© photo Pascal Sautelet
Le Bizarre Incident
du chien pendant la nuit
d’après le roman de Mark Haddon (éditions Pocket)
adaptation Simon Stephens, texte français Dominique Hollier
mise en scène Philippe Adrien
Reprise
8 au Théâtre de la Tempête
du  avril au  mai 
8 durée h
Nouvelle tournée
8 à l’automne 2017
8 conditions nancières HT
.  la représentation isolée,
.  les deux, .  les trois,
.  les quatre, .  les cinq,
plus transport décor, voyages
et défraiements de  personnes.
8 conditions techniques
montage en cinq services,
plans du décor et che technique
disponibles sur demande.
ARRT / Philippe Adrien
8 administration et tournée
Marie-Noëlle Boyer, Guillaume Moog,
Caroline Sazerat et Aurélien Piaretti
8 contacts
- Cartoucherie, route du
Champ-de-Manœuvre,  Paris
- tél.     
- arrt@la-tempete.fr
Production
8 ARRT / Philippe Adrien
compagnie subventionnée
par le ministère de la Culture,
avec le soutien de l’Adami,
en coréalisation
avec le Théâtre de la Tempête.
Le Bizarre Incident
du chien pendant la nuit
d’après le roman de Mark Haddon (éditions Pocket)
adaptation Simon Stephens, texte français Dominique Hollier
mise en scène Philippe Adrien
Christopher Boone, quinze ans, possède une
intelligence et une logique imparables ; il aime
les listes, les plans et la vérité, et cest un fan de
Sherlock Holmes ; mais tout seul il nest jamais
allé plus loin que le bout de sa rue. Il réussit
des exercices de mathématiques très diciles
et comprend la théorie de la relativité. Ce
qu’il ne comprend pas, ce sont les autres êtres
humains. À part la jeune Siobhan qui suit sa scolarité et l’aide à écrire ce
récit, et son père qui connaît ses troubles comportementaux, les autres sont
pour lui comme des étrangers… Lorsqu’il découvre le chien de sa voisine
transpercé d’une fourche, Christopher décide de retrouver le meurtrier et
son enquête l’entraîne dans un véritable parcours initiatique… Son sens
de l’observation, la rigueur de sa pensée, l’absence totale de duplicité sont
propres à débusquer mensonges et lâchetés. Les adultes nont qu’à bien se
tenir Ce petit chef-dœuvre d’imagination et de suspense nous introduit
aux émotions et aux vertiges d’un jeune garçon autiste pour qui « le monde
est plein de choses évidentes que personne ne remarque. » Un autre regard
sur notre réalité….
avec Pierre Lefebvre Christopher Juliette Poissonnier Siobhan Sébastien
Bravard Ed (père de Christopher) Nathalie Vairac Judy (mère de Christopher)
Bernadette Le Saché Mme Alexander / femme snob Mireille Roussel Mme Shears /
La voisine du n° 40 / Mme Gascoyne / Femme du train / Punkette / Hôtesse de gare Laurent
Montel Roger (M. Shears) / Policier / M. Wise / Guichetier / Mec bourré 1 Laurent
Ménoret Policier de garde / M. ompson / Mec bourré 2 / Homme aux chaussettes / Policier
londonien Tadié Tuéné Policier / Révérend Peters / Policier gare Ada Ada (la chienne).
décor Jean Haas chorégraphie Sophie Mayer lumières Pascal Sautelet
assisté de
Maëlle Payonne
vidéo
Olivier Roset
assisté de
Michaël Bennoun
musique et son Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi costumes
Cidalia Da Costa assistée de Anne Yarmola maquillages Pauline Bry
accessoires Erwan Cre collaboration artistique Clément Poirée
direction technique Martine Belloc.
C’est une histoire de famille.
Ça parle de ce que c’est qu’élever
un enfant, ou bien… être élevé
par des parents. C’est aussi
une célébration du courage,
qui se manifeste ici dans
un environnement des plus
inattendus ; le courage et
la famille se retrouvant
intimement liés au sein de cet
environnement. Simon Stephens
12
l Pariscope l semaine du XX au XX mois
le bizarre
incident du
chien
pendant
la nuit
Exubérant, agaçant, mais au  nal attendrissant,
Christopher, 15 ans, est un enfant autiste. Il est prisonnier
d’un pragmatisme extrême qui complique sa compréhension
du monde. Surdoué en mathématiques et capable de résoudre une
équation à trois inconnues, prendre le métro s’avère pour lui une
tâche insurmontable. Un jour, il découvre le chien de sa voisine,
Wellington, sauvagement assassiné et décide de mener l’enquête,
excité d’avoir en n un projet ! C’est à la manière de Sherlock
Holmes, un de ses héros favoris, qu’il débute une investigation dans
son petit quartier de la banlieue de Londres. Il est loin d’imaginer
où celle-ci va le conduire… La pièce, joliment adaptée du roman de
Mark Haddon par Simon Stephens, nous raconte donc l’aventure
de Christopher. Ce gamin plein de vie qui rend, malgré lui, celle de
ses parents dif cile. « Papa » est dépassé et en vient à commettre
des violences qu’il regrette aussitôt. « Maman » a préféré fuir et
abandonner son  ls, pour penser un peu à elle. Leur comportement,
malgré l’amour qu’ils portent à leur enfant, peut sembler détestable,
mais  nalement, n’est-il pas simplement humain face à une telle
souffrance, un tel désarroi ? Voilà posé l’un des grands enjeux de
cette pièce impeccablement mise en scène par Philippe Adrien,
qui nous offre surtout une superbe scénographie jouant des codes
de l’enfance. Il a aussi très bien soigné sa direction d’acteurs.
