Année académique 2006-2007
Université Lumière Lyon 2
Institut d'études politiques de Lyon
École doctorale : Sciences des Sociétés et du droit (SSD)
Laboratoires d'accueil : Triangle (UMR CNRS 5206), RIVES (UMR CNRS 5600)
Master Sciences des Sociétés et de leur Environnement, Mention Science Politique,
spécialité Recherche Politiques Publiques et Gouvernements Comparés (2eme année)
Mémoire de recherche présenté par Marie Ravier
LA CONSTRUCTION D’UN PROBLEME
PUBLIC : LA LUTTE CONTRE LE CANCER
EN FRANCE (1945-2000)
Directeur de recherche : Monsieur le Professeur Renaud Payre
Table des matières
Remerciements . . 4
INTRODUCTION . . 5
Première Partie Les déterminants socio-historiques de la construction d’un problème
public . . 21
CHAPITRE 1 Un fondement historique : le modèle des centres de lutte contre le
cancer . . 23
I/ Les conditions d’une prise en charge spécialisée du cancer . . 23
II/ Des structures spécialisées dépendantes de leur environnement mais en
situation de quasi monopole . . 30
CHAPITRE 2 La viabilité d’un modèle remise en question . . 34
I / Un horizon épidémiologique qui évolue . . 35
II/ Une nouvelle donne organisationnelle : entre montée de la concurrence et
réorientation de la politique sanitaire . . 40
CONCLUSION . . 48
Deuxième Partie De l’activisme professionnel à la sensibilisation du champ politique . . 51
CHAPITRE 3 Un mouvement de réforme fondateur . . 52
I/ Un nouveau modèle d’organisation des centres anticancéreux et de la Fédération
nationale des centres de lutte contre le cancer . . 53
II/ Un processus d’innovation qui met du temps à recueillir l’unanimité . . 57
CHAPITRE 4 Le Cercle de réflexion des cancérologues français : un forum de
« policy entrepreneurs » ? . . 71
I/ Le Cercle ou la pérennisation d’alliances scellées . . 73
II/ Le Cercle ou l’ambition de la sensibilisation politique . . 79
CONCLUSION . . 92
Troisième Partie De la sensibilisation politique à l’événement politique : un sursaut des
pouvoirs publics ? . . 94
CHAPITRE 5 Une mobilisation nationale qui passe par une mobilisation
associative . . 95
I/ L’avènement d’un état d’urgence . . 97
II/ Une réflexion nourrie par la mobilisation contre le sida . . 104
CHAPITRE 6 Le plan Gillot-Kouchner : l’activation d’un « political stream » ? . . 110
I/ Le Plan Gillot-Kouchner : l’aboutissement de la réflexion d’une décennie . . 110
II/ Le cancer comme enjeu politique . . 115
CONCLUSION . . 121
Bibliographie . . 125
ARTICLES . . 125
OUVRAGES . . 125
ARCHIVES . . 126
AUTRES . . 127
ARTICLES DE METHODOLOGIE . . 127
ANNEXES . . 129
Résumé . . 130
Abstract . . 131
LA CONSTRUCTION D’UN PROBLEME PUBLIC : LA LUTTE CONTRE LE CANCER EN FRANCE
(1945-2000)
4 Ravier Marie - 2007
Remerciements
A Renaud Payre, mon tuteur universitaire, qui a accepté de me suivre dans mes recherches, en
dépit de mes doutes, de mes tâtonnements, de mes peurs parfois. Ses remarques constructives,
ses relectures attentives et stimulantes, ainsi que sa grande disponibilité envers mes divers
questionnements ont grandement facilité l’achèvement de ce mémoire.
A l’ensemble des personnes rencontrées dans le cadre de cette recherche, j’exprime ma
sincère gratitude : Fadila Farsi, Patrick Castel, Régine Goinère, Thierry Philip, Daniel Serin,
Christos Chouaïd, Claude Maylin, Jean Clavier, Henri Pujol, Mireille Guigaz, Claire Compagnon,
François Briatte. Leurs compétences, leur grande capacité d’écoute ainsi que leurs multiples talents
ont largement contribué à la substance de ce mémoire. Sans eux, nul sens à cette ‘aventure’
universitaire.
