WWW.BILAN.CH BILAN 63
Obligations climatiques:
il faut rester vigilant
PAR BERTRAND GACON* Les green bonds se banalisent rapidement,
mais investir sur ce marché n’est pas aussi facile
qu’il y paraît. Il est nécessaire de développer des capacités
de sélection, de contrôle et de reporting propres.
L des
green bonds – ou
obligations
vertes – connaît
une croissance
explosive. Avec un montant de
81 milliards de dollars, le
volume d’émissions a quasi-
ment doublé par rapport aux
42 milliards mis sur le marché
l’année précédente.
Cette classe d’actifs est en
train de se banaliser. Il faut
s’attendre à voir de nouvelles
émissions, plus de gros titres
sur le sujet et de nouveaux
lancements de fonds venant
s’ajouter aux quelques-uns
déjà disponibles sur le marché.
Mais avec ces fonds arrive une
nouvelle demande en faveur
de marchés transparents et
faciles à traiter – une demande
qui pourrait se traduire par des
risques inattendus pour les
portefeuilles et leur contribu-
tion éthique.
Le Forum économique
mondial estime qu’il faudra
700 milliards de dollars d’in-
vestissement additionnel
chaque année pour atteindre
les engagements internatio-
naux de limitation du réchauf-
fement climatique. Les green
bonds, qui sont émises pour
lever des fonds alloués à des
projets en faveur du climat, ont
été spécifi quement conçues
pour combler ce défi cit.
Depuis 2014, les Green Bond
Principles encadrent l’utilisa-
tion de ce label et les proto-
coles utilisés pour le reporting
d’impact climatique.
Le fait que ce marché, en
matière de qualité de crédit ou
de rendement, soit globale-
ment très similaire au marché
plus large des obligations
investment grade en fait une
solution de remplacement
potentielle pour une partie des
cœurs de portefeuilles obliga-
taires, et l’existence d’un label
de confi ance rend tentant d’y
consacrer une allocation de
manière très simple. Mais
investir dans les green bonds
n’est pas si aisé qu’on peut le
croire.
Le label ne suffit pas
D’abord, répliquer un indice de
green bond ne va pas per-
mettre de répliquer une expo-
sition comparable à un indice
obligataire large – il va falloir
tenir compte d’écarts d’exposi-
tion substantiels en matière de
devises, de pays ou de secteur.
Un gestionnaire actif va pou-
voir gérer ces biais en opérant
une sélection au sein du
marché des green bonds
proprement dit, mais l’ap-
proche la plus pertinente pour
ce type d’investissement est de
diversifi er les sources d’oppor-
tunités en regardant au-delà
des titres labellisés pour
considérer d’autres obligations
en ligne avec les enjeux clima-
tiques. Cet univers inclut par
exemple des émetteurs privés
pure players, qui tirent au
moins 95% de leurs revenus
d’activités favorables au
climat, ou des obligations dites
social bonds qui contribuent à
limiter les eff ets du change-
ment climatique.
Certes, ces obligations non
labellisées n’off rent pas le
PATRIMOINE CONSEILS
même niveau de transpa-
rence, de contrôle et de stan-
dard de reporting que les
green bonds. Pour maintenir
une approche pure sur ces
marchés, il faut que les inves-
tisseurs disposent de solides
processus de vérifi cation
d’impact et de reporting. Mais
les investisseurs seront vite
amenés à s’apercevoir que le
label green bond ne garantit
pas toujours des standards de
qualité à la hauteur de leurs
attentes. Une green bond
labellisée sur sept ne parvient
pas à répondre à nos critères
en matière d’impact.
Alors qu’un nombre crois-
sant d’obligations climatiques
et de fonds arrivent sur le
marché, il est indispensable
que les investisseurs déve-
loppent ou utilisent des capa-
cités de sélection, de contrôle
et de reporting propres pour
pouvoir faire eux-mêmes leur
«due diligence» dans l’univers
des green bonds. Aucun
gestionnaire de portefeuille
digne de ce nom ne va acheter
une obligation simplement
parce que Moody’s ou S&P a
apposé dessus un label BBB.
Tout investisseur responsable
doit cultiver le même scepti-
cisme salutaire lorsqu’il consi-
dère le marché des obligations
climatiques.
* Responsable de l’Impact Office,
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La retraite à 62 ans,
ça coûte cher?
PAR ALBERT GALLEGOS * C’est le rêve de beaucoup: quitter
le monde du travail avant l’âge légal de la retraite.
Mais il ne peut se réaliser sans une stratégie
financière adaptée et bien préparée. Conseils.
P antici-
pée implique de renoncer à
son salaire; il est important
de savoir ce que l’on accepte
de sacrifi er afi n de réaliser
ce rêve. Pour illustrer ce thème, prenons
le cas de Vincent, 50 ans, disposant d’un
salaire fi xe de 100 000 fr. et d’un bonus
de 20 000 fr. Sa fortune s’élève à 50 000 fr.,
à laquelle s’ajoute son 3e pilier A de
68 000 fr. (voir ci-dessous).
1. Choisir le train de vie souhaité
Premièrement, il faut établir un budget
actuel et un autre, projeté pour les 62 ans
(l’âge prévu dans notre exemple), en se
posant les questions suivantes: quel est le
train de vie souhaité? Quels engagements
fi nanciers ou projets faut-il prendre en
considération? Un budget va l’aider à
déterminer sa capacité d’épargne.
