Las gojatas!!! Nos nuits sont plus belles que nos jours Nos nuits sont plus belles que nos jour Un trio féminin solaire avec la lune pour seul témoin. Il s’agit presque d’une reprise. On dira plutôt une re-création. En effet, ce spectacle a déjà été joué de 1998 à 2001 où il a été vu pour la dernière fois au Théâtre Prémol de Grenoble. Il ne s’agira donc pas à proprement parler d’une reprise, même si le thème reste le même. Les trois interprètes retenues pour ce projet ont recrée les personnages, l’interprétation et le déroulement des actions. Ainsi le spectacle leur appartient désormais tout à fait. Gojatas (prononcer gouyates) est un mot gascon qui n’a pas de traduction appropriée en français. Alors, par commodité et faute de mieux, on traduit par adolescentes. Le mot désigne en effet cette période de la vie aux frontières variables où il est encore toléré de ne pas être sérieux. Le propos « Quand on est que deux on ne s’amuse pas bien. Ah, si on était trois !!! » Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les jeunes filles vont souvent par trois. On dirait qu'elles ont toutes lu "Les contes du chat perché" de Marcel Aymé. Dans Le loup, Delphine et Marinette s'ennuient seules à la ferme et on les entend dire ceci: "Quand on est que deux on ne s'amuse pas bien.......... Ah, si on était trois !!!". Et justement, nos gojatas (prononcer gouyates) sont trois. Trois sœurs, ou cousines, ou copines, peu importe. Ce soir-là, dans leur chambre commune, elles sont tout près de se coucher. Mais elles vont surtout bien s'amuser car leurs nuits sont plus belles que leurs jours. Même si, ça et là, leurs jeux pourront prendre des tournures acides, tant que leur mayonnaise aura du mal à prendre. Mais elle prendra, leur mayonnaise. Au coeur de leur nuit sans sommeil, elles trouveront finalement comment juxtaposer leurs imaginations créatrices. Nul doute qu'à trois, elles sont plus fortes, plus riches, plus inventives. Voyez les Pussy riots russes ou les Femmen ukrainiennes. Ne sont-elles pas trois à chaque fois comme pour se donner le courage de leurs actes rebelles? Et ne trouvez-vous pas que les triptyques sont plus équilibrés? Thèse, antithèse, synthèse. Une trinité est la réunion de trois éléments formant un tout, nous dit le Larousse. Et bien, nos adolescentes le prouvent bien, que quand on est trois on s'amuse beaucoup mieux. Et que, former un tout, à trois, c'est tout à fait possible. Toutes leurs élucubrations sont plus gestuelles et vocales que verbales. Et justement, l’adolescence se caractérise souvent par une difficulté à verbaliser les choses. Alors, un nouveau langage est créé. Ici, c’est une chanson de gestes, d’attitudes, d’exclamations, d’interjections, d’onomatopées, de cris. Une petite musique de nuit qui parfois s'approchera plus du feu d'artifice. Une escalade d'affrontements obstinés au début, qui conduiront inévitablement aux outrages, à la surenchère des vexations et forcément aux règlement de compte. Mais elles ont du cœur, nos gojatas et elles n'en resteront pas là. Elles se rabibocheront de la plus belle des façons. Et enfin, elles surferont d'un commun accord jusqu'au bout de la nuit sur une mesclade d'univers visités avec l'énergie bondissante qui n'appartient qu'à cette période de la vie. Ce n'est qu'aux premières lueurs du jour que l'épuisement aura enfin raison d'elles. Au moment où les oiseaux du petit matin prendront le relais. Il y a du cinéma muet et du dessin animé dans ce spectacle. Sauf que, dans le muet américain d'avant guerre, les vedettes du burlesques sont toutes masculines. Aujourd'hui, l'humour se conjugue aussi au féminin mais plutôt de façon verbale. Du burlesque (car ce spectacle a des accents burlesques) féminin essentiellement non verbal, comme dans le cinéma muet, c'est plus rare, voir très rare. Ce spectacle jubilatoire et sensible est tout public. Tous, les enfants et les adolescents qui adhèrent d'emblée à cette traversée émotionnelle et ludique, mais aussi les adultes et femmes surtout, qui peut-être en cette occasion, s'étonnent de se reconnaître un peu. Durée du spectacle : 1H Le choix des interprètes Eugénio Barba de l’Odïn théâtre au Danemark et Gilles Maheu de la compagnie Carbonne 14 de Montréal, n’emploient pas le terme d’acteur en ce qui concerne