La composition du jeune Pierre Lefebvre est sans conteste un
atout précieux du spectacle. Dans un corps de danseur se révèle
un comédien magni que de grâce et de talent, capable de faire
passer le public par toutes les émotions. Une interprétation toute
en sensibilité qui tend à gommer les quelques longueurs de la
pièce. Les rôles des parents, professeurs, et amis sont au diapason.
Nous nous délectons de leur énergie, et rions de leurs irrésistibles
apartés. l T.G.
U Cartoucherie –
Théâtre de la Tempête
Renseignements page 32.
comédie dramatique
A. Bozzi. P. Gely.
Ile-de-FranceParis
2470OuvTHEATREokSR.indd 12 22/09/15 10:40
u Théâtre de la Tempête, Philippe
Adrien met en scène « Le Bizarre
Incident du chien pendant la nuit »,
plongée dans le monde de l’autisme.
On ne s’étonnera pas que Philippe Adrien
ait été séduit par cette œuvre, vu son
goût pour l’énigme humaine dans toute
sa complexité. Pour dire vite, on pourrait
dire quil s’agit de l’enquête d’un jeune
autiste, Christopher (éblouissant Pierre
Lefebvre). Ce dernier est accusé à tort du
meurtre de Wellington, le toutou de la
voisine, alors qu’il n’y est pour rien. Il serait
incapable de faire du mal à un animal,
lui qui ne se sépare (presque) jamais de
son rat apprivoisé, Toby et qui vit dans
son monde si particulier. La force de
cette pièce consiste à faire appréhender
l’univers mental d’un jeune âgé de « 15
ans, 3 mois et 2 jours ». Il est capable de
réciter la liste complète des pays et de leur
capitale, il connaît par coeur les nombres
premiers jusqu’à 7507, il jongle avec les
mathématiques comme Ibrahimovic avec
un ballon de foot, il est intransigeant
sur les horaires, bref il a le prol de ce
que l’on appelle parfois un surdoué. En
même temps, Christopher est ailleurs.
Il a une posture étrange, il ne supporte
pas le contact physique, il est incapable
de mentir, il refuse que les aliments se
touchent dans une assiette, il a peur des
inconnus, il lui faut des problématiques
simples, sinon il est décontenancé. Dans
ces conditions, l’accuser de tuer le chien
qu’il adorait caresser ne pouvait que
déstabiliser ce garçon hyper fragile qui
vit seul avec son père depuis que sa mère
est partie, éprise d’un autre homme.
Christopher va donc mener l’enquête,
nonobstant les mises en garde de son
paternel lui enjoignant de se mêler de
ce qui le regarde. Or, tout le regarde. Le
jeune homme va consigner les détails de
sa recherche dans son journal pour faire
éclater la vérité. On va ainsi découvrir les
relations complexes de Christopher avec
ses géniteurs et avec le monde extérieur,
comme lorsquil doit prendre le train
puis le métro an de retrouver sa mère.
On passe en permanence du loufoque
à l’émotion, du rire aux larmes tout en
évitant le pathos. Philippe Adrien a opté
pour un récit à plusieurs voix. La narration
est assumée par diérents personnages
à tour de rôle, ce qui donne du rythme
à une histoire menée tambour battant,
avec une ne utilisation de la vidéo.
La scénographie est imaginative, le
rythme enlevé et les acteurs parfaits.
On accordera une mention particulière à
Pierre Lefebvre, exceptionnel dans le rôle
de Christopher. Si les petits cochons du
cabotinage ne le mangent pas, ce jeune
homme ira loin. n
jack
dion
A
SORTIR
Depuis toujours, le metteur en scène Philippe
Adrien aime les aventures singulières, le théâtre
au bord du gouffre, le jeu des acteurs sur la
corde raide et l’esprit du spectateur entre deux
songes… Voilà qu’il s’attaque aux mésaventures
d’un gamin autiste de 15 ans, Christopher, mené
sous l’apparent mode du polar. Un drôle de par-
cours initiatique… Fabienne Pascaud
REVUE DE PRESSE
P
ierre Lefebvre, autiste
surhumain à la Tempête
Pendant deux heures, il
nous tient en haleine, nous
fait vibrer et rire. Il nous a
attirés comme un aimant
dans son monde secret
- coloré, tendre et violent.
Pierre Lefebvre n’a qu’à
apparaître, lutin vêtu de
rouge dansant-flottant sur
la scène du théâtre de la
Tempête, pour incarner à 100 % Christopher
Boone, l’enfant autiste de quinze ans, maître
de cérémonie d’une drôle d’intrigue poli-
cière, familiale et mentale.
Ce jeune comédien métis de vingt-qua-
tre ans sait décidément tout faire, passant
allègrement de Molière (« L’Ecole des fem-
mes », « Le Malade imaginaire » version con-
temporaine) au roman de Mark Haddon
(théâtralisé par Simon Stephens) « Le Bizarre
Incident du chien pendant la nuit », avec une
aisance et une grâce stupéfiantes. Aucun
pathos, aucun flottement dans l’interpréta-
tion de cet ado perturbé, qui décide d’enquê-
ter sur la mort de Wellington, le chien de la
voisine tué d’un coup de fourche.
Tour à tour angoissé et calme, affolé et
joyeux, il use de tous ses arguments de
comédien virtuose et de son humanité de
jeune homme moderne pour donner chair
et âme vives à son personnage. Christopher,
héros impossible d’une pièce impossible,
construite à la mode anglo-saxonne du
« théâtre-récit » - plus proche du scénario
de film que d’une œuvre
dramatique. Qu’à cela ne
tienne ! Le public, captivé,
suit Christopher – fan de
Sherlock Holmes, de listes
et de mathématiques – dans
sa quête qui débouchera
sur de terribles révéla-
tions familiales et l’amè-
nera à fuir soudainement
la maison de son père...
