changement de president au cesrw

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Liège, le 23 mai 2011 CHANGEMENT DE PRESIDENT AU CESRW Discours de Mme Th. BODSON Monsieur le Ministre‐Président, Monsieur le Vice‐Président, Madame la Présidente du Parlement wallon, Madame la Députée, Monsieur le Député, Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualités, c’est un exercice un peu particulier de prendre la Présidence du Conseil économique et social. Il est en effet difficile de prendre la parole après deux brillants orateurs, car le risque est de répéter ce qui a déjà été dit. Le premier engagement que je vais prendre devant vous de tenter ne pas redire une deuxième ou une troisième fois les mêmes choses. En effet, nous connaissons et traversons depuis deux ou trois ans une période de crise relativement importante. On souligne assez souvent que la Wallonie a franchi cette période de crise d’une meilleure manière que les régions avoisinantes. Parmi les raisons invoquées, on parle, à juste titre, de la contraction de la demande intérieure, qui est un peu moins importante en Wallonie, tout comme celle des investissements. Mais, sans vouloir remettre en cause l’ensemble des analyses qui ont été faites jusqu’ici, je me permettrai de nuancer légèrement l’analyse, simplement en regardant les comparaisons que l’on peut faire avec les régions avoisinantes que l’on appelle les RETI (Régions de tradition industrielle). C’est d’ailleurs une partie du travail qui a été fait par les collaborateurs du CESRW dans «Regards sur la Wallonie 2010» qui vient de paraître. Lorsqu’on fait de telles comparaisons, on se rend compte que les tendances sont positives. Malheureusement, force est de constater que les chiffres et les indicateurs en valeur absolue restent encore nettement en‐deçà des chiffres de ces 15 régions de tradition industrielle. Pour le dire différemment, on est sur la bonne route mais la route est encore assez longue, notamment en termes de taux d’emploi et de taux de chômage, mais également et même pour les tendances qui sont à la hausse. Je prendrai un exemple : la croissance des investissements est certes particulièrement positive au niveau wallon depuis plusieurs années. Pourtant, aujourd’hui encore, nous ne sommes qu’à ± 24% de l’ensemble des investissements au niveau du pays. Par ailleurs, et à nouveau pour nuancer et non pour inverser les choses, il faut rester vigilants au fait que ce redressement économique wallon se repose pour beaucoup, lorsque l’on en fait une analyse plus sectorielle, sur deux ou trois secteurs. Lorsque l’on voit les chiffres particulièrement positifs, non seulement au niveau de l’investissement mais également au niveau des exportations, ce sont deux ou trois secteurs qui tirent ces chiffres à la hausse, parmi lesquels on trouve notamment la chimie qui est, en termes d’exportations, à un taux de croissance de l’ordre de 20 à 30% depuis deux ou trois ans. Il est vrai que les pertes d’emploi ont été moins constatées durant les deux ou trois premières années de crise. Mais il faut rappeler la répartition de l’emploi en Wallonie, où le secteur tertiaire représente 78% de l’emploi et où l’emploi public est important. Le service public a joué un rôle non négligeable en matière de l’emploi et je pense qu’au cours de ces deux dernières années, il a pleinement joué son jeu de stabilisateur économique et social. 2
Malgré le contexte de crise que nous connaissons, il y a, en effet, des indicateurs qui sont particulièrement encourageants comme, par exemple, la croissance du nombre de sociétés commerciales au cours de ces deux ou trois dernières années. Il reste des efforts à faire, je ne vais pas les citer tous ici, mais il y en a deux qui me tiennent particulièrement à cœur. C’est d’une part, le niveau d’instruction de la population wallonne et, d’autre part, la formation. On le sait, la Wallonie compte aujourd’hui un nombre nettement inférieur de détenteurs d’un diplôme du supérieur nettement inférieur, non seulement par rapport à la Flandre mais aussi par rapport à d’autres régions et pays avec lesquels nous commerçons. La Wallonie compte aujourd’hui davantage de personnes peu ou faiblement diplômées (près de 32,5% des Wallons sont diplômés du secondaire inférieur – et parfois moins – pour 27,5% des Flamands). Or, on sait, lorsqu’on regarde les chiffres du chômage, qu’à peine 40% des travailleurs qui ont au maximum un diplôme de l’enseignement primaire ont aujourd’hui un emploi. On mesure dès lors l’importance de remplir, de rencontrer ce défi et d’augmenter le niveau d’instruction de la population wallonne. En ce qui concerne le décrochage scolaire, par exemple, nous ne sommes actuellement absolument pas en courbe de rattrapage par rapport aux régions qui nous entourent. Or, cela me paraît un défi de la plus haute importance faute de quoi, toutes les reprises économiques que nous pourrions enregistrer, ne permettraient pas d’aboutir à une diminution du chômage de longue durée. Les reprises économiques que nous pourrions enregistrer ne permettraient pas