leurs mises en scène : ils disent acteurs/danseurs. Ce dernier l’exprime d’ailleurs ainsi dans un interview : « Je choisis les acteurs et les danseurs qui sont le plus multidisciplinaire possible et qui ont le champ d’expression le plus vaste possible. La présence de l’acteur ne s’arrête pas au mot… » Delphine Dolce (danseuse contemporaine), Sophie Boucher (musicienne, bassiste, percussionniste) et Peggy Lagay (actrice, chanteuse et pianiste) ne sont pas à proprement parler des actrices. Quoique ! Elles ont été choisies car se situant pile-poil aux frontières des pratiques du spectacle vivant. Un carrefour où un sens certain de la musique et une aisance corporelle affirmée viennent en renfort salutaire d’un théâtre trop dépendant de la littérature. Et ici, justement, point de littérature. Des personnages, certes, voilà pour le rapport au théâtre. Pour le reste, l’expression y est corporelle, gestuelle et vocale, même si on trouvera çà et là, quelques locutions gasconnes. L’expression choisie est donc universelle. Nul besoin de comprendre une langue. La langue des Gojatas c’est leur univers personnel et collectif qui éclate à chaque instant, sans cesse nourri par les circonstances, l'occasion faisant toujours le larron. C’est ce besoin irrépressible de faire corps avec l’instant, de coller à l’émotion, faute de pouvoir la tenir à distance, qui fait parfois de l'adolescence, au mieux un feu d'artifice. C'est donc le feu qui a été choisi pour ce trio, avec, ça et là, un peu d'eau pour calmer les ardeurs néfastes. Ici, les actrices/danseuses/musiciennes sont les auteurs à part entière du spectacle. Nous sommes donc bien encore et toujours dans ce qu'on nomme « théâtre d'auteur ». Il faut le dire, ça commence à devenir une habitude chez nous de produire du théâtre avec des artistes qui ne sont pas à priori des acteurs. En 2000 déjà, François Gibut avait mis en scène Juliette Dürrleman (danseuse contemporaine et chanteuse) pour dire des lettres de prison dans Le ciel de Drancy est d’un bleu qui m’enchante. Il y a trois ans à peine, Delphine Dolce acceptait avec joie un emploi nouveau pour elle : jouer sur scène un texte d’Anna Gavalda (spectacle qui n’a jamais été vu, l’auteur nous ayant refusé les droits). De même, François Gibut a été sollicité à deux reprises par la conteuse Angélina Galvani pour mettre en geste ses histoires de La petite Juju ou du Papa/maman (spectacles vus aux festivals des Arts du Récit en Isère et Avignon/off en 2010 et 2013). Mise en bouteille : François Gibut (voir cv joint en fin de dossier) Mise en lumière : Jessica lapouille Une production autarcique Gest et compagnie 12 pieds s'y poussent 25 quai Jongkind 38000 Grenoble ☎ 0476443811 [email protected] www.gest.asso.fr Pourquoi le gascon ? « Il y a bien au dessus de nous, vers les montagnes, un gascon que je trouve singulièrement beau, sec, bref, expressif, et c'est, à la vérité, un langage mâle et militaire plus que tout autre que je comprenne. Aussi nerveux, puissant et direct que le français est gracieux, délicat et abondant » Michel de Montaigne Un peu d’histoire de France ne peut pas faire de mal. Une langue, c’est avant tout une musique. Le béarnais est la première mélodie qui m’a sans doute été donnée à entendre lors de mes premiers instants sur terre. Le béarnais est une langue gasconne faisant partie de l’ensemble linguistique occitan qui s’étend de l’Atlantique aux Alpes et du nord du Massif central aux Pyrénées. Ensemble faisant lui-même partie du grand ensemble des langues romanes (donc issues du latin), au même titre que le castillan (espagnol), le portugais, l’italien, le roumain, et le catalan. Le gascon occupe précisément tout le territoire français situé rive gauche de la Garonne (excepté le pays basque). Il se différencie de ses cousins (le languedocien de la Garonne au Rhône, le provençal du Rhône aux Alpes et le Nord-occitan qui occupe les confins septentrionaux) par quelques particularismes très repérables. Après avoir été longtemps la langue de territoires souverains, à l’emploi aussi bien politique que littéraire, l’occitan a cédé peu à peu le terrain aux coups de boutoirs centralistes des jacobins de la révolution française, jusqu’à devenir (malgré ça et là quelques résistances vaines) une langue de