annexes philosophie de la guerre / etudes polemologiques

Philosophie de la guerre
Chapitre 1 : La philosophie de la guerre
La réflexion sur la guerre porte sur 3 choses :
1. l’explication de la guerre
2. sur la distinction entre la guerre et la violence
3. sur trois alternatives :
- la guerre ou la paix,
- la guerre juste ou la guerre injuste,
- guerre limitée ou guerre totale
Selon Kenneth Waltz, il existe trois types d’explications de la guerre :
- La nature humaine, la psychologie humaine
- La nature des régimes politiques ( les institutions…)
- La nature anarchique du système international
Pierre Hassner considère que l’antonyme de la paix ce n’est pas la guerre car la guerre n’est
qu’une forme de violence politique ( par ex dans la violence politique on trouve égt la
dictature, la révolution, le génocide..). Dc la paix ne désigne pas l’absence de guerre, mais
l’absence de violence politique.
Dans la réflexion sur la guerre, on trouve trois grandes questions morales ou politiques :
- La guerre peut-elle être dépassée ? abolie ?
- La guerre peut-elle être juste ?
- La guerre peut-elle être instrumentalisée ?
A chacune de ces trois questions, il y a un postulat, un présupposé :
1. la guerre serait désuète ou illicite
2. la guerre serait susceptible d’une évaluation normative
3. la guerre est ou serait un moyen au service d’une fin ( politique, économique…)
I. L’Etat et la violence
L’expression que l’on emprunte à Norbert Elias « le progrès de la civilisation » cad rendre
civil cad démilitariser. Ce progrès de la civilisation a consisté à éliminer peu à peu les
institutions violentes, au fur et à mesure que l’Etat devenait l’unique institution habilité à
employer la force (monopolisation étatique de la force).
L’Etat associe deux choses :
- La relation de commandement et d’obéissance
- Relation de protection et d’obéissance
Mais l’institution qui peut protéger peut également opprimer.
Le Droit constitutionnel vise à empêcher l’oppression grâce à 3 moyens :
- La garantie des droits des gouvernés ( DDHC)
- La distinction des pouvoirs
- Au contrôle juridictionnel des gouvernants par le juge
La monopolisation étatique de la force a fait l’objet de 4 appréciations :
1. cette monopolisation est un progrès définitif ( la position conservatrice)
2. progrès partiel, en attendant la transposition au plan international ( position
libérale )
3. Cette monopolisation est un progrès provisoire en attendant le dépérissement de
l’Etat lui-même comme ultime instance de violence ( thèse marxiste )
4. Selon la thèse anarchiste, ce monopole étatique de la force n’est pas un progrès car
c’est une source renouvelée de violence.
L’Apologie de la guerre :
Selon Norbert Elias et Pierre Chaunu, l’institutionnalisation de la guerre entre Etats a
constitué un facteur tendanciel, sur le long terme, de réduction de la violence. La guerre
interétatique est un progrès par rapport à la violence interindividuelle ( violence
sauvage ). Inversement, la remise en cause du monopole étatique et interétatique de la force,
qui est typique des processus révolutionnaires, s’accompagne d’une régression du processus
de civilisation.
Mais contre ce pt de vue on peut faire remarquer que 2 choses sont négligées, et c’est que
dénoncent les anarchistes notamment :
- Ce pt de vue néglige la persistance de la violence aux marges de l’Etat
- Surtout ce pt de vue néglige la violence d’Etat elle-même et néglige les effets
collatéraux de la guerre interétatique, susceptible d’entraîner un processus de
décivilisation. La guerre, et même la préparation de la guerre s’accompagne parfois
d’autres phénomènes de violence politique, à savoir la dictature, le totalitarisme, ou
encore la guerre peut s’accompagner de l’attaque des populations civiles en raison
de leur identité ou de leur opinion.
II. De la guerre à la paix ?
Au XXe siècle :
- il y a moins de guerre entre Etats que de violence des Etats contre leurs populations.
- moins de victimes de la violence guerrière que de victimes de la violence totalitaire.
- Le crime contre l’humanité ou le crime de génocide sont des notions juridiques.
En polémologie, on parlera de violence totalitaire, pour désigner la violence qui ne
distingue ni la paix et la guerre et qui ne distingue pas les combattants et les non
combattants. D’autre part la violence qui vise tel ou tel groupe, du simple fait de ses
opinions ou de son identité.
En politologie, on parlera de régime totalitaire pour désigner un régime dans lequel,
au nom d’une idéologie et au moyen du contrôle de l’information, un parti unique
commande à l’Etat, à l’économie et à la société, sans qu’il y ai de société civile autonome.
Donc sans qu’il y ai de propriété privée des moyens de production.
Si on suit cette définition, le communisme a été totalitaire ( sauf la NEP ), mais pas le
fascisme qui maintenait la propriété privée. Par contre, le fascisme même si le régime n’était
pas totalitaire, il se livrait à des violences totalitaires ( génocide juif ). Dc il faut bien faire la
différence entre régime totalitaire et violence totalitaire.