d’atteindre nos objectifs, d’essayer de forcer en sens inverse cette dualisation de la société que nous connaissons depuis plus de 20 ans. Deuxième domaine pour lequel il est urgent de combler un certain nombre de retards : la formation. Vous le savez, il y a un objectif connu de tous ici : 1,9% de la masse salariale et ce, en Belgique comme en Wallonie doit être consacré à la formation. Nous ne sommes jamais parvenus à rencontrer cet objectif. Il y a eu des améliorations non négligeables dans le courant des années 90 puis, à nouveau, une chute dans les années 2000, une reprise au milieu de la décennie précédente et puis, à nouveau, avec la crise, une nouvelle diminution dans l’investissement au niveau de la formation. Même lorsque l’on prend la formation informelle, nous restons à des taux de 1,5 – 1,6%. C’est un défi extrêmement important et une matière centrale pour nous les interlocuteurs sociaux. Nous avons la responsabilité de prendre rapidement un certain nombre d’initiatives pour améliorer. L’économie n’a de sens que si elle permet d’améliorer le niveau de vie de la population et en la matière lorsqu’on analyse les revenus des Wallons, on arrive aux mêmes conclusions que celles que l’on fait au départ d’analyses d’indicateurs économiques. Les écarts de revenus entre la Wallonie, d’une part, et la Flandre, d’autre part, diminuent en effet mais ces écarts restent encore particulièrement élevés. C’est en lien avec ce je disais à propos de l’éducation et de la formation. Le taux de risque de pauvreté reste excessivement élevé en Wallonie, deux fois plus élevé qu’en Flandre, tandis que le PIB de la Wallonie reste inférieur à la moyenne des trois RETI les moins performantes en la matière. Il s’agit‐là de deux indicateurs sur lesquels, réellement, il y a une attention toute particulière à apporter. Même si tous les indicateurs ne sont pas excellents, même si les chiffres en valeur absolue restent pour la plupart inférieurs à la moyenne, les tendances sont cependant très souvent, pour ne pas dire, systématiquement positives. Le rattrapage qui est en train de se faire et les effets de la politique économique et industrielle impulsée par le Plan Marshall sont en effet réels. Ici, au CESRW, je tiens à souligner que cette politique économique et industrielle est mise en place et prolongée en concertation constante avec les interlocuteurs sociaux. Pour preuve encore, les travaux que nous menons actuellement sur les lois d’expansion économique ou la mise en place des Comités d’accompagnement des pôles de compétitivité. 3
Deux points d’attention particuliers : l’aménagement du territoire. On en a parlé à de nombreuses reprises au sein du CESRW ces dernières années, ces derniers mois. C’est réellement un sujet de discussions et de préoccupations pour l’ensemble des interlocuteurs sociaux wallons. Je sais que l’équilibre entre l’affectation de terrain à l’activité économique d’une part, et la gestion globale, d’autre part, n’est pas une chose aisée et que cela met en présence des intérêts parfois inconciliables. Mais je pense que les procédures doivent être très rapidement revues, corrigées avec deux objectifs principaux. Tout d’abord, améliorer les délais. Ensuite, et c’est peut‐être encore plus important, améliorer la sécurité juridique par rapport aux investisseurs potentiels. Au‐delà de l’amélioration des textes légaux et autres décrets, je pense qu’il faut une évolution sur l’organisation de la concertation ou en tout cas ce que j’appellerai une meilleure harmonisation des lieux où la concertation en la matière se fait. C’est à cette condition seulement que nous pourrons atteindre ensemble les objectifs que je viens de déterminer. Deuxième point d’attention, l’accompagnement des demandeurs d’emploi. J’en dis deux mots parce que l’on souligne et on l’a fait avant moi, à quel point le taux de chômage ou le taux d’emploi (cela dépend de la façon dont on regarde les choses) reste quelque chose de particulièrement négatif en Wallonie. L’accompagnement de demandeurs d’emploi, le Gouvernement wallon en a fait une de ses priorités au travers notamment de l’accompagnement individualisé. Sur papier, c’est vrai que les choses avancent et sur le terrain, tout doucement, les choses se mettent en place. Mais je voudrais dire que nous apporterons une attention tout à fait particulière sur les évaluations que nous ferons en la matière, évaluations qui permettront de vérifier au moins deux choses : d’abord, que les moyens sont suffisants par rapport aux objectifs fixés au départ; ensuite, que l’ensemble des demandeurs d’emploi en Wallonie bénéficieront de cette modification dans la méthode de travail du FOREM. Le CESRW, comme on l’a dit, c’est le lieu de la concertation par excellence, le Ministre‐Président et Mme BELFROID viennent de le souligner, en Wallonie. Tout le monde s’accorde à dire que cette concertation fonctionne bien. Cependant, il y a intérêt à ce que dans les prochaines semaines et dans les prochains mois surtout, cela fonctionne encore mieux, que des améliorations soient apportées à cette