Mise en scène onirique
Epaulé par de solides comédiens (qui jouent
plusieurs rôles), Pierre Lefebvre-Christo-
pher est porté par la mise en scène onirique
de son père, Philippe Adrien. Le directeur
de la Tempête parvient au forceps à trans-
former cette fable romanesque en un objet
de théâtre. Dans un décor dépouillé et ma-
lin de Jean Haas, qui figure maisons, jar-
din, école, gare ou métro, les belles lumières
signées Pascal Sautelet découpent des es-
paces de rêve et de cauchemar. Le rythme
est rapide, l’émotion contenue, les bons sen-
timents dynamités par la farce.
Adrien plonge ses acteurs et le public
dans l’univers mental de l’autisme, menant
tambour battant l’intrigue à son terme (un
happy end, « of course »). Le spectacle traîne
un peu en longueur, à cause d’une fin trop
hachée. Mais le plaisir d’applaudir un si bel
acteur, mis en valeur par un tel savoir-faire
théâtral, l’emporte sur les réserves. Ph. C.
THéâTRE
Le Bizarre Incident
du chien pendant
la nuit
de M.Haddon/S.Stephens
MS Philippe Adrien
Th.de la Tempête, jusqu’au
18 oct. 01 43 28 36 36
Un petit bijou.
Le Théâtre de la Tempête présente
l’adaptation d’un petit bijou venu de
Broadway, Le Bizarre Incident du chien
pendant la nuit, un titre à coucher dehors
qui révèle l’histoire croustillante d’un fan de
Sherlock Holmes qui enquête sur la mort
du chien de la voisine, transpercé par une
fourche. Une œuvre multi-récompensée
à l’étranger, aussi drôle que décalée,
insolite, à découvrir vite.
LES VOIX
DU MONDE
VOUS M’EN DIREZ DES NOUVELLES !
Philippe Adrien,
Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit
Par Jean-François Cadet
Diffusion : jeudi 24 septembre 2015
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C’est un roman d’apprentissage.
L’exploration mentale et psychologique d’un
héros à la personnalité aussi complexe
qu’attachante. Un adolescent autiste,
atteint du syndrome d’Asperger, surdoué
des maths et de la logique, mais à la
socialisation compliquée, et dont la franchise
désarmante appuie souvent là où ça fait mal.
C’est une aventure humaine truffée de
rire, d’émotions et de poésie que nous
racontent le metteur en scène Philippe
Adrien et celui qui incarne Christopher, le
comédien Pierre Lefebvre.
Cérébral et passionnant
Le metteur en scène Phi-
lippe Adrien a aimé l’histoire
de Christopher, jeune métis
autiste, et nous la fait aimer
dans un spectacle particuliè-
rement abouti. Développant
une narration à la fois très
factuelle – l’enquête sys-
tématique de l’adolescent
pour retrouver le meurtrier
du chien de sa voisine – et
très poétique, il nous plonge
dans la construction mentale
du jeune homme. Car Chris-
topher n’est pas un simple.
Il va certes à l’essentiel avec
une obstination décidée,
mais possède une logique et
une intelligence supérieure
très belle. Il est là et ailleurs,
libre et déterminé, raisonnant
avec méthode. Lâché dans un
monde d’adulte au cœur du
drame de ses parents, Chris-
tophe fait tourner le monde
autour de lui, se passionne,
et rêve de s’envoler dans
l’espace. Pierre Lefebvre in-
terprète ce jeune héros avec
une impressionnante vérité.
Un regard qui flotte au-
dessus d’un horizon imagi-
naire, une posture du corps,
une démarche, un timbre de
voix… Son étonnante com-
position le rend attachant,
émouvant à l’extrême. Et puis
il y a cette belle distribution
de comédiens formidables
qui nous conduisent du rêve
aux réalités les plus crues. Au
cœur d’un dispositif scénique
génial, Philippe Adrien donne
vie à ses personnages, es-
quisse une chorégraphie, or-
chestre de superbes tableaux
caressés de lumière, de mu-
sique, de vidéo, de volutes de
brouillard. Tout cela est beau,
saisissant et vrai, comme un
arc-en-ciel fulgurant traver-
sant un ciel tourmenté.
– François Varlin
32 THÉÂTRE
OCTOBRE 2015 / N°236 la terrasse la terrasse OCTOBRE 2015 / N°236 THÉÂTRE 33
PARTENARIATS, CONTACTEZ-NOUS / 01 53 02 06 60 OU LA.TERRASSE@WANADOO.FRLA TERRASSE, PREMIER MÉDIA ARTS VIVANTS EN FRANCE
© Antonia Bozzi
Lumières Jean-Yves Courcoux
Illustration sonore et scénographie Brigitte Dujardin
Véronique Ataly - Mia Delmaë
Françoise Huguet - Carine Piazzi - Anne-Lise Sabouret
un spectacle de
Laurence Février
avec la plaidoirie de Gisèle Halimi
à la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence le 3 mai 1978
Chimène compagnie théâtrale présente
Informations complémentaires
et réservations des groupes scolaires
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Le viol est-il un tabou
dans notre société?
