
INTRODUCTION
Ce travail est orienté vers des problèmes généraux sur l’oral et le
scriptural, dans le français contemporain plus précisément sur la recherche
de leurs traits spécifiques. Avant toute investigation il est nécessaire de
tracer le partage de ces zones où la langue se réalise, si l’on veut d’abord
comprendre ce que parler où écrire signifie ; si l’on veut, ensuite, relever les
traits qui marquent la pertinence de l’une ou l’autre. C’est alors seulement
qu’il devient possible d’essayer l’analyse d’une forme typique du message
scriptural, les textes littéraires.
Si le perfectionnement et le renouveau de la pédagogie de la langue
française supposent ce renversement qui donne à l’oral une place première,
alors il importe que l’on examine attentivement le contenu que l’on prête à
cette notion, comme à son corollaire, l’écrit. Car la confusion est grande.
Essayer de définir aussi rigoureusement que possible les deux ordres
dans les quels tout sujet alternativement s’exprime : oral et / ou scriptural,
sera la visée de cette étude.
La confusion à dissiper naît surtout de ce que très souvent on pose
langue parlée / langue écrite comme deux „niveaux de langue” alors que ce
sont deux réalisations, dans deux systèmes différentes, de la langue. Langue
parlée : synonyme de langue populaire ou familière ; langue écrite :
synonyme de langue châtiée, choisie, cultivé, littéraire. On est conduit ainsi
à relever dans les textes d’un écrivain les mots ou les tournures de langue
parlée.
Le roman contemporain intègre de plus en plus dans sa syntaxe et dans
son vocabulaire, le français quotidien parlé. Inversement, la scolarisation
généralisée favorisant la tendance, on admet que le français parlé comporte,
tout de même, beaucoup plus de marques du français écrit que jadis. Tout le
monde ayant appris à lire les livres étant plus abondants, le français parlé
n’est plus aussi divers, aussi dialectisant ou patoisant. Mais décrire ainsi
l’usage de la langue, n’est que constater, en surface, que de l’oral à l’écrit, et
inversement, le passage et les emprunts sont permanents : ce n’est pas
dégager les traits spécifiques de l’un et de l’autre.