L`orthographe
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L'orthographe Quels dispositifs et aménagements pédagogiques mettre en œuvre pour favoriser les acquisitions orthographiques ? Des problématiques ... Comment favoriser les acquisitions en orthographe des élèves en difficulté ? Quelles activités mettre en œuvre en classe pour placer les élèves en situation de progrès et de réussite tout en conservant un certain niveau d'exigence ? (Cf. paliers 1 et 2 du socle commun) Quels aménagements et adaptations de ces activités pour que tous les élèves apprennent, construisent leurs savoirs orthographiques ? Quelle(s) évaluation(s) des acquis ? Comment les élèves réinvestissent-ils les savoirs construits en situation réelle d'écriture ? Compétences du socle commun paliers 1 et 2 PALIER1 COMPETENCE 1 LA MAITRISE DE LA LANGUE FRANCAISE ÉCRIRE Copier un texte court sans erreur dans une écriture cursive lisible et avec une présentation soignée Utiliser ses connaissances pour mieux écrire un texte court Écrire de manière autonome un texte de cinq à dix lignes ETUDE DE LA LANGUE - GRAMMAIRE Identifier la phrase, le verbe, le nom, l’article, l’adjectif qualificatif, le pronom personnel (sujet) Repérer le verbe d’une phrase et son sujet er Conjuguer les verbes du 1 groupe, être et avoir, au présent, au futur, au passé composé de l’indicatif ; conjuguer les verbes faire, aller, dire, venir au présent de l’indicatif Distinguer le présent du futur et du passé ETUDE DE LA LANGUE - ORTHOGRAPHE Écrire en respectant les correspondances entre lettres et sons et les règles relatives à la valeur des lettres Écrire sans erreur des mots mémorisés Orthographier correctement des formes conjuguées, respecter l’accord entre le sujet et le verbe, ainsi que les accords en genre et en nombre dans le groupe nominal Compétences du socle commun paliers 1 et 2 PALIER2 COMPETENCE 1 LA MAITRISE DE LA LANGUE FRANCAISE ECRIRE Copier sans erreur un texte d’au moins quinze lignes en lui donnant une présentation adaptée Utiliser ses connaissances pour réfléchir sur un texte, mieux l’écrire Répondre à une question par une phrase complète à l’écrit Rédiger un texte d’une quinzaine de lignes (récits, description, dialogue, texte poétique, compte rendu) en utilisant ses connaissances en vocabulaire et en grammaire ETUDE DE LA LANGUE - GRAMMAIRE Distinguer les mots selon leur nature Identifier les fonctions des mots dans la phrase Conjuguer les verbes, utiliser les temps à bon escient ETUDE DE LA LANGUE - ORTHOGRAPHE Maîtriser l’orthographe grammaticale Maîtriser l’orthographe lexicale Orthographier correctement un texte simple de dix lignes – lors de sa rédaction ou de sa dictée – en se référant aux règles connues d’orthographe et de grammaire ainsi qu’à la connaissance du vocabulaire I. Historique, constat et éclairages théoriques. L'orthographe : un outil de rectitude sociale et de culture - Le mythe de l'orthographe en France Origine du mot : « ortho » : droit et « graphe » : écrire. Dans notre société, l'orthographe est un enjeu social : réussite aux examens, embauche souvent conditionnées par la maîtrise de l'orthographe. Or, notre système d'écriture, soit-disant immuable, a subi et subit encore des modifications (la dernière en 1990) : la langue écrite est un matériau qui évolue en fonction des pratiques d'écriture. « L'avènement des SMS et des courriels illustre le phénomène de polygraphie dans laquelle se trouvent désormais plongées les sociétés modernes » (J.P. JAFFRE). - L'orthographe, un outil de domination symbolique « Notre orthographe est l'une des plus complexes du monde, en raison notamment de ses spécificités grammaticales.» J.P. JAFFRE J.P. SAUTOT : « … La maîtrise de l'orthographe est étroitement liée à la réussite et à l'intelligence... » Entre ceux qui maîtrisent l'écrit et ses règles et ceux qui ne les maîtrisent pas ou peu, la maîtrise de l'écrit constitue un enjeu d'importance : l'écrit devient un marqueur de l'appartenance sociale. - Le rapport à l'orthographe Pour André ANGOUJARD, « l'orthographe fait peur ou fascine exagérément. […] Les