A ma famille, qui pour le second été consécutif, a bien voulu recueillir sa petite étudiante…
A ma maman et Manue, douées d’une éternelle patience pour la relecture.
A mon papa toujours prêt à se dévouer aux heures critiques.
A mes sœurs et mon frère jumeau pour leur soutien perpétuel, tant physique que psychique :
des abeilles qui butinent en silence mais qui offrent des rayons de lumière.
A Maxime, embarqué sur la même esquif : entre soleil doré et orage noir, un même sourire,
un même clin d’œil.
A mon ange gardien, qui a su me donner des ailes….
INTRODUCTION
Ravier Marie - 2007 5
INTRODUCTION
« Pour faire de grandes choses, Il ne faut pas être un si grand génie, Il ne faut
pas être au-dessus des hommes, Il faut être avec eux. » Montesquieu, Pensées.
Référons-nous de prime abord à un ouvrage de référence sur lequel nos reviendrons
régulièrement afin d’exposer un questionnement sur lequel reposera en filigrane notre
réflexion.
Patrice Pinell a écrit un ouvrage socio-historique sur la lutte contre le cancer en France.
Dans son introduction, il note la spécificité de son étude : toute son analyse repose sur la
volonté d’expliquer par quels processus les premières politiques de lutte contre le cancer
sont apparues en France, alors que l’Etat prenait des mesures pour lutter contre les fléaux
sociaux dans un contexte historique de l’entre-deux-guerres exceptionnel. L’auteur met
particulièrement en lumière l’idée d’une représentation autour du cancer qui évolue de
manière décisive vers une situation sans équivalent historique : « Pour la première fois, des
formations sociales érigent en fléau une maladie qui échappe aux moyens classiques de
l’hygiène sociale. »1. L’idée que cette maladie représente, par son incidence, une menace
pour la société prend peu à peu consistance. L’action étatique au début des années 1920 va
consister en la création d’une Commission nationale du cancer dont la principale action sera
de coordonner la mise en place des premiers centres anticancéreux, tout en débloquant
des fonds pour rendre opérationnelles ces structures spécialisées. Mais aucune politique
gouvernementale forte, assignant des objectifs nationaux et organisant la coordination des
acteurs ainsi que la cohérence des moyens sur l’ensemble du territoire ne voit le jour.
En avril 2007, nous rencontrons un des conseillers du cabinet de Bernard Kouchner
qui a contribué à la mise en place du premier programme national de lutte contre le cancer
en 2000, et voici quelques-uns de ses propos :
« En France, on n’a pas une grande tradition de programme de santé publique, ou
en tout cas on l’avait mais on l’a perdu. Au début des années 1980, il n’y avait pas
de programme organisé, que ce soit dans le cadre du cancer, de n’importe quelle
maladie chronique. […] On a un système français qui est excellent mais qui est
basé essentiellement sur le soin : c’est la réforme Debré, les services hospitalo-
universitaires, des hôpitaux d’excellence. Donc on est très basé sur le soin et pas
tellement sur la personne, sur la population. »
Et d’ajouter à propos du Plan cancer de 2000 :
« C’est un plan d’action qui, à l’époque, avait mobilisé beaucoup le ministère
des Affaires sociales, le ministère d’Etat à la Santé, mais qui n’avait pas réussi à
mobiliser au-delà, donc le premier ministre ni le président de la République. Mais
c’est quand même la première fois qu’il y avait un engagement politique
important au niveau d’un programme de santé publique ».
Ces propos nous invitent d’emblée à nous poser une énigme : comment expliquer le laps
de temps qui s’écoule entre une période d’effervescence bien analysée par Pinell durant
1 Patrice Pinell, Naissance d’un fléau. Histoire de la lutte contre le cancer en France (1890-1940), Paris, Editions Métailié,
1992, p. 11
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