février 2012, Le Ciel - 55
objets Messier. Nous illustrons ici la célèbre
galaxie Sombrero (M104).
La constellation de la Chevelure de
Bérénice est l’une des rares constellations de-
vant son nom à une gure historique, en l’oc-
currence la Reine Bérénice II d’Égypte, épouse
du Roi Ptolémée III Evergetes (env. 246 – 241
avant notre ère) sous lequel Alexandrie devint
un important centre culturel.
L’histoire de Bérénice vaut la peine
d’être contée ici. En 243 avant notre ère,
son époux Ptolémée entreprit une expédition
risquée contre les Séleucides qui avaient fait
assassiner sa soeur. Bérénice jura alors de sa-
crier à la déesse Aphrodite sa longue cheve-
lure blonde dont elle était extrêmement ère si
son époux revenait sain et sauf. Ce fut le cas et
elle t couper sa chevelure qu’elle plaça dans
le temple d’Aphrodite. Le lendemain cepen-
dant, la chevelure avait disparu. Pour apaiser le
roi furieux, l’astronome de la cour, Conon de
Samos, déclara que l’offrande avait tellement
plu à la déesse que celle-ci l’avait placée dans
le ciel et il indiqua un groupe d’étoiles qui
nous est resté aujourd’hui sous l’appellation de
Chevelure de Bérénice.
Si ce n’étaient ses concentrations en
galaxies, la constellation actuelle de ce nom
serait peu remarquable : 42e par la taille avec
ses 386 degrés carrés, l’astérisme s’étend en-
tre 178° et 202° en ascension droite et 14° et
34° en déclinaison. Son étoile la plus brillante
est β Com, une naine de type spectral G0, très
semblable au Soleil donc, et de magnitude
apparente visuelle 4,25. Sa consoeur α Com,
une naine de type spectral F5V et de ma-
gnitude apparente visuelle 4,32, est souvent
appelée le Diadème : elle représenterait le
joyau dans la couronne de Bérénice.
La petite tache diffuse laissée par une
nouvelle comète sur une plaque photogra-
phique rendait sa détection particulièrement
difcile au sein d’un amas de galaxies de
formes variées et d’aspects tout aussi diffus.
Une comète étant encore en général très éloi-
gnée au moment de sa découverte, sa queue est
alors quasi-inexistante4 et ce que l’on voit de
l’astre se résume à une coma (chevelure) plus
ou moins développée entourant le noyau. Mais
suite au déplacement de la comète, cette tête
laissait une traînée plus ou moins importante
sur une pose photographique effectuée en
suivant la rotation du ciel.
C’est donc un examen très attentif des
clichés qui permettait de détecter un nouveau
venu dans les champs célestes étudiés. Il fallait
alors reprendre rapidement un deuxième cliché
de conrmation, non seulement pour s’assurer
que le nouvel objet était bien réel, mais aussi
pour déterminer la direction du déplacement.
Pour ce faire, un bon « truc » était d’inter-