élèves apprendront d'autant mieux l'orthographe que l'école leur permettra de voir en elle un système, certes complexe, mais dont ils peuvent découvrir progressivement les principales caractéristiques […] L'ORTHOGRAPHE OFFICIELLE RECOMMANDEE PAR L'ACADEMIE FRANÇAISE DEPUIS 1990 Les modifications apportées Les modifications apportées concernent : - le trait d'union : dans un certain nombre de mots, le trait d'union est remplacé par la soudure (exemple : « porte-monnaie » devient « portemonnaie », comme « portefeuille » ; exemple qui est souvent à l'honneur, la réforme de l'orthographe allemande ayant transformé « Portemonnaie » en « Portmonee ») ; - le pluriel des noms composés : les mots composés du type « pèse-lettre » suivent au pluriel la règle des mots simples (des « pèse-lettres ») ; - l'accent circonflexe : il n'est plus obligatoire sur les lettres « i » et « u », sauf dans les terminaisons verbales (exemple : « cela est dû à ») et dans quelques mots où il est nécessaire pour la distinction entre homonymes (exemple : « qu'il fût », « mûr ») ; - le participe passé des verbes pronominaux : il est invariable dans le cas de « laisser » suivi d'un infinitif (exemple : « elle s'est laissé mourir ») ; - des anomalies : mots empruntés : pour l'accentuation et le pluriel, les mots empruntés suivent les règles des mots français (exemple : un « imprésario », des « imprésarios ») (dans beaucoup de cas, il s'agit non de nouvelles formes, mais de trancher des cohabitations existantes) - séries désaccordées : des graphies sont rendues conformes aux règles de l'écriture du français (exemple : « douçâtre » remplace « douceâtre »), ou à la cohérence d'une série précise (exemple : « boursoufler » devient « boursouffler » comme « souffler », « chariot » devient « charriot » comme « charrette »). Ces propositions sont présentées sous forme, d'une part, de règles d'application générales et de modifications de graphies particulières destinées aux usagers et aux enseignants, et, d'autre part, sous forme de recommandations à l'usage des lexicographes et des créateurs de néologismes. I. Historique, constat et éclairages théoriques. Éclairages théoriques - Erreurs et évaluations de l'orthographe L'évaluation des élèves consiste à dire si leur production est conforme à la norme. Représentations sociales = enseignant, détenteur du savoir. Mais l'élève doit prendre conscience que la norme orthographique est à la portée de chacun et que l'enseignant = un guide qui pourra l'aider dans ses acquisitions. (Domination symbolique à gommer, à atténuer car entrave à la construction des savoirs.) Préférer l'utilisation du mot « erreur » (« errer », c'est emprunter le mauvais chemin) plutôt que « faute ». La dictée : Pour J.P. JAFFRE, « elle est un bon outil d'évaluation mais elle ne permet pas vraiment d'apprendre l'orthographe ». Pour J.P. SAUTOT, « la pratique de la dictée traditionnelle n'est pas un moteur de l'apprentissage comme la maîtrise de la norme peut l'être : elle est une censure s'il n'y a pas d'apprentissage objectif mené en amont.» Toutefois, la dictée reste une situation d'apprentissage très intéressante. - Des acquisitions différentes et différenciées Pour A. ANGOUJARD, « savoir orthographier, c'est être capable d'écrire, en référence au système graphique du français et à ses manifestations normatives, les mots que l'on veut introduire dans un texte.» Processus long qui diffère d'un élève à l'autre = une difficulté pédagogique supplémentaire. Le système que chacun se construit est une acquisition individuelle. - Les étapes de l'apprentissage 1ère étape de la construction des compétences orthographiques : prise de conscience de la fonction de l'écriture : transcrire du sens. C'est la phase logographique. 2ème étape : acquisition phonographique. L'élève prend conscience de la correspondance qui existe entre lettres et sons de la langue. 3ème étape : nouvelle phase logographique : pour accéder à la reconnaissance globale des mots (disparition progressive de l'appui sur le décodage). 