Débats après chaque représentation et
conférences dans les mairies de Paris
Le Lucernaire
du 21/10 au 3/12/15
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
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et aussi au Théâtre
de l’Opprimé
en mars 2016
www.theatredelopprime.com
Conception graphique : Stéphane Rébillon
N° de licence 1-1060677
Saison 2015/2016
Jusqu’au 11 octobre 2015
Le Réformateur
de Thomas Bernhard
mise en scène d’André Engel
avec Serge Merlin, Ruth Orthmann,
Gilles Kneusé
À partir du 20 octobre 2015
Home
de David Storey
mise en scène de Gérard Desarthe
avec Carole Bouquet, Pierre Palmade,
Gérard Desarthe, Valérie Karsenti,
Vincent Deniard
À partir du 8 janvier 2016
Qui a peur
de Virginia Woolf ?
d’Edward Albee
mise en scène d’Alain Françon
avec Dominique Valadié,
Wladimir Yordanoff, Julia Faure,
Pierre-François Garel
À partir du 19 avril 2016
La Dernière bande
de Samuel Beckett
mise en scène de Peter Stein
avec Jacques Weber
direction Frédéric Franck
CRITIQUE
théâtre de la madeleine
de WILLIAM SHAKESPEARE / mes JEAN-LUC REVOL
LE ROI LEAR
Avec Michel Aumont dans le rôle-titre, Jean-Luc Revol réussit une
adaptation captivante du Roi Lear, portée par une distribution bien
équilibrée et de haute tenue.
CRITIQUE
théâtre de la tempête
d’après le roman de MARK HADDON / adaptation SIMON STEPHENS
texte Français de DOMINIQUE HOLLIER / mes PHILIPPE ADRIEN
L
E BIZARRE INCIDENT DU
CHIEN
PENDANT LA NUIT
I
nventive, soignée et finement burlesque, la mise en scène de Philippe
A
drien dépeint le parcours initiatique d’un autiste surdoué, découvrant
des vérités enfouies.
CRITIQUE
théâtre national de strasBourg
texte et mes ANNE THÉRON
NE ME TOUCHEZ PAS
Du 30 octobre
au 13 décembre 2015
Au THÉÂTRE DU SOLEIL
Cartoucherie 75012 Paris
01 43 74 24 08
La Ronde
de nuit
&
Le Théâtre Aftaab & La Baraque Liberté présentent
C’est la première création du
projet imaginé par Stanislas
Nordey pour le Théâtre national de
Strasbourg : un texte écrit et mis en
scène par Anne Théron*, avec les
comédiens Marie-Laure Crochant,
Julie Moulier et Laurent Sauvage*.
Une replongée tortueuse dans le
monde des Liaisons dangereuses.
C’est entre esthétique dix-huitièmiste et
éléments de décor inspirés de l’univers
d’Enki Bilal qu’Anne Théron redonne vie,
dans
Ne me touchez pas
**, à la marquise
de Merteuil et au vicomte de Valmont. Entre
langue d’hier et d’aujourd’hui. Entre réa-
lité théâtrale et désirs de cinéma. Beau-
coup de choses et quelques défauts se
mêlent dans cette création complexe qui
tout d’abord rebute, puis finit par toucher
et retenir l’attention. En décidant, comme
dans la plupart de ses spectacles, d’équi-
per ses interprètes de micros HF (Marie-
Laure Crochant / Merteuil, Julie Moulier /
La Voix, Laurent Sauvage / Valmont), Anne
Théron fait un choix discutable. Car loin
de favoriser la dimension intime et orga-
nique de la représentation, ce processus
de sonorisation lui confère un aspect loin-
tain, comme synthétique. Presque artifi-
ciel. Si on ajoute à cela la performance en
mode mineur de Laurent Sauvage – qui ne
parvient jamais à faire exister le person-
nage de Valmont – on comprend les raisons
pour lesquelles ce projet, dans un premier
temps, a du mal à convaincre. Et pourtant,
après quelques scènes, à l’occasion d’une
traversée assidue et sensible de son rôle,
© Jean-Louis Fernandez
Laurent Sauvage et Marie-Laure Crochant
dans Ne me touchez pas.
Marie-Laure Crochant se détache de cette
monotonie pour imposer la voix vibrante de
Madame de Merteuil. Pour laisser percevoir
ses souffrances.
UNE COURSE ÂPRE, OBSCURE, LYRIQUE
Ses questionnements. Ses désarrois. C’est
toute une atmosphère, alors, qui s’affirme :
énigmatique, elle se déploie et échappe en
même temps. Ainsi la comédienne, en contre-
point à la talentueuse Julie Moulier (dont le
personnage rôde, observe, contextualise,
en venant à se confondre avec l’esprit de la
marquise), nous gagne à la cause de ce face-
à-face déséquilibré, mais intrigant. Car
Ne
me touchez pas
, au final, se révèle une pro-
position pleine d’étrangeté. Une proposition
qui laisse à l’esprit quelques images et de
nombreuses sensations. Comme celle d’avoir
assisté à la course âpre, obscure, lyrique,
d’êtres tentant de conjurer la mort et l’épui-
sement du désir.
Manuel Piolat Soleymat
* Artistes associés au Théâtre national de
Strasbourg
** Texte publié aux Éditions Les Solitaires
Intempestifs
Théâtre national de Strasbourg, Salle Gignoux, 1
av. de la Marseillaise, 67000 Strasbourg.
Du 22 septembre au 9 octobre 2015. Du mardi
au samedi à 20h. Le dimanche 4 octobre à 16h.
Relâche les lundis et le dimanche 27 septembre.
Durée de la représentation : 1h30.
Tél. 03 88 24 88 24. www. tns.fr
Également les 13 et 14 octobre 2015 à la Scène
nationale de Mulhouse, les 4 et 5 novembre
à la Scène nationale de Saint-Brieuc, du 9 au
13 novembre au TU à Nantes, le 6 janvier 2016 à
la Scène nationale de Blois, du 19 au 23 janvier
à la MC2 de Grenoble, du 26 au 29 janvier au
Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine.
Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr
Le Roi Lear, dans la mise en scène de Jean-Luc Revol.