2. Comptabiliser les futurs revenus
Deuxièmement, il faut passer en revue les
sources de revenu possibles à la retraite:
l’AVS, la caisse de pension, la prévoyance
individuelle (3e pilier A ou B), la fortune
accumulée et un éventuel héritage.
Commençons par l’AVS. On peut tou-
cher la rente au maximum deux ans à
l’avance, mais en acceptant des presta-
tions réduites de manière défi nitive.
Supposons que Vincent ait droit à la rente
maximale, qui est aujourd’hui de 2350 fr.
à 65 ans. En anticipant sa retraite d’une
année, il recevra une rente amputée de
6,8%, soit 2190 fr. et ce jusqu’à la fi n de ses
jours (dans l’hypothèse d’absence d’in-
dexation). En recevant sa rente dès 63 ans,
ce montant, diminué de 13,6%, tombera
à 2030 fr. Sans oublier que l’obtention
anticipée de la rente ne dispense pas de
la poursuite du versement des cotisations
AVS jusqu’à 65 ans. Faut-il anticiper l’AVS?
Mathématiquement parlant, cela ne vaut
la peine que si l’espérance de vie est faible.
Pour éviter l’anticipation de la rente, la
caisse de pension propose parfois une
«rente pont». Elle peut être fi nancée par le
retraité lui-même, les rentes versées sont
déduites de son avoir de vieillesse LPP, ou
par l’entreprise. A l’instar de l’AVS, l’antici-
pation de la retraite va réduire les presta-
tions de la caisse de pension également.
En eff et, le taux de conversion du capital
en rente sera réduit. Si à 65 ans il est de
6,8%, à 62 ans il pourrait n’être que de
6%. La réduction de la rente s’explique
par la diminution du capital accumulé par
rapport à celui qui serait atteint en cotisant
jusqu’à l’âge de retraite réglementaire
(les cotisations épargne étant plus élevées
durant les dix dernières années et elles
ne bénéfi cient pas des intérêts composés
versés) et par l’allongement de la période
de versement des rentes. Concernant la
prévoyance individuelle, il est possible de
retirer son pilier 3a dès cinq ans avant l’âge
légal de la retraite. Vincent devra alors
payer un impôt de sortie (soit 7700 fr. pour
163 000 fr. d’épargne) et il ne pourra plus
bénéfi cier de l’économie fi scale de sa
cotisation (pour 6768 fr. par an, il écono-
misait 2030 fr. d’impôt). La fortune accu-
mulée à ce jour par Vincent est placée
pour moitié en actions et il n’a pas d’at-
tente d’héritage.
3. Déterminer une stratégie
La troisième étape consiste à comparer
le besoin en revenu déterminé selon le
budget et le revenu généré par les diff é-
rentes sources ci-dessous mentionnées.
Deux cas de fi gure se présentent alors:
il y a «trop de rente», dans ce cas, la prise
de capital de la caisse de pension serait
une option. Sinon, il faudrait déterminer
la lacune en capital ainsi que la capacité
d’épargne afi n de combler le défi cit.
Dans notre exemple, Vincent souhaite
prendre la retraite LPP à 62 ans, il n’a pas
de «pont AVS» et il espère vivre au moins
jusqu’à ses 84 ans (selon les statistiques,
c’est son espérance de vie). Il souhaite
toucher son AVS à 65 ans seulement. Il a
donc décidé de conserver son placement
actuel de 50 000 fr. en espérant avoir un
rendement moyen de 3%, ce qui donnera
71 000 fr. à 62 ans. Il continuera à investir
6768 fr. dans son 3e pilier A et il espère
obtenir un capital net de 155 300 fr. Pour
combler la lacune en capital (voir gra-
phique ci-contre), Vincent peut investir
davantage dans des fonds ou racheter sa
caisse de pension, si cela est possible. Dans
la pratique, on observe que celui qui ne
dispose pas d’une fortune personnelle ou
n’a pas constitué de 3e pilier aura sans
doute de la peine à prendre une retraite
anticipée, c’est pourquoi un tel projet doit
se préparer très tôt pour compléter le
manque à gagner.
* Directeur, conseil patrimonial et prévoyance,
BCGE
PATRIMOINE & PRÉVOYANCE
Rente LPP: 31 899 francs
Lacune de revenu capitalisé de 842 000 fr.
moins l’épargne déjà existante (placement de 71 000 fr.
et 155 300 fr. net du 3e pilier A): 615 700 fr.
Revenu de l’activité lucrative:
120 000 francs.
Rente AVS: 28 200 francs
L’EXEMPLE DE VINCENT, 50 ANS, QUI SOUHAITE PRENDRE LA RETRAITE LPP À 62 ANS
120 REVENUS CHF
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
60 61 62 63 64 65 84
Retraite anticipée
AGE
Avec un salaire fixe de 10 000 francs assuré à la LPP et un bonus de 20 000 francs non soumis à la LPP. Domicilié
à Genève, avec un taux marginal d’impôt de 30%. Taux de capitalisation de 3%. Il a besoin de 96 000 francs à la retraite.
Investissement mensuel avec un rendement de 3%, en commençant à 40 ans: 1650 francs, 50 ans: 3558 francs
et 60 ans: 24 925 francs pour économiser 615 700 francs.
Source: F. Fontecave, BCGE
Besoin en revenu dès 62 ans et
jusqu’à 84 ans: 96 000 fr. par an