4ème étape : acquisition de la morphographie (marques du nombre, notions de genre, temps, de personne,moins bien décodées). I. Historique, constat et éclairages théoriques. Découvrir et raisonner sur l'orthographe : mise en œuvre de la démarche expérimentale. - Une méthodologie de découverte : Le mécanisme de la situation-problème : P. MEIRIEU « Il est proposé aux sujets d’accomplir une tâche. […] cette tâche ne peut être menée à bien que si l’on surmonte un obstacle […] qui constitue le véritable objectif d’acquisition du formateur. Grâce à l’existence d’un système de contraintes […] le sujet ne peut mener à bien le projet sans affronter l’obstacle. Grâce à un système de ressources, […] le sujet peut surmonter l’obstacle.» Amener les élèves à observer l'orthographe qui est utile et utilisée dans les textes. Une situation-problème est posée, on observe, on analyse, on élabore des hypothèses, on expérimente, on obtient des résultats qu'on interprète pour en tirer des conclusions : la démarche expérimentale est l'outil de référence. « Les élèves ne se contentent pas d'appliquer une règle, mais se la construisent » (Gérard DE VECCHI). Les leçons d'orthographe se transforment en séances de découverte de la langue et de ses contraintes. Construire les savoirs implique totalement l'apprenant dans la démarche proposée : l'élève pourra réfléchir sur ses erreurs, les analyser, individuellement (pédagogie constructiviste favorisée) ou en interaction avec ses camarades (pédagogie socio-constructiviste tout en respectant la zone proximale de développement de chaque élève). En devenant acteurs de leurs apprentissages, les élèves sont partie prenante de leur progrès. Ils construisent des outils évolutifs, des référents, des stratégies disponibles pour leurs travaux d'écriture. L'entrée phonographique : constitution de corpus de mots organisés en tri/classement > construction de synthèses > outils et référents pour la classe. Justifications et argumentations par les élèves des regroupements effectués très importantes > structuration des savoirs. Ce travail sur le système d'écriture > situation d'écriture pour la mise en œuvre des savoirs sur les valeurs des lettres. L'orthographe lexicale : performance exigée = graphie des mots d'usage courant (différentes échelles d'acquisition : DUBOIS-BUYSE, E.O.L.E. par ex.) S'aborde par l'étude du vocabulaire : raisonner sur la relation forme graphique/sens des mots. Privilégier la construction du sens des mots pour arriver à l'orthographe. Plusieurs domaines d'étude à aborder : - la morphologie lexicale : rapport entre la forme de base du mot et son dérivé. - les morphogrammes lexicaux : veiller à faire le tri entre morphogrammes lexicaux et morphogrammes grammaticaux en amont. - les préfixes et doublement de consonnes - les lettres historiques : histoire de la langue > mémorisation de ces lettres facilitée si origine de la lettre explicitée. - l'homonymie lexicale : mots de même nature grammaticale avec prononciation identique (un seau / un sot / un sceau) L'orthographe grammaticale : principalement les accords. Deux entrées possibles : - Entrée orthographique : s'interroger sur la fonction des lettres (aspect concret de la langue) - Entrée grammaticale (plus aisée): s'intéresser au sens de l'énoncé puis à sa forme graphique (aspect plus abstrait). Différentes notions : - Catégorie du nombre : les marques du nombre (GN et accord S/V) - Le genre : s'appuie sur l'orthographe lexicale et l'étude de la lettre E > liens à faire avec les activités phonographiques et lexicales. La conjugaison : un système à construire : Pistes à exploiter : textes et référents > étude du corpus textuel en travaillant d'abord sur la valeur sémantique des temps verbaux, des conjugaisons, en amont du travail orthographique. 