Deux ateliers du colloque (B03 et D05): le point de vue d`une

Deux ateliers du colloque (B03 et D05):
le point de vue d’une utilisatrice de services en santé mentale.
Sylvie Boulet
Deux ateliers m’ont particulièrement interpelée et de façons très différentes. Le pre-
mier atelier, B03, était donné par l’Association québécoise pour la réadaptation psy-
chosociale (AQRP) et s’intitulait : « Le rétablissement : une expérience de vie et de
découverte de nouveaux sens ». J’ai bien aimé, dans cet atelier, quand on a parlé du
rétablissement comme n’étant pas une mode passagère mais une expérience de vie
qui est très différente d’une personne à l’autre. On a beaucoup insisté sur l’impor-
tance de l’étincelle, la quête de sens à sa vie qui sous-tend le processus du rétablisse-
ment. Les personnes présentant l’atelier étaient très dynamiques et faciles à com-
prendre.
J’ai apprécié les nombreux exemples donnés. Par exemple, une personne avait comme
but de devenir astronaute. Loin de l’avoir ridiculisée dans son rêve, les intervenants
avaient alors cherché avec elle le moyen de s’en approcher. Cependant je me suis sen-
tie peu concernée par les thèmes qui ont suivi et qui s’adressaient plutôt aux interve-
nants : l’accompagnement d’une personne en rétablissement, le regard à l’intérieur
de votre ressource, etc… Cette partie m’a semblé longue. J’aurais préféré qu’on con-
tinue à parler du rétablissement. Dans l’ensemble, je pense que cet atelier a renforcé
la vision positive que j’ai du rétablissement et m’a encouragée à continuer à avancer
malgré la maladie!
Le deuxième atelier, D05, était donné par l’Association des Groupes d’Intervention en
Défense des Droits en Santé Mentale du Québec (l’AGIDD-SMQ). À ce que j’ai compris,
cet organisme ne couvre pas les villes de Québec et Montréal qui ont des groupes dis-
tincts de défense des droits. Le titre de l’atelier m’a immédiatement attirée : « « Je
suis une personne, pas une maladie », toujours d’actualité! ». Pour moi, c’est une évi-
dence mais il semble que certaines personnes (utilisatrices ou intervenants) l’oublient.
J’ai apprécié le discours sur l’importance de la participation citoyenne des personnes
utilisatrices et sur les moyens d’y arriver. Comme personne utilisatrice, je trouve es-
sentiel de participer aux décisions qui me concernent. Je crois également qu’il est im-
portant de développer une saine vision critique de tout ce qui touche à notre rétablis-
sement : « les intervenants, les médicaments, les traitements divers qui nous sont pro-
posés ».
Cependant, je déplore le ton d’affrontement que j’ai senti tout au long de l’atelier.
J’ai eu l’impression que les personnes qui donnaient l’atelier n’avaient que des
exemples négatifs de situations avec les intervenants. Ce n’est pas ce que je vis. En
effet, je trouve que la plupart des intervenants que je côtoie sont respectueux et
veulent vraiment m’aider. D’autre part, je ne me gêne pas pour critiquer quand je
ne suis pas d’accord sur un sujet me concernant. Je ne me reconnaissais pas beau-
coup dans les exemples donnés et le ton plutôt « amer » des propos m’a déçue. Je
suis plutôt du genre à croire qu’on peut agir « pas contre, mais avec » les personnes
des milieux de la santé pour faire avancer les choses vers le mieux-être des per-
sonnes utilisatrices.
En fait, je suis en faveur d’une participation des personnes utilisatrices à tous les pa-
liers décisionnels. C’est pourquoi je suis membre du Comité des usagers de l’Institut
universitaire en santé mentale de Québec, du conseil d’administration et de d’autres
comités. Deux intervenantes qui ont assisté à l’atelier ont pris la parole. Elles ont
toutes les deux mentionné qu’elles ne se reconnaissaient pas dans la vision des inter-
venants décrite dans l’atelier. Elles ont dit qu’elles souhaitaient avant tout le mieux-
être des personnes utilisatrices, leurs besoins étant à la base de toutes leurs inter-
ventions.
Quand deux visions s’affrontent, se place la personne qui souffre d’un problème
de santé mentale?
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