction et de posture.
Les orthèses sont confectionnées en divers
matériaux : plâtre, résine ou thermofor-
mable. On cite les plus communément
réalisées en pratique quotidienne :
– les conformateurs faciaux et cervicaux qui
jouent un rôle à la fois compressif et
posturant, associés, pour les brides
cervicales, à un collier mousse ou minerve ;
– les orthèses thoracobrachiales ou
thoracobibrachiales, souvent relayées dans la
journée par un redresse-dos lorsque le
placard thoracique antérieur entraîne un
enroulement des épaules, fréquent chez
l’enfant ;
Tableau I. – Traitement postural d’une cicatrice en zone articulaire.
État cicatriciel Posture
Greffe récente Installation Pansement adaptés
Cicatrice inflammatoire avec présence de bride
• Non rétractile • Posture nocturne
• Rétraction limitée • Posture permanente
• Rétraction importante • Plâtres successifs
• Chaîne articulaire • Posture simultanée de l’ensemble des articulations concernées
• Brides antagonistes • Postures alternées
Ulcération sur bride • Posture permanente
Cicatrice mature, rétractile • Chirurgie réparatrice
14 Plâtres successifs de coude.
15 Attelle thoracobrachiale droite.
16 Attelle thoracobrachiale gauche.
Kinésithérapie Rééducation de l’enfant brûlé 26-275-D-10
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