P h a r m a - N e w s
Le journal de l'équipe officinale
Sommaire
Editorial : Petit coup de gueule
Nouveautés : BRILIQUE° Ha, quel NOM ! Tout dans la plaquette !
Génériques du KEPPRA° Des noms à vous donner l’épilepsie
GILENYA° Du nouveau contre la SEP !
Pour en savoir plus : Le point sur l’urée A l’occasion de la sortie d’un nouvel
EXCIPIAL° U
Intoxications chez les enfants Vous croyez tout savoir ???
Le chocolat est-il
un médicament ? Joyeuses Fêtes !!!
En bref : Vaccin contre la grippe les pommes
Tests
L’image du mois :
Décembre 2011
Numéro 90
Que la douceur de Noël vous
illumine…
© Pharma-News page 2 Numéro 90, décembre 2011
Editorial
A quoi servons-nous ???
La société suisse de la sclérose en plaques informe ses membres dans sa newsletter 6.11 que
durant la période le GILENYA° n’était pas encore LS, Novartis offrait de contacter la
caisse-maladie du patient « en lieu et place du médecin ». Jusque là, tout va bien, merci
Novartis de rendre ce service. Ce qui est plus gênant, c’est que ce soit offert « en
collaboration avec la société Mediservice » qui fait de l’envoi postal !
Merci, chère société suisse de la SEP, merci Novartis, de chercher à éviter le contact humain,
le conseil personnalisé et la surveillance de son dossier à un patient qui ne doit certainement
rien avoir à faire de la médecine de proximité !
Pour adoucir la pilule, nous vous avons concocté un bel article sur le chocolat. Ouf !
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Jérôme Berger Pierre Bossert Julia Farina Marie-Thérèse Guanter Germanier
Séverine Huguenin Caroline Mir Martine Ruggli
Nouveautés
BRILIQUE° (ticagrélor)
Récemment, deux nouveaux médicaments
antiagrégants plaquettaires sont venus
concurrencer le clopidogrel (PLAVIX° et
génériques) : EFIENT° (prasugrel, voir PN n°
71 de janvier 2010) et aujourd’hui
BRILIQUE° (ticagrélor dosé à 90 mg).1
BRILIQUE° est indiqué dans la prévention
des décès d'origine cardiovasculaire :
infarctus du myocarde et accidents
vasculaires cérébraux chez les patients ayant
un syndrome coronarien aigu (angor instable,
infarctus du myocarde). Ce traitement doit
toujours être prescrit conjointement à l’aspirine faiblement dosée 2. Or, actuellement dans
cette indication, le traitement de référence reste l’héparine, suivie d’un traitement par aspirine,
de la pose d'un stent et de l'ajout du clopidogrel durant un mois à une année 3. A noter que
BRILIQUE° n’est pas limité aux patients chez qui un stent a été posé.
1 Arznei-telegramm 2011 ; 42 (1) : 1-3
2 Compendium suisse des médicaments 2011
© Pharma-News page 3 Numéro 90, décembre 2011
Une grande étude sur plus de 18'000 patients a été
réalisée, démontrant certains avantages pour cette
molécule par rapport au clopidogrel, mais il est
encore difficile de définir clairement sa place en
clinique : à première vue il semble une alternative
acceptable au clopidogrel 1, mais beaucoup plus
chère (BRILIQUE° est pratiquement 50% plus cher
que les génériques du clopidogrel). Les autorités
françaises ont décidé aux vues des données
actuelles que ce médicament n’apportait pas un
service médical suffisant et ont refusé son
remboursement 3.
Lors de la toute première prise (notamment en cas de changement de traitement), le patient
doit prendre deux comprimés en même temps (dose de charge unique), ensuite un comprimé
matin et soir (pour rappel, le clopidogrel et le prasugrel se prennent 1 fois par jour), sans
oublier qu’il doit toujours être associé à l’aspirine à dose maximale de 100 mg/jour 2. Ce
traitement doit être poursuivi durant 12 mois, comme cela a été fait dans l’étude de mise sur le
marché 4. Il est très important d’avoir une bonne adhésion lorsqu’on prend des antiagrégants
plaquettaires, car on sait que les patients qui prennent mal leur traitement risquent d’avoir un
accident cardiovasculaire (infarctus, attaque cérébrale). BRILIQUE° devant être pris deux fois
par jour et l’aspirine une fois seulement, l’équipe officinale doit vraiment insister sur cet
aspect pour éviter des risques majeurs au patient. En cas d'oubli de prise, le patient ne prendra
qu'un seul comprimé de BRILIQUE° à l'heure de sa prise habituelle suivante sans essayer de
compenser le médicament oublié 2 (risque de saignements augmenté si prise de deux
comprimés).