Sublime tragédie du désordre et de la rupture,
Le Roi Lear
questionne comme toute lœuvre
de Shakespeare lexercice du pouvoir. Dans un
monde à bout de souffle et en pleine muta-
tion, Lear souhaite alléger ses vieilles épaules
du fardeau du pouvoir, et partage son empire
entre ses trois filles. Il mesure leur amour à
l’aune de leurs paroles : les deux aînées se
conforment au rituel, et la cadette pourtant
préférée refuse de se plier au jeu. Cordélia
se tait et Lear la bannit. Roi, homme et père
déchu, que sa fille Goneril qualifie bientôt de
« vieillard débile »
, il subit la perte de tout ce
qui le constituait et entame une descente aux
enfers, tandis que règnent la mesquinerie et la
concupiscence. Cest dans une société malade
à la veille de la crise de 1929 que Jean-Luc
Revol installe la tragédie de Lear, alors que les
roaring twenties
vont laisser place à la Grande
Dépression, et Lear y est nabab à la tête d’un
empire cinématographique.
« Nous ferons plu-
tôt référence à Fritz Lang (période allemande),
à Marcel L’Herbier (
Largent
n’est pas loin), et
bien sûr à Fellini, son mélange de faux/vrai
(
Intervista
), sa poésie, et ses visions labyrin-
thiques (
8 et demi
) »
, annonce le metteur en
© Christophe Vootz
scène. Un tel parti pris peut faire craindre une
actualisation artificielle et pesante et un apla-
nissement de la tragédie. Or, il n’en est rien.
RYTHME HALETANT
Au contraire, cette adaptation très réussie fait
entendre la tragédie dans toute son acuité et
frappe d’abord par l’équilibre remarquable-
ment cohérent des relations, qui met en valeur
chaque rôle, et par un rythme et un suspense
haletants, véritablement au service de ce texte
sublime et bouleversant. Ainsi Cordélia n’est
pas ici une petite chose effacée, car son silence
est aussi une sorte d’orgueil. Toute l’ambiguïté
et les contradictions de Lear apparaissent,
générant divisions et chaos. Son autorité, qui ne
s’exprime plus que par coups de folie et vaines
imprécations, se disloque comme son empire.
Laissant voir aussi toute la fragilité de Lear,
Michel Aumont a l’étoffe de ce rôle immense.
Apparaissent aussi dans les confrontations
entre divers personnages, entre la lande mor-
tifère et les palais clos, toute l’étendue de la
cupidité qui ronge la société. Quelques traits
comiques sont heureusement peu appuyés.
Comme toujours chez Shakespeare, les
enjeux psychologiques, familiaux et politiques
s’imbriquent et résonnent aussi dans l’ordre
naturel du monde. De très beaux costumes,
le grandiose artifice du cinéma qui structure
des décors de plateaux de tournage changés
à vue contribuent à la réussite de cette pièce
captivante. L’essentiel ici demeure le jeu bien
dirigé d’une formidable équipe, – Agathe Bonit-
zer (Cordélia), Bruno Abraham-Kremer (Kent),
Jean-Paul Farré (Gloucester), Marianne Bas-
ler et Anne Bouvier (Régane et Goneril), Arnaud
Denis (Edmond), José-Antonio Pereira (Edgar),
Denis D’Arcangelo (le Fou)… Une pièce aboutie,
exigeante et populaire : à voir par tous !
Agnès Santi
Théâtre de la Madeleine, 19 rue de Surène,
75008 Paris. À partir du 11 septembre,
du mardi au samedi à 20h, dimanche à 17h.
Tél. 01 42 65 07 09.
Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr
Christopher et son père (Pierre Lefebvre et Sébastien Bravard).
«
Que fais-tu dans ce jardin ? »
« Je vous
parle
»
, répond Christopher au policier. Il n’es-
quive pas la réponse
: il n’esquive jamais, ça
ne fait pas partie de son champ d’action. Sim
-
plement il répond avec la franchise infaillible
et la précision littérale qui le caractérisent.
C
hristopher est autiste atteint du syndrome
d’Asperger. Doué en maths et élève dans une
école spécialisée, il ne supporte pas qu’on le
touche et connaît quelques troubles com
-
portementaux. Il vit seul avec son père, car
sa mère est morte. Si
Christopher est dans ce
jardin, c’est que le chien de Madame Shears y
a été découvert, transpercé par une fourche,
et il a décidé d’enquêter. Qui a tué Wellington ?
Sans relâche, il consigne dans un livre les
résultats détaillés de son investigation. Her-
métique aux codes sociaux, aux métaphores,
au second degré et aux rouages de la manipu-
lation, il observe et raisonne en toute logique.
Son courage et sa ténacité le mèneront de
la petite ville de Swindon jusqu’au cœur de
Londres, malgré sa hantise de l’inconnu, et
par ricochets, cette enquête l’amène à décou-
vrir la vérité sur le meurtre et sur des secrets
familiaux enfouis. Il finira même par réussir
son A-level en maths.
PARCOURS INITIATIQUE ORIGINAL
Philippe Adrien a décidé de porter à la scène
ce roman de Mark Haddon, adapté par Simon
Stephens, en faisant écho à cette appréhen-
sion différente et comme amplifiée du monde
et en évitant tout pathos. Avec une grande
inventivité et une sorte de stylisation parfois
proche du burlesque, il déploie ce parcours
initiatique original et drolatique sur le mode
d’un théâtre-récit très soigné qui s’amuse de
la frontière entre raconter et jouer, et de la
mise en abyme du livre, qui sur scène est lu et
représenté. Dans une ambiance de polar noir
plutôt
foggy
, la scène inaugurale frappe fort.
