2016, une année dont on a dit qu’elle était marquée par l’atroce réalité d’une
vérité post-vérité, d’un discours qui pouvait, peut-être se passer de la vérité.
Alors le silence en ce début d’année fait du bien, mais il y aurait un refus à se
complaire dans ce silence, à répondre au bruit par notre silence. Je crois plutôt
qu’il faut envisager 2017 comme une année non pas de bruit, mais du « verbe » et
de la « parole ». Une année où la parole pourrait retrouver tout son crédit, où les
mots pourraient retrouver tout leur sens. Cela, frères et sœurs, est
certainement de notre responsabilité, ne croyons pas que cette tâche ne nous
incombe pas.
On pourrait dire bien sûr que c’est au Christ, le Verbe fait chair, c’est à lui de
parler. On pourrait dire sinon que c’est au moins à sa mère que nous célébrons
aujourd’hui, à Joseph, aux anges, aux saints, que sais-je… Pourtant dans l’évangile
que nous venons d’entendre le verbe se tait et Marie médite toutes choses en
son cœur. Les seuls qui parlent ce sont ceux dont nous pouvons peut-être nous
situer à la hauteur, les bergers, des hommes sans instruction, des hommes qui ne
peuvent pas prendre pour excuse qu’ils sont trop petits ou trop peu instruits, des
hommes qui osent dire la « parole », la parole qui leur a été remise, par le Verbe
qu’ils viennent de rencontrer. De simples bergers nous apprendrons cette année à
parler.
Et puisque Dieu est notre premier maître en toutes choses, avec ces lectures
que nous venons d’entendre, il nous apprend comment le faire. La première chose
à faire pour parler, c’est obéir à Dieu et à son commandement, et en son nom,
bénir nos frères. Accueillir l’Esprit Saint pour bénir ! Commencer tous nos
discours par une parole de bénédiction, en son nom.
Prier ! Ouvrir notre cœur pour que l’Esprit saint vienne en nous proclamer que
Dieu est Père ; ensuite, alors, pardonner : prêcher et annoncer ce que nous avons
vu et entendu au sujet du Christ, et enfin louer Dieu pour ce qu’on aura entendu
et vu parce que notre témoignage aura porté du fruit.
Bénir, prier Dieu, raconter ce que d’autres nous ont dit du Christ, louer Dieu
pour ce qu’on aura vu de sa parole puissante. Bénir, prier, prêcher, louer. Voilà
tout un programme pour cette année nouvelle, un programme sur les traces du
Verbe, qui pourra répondre au bruit par la parole, qui nous fera répondre à
l’intolérable silence de l’injustice que personne ne dénonce, par un verbe
touchant, un verbe juste, un verbe aussi qui pourra porter sur nos lèvres la
parole que le monde attend, celle de la bénédiction, celle de la réconciliation,
celle de la consolation.
Frères et sœurs, que nous osions cette année prendre la parole, celle que Dieu
nous donne, et que nous recevons maintenant au creux de nos mains !