Les effets indésirables sont surtout hémorragiques. Dans l'étude
susmentionnée, environ 16% des patients ont eu des problèmes
hémorragiques (dont 6% des patients des saignements du nez) ce
qui est plus fréquent que sous l’association clopidogrel aspirine
faiblement dosée 1,3. Les saignements sévères et les saignements
mortels n’ont pas été plus fréquents que sous clopidogrel 3.
BRILIQUE° est métabolisé par le cytochrome 3A4 : son
administration est contre-indiquée avec les inhibiteurs puissants
de ce cytochrome comme la clarithromycine (KLACID° et
génériques) ou le kétoconazol (NIZORAL°). Donné
conjointement avec du diltiazem (DILZEM° et génériques), la
dose doit être diminuée de 50% 1,2.
Il n’y a pas encore de données concernant la grossesse et l’allaitement… prudence !
3 La Revue Prescrire 2011 ; 31 (333) : 488-493
4 DTB 2011; 49(6): 65-68
Pour aller plus loin…
BRILIQUE° provoque des
dyspnées chez environ 14%
des patients. Elles surviennent
surtout chez les patients âgés,
souvent un seul et unique
épisode dans le premier mois
de traitement. Il est de ce fait
recommandé d’éviter ce
médicament chez les
personnes asthmatiques ou
souffrant de BPCO 2.
Pour aller plus loin…
D’un point de vue mécanisme d’action,
BRILIQUE° est relativement proche du
clopidogrel et du prasugrel, mais se distingue de
ces derniers par le fait qu’il ne s’agit pas d’une
prodrogue (pas besoin d’être métabolipour être
actif, donc moins de risque d’interactions avec des
médicaments qui influenceraient son
métabolisme) et qu’il se fixe sur les récepteurs de
façon réversible, ce qui pourrait être un avantage
en cas d’hémorragie par exemple 1. Pour l’instant,
à l’instar des autres antiagrégants plaquettaires, il
n’existe pas d’antidote en cas de saignement.
© Pharma-News page 4 Numéro 90, décembre 2011
BRILIQUE° - A retenir pour le conseil :
nouvel antiagrégant plaquettaire assez proche du clopidogrel et du prasugrel…
mais mode de prise différent : deux comprimés à la première dose, ensuite un
comprimé matin et soir (clopidogrel et prasugrel : prise 1 fois par jour); adhésion très
importante
toujours associé à l’aspirine au dosage maximal de 100 mg
durée de prise : 12 mois
des saignements sont les effets indésirables les plus fréquents
Génériques du KEPPRA° (lévétiracétam)
Différents génériques du KEPPRA°
(lévétiracétam), tels que LEVETIRACETAM
MEPHA°, TEVA°, SPIRIG° et LEV DESITIN°
sont arrivés récemment sur le marché suisse.
Le lévétiracétam est un antiépileptique indiqué, en
monothérapie ou en association, pour le traitement
des épilepsies partielles avec ou sans
généralisation secondaire. L’épilepsie partielle ou
focale est un type d’épilepsie dans lequel les
symptômes (mouvements soudains et saccadés
d’une partie du corps, engourdissement, etc.) sont
provoqués au départ par un groupe de neurones bien localisé. Lorsqu’une
généralisation secondaire se produit, la crise atteint alors l’ensemble des
neurones du cerveau et les symptômes touchent tout le corps 5.
Le lévétiracétam peut également être prescrit en association avec d’autres
médicaments antiépileptiques pour le traitement des épilepsies
myocloniques (une forme d’épilepsie généralisée) 6.