On peut ne pas être passionné par l’histoire
parfois prévisible, mais le talent affûté de Phi-
lippe Adrien fait mouche. Et Pierre Lefebvre
interprète Christopher avec une finesse et
une maîtrise impressionnantes, sans jamais
surjouer ni s’appuyer sur des symptômes
convenus, mais plutôt sur les qualités et le
rapport au monde singuliers du jeune homme.
Son périple reconfigure et interroge aussi les
relations familiales, et notamment la respon-
sabilité parentale. Son père, que Sébastien
Bravard incarne avec nuance et justesse,
traverse comme lui une zone de turbulences
extrêmes. Rigueur, droiture et mathématiques
pour aller au-delà des apparences : une par-
tition d’acteurs au cordeau et une invitation
à réinventer la perception du réel !
Agnès Santi
Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route
du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris.
Du 11 septembre au 18 octobre 2015.
Du mardi au samedi à 20h ; le dimanche à 16h.
Tél. 01 43 28 36 36. Durée : 2h10.
Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr
32 THÉÂTRE
OCTOBRE 2015 / N°236 la terrasse la terrasse OCTOBRE 2015 / N°236 THÉÂTRE 33
PARTENARIATS, CONTACTEZ-NOUS / 01 53 02 06 60 OU LA.TERRASSE@WANADOO.FRLA TERRASSE, PREMIER MÉDIA ARTS VIVANTS EN FRANCE
© Antonia Bozzi
Lumières Jean-Yves Courcoux
Illustration sonore et scénographie Brigitte Dujardin
Véronique Ataly - Mia Delmaë
Françoise Huguet - Carine Piazzi - Anne-Lise Sabouret
un spectacle de
Laurence Février
avec la plaidoirie de Gisèle Halimi
à la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence le 3 mai 1978
Chimène compagnie théâtrale présente
Informations complémentaires
et réservations des groupes scolaires
www.tabouchimenecompagnie.com
Le viol est-il un tabou
dans notre société?
Débats après chaque représentation et
conférences dans les mairies de Paris
Le Lucernaire
du 21/10 au 3/12/15
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr
et aussi au Théâtre
de l’Opprimé
en mars 2016
www.theatredelopprime.com
Conception graphique : Stéphane Rébillon
N° de licence 1-1060677
Saison 2015/2016
Jusqu’au 11 octobre 2015
Le Réformateur
de Thomas Bernhard
mise en scène d’André Engel
avec Serge Merlin, Ruth Orthmann,
Gilles Kneusé
À partir du 20 octobre 2015
Home
de David Storey
mise en scène de Gérard Desarthe
avec Carole Bouquet, Pierre Palmade,
Gérard Desarthe, Valérie Karsenti,
Vincent Deniard
À partir du 8 janvier 2016
Qui a peur
de Virginia Woolf ?
d’Edward Albee
mise en scène d’Alain Françon
avec Dominique Valadié,
Wladimir Yordanoff, Julia Faure,
Pierre-François Garel
À partir du 19 avril 2016
La Dernière bande
de Samuel Beckett
mise en scène de Peter Stein
avec Jacques Weber
direction Frédéric Franck
CRITIQUE
théâtre de la madeleine
de WILLIAM SHAKESPEARE / mes JEAN-LUC REVOL
LE ROI LEAR
Avec Michel Aumont dans le rôle-titre, Jean-Luc Revol réussit une
adaptation captivante du Roi Lear, portée par une distribution bien
équilibrée et de haute tenue.
CRITIQUE
théâtre de la tempête
d’après le roman de MARK HADDON / adaptation SIMON STEPHENS
texte Français de DOMINIQUE HOLLIER / mes PHILIPPE ADRIEN
LE BIZARRE INCIDENT DU
CHIEN PENDANT LA NUIT
Inventive, soignée et finement burlesque, la mise en scène de Philippe
Adrien dépeint le parcours initiatique d’un autiste surdoué, découvrant
des vérités enfouies.
CRITIQUE
théâtre national de strasBourg
texte et mes ANNE THÉRON
NE ME TOUCHEZ PAS
Du 30 octobre
au 13 décembre 2015
Au THÉÂTRE DU SOLEIL
Cartoucherie 75012 Paris
01 43 74 24 08
La Ronde
de nuit
&
Le Théâtre Aftaab & La Baraque Liberté présentent
C’est la première création du
projet imaginé par Stanislas
Nordey pour le Théâtre national de
Strasbourg : un texte écrit et mis en
scène par Anne Théron*, avec les
comédiens Marie-Laure Crochant,
Julie Moulier et Laurent Sauvage*.
Une replongée tortueuse dans le
monde des Liaisons dangereuses.
C’est entre esthétique dix-huitièmiste et
éléments de décor inspirés de l’univers
d’Enki Bilal qu’Anne Théron redonne vie,
dans
Ne me touchez pas
**, à la marquise
de Merteuil et au vicomte de Valmont. Entre
langue d’hier et d’aujourd’hui. Entre réa-
lité théâtrale et désirs de cinéma. Beau-
coup de choses et quelques défauts se
mêlent dans cette création complexe qui
tout d’abord rebute, puis finit par toucher
et retenir l’attention. En décidant, comme
dans la plupart de ses spectacles, d’équi-
per ses interprètes de micros HF (Marie-
Laure Crochant / Merteuil, Julie Moulier /
La Voix, Laurent Sauvage / Valmont), Anne
Théron fait un choix discutable. Car loin
de favoriser la dimension intime et orga-
nique de la représentation, ce processus
de sonorisation lui confère un aspect loin-
tain, comme synthétique. Presque artifi-
ciel. Si on ajoute à cela la performance en
mode mineur de Laurent Sauvage – qui ne
parvient jamais à faire exister le person-
nage de Valmont – on comprend les raisons
pour lesquelles ce projet, dans un premier
temps, a du mal à convaincre. Et pourtant,
après quelques scènes, à l’occasion d’une
traversée assidue et sensible de son rôle,
© Jean-Louis Fernandez
Laurent Sauvage et Marie-Laure Crochant
dans Ne me touchez pas.