tradition orale réduite aux usages quotidiens paysans et artisans (comme d’ailleurs toutes les langues de l’hexagone autres que le français). Dans les années 70, le mouvement de résistance du Larzac raviva de son souffle les braises moribondes des identités régionales enfouies depuis des lustres par l’opiniâtreté efficace de l’école de la troisième république. Nos langues étaient devenues des « patois » aux effluves de fumier, tout juste bons à illustrer les basses besognes paysannes. Bref, des langues de cul-terreux. Et si, jusqu’aux années 70, nous les entendions encore sonner dans nos villages d’enfance, savions-nous à quel point nos parents avaient honte de les employer au-delà de certaines frontières. Ne leur avait-on pas inculqué avec quelle formidable obstination, à l’école communale, que le français était la plus belle langue du monde (j’ai souvent entendu mon père le dire). Or, dans ces fameuses années 70, quelle ne fut pas notre stupéfaction lorsque nous découvrions que nos « patois » avaient été, dans un lointain passé, des langues prospères, raffinées. Et que l’occitan des troubadours du Moyen-âge fut sans aucun doute, la langue des origines de la poésie européenne moderne. Laquelle poésie, du 11ème au 13ème siècle, dans tout le territoire occitan, se fondait en partie sur une reconnaissance totale du droit de la femme à décider en amour. « Libération de fait, mais aussi de principe ; pour les troubadours, l’homme et la femme, au moins en amour, sont égaux ». Michel Roquebert. « Mes perqué m’an pas dit a l’escola la lengua dé mon pèis ? Et pourquoi ne nous avait-on pas dit tout cela à l’école ? Les paroles de la chanson de Joan Pau Verdier résonnaient en nous attisant un vent de révolte. Ce fut les grands débuts de l’enseignement des langues régionales au lycée. A cette occasion, nous découvrions que ce « patois » honteux de nos parents et grands-parents masquait une véritable littérature, une philosophie (Montaigne, La Boétie, Montesquieu étaient occitans) une poésie. Que ces régions avaient une histoire politique remontant au Moyen Âge. Que ce fut la grande époque de leur souveraineté remarquable par les élans démocratiques les plus avancées dans une Europe plombée par la féodalité la plus crasse. Le trésor avait été bien caché, par souci d’identité nationale. Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire. Et on peut dire aujourd’hui que l’objectif est bel et bien atteint, car une langue qui n’est plus parlée dans les foyers et dans la rue doit être considérée comme morte. Même si, quelquefois, encore aujourd’hui, elle ressuscite dans la poésie du gascon Bernard Manciet ou dans les mélodies subtiles de la chanteuse béarnaise Marilis Orionaa ou des exubérants toulousains Fabulous trobadors ou encore dans les improvisations sauvages et non moins géniales de La cie Lubat de Gasconha, dans le petit village d’Astérix gascon : Uzeste. dans les Landes girondines et son festival libertaire. On dirait qu’elle tente là un geste désespéré de survie, un ultime pied de nez de vaincue qui trouve encore la force de dire merde ! juste avant son dernier souffle. Moribonde, certes, mais libre de toute entrave politicoéconomique, affranchie des modes et des standards. Comme il y a 800 ans, alors que s’inventait, dans ces mêmes contrées une poésie nouvelle consacrée toute entière à une conception révolutionnaire de l’Amour. Mais ne nous y méprenons- pas ! Le choix de cette langue pour notre cher trio n’est pas motivé par un esprit militant ou même vindicatif de ma part. D’ailleurs, la langue n’y est pas le principal véhicule, loin s‘en faut. Pour des raisons affectives certes, mais plus musicales qu’intellectuelles, elle m’a semblé plus appropriée que le français, en cette occasion. En effet, les longues décennies passées à l’emploi restrictif des choses de la terre, lui confèrent des accents plus percutants, directs, des interjections plus audacieuses et hardies, truculentes à souhait. Elle est empreinte des exhalaisons crues et franches des cours de fermes, des granges, des bois et des prés, de la proximité des animaux et des changements de saison. Elle témoigne d’un rapport plus charnel au temps et à la matière. Sa phonétique plus colorée en diphtongues et triphtongues, ses accents toniques