Ph´enom`enes et m´ecanismes de pronominalisation en
fran¸cais
Mich`ele Olivi´eri
To cite this version:
Mich`ele Olivi´eri. Ph´enom`enes et m´ecanismes de pronominalisation en fran¸cais. Linguistique.
Universit´e de Nice - Sophia Antipolis, 1994. Fran¸cais. <tel-01373158>
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UNIVERSITE DE NICE - SOPHIA ANTIPOLIS
PHENOMENES ET MECANISMES
DE
PRONOMINALISATION
EN FRANÇAIS
Thèse de Doctorat
présentée par Michèle OLIVIERI
sous la direction de M. Jean-Philippe DALBERA
Professeur à l'Université de Nice - Sophia Antipolis
Jury :
Claire BLANCHE-BENVENISTE
Jean-Philippe DALBERA
Zvonimir JUNKOVI!
Anne ZRIBI-HERTZ
16 décembre 1994
“Il n’y a pas de domaine où aient germé plus d’idées
absurdes, de préjugés, de mirages, de fictions. Au point de
vue psychologique, ces erreurs ne sont pas négligeables ;
mais la tâche du linguiste est avant tout de les dénoncer, et de
les dissiper aussi complètement que possible.”
F. de SAUSSURE
INTRODUCTION
Il arrive constamment qu'en tant qu'enseignant, on se trouve confronté à une
question essentielle : comment aborder dans sa pratique les problèmes syntaxiques ?
Certes, dans l'histoire déjà ancienne de la Grammaire, la liste est longue des modèles
proposés par de nombreux chercheurs, et elle s'est encore enrichie à notre époque, où il
ne se passe pas d'année sans que des spécialistes élaborent de façon plus ou moins
partielle des théories pour “expliquer” la complexité des problèmes syntaxiques. Cette
abondante littérature, par sa diversité même, constitue une difficulté nouvelle et une
source d'embarras pour le pédagogue. Soucieux en effet d'efficacité et de clarté, il peut se
sentir perdu et en proie au doute, hésitant entre les vertus et les manques, les
complications et les insuffisances. Mais, au delà du souci de clarté et d'efficacité, un
autre critère essentiel doit déterminer son choix ; c'est, devant la complexité des
phénomènes, la puissance explicative d'une théorie.
Or, comme le souligne justement Zribi-Hertz (1980b), la grammaire générative est
un modèle où la notion d'explication est centrale. L'objectif primordial de Chomsky est
en effet de rendre explicite le savoir, la compétence du locuteur et il propose à cet effet
un modèle formel. De plus, parmi toutes les théories syntaxiques qui ont jalonné
l'histoire de la grammaire, la théorie chomskyenne est de celles qu'on ne peut plus
ignorer aujourd'hui dans la mesure où elle a pris une importance considérable dans le
monde entier. Nous devrions d'ailleurs parler en réalité des théories chomskyennes car le
modèle a énormément évolué depuis la parution des Structures syntaxiques en 1957.
Première grammaire générative, la Théorie Standard a représenté une "révolution"
dans la linguistique et le modèle a été largement intégré dans les descriptions
grammaticales, jusque dans les manuels scolaires. De nombreux linguistes ont alors
adopté les principes de base de la théorie. L'idée qu'il existe une structure sous-jacente de
la phrase et que l'on passe de cette structure "profonde" à une structure "superficielle"
par le biais d'un certain nombre de transformations s'est ainsi imposée.
Le modèle a ensuite évolué au fil des discussions des générativistes et la Théorie
Standard a d'abord fait place à la Théorie Standard Etendue, que Lamiroy (1990) résume
en trois points : extension de la composante sémantique (l'interprétation sémantique se
fait désormais à la fois au niveau de la structure profonde et au niveau de la structure de
4
surface), développement de l'importance du lexique (au détriment de la composante
transformationnelle) et allègement de la composante catégorielle (grammaire X-barre).
Puis on a progressivement abandonné certaines transformations jugées ad hoc, on a
introduit la Théorie des traces, un niveau interdiaire entre la structure profonde et la
structure de surface (la S-structure) et le niveau de la Forme Logique (représentation de
la structure sémantique des phrases). C'est ainsi que Chomsky et ses disciples ont élaboré
un modèle complexe, "aboutissement" d'une évolution constante1 et aujourd'hui très
discuté, la Théorie du Gouvernement et du Liage.
Il nous a semblé intéressant de retracer l'évolution du modèle à partir d'un
problème syntaxique donné. Il s'agira de montrer comment les versions successives de la
théorie peuvent rendre compte de certains phénomènes linguistiques, par ailleurs souvent
étudiés. Ce travail se situe donc dans une perspective d'historique de la théorie
syntaxique générative mais également dans une perspective critique, avec le souci de
tester l'efficacité des théories. En effet, chaque modèle permet d'expliquer certains
mécanismes, mais aucun ne permet de rendre compte de manière simple de tout. A cet
égard, nous tenterons de montrer comment Chomsky a progressivement intégré des idées
qui étaient déjà présentes chez d'autres grammairiens tels que Tesnière, Fillmore, ou
d'autres.
Le problème que nous avons choisi comme test des théories chomskyennes est
bien connu des grammairiens et il a déjà fait l'objet de nombreux travaux. Il s'agit du
fonctionnement des pronoms compléments clitiques en français. Il est toujours difficile
d'aborder un sujet comme celui-ci, abondamment traité dans la littérature. D'une part,
l'exhaustivité est alors hors de notre portée et, d'autre part, on ne peut s'attendre à des
découvertes exceptionnelles. Nous tenterons pourtant d'apporter quelques explications à
certains problèmes, mais surtout, de susciter une réflexion utile en mettant en regard
plusieurs points de vue différents.
On sait que les éléments qu'on regroupe sous l'appellation “pronom” constituent
une catégorie hétérogène. Aussi, avons-nous limité cette étude aux pronoms personnels
compléments clitiques qui semblent a priori former un ensemble assez homogène. Si l'on
distingue généralement les pronoms personnels des autres pronoms - tels que les relatifs
ou les interrogatifs par exemple -, il convient également de faire une partition entre les
pronoms personnels clitiques (le, lui, me, …) et les non-clitiques (moi, lui, eux, …).
Ainsi, les clitiques se caractérisent par un comportement syntaxique original. Au lieu de
1 Cf. Lamiroy 1990.
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