Encadré : 7,8 En principe, la carbamazépine (TEGRETOL°) est le
traitement de référence, en monothérapie, des épilepsies
partielles des adules. De nombreux autres traitements
peuvent être proposés en deuxième choix
(DEPAKINE° (acide valproïque), TRILEPTAL°
(oxcarbazépine), LAMICTAL° (lamotrigine),
NEURONTIN° (gabapentine) et génériques respectifs).
Par contre, en ce qui concerne les épilepsies
myocloniques, le choix reste limité à la DEPAKINE°
(acide valproïque), à l’URBANYL° (clobazam) et au RIVOTRIL° (clonazépam).
Encadré910
Le lévétiracétam doit être introduit progressivement afin d’atténuer la survenue d’effets
indésirables. La dose initiale de 250 mg deux fois par jour est augmentée toutes les deux
5 EMEA, résumé EPAR à l’intention du public
6 Compendium suisse des médicaments
7 La Revue Prescrire, septembre 2007, 287, 657-1-4
8 Critique et pratique, 26 octobre 2007
9 Revue médicale suisse, 5 mai 2010
10 www.cbip.be , Prise en charge initiale de l’épilepsie, Folia Pharmacotherapeutica, avril 2009
Pour aller plus loin…
Selon certaines études, le lévétiracétam
n’apporte rien de nouveau en monothérapie
des épilepsies partielles, son efficacité étant
équivalente à celle de la carbamazépine,
alors qu’il a une place en association avec
d’autres traitements. Dans le traitement de
l’épilepsie myoclonique il est bienvenu, les
options étant peu nombreuses 7,8.
Pour un rappel
sur l’épilepsie,
voir le PN 42
de mars 2007,
pp 13-15.
© Pharma-News page 5 Numéro 90, décembre 2011
semaines de 500 mg en fonction de la réponse du patient, jusqu’à une dose maximale de 1500
mg deux fois par jour.
KEPPRA° existe en comprimés, solution buvable et solution concentrée pour perfusions,
alors que les génériques ne sont disponibles qu’en comprimés (sauf LEV DESITIN°
également en solution buvable). Les comprimés doivent être avalés avec du liquide, la
solution buvable, aromatisée au raisin, peut être mélangée à un verre d’eau.
Les effets indésirables les plus couramment observés sous lévétiracétam sont surtout des
effets indésirables psychiques : somnolence, agressivité, irritabilité, dépression, anorexie 11.
En ce qui concerne les interactions, le lévétiracétam a un risque limité par rapport aux
antiépileptiques de première génération (TEGRETOL°, DEPAKINE°, PHENHYDAN°,
MYSOLINE°, PETINIMID°, etc.), son métabolisme hépatique ne dépendant pas du
cytochrome P450 7. Ceci est un atout important en cas de comédication.
Génériques du KEPPRA° - A retenir pour le conseil :
antiépileptique, surtout utile en association dans le traitement de l’épilepsie partielle et
pour le traitement de l’épilepsie myoclonique
dose optimale obtenue par une augmentation progressive de la dose initiale
actuellement moins de choix de formes galéniques dans les génériques par rapport au
KEPPRA°
effets indésirables principaux : somnolence et dépression
11 La Revue Prescrire, décembre 2010, 326, 231 (interactions médicamenteuses)
Traitement de l’épilepsie :
Les épilepsies touchent près de 1% de la population générale. Lorsqu’un traitement chronique antiépileptique est instauré,
le choix du médicament dépend de plusieurs facteurs tels que : type d’épilepsie, sexe, âge et comorbidités du patient ; le
but du traitement étant d’obtenir un contrôle des crises 9. Le choix dépend également, sur le long terme, de l’efficacité du
traitement et de sa tolérance. De nombreux principes actifs sont à disposition et sont généralement répertoriés en anciens et
nouveaux médicaments :
1ère génération : PHENHYDAN°, MYSOLINE°, PETINIMID°, VALIUM°, TEGRETOL° et DEPAKINE°,
2ème génération : TALOXA°, SABRIL°, NEURONTIN°, LAMICTAL°, TOPAMAX°, GABITRIL°, TRILEPTAL°,
KEPPRA°, LYRICA°, ZONEGRAN°, INOVELON° et VIMPAT°.
Par ailleurs, il n’est pas clairement établi à quel moment un traitement antiépileptique chronique peut être arrêté. Cette
décision doit être prise individuellement 10.
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