changeants, ses r roulés, ses absences de voyelles muettes lui donnent des aspects charnels, grivois, frondeurs, primesautiers et impertinents... Et ainsi sont les gojatas, charnelles, grivoises, frondeuses, spontanées et impertinentes à la fois. Merveilleuse coïncidence. « Il existe un théatre qui précéde le texte, mais il ne s'agit pas de l'édifice de pierres et de briques, il s'agit de l'édifice constitué par le corps de l'acteur. » Gordon Graig François Gibut est professeur d’éducation physique lorsqu’il étudie le mime moderne avec l’école de Mime corporel dramatique de Paris et le Théâtre du Mouvement (Paris) de 1980 à 1992 (Cette école et cette compagnie sont étroitement liées à l’enseignement d’Etienne Decroux -1898/1991- qui fut le fondateur du mime moderne et consacra toute sa vie à édifier et enseigner cet art) Depuis 1995, il suit une longue formation (Le Geste anatomique®) avec Blandine Calais-Germain, professeur de danse et kinésithérapeute. En juillet 2006, il entre dans son équipe pédagogique pour le stage Marche humaine. En 1993, il crée Gest, structure de formation corporelle (théâtre, danse, Anatomie), puis la compagnie théâtrale Douze pieds s’y poussent en 99. Il en est respectivement le directeur artistique et le metteur en scène. Depuis 1986, il propose à Grenoble des cours et des stages et élabore une pédagogie intitulé « Apprendre par corps » , visant à restituer au jeu de l’acteur son implication corporelle. Il met en scène des pièces où le geste demeure la préoccupation essentielle, sans toutefois exclure le texte. 1989 : Douze pieds s’y poussent , pièce gestuelle pour 6 acteurs 1989 : Humph tra à quatre, pièce gestuelle pour 4 acteurs 1991 : Le petit chaperon rouge, pièce gestuelle pour 4 acteurs 1995 : La cruche , adaptation d’un conte de Bernard.B Dadié pour un acteur 1997 : J.B in the box, pièce gestuelle pour un acteur et un pianiste 1997 : Tres gouyates, pièce gestuelle et vocale pour 3 actrices 1999 : L’homme ! , pièce gestuelle et textuelle pour 7 acteurs 2000 : Le ciel de Drancy est d’un bleu qui m’enchante adaptation de « les lettres de Louise Jacobson » pour Juliette Dürrleman 2001 : Du vin en bouche et à l’oreille, parcours de dégustation de vins avec interventions d’acteurs, chanteurs et un accordéoniste. 2002 : Ά bâtons rompus, pièce gestuelle pour 6 acteurs 2003 : La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière (tournée 4 ans) 2003 : il est sollicité par la Festival de Théâtre européen de Grenoble, pour un stage sur le thème de la marche de l’acteur « L’acteur vient toujours à pied » 2006 : Pas si simple de s’asseoir ! ! ! ! pièce gestuelle pour 4 actrices, un musicien amateurs et 4 chaises. 2008 : Il est sollicité pour la direction gestuelle du conte musical La petite Juju , écrit, mise en scène et joué par la conteuse Angélina Galvani(conteuse) et Remy Auclair (contrebassiste). Joué au festival off d’Avignon 2010 et Festival des Arts du Récit en Isère. 2010 : « Apprendre par corps » prendra la forme d’un stage professionnel de 120H, en partenariat avec l’Heure Bleue de st Martin d’Hères. 2011 : Il est à nouveau sollicité par la conteuse Angélina Galvani pour la direction gestuelle du conte musical Le papa/maman (festival des Arts du Récit en Isère 2012) 2013 : Le ciel est d'un gris qui m'enchante pièce gestuelle pour 6 acteurs amateurs sur le thème de l'eau. 2014 : Parlez-moi d'Amour pièce portant sur les scène 8 et 9 de l'acte 4 de Cyrano de Bergerac pour 15 acteurs amateurs. Des créations collectives gestuelles issues de l’improvisation, des adaptations de conte ou lettres de prison, un texte de théâtre, des soirées autour de la gastronomie et spectacle vivant : François Gibut prouve ici sa faculté à varier les aventures avec des professionnels du théâtre, de la danse ou de la musique, mais aussi avec ses élèves pour qui il crée des pièces audacieuses et inventives, souvent à partir de trois fois rien. Sa longue expérience de la pédagogie et de la direction d’acteurs le conduit tout naturellement à proposer un projet complet de formation professionnelle d’acteur, soumis aux collectivités locales et territoriales en 2001. Ce projet initulé « Apprendre par corps », s’inscrit dans une démarche corporelle comme composante de base à la formation de l’acteur.