Genèse surtout pour parler des relations sexuelles qu'avait un couple pour donner
naissance à un enfant. Bon, je me lance encore dans un jeu de mots, avec vos excuses :
mais je pense qu'il est tout de même utile de connaître l'autre avant de se lancer dans
l'aventure d'une relation intime, n'est-ce pas ? Pourtant, derrière cette utilisation de ce
verbe connaître, il y a une grande profondeur. Parce que le verbe connaître est formé
de deux parties : naître et co-, naître, tout le monde sait ce que cela recouvre. Le
préfixe co induit toujours quelque chose qui se fait avec… Collaboration = travail avec,
copropriété = propriété avec, colocation = location avec, covoiturage = voiture avec.
Donc le sens du verbe connaître est celui de naître avec, naître ensemble. La Genèse
l'exprime d'une belle manière quand elle nous dit : C’est pourquoi l’homme quittera
son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. De
l'union nait une nouvelle entité, de la co-naissance nait un couple.
Mais attardons-nous un peu sur le verbe naître et le mot naissance. La naissance, c'est
le moment magique où un être nouveau voit le jour. Il est le fruit de la "connaissance"
de ses parents. Quelque chose de nouveau commence, quelque chose de nouveau
prend forme et prend son envol dans la vie. Un petit homme, une petite femme, une
petite part de nous-mêmes qui est appelée à grandir et à connaître un jour aussi. Les
sages-femmes vous le diront, mais les papas et les mamans aussi, une naissance est
toujours quelque chose de merveilleux, un événement essentiel, fondamental dans
une vie, dans une vie de couple. En fait, dans chaque naissance, se revit la création
originelle. Comme Dieu a créée la vie sur la terre, les êtres humains perpétuent ce
geste créateur à travers la naissance, à travers la connaissance qu'ils ont l'un de l'autre,
l'un avec l'autre. La connaissance est créatrice, elle est féconde, elle est fertile car elle
donne la vie. Naitre avec, c'est faire naitre quelque chose de neuf.
Prenons maintenant ensemble le troisième terme qui nous préoccupe, qui est même le
thème de notre dimanche. Penchons-nous maintenant sur la reconnaissance. Tout
d'un coup, il prend une autre connotation. Naitre, naitre avec, renaitre avec… on est
toujours dans des histoires de naissance, de nouvelle naissance, de naissance de
quelque chose qui était mort, ou du moins très affaibli. Et je ne peux m'empêcher de
penser à l'entretien que Jésus a eu avec Nicodème qui était venu le voir à la nuit
tombée : Personne ne peut voir le Royaume de Dieu, s’il ne naît pas de nouveau. Paul
ne dit pas autre chose dans la lettre aux Romains : Tous ceux que l’Esprit de Dieu
conduit sont enfants de Dieu. Et l’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des
esclaves qui ont encore peur, mais il fait de vous des enfants de Dieu. Et par cet Esprit,
nous crions vers Dieu en lui disant : "Abba ! Père !"
Dans l'angle qui nous intéresse, la reconnaissance est donc cet acte de prendre
conscience de la grâce, de la bonté et de l'amour de Dieu pour moi, pour nous. L'acte
aussi de se tourner vers Dieu pour lui dire que nous avons reconnu sa main dans notre
vie, que nous avons reconnu ses bénédictions dans notre existence. De cette
reconnaissance, peut naître, ou renaître, une nouvelle relation avec, une relation avec
le Seigneur. C'est ce que Jésus appelle "naitre de nouveau" dans l'entretien clandestin
avec Nicodème. C'est aussi le constat que fait le lépreux samaritain, quand il rebrousse
chemin pour rendre gloire à Dieu. Il a reconnu la main de Dieu dans sa guérison. Il est
né de nouveau, physiquement de sa maladie dans un premier temps, spirituellement
dans un deuxième temps, quand Jésus lui dit que sa foi l'a sauvé.