Marie-Laure Crochant se détache de cette
monotonie pour imposer la voix vibrante de
Madame de Merteuil. Pour laisser percevoir
ses souffrances.
UNE COURSE ÂPRE, OBSCURE, LYRIQUE
Ses questionnements. Ses désarrois. C’est
toute une atmosphère, alors, qui s’affirme :
énigmatique, elle se déploie et échappe en
même temps. Ainsi la comédienne, en contre-
point à la talentueuse Julie Moulier (dont le
personnage rôde, observe, contextualise,
en venant à se confondre avec l’esprit de la
marquise), nous gagne à la cause de ce face-
à-face déséquilibré, mais intrigant. Car
Ne
me touchez pas
, au final, se révèle une pro-
position pleine d’étrangeté. Une proposition
qui laisse à l’esprit quelques images et de
nombreuses sensations. Comme celle d’avoir
assisté à la course âpre, obscure, lyrique,
d’êtres tentant de conjurer la mort et l’épui-
sement du désir.
Manuel Piolat Soleymat
* Artistes associés au Théâtre national de
Strasbourg
** Texte publié aux Éditions Les Solitaires
Intempestifs
Théâtre national de Strasbourg, Salle Gignoux, 1
av. de la Marseillaise, 67000 Strasbourg.
Du 22 septembre au 9 octobre 2015. Du mardi
au samedi à 20h. Le dimanche 4 octobre à 16h.
Relâche les lundis et le dimanche 27 septembre.
Durée de la représentation : 1h30.
Tél. 03 88 24 88 24. www. tns.fr
Également les 13 et 14 octobre 2015 à la Scène
nationale de Mulhouse, les 4 et 5 novembre
à la Scène nationale de Saint-Brieuc, du 9 au
13 novembre au TU à Nantes, le 6 janvier 2016 à
la Scène nationale de Blois, du 19 au 23 janvier
à la MC2 de Grenoble, du 26 au 29 janvier au
Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine.
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Le Roi Lear, dans la mise en scène de Jean-Luc Revol.
Sublime tragédie du désordre et de la rupture,
Le Roi Lear
questionne comme toute lœuvre
de Shakespeare lexercice du pouvoir. Dans un
monde à bout de souffle et en pleine muta-
tion, Lear souhaite alléger ses vieilles épaules
du fardeau du pouvoir, et partage son empire
entre ses trois filles. Il mesure leur amour à
l’aune de leurs paroles : les deux aînées se
conforment au rituel, et la cadette pourtant
préférée refuse de se plier au jeu. Cordélia
se tait et Lear la bannit. Roi, homme et père
déchu, que sa fille Goneril qualifie bientôt de
« vieillard débile »
, il subit la perte de tout ce
qui le constituait et entame une descente aux
enfers, tandis que règnent la mesquinerie et la
concupiscence. Cest dans une société malade
à la veille de la crise de 1929 que Jean-Luc
Revol installe la tragédie de Lear, alors que les
roaring twenties
vont laisser place à la Grande
Dépression, et Lear y est nabab à la tête d’un
empire cinématographique.
« Nous ferons plu-
tôt référence à Fritz Lang (période allemande),
à Marcel L’Herbier (
Largent
n’est pas loin), et
bien sûr à Fellini, son mélange de faux/vrai
(
Intervista
), sa poésie, et ses visions labyrin-
thiques (
8 et demi
) »
, annonce le metteur en
© Christophe Vootz
scène. Un tel parti pris peut faire craindre une
actualisation artificielle et pesante et un apla-
nissement de la tragédie. Or, il n’en est rien.
RYTHME HALETANT
Au contraire, cette adaptation très réussie fait
entendre la tragédie dans toute son acuité et
frappe d’abord par l’équilibre remarquable-
ment cohérent des relations, qui met en valeur
chaque rôle, et par un rythme et un suspense
haletants, véritablement au service de ce texte
sublime et bouleversant. Ainsi Cordélia n’est
pas ici une petite chose effacée, car son silence
est aussi une sorte d’orgueil. Toute l’ambiguïté
et les contradictions de Lear apparaissent,
générant divisions et chaos. Son autorité, qui ne
s’exprime plus que par coups de folie et vaines
imprécations, se disloque comme son empire.
Laissant voir aussi toute la fragilité de Lear,
Michel Aumont a l’étoffe de ce rôle immense.
Apparaissent aussi dans les confrontations
entre divers personnages, entre la lande mor-
tifère et les palais clos, toute l’étendue de la
cupidité qui ronge la société. Quelques traits
comiques sont heureusement peu appuyés.
Comme toujours chez Shakespeare, les
enjeux psychologiques, familiaux et politiques
s’imbriquent et résonnent aussi dans l’ordre
naturel du monde. De très beaux costumes,
le grandiose artifice du cinéma qui structure
des décors de plateaux de tournage changés
à vue contribuent à la réussite de cette pièce
captivante. L’essentiel ici demeure le jeu bien
dirigé d’une formidable équipe, – Agathe Bonit-
zer (Cordélia), Bruno Abraham-Kremer (Kent),
Jean-Paul Farré (Gloucester), Marianne Bas-
ler et Anne Bouvier (Régane et Goneril), Arnaud
Denis (Edmond), José-Antonio Pereira (Edgar),
Denis D’Arcangelo (le Fou)… Une pièce aboutie,
exigeante et populaire : à voir par tous !