Le lien entre régime totalitaire et violence totalitaire est fournit par un dernier
concept : la terreur. Ce concept signifie l’insécurité juridique, cad la possibilité d’être
arrêté ou interné par tout agent de police habilité, sans mandat, ni jugement, ni contrôle
judiciaire, du simple fait de ses opinions ou de son identité.
III. Limitation ou prohibition de la guerre ?
La tendance à long terme semble aller vers le déclin de la guerre en tant qu’institution.
Autrefois considérée comme normale, de nos jours au XXe siècle, elle n’est plus admise
qu’à titre d’exception. Mais face à cette vision optimiste s’oppose une vision pessimiste :
des formes de violences pires que la guerre entre Etats se substituent ou s’ajoutent à la
guerre inter étatique.
La participation des juristes au « progrès de la civilisation », a concerné deux choses :
- D’une part la régulation de la guerre ( JIB )
- D’autre part l’ambition d’interdire la guerre
Ces deux logiques sont différentes, voir opposées :
- dans la première logique ( JIB) il s’agit de limiter la guerre pour mieux
l’instrumentaliser.
- Dans la seconde logique, il s’agit d’abolir la guerre pour garantir la paix.
Quoiqu’il en soit de ce débat, deux questions se posent :
1. est-il possible de limiter/maîtriser la guerre ?
2. est-il possible de prohiber la guerre ?
La réponse à la première question est affirmative ; par contre la réponse à la seconde question
parait négative en ce sens qu’une prohibition absolue n’a jamais été énoncée.
A. Les conditions de la limitation de la guerre ( 1ère hypothèse )
La limitation de la guerre comprend trois phases selon François Géré :
- 1ère phase : la sélection des buts politiques
- 2ème phase : la régulation des modalités militaires dans le choix des cibles,
mais également la limitation au niveau du choix des armes de combat.
- 3ème phase : le contrôle matériel et rhétorique des effets générés par la violence
réciproque.
Qu’est-ce qui permet d’évaluer la guerre ? L’outil juridique qui nous sert en polémologie,
le Droit de la guerre, qui permet d’évaluer la guerre. Cette évaluation porte sur les auteurs et
les buts ( auteurs : Etats, MLN ; buts : offensifs, défensifs ). Le droit de la guerre porte égt sur
les acteurs et les moyens. Ainsi, la guerre limitée est celle qui est conforme politiquement
au JAB et stratégiquement conforme au JIB.
Par conséquent, le respect des règles dessine les contours de la guerre limitée. Et au fond, le
respect des règles trace la limite entre la guerre limitée et celle qui ne l’est pas. Evidemment,
la limite peut être franchie en JAB mais pas en JIB. Cad que des buts exorbitants peuvent être
atteints avec des moyens qui ne sont pas exorbitants. Inversement, des moyens exorbitants
peuvent être utilisés pour des buts qui ne sont pas exorbitants.
B. Le problème de la prohibition de la guerre ( 2nde hypothèse)
En droit international, les idéalistes recherchent l’abolition de la guerre, par le grand
projet de « la paix par la Loi ». Cette quête a fait l’objet de deux sortes de critiques :
1. la première critique porte sur la faisabilité du projet. Projet utopique ?
2. la seconde critique est plus intéressante et porte sur la désirabilité du projet.
1). Concernant la première critique : l’idéal de la paix par la loi est utopique. Les auteurs
comme Schmidt ou Aron considère que l’humanité est politiquement divisée. De plus, il n’y a
pas d’autorité universelle capable d’imposer ses décisions avec une force et une légitimité
telle qu’aucun gouvernement n’oserait la défier.
2). Critique de Schmidt : l’idéal de la paix par la loi n’exclue pas le conflit. Cet idéal est
potentiellement tyrannique, ou du moins il est conservateur. Cet idéal est
tendanciellement discriminatoire. Ceci veut dire :
- l’éventualité de conflit entre les Etats dans la détermination du Droit : l’idée d’un
règne du Droit dans les RI suppose évidemment le pouvoir de définir, d’interpréter et
d’appliquer le Droit. Il faut dc une instance de décision. Par conséquent, cette idée
implique l’éventualité d’un rapport d’hostilité entre les Etats sur la définition,
l’interprétation et l’application du Droit. Et dc cette idée exige une coalition de puissances
pour garantir et sanctionner ce Droit.
- Le caractère tyrannique de cet idéal : Si l’on veut échapper au caractère interétatique
de la sanction. Le règne du Droit aboutie à « l’Etat universel ». en langage politique, le
règne du Droit aboutie à l’hégémonie d’une superpuissance dans un monde unipolaire.
- Concernant le caractère conservateur : l’interdiction de l’agression et l’organisation
de la sécurité collective, lorsqu’elles ne s’accompagnent pas du règlement juridictionnel
obligatoire des différents, ni de modalités efficaces du règlement pacifique, finalement
cette sécuricollective ne fait que consacrer le statu quo. Donc cet idéal est au
service des puissances satisfaites.
- Pourquoi dit on que cet idéal est tendanciellement discriminatoire ? l’assimilation de
l’agresseur à un criminel a pour conséquence que les Etats réputés dans leur Droit,
justifieront un emploi extrême de la force contre l’Etat réputé dans son tord.
Parallèlement, ces Etats qui prétendent incarner le Droit romprons l’unité entre le
gouvernement coupable et la population innocente, ceci dans le but de désolidariser la
population de son gouvernement. Conséquence : la montée aux extrêmes du conflit, et la
transformation tendancielle de la guerre inter étatique en guerre civile internationale.
IV. De la critique du pacifisme à l’axiologie de la guerre
En droit International, les réalistes s’en tiennent à la paix fondée sur la reconnaissance de la
souveraineté et des antagonismes ( reconnaissance des indépendances réciproques, des
ennemis). Julien Freund : on ne fait la paix qu’avec l’ennemi, ce qui implique par
conséquent, de reconnaître l’ennemi tout simplement, négocier avec eux, voir même de
se réconcilier avec l’ennemi.
L’unique solution si l’on veut terminer le conflit est l’anéantissement ou la conversion de
l’ennemi. La critique du pacifisme a revêtu trois formes :
- Une forme anthropologique
- Une forme politologique
- Une forme axiologique
- S’ajoute une critique conjoncturelle à partir de 1945. Au nom de l’entente avec
l’Allemagne, certains pacifistes ont été parmi les plus ardents collaborationnistes.
- Le pacifisme est susceptible de faire l’objet d’une critique morale, l’inaction peut
être immorale. L’action armée peut être illégale mais légitime.
a). critique anthropologique : Léo Strauss nous dit qu’il y aurait une tendance de la nature
humaine à former des groupes exclusifs. Les figures mnésiques de la guerre cad l’ennemi,
le héros, la victime, semblent nécessaires aux groupes humains pour fonder leur unité et
même leur identité.
b). critique politologique : Selon Karl Schmidt, la relation d’hostilité est l’essence du
politique si bien que la guerre est l’horizon du politique et cet horizon est indépassable
tant que l’humanité restera plurielle dans ses identités, ses intérêts et ses idéaux. Le
pacifisme lui-même est politique ( donc hostile ) : face à la guerre ou face aux risques de
guerre, soit les pacifistes manifestent pour ou contre l’un ou l’autre des belligérants ; soit les
pacifistes se trouvent les anti pacifistes dans leurs ennemis ; soit enfin les pacifistes désirent
imposer la paix par la force
c). la critique axiologique : la définition du politique telle que Karl Schmidt la développe, par
les situations d’exceptions peut conduire à deux positions :
- une position libérale : le politique est le risque de la guerre dc le danger, mais il faut
dépasser ce danger et dépasser le risque d’une mort violente par les progrès de la
civilisation.
- et une position anti libérale ( celle de Schmidt, Machiavel..) il s’agira de maintenir ce
risque au nom de valeurs héroïques.
De ce pt de vue là, affirmer la guerre, c’est une position politique mais également, une
position éthique. Cela revient à affirmer que l’Etat prime sur l’individu. C’est aussi une
position éthique qui revient à affirmer la primauté du pro patria mori ( mourir pour la
patrie ). A partir de plusieurs traditions philosophiques et intellectuelles vont faire l’éloge
de la guerre : la guerre serait une exaltation de la vitalité ( Nietszch ). D’autres exaltent la
citoyenneté ( le vrai citoyen est près à risquer sa vie pour la patrie (Hegel ).
C’est le nationalisme qui a renouvelé l’axiologie de la guerre à l’époque de la société
industrielle de masse. La figure héroïque devient le soldat inconnu. La nation par
conséquent est la cause collective et transcendante, la cause sacrée, au nom de laquelle
les citoyens se déclareraient près à mourir. La fonction de la guerre est d’éprouver la
santé morale et physique des peuples. La Fonction de la guerre est de révéler si les peuples
sont forts ou faibles, courageux ou lâches ( Hegel ).
Sur les 3 ensembles idéologiques qui dominent le XIXe siècle européen : libéralisme,
nationalisme et socialisme.
- Le libéralisme admet la guerre comme une exception
- Le nationalisme admet la guerre comme principe
- Le socialisme admet la guerre comme moyen
Au XXe siècle après la première guerre mondiale :
- il y a radicalisation du marxisme en marxisme léninisme.
- La radicalisation du socialisme donne naissance au communisme et la
radicalisation du nationalisme en fascisme.
- Les points extrêmes du communisme et du fascisme est le bolchevisme russe et
le nazisme allemand.
- Le fascisme hérite du nationalisme une sorte de passion de la guerre. le
communisme lui hérite du socialisme une certaine passion de la révolution. Les deux
passions peuvent se combiner. Le communisme fut en partie guerrier et le fascisme fut
en partie révolutionnaire.
- Bien que fondamentalement antagonistes, le communisme et le fascisme ont eut un
adversaire commun : la démocratie libérale.
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