concertation sociale, notamment en fonction des évolutions institutionnelles qui nous attendent. Les évolutions institutionnelles annoncées par la 6ème Réforme de l’Etat seront extrêmement importantes. Importantes parce qu’il y aura de gros transferts de budget, importantes parce qu’il y aura très certainement une augmentation de la responsabilité des entités fédérées. Cette réforme va provoquer un transfert de compétences qui toutes, de près ou de loin (et j’ai envie de dire plutôt de près que de loin) concernent les interlocuteurs sociaux. Que ce soit pour l’organisation du marché du travail, la fiscalité et, (malheureusement) quelques pans importants de la sécurité sociale ou encore des matières complémentaires dans le domaine de l’énergie, de la politique économique et industrielle, ... Nous en avons beaucoup discuté entre interlocuteurs sociaux wallons et nous regrettons d’être peu concertés alors que les matières qui font l’objet de transfert de l’entité fédérale vers les entités fédérées nous concernent. Tôt ou tard, il faudra s’organiser pour accueillir ces nouvelles compétences et il faudra réorganiser la concertation sociale au niveau wallon ! Je n’entrerai pas dans les détails des différents dossiers qui vont faire l’objet de ces transferts, mais prenons‐en un seul. L’organisation du marché du travail. On a beaucoup entendu ces derniers temps qu’une des matières qui pourrait être transférée vers les régions, porte sur les mesures d’activation des chômeurs et sur une série de réductions de cotisations concernant certaines catégories de travailleurs. Les premières analyses que nous avons faites au niveau de la FGTB wallonne et que nous avons partagées au niveau du CESRW, laissent penser que, dans l’état actuel des choses, les clés de 4
répartition qui seront utilisées entraîneront une perte pour la Région wallonne, et rien que pour ces deux matières, de quelque 200 millions €. Cela signifie très clairement qu’au niveau wallon, si le scénario se confirme, il faudrait faire autant avec moins. Il faudrait donc faire autrement. Il faudrait organiser cela en termes de concertation sociale en sachant que les travaux que nous faisons ici au CESRW et les premières estimations que nous avons pu faire sur les ajustements budgétaires 2011, laissent apparaître des marges de l’ordre de 70 à 80 millions € pour l’exercice 2011. Ces deux chiffres mis l’un à côté de l’autre nous permettent de dire à quel point la concertation sociale à laquelle nous croyons tous ici doit vraiment s’effectuer à chaque fois que les matières seront ou risquent d’être transférées vers la Région wallonne. Pour l’ensemble des interlocuteurs sociaux wallons, la priorité des priorités est que la concertation sociale soit maintenue et organisée au niveau wallon et très certainement à l’intérieur du CESRW, au fur et à mesure que des matières seront transférées de l’Etat fédéral vers les entités fédérées. Pour le dire encore plus simplement, les occasions vont se multiplier au cours des prochains mois et au cours des prochaines années pour démontrer à quel point nous accordons de l’importance à la concertation sociale. Dans les relations avec le Gouvernement wallon, je me permettrai de demander que les contacts que nous avons puissent être plus réguliers que ces derniers mois, sur base des enjeux que nous connaissons tous. Et que ces contacts avec le Gouvernement wallon soient des contacts avec un ordre du jour qui nous amène à devoir prendre, de façon plus formelle, des engagements réciproques, les uns vis‐à‐vis des autres. Le CESRW va voir son champ d’activités largement et fortement s’étendre suite aux évolutions institutionnelles que je viens d’évoquer, grandir en ce qui concerne l’élargissement des compétences, en ce qui concerne le type de relations envisagées avec le Gouvernement wallon mais également grandir en ce qui concerne les ressources humaines du CESRW. Je pense également que sur base de cet élargissement inévitable, le financement du CESRW qui est aujourd’hui basé sur les dotations en fonction des missions de base et des dotations fixées par rapport à l’ensemble des Commissions extérieures qui se multiplient beaucoup ces derniers temps, ce financement devra faire l’objet d’une évaluation sérieuse. Il faudra pouvoir renforcer le cadre dans lequel nous pourrons organiser la politique de relations humaines, c’est essentiel pour la concertation sociale, c’est aussi tout simplement essentiel pour le personnel du CESRW que je tiens également à remercier tout particulièrement et à féliciter pour la qualité des travaux qu’il mène depuis de très nombreuses années déjà. Ma première mission, en tant que Président entrant, est bien entendu de remercier Mme BELFROID pour l’esprit positif avec lequel elle a assuré la présidence du CESRW ces deux dernières années et l’esprit constructif également qui était le sien dans le cadre des relations de travail que nous avons eues depuis deux ans à l’intérieur notamment du Bureau du CESRW. Merci à tous pour votre écoute. 
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