Agnès Santi
Théâtre de la Madeleine, 19 rue de Surène,
75008 Paris. À partir du 11 septembre,
du mardi au samedi à 20h, dimanche à 17h.
Tél. 01 42 65 07 09.
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Christopher et son père (Pierre Lefebvre et Sébastien Bravard).
« Que fais-tu dans ce jardin ? »
« Je vous
parle »
, répond Christopher au policier. Il n’es-
quive pas la réponse : il n’esquive jamais, ça
ne fait pas partie de son champ d’action. Sim-
plement il répond avec la franchise infaillible
et la précision littérale qui le caractérisent.
Christopher est autiste atteint du syndrome
d’Asperger. Doué en maths et élève dans une
école spécialisée, il ne supporte pas qu’on le
touche et connaît quelques troubles com-
portementaux. Il vit seul avec son père, car
sa mère est morte. Si Christopher est dans ce
jardin, c’est que le chien de Madame Shears y
a été découvert, transpercé par une fourche,
et il a décidé d’enquêter. Qui a tué Wellington ?
Sans relâche, il consigne dans un livre les
résultats détaillés de son investigation. Her-
métique aux codes sociaux, aux métaphores,
au second degré et aux rouages de la manipu-
lation, il observe et raisonne en toute logique.
Son courage et sa ténacité le mèneront de
la petite ville de Swindon jusqu’au cœur de
Londres, malgré sa hantise de l’inconnu, et
par ricochets, cette enquête l’amène à décou-
vrir la vérité sur le meurtre et sur des secrets
familiaux enfouis. Il finira même par réussir
son A-level en maths.
PARCOURS INITIATIQUE ORIGINAL
Philippe Adrien a décidé de porter à la scène
ce roman de Mark Haddon, adapté par Simon
Stephens, en faisant écho à cette appréhen-
sion différente et comme amplifiée du monde
et en évitant tout pathos. Avec une grande
inventivité et une sorte de stylisation parfois
proche du burlesque, il déploie ce parcours
initiatique original et drolatique sur le mode
d’un théâtre-récit très soigné qui s’amuse de
la frontière entre raconter et jouer, et de la
mise en abyme du livre, qui sur scène est lu et
représenté. Dans une ambiance de polar noir
plutôt
foggy
, la scène inaugurale frappe fort.
O
n peut ne pas être passionné par l’histoire
parfois prévisible, mais le talent affûté de Phi-
lippe Adrien fait mouche. E
t Pierre Lefebvre
interprète C
hristopher avec une finesse et
une maîtrise impressionnantes, sans jamais
surjouer ni s’appuyer sur des symptômes
convenus, mais plutôt sur les qualités et le
rapport au monde singuliers du jeune homme.
Son périple reconfigure et interroge aussi les
relations familiales, et notamment la respon-
sabilité parentale. Son père, que Sébastien
B
ravard incarne avec nuance et justesse,
traverse comme lui une zone de turbulences
extrêmes. R
igueur, droiture et mathématiques
pour aller au-delà des apparences : une par
-
tition d’acteurs au cordeau et une invitation
à réinventer la perception du réel !
Agnès Santi
Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route
du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris.
Du 11 septembre au 18 octobre 2015.
Du mardi au samedi à 20h ; le dimanche à 16h.
Tél. 01 43 28 36 36. Durée : 2h10.
Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr
C’est l’adaptation française d’un ro-
man - un grand best seller - qui, après
avoir été un blockbuster à Londres
et Broadway, arrive à Paris dans une
mise en scène de Philippe Adrien. L’histoire en 2 mots : c’est un ado-
lescent, autiste, qui a 15 ans ; un soir, il se promène et, dans le jardin
de sa voisine, voit un chien assassiné avec un gros outil de jardinier ;
comme il a une intelligence analytique incroyable, il va reconstituer le
mystère, trouver qui a tué le chien, et par la même occasion retrouver
sa mère qu’il croyait disparue et recréer une relation avec son père.
C’est une très belle histoire, très touchante, et cette version est vrai-
ment très réussie sur le plan de la mise en scène. Un seul décor qui
sert à la fois pour la maison, pour l’école de l’adolescent, pour le train
qu’il va prendre pour aller à Londres retrouver sa mère, et à chaque
fois tout est utilisé avec beaucoup d’intelligence et d’humour. Cest
très drôle. Il y a des scènes très touchantes aussi, en particulier cette
relation entre l’adolescent et son institutrice qui va le pousser à passer
un concours, ce A-level de mathématiques, qu’il va réussir. Cest un
très beau spectacle au Théâtre de la Tempête. n Waheb Lekhal
Un ado autiste enquête
sur la mort brutale du chien
de sa voisine.
Un meurtre, un détective improvisé, il y a dans Le Bizarre Incident du chien
pendant la nuit tous les ingrédients d’une intrigue policière (…). Christopher
Boone (interprété par Pierre Lefebvre), son personnage principal qui mène
l’enquête loupe à la main tel un Sherlock Holmes en herbe, est un enfant autiste
de 15 ans atteint du syndrome d’Asperger : il maîtrise des théories scientifiques
complexes, mais se trouve totalement désarmé face à la réalité quotidienne.
(…) Tout commence avec l’image traumatisante d’un chien mort transpercé
par une fourche sur fond de gazon anglais. Christopher découvre l’animal qui
appartient à madame Shears, sa voisine. Il décide aussitôt de démasquer le
meurtrier. Son enquête quelque peu obsessionnelle le mène sur des pistes inat-
tendues, impliquant son père et sa mère. Le suspense et le fait que Christopher
soit un personnage attachant donne à la première partie un rythme haletant (…).
Par Hugues Le Tanneur — 17 septembre 2015
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