3 axes de connaissances à acquérir : les verbes, les temps verbaux et la notion de personne. Dans l'orthographe française, système verbal = lieu où la variation est la plus fréquente > grand nombre d'erreurs commises. Construire des synthèses en classe pour permettre aux élèves de se construire des stratégies de choix orthographique lors de la tâche d'écriture. Synthèses construites collectivement (tableaux à compléter au fur et à mesure de la rencontre des différentes formes dans les textes par ex. Des exercices d'entraînement = reconstruction de ces tableaux référents par ex. S'appuyer sur les verbes rencontrés dans les textes et les listes de fréquence et les manipuler de façon réitérée permet aux élèves de construire un système cohérent. Quelques définitions selon Nina CATACH 1 Le phonogramme (il transmet les phonèmes) b a t eau (4) m a m an (4) g r a ph e m e (7) 2 Le morphogramme (il transmet une unité significative) - lexical : t de petit, g de rang, s de français - grammatical : nt de aiment, s du pluriel : chiens 3 Les logogrammes ou figures de mots qui distinguent les homophones : bon/bond doigt/doit ancre/encre à/a faim/fin 4 Les idéogrammes : Majuscules, ponctuation Exemples de référents construits collectivement à partir d'observations des conjugaisons rencontrées dans le corpus textuel. - Raisonner avec l'orthographe : méthode de résolution de problèmes. Élaborer des stratégies : difficulté majeure > le transfert des connaissances acquises Vigilance orthographique : le scripteur doit exercer un contrôle permanent sur les graphies qu'il produit. Stratégies du scripteur en matière de contrôle du texte lors de l'acte graphique : - anticiper l'erreur : vigilance orthographique quasi-permanente avant ou au moment de l'écriture, - chercher l'erreur pendant la relecture : méthodologie de relecture et - corriger l'erreur réécriture des textes. Cette acquisition de stratégies orthographiques = processus long. Nécessité d'intégrer de nouvelles postures mentales, d'intégrer des automatismes : la simple mémorisation des règles ne suffit pas. Passage par l'oralisation des stratégies et méthodes (métacognition) Démarche d'apprentissage constructiviste (expression des élèves et non la parole du maître) Démarche d'apprentissage socio-constructiviste (interaction des stratégies, confrontation des différentes représentations et démarches). Constitution des groupes de travail importante : à anticiper selon l'objectif recherché et le rôle de l'enseignant. L'apprenti scripteur doit apprendre à se poser des questions : occasion de faire apparaître et d'utiliser le métalangage grammatical au travers des justifications grammaticales. Repérer et corriger les erreurs : Phases d'identification et de repérage des erreurs doivent être travaillées explicitement > acquérir une autonomie du repérage et de la correction des erreurs lors des situations réelles d'écriture. 3 exigences pour acquérir cette autonomie lors de l'écriture de ses propres écrits : savoir quoi chercher, savoir où chercher, savoir comment chercher. Pour acquérir cette autonomie : - Organisation de la classe et différenciation > permet le passage d'une acquisition collective (moments de travail collectif) à l'autonomie (détachement progressif de l'apprenant des pratiques collectives). - Accès aux ressources écrites (savoir, référents et outils construits en classe, sources institutionnelles) et aux ressources humaines (enseignant médiateur et élèves collaborant et coopérant entre eux). - Construction d'outils basés sur des questions récurrentes, outils qui pourront servir lors des tâches d'écritures et de rédaction. Construction d'une typologie des erreurs : Peut être construite au fur et à mesure, à partir des erreurs rencontrées dans les différentes activités de la classe. Processus long mais intéressant et constructif : consiste à chercher la nature des erreurs. Outil permettant l'acquisition de nouveaux savoirs et base d'un outil d'évaluation formatrice. Son but : faire nommer les erreurs (verbalisation du type d'erreur commise nécessite qualité de raisonnement). Cette typologie peut être un référent de cycle (travail en collaboration avec l'équipe de cycle ou pédagogique > offre une certaine continuité dans les apprentissages et la construction des savoirs). La dictée : activité intéressante pour construire une typologie des erreurs. Exemples d'« outils de questionnements » construits Exemple de typologie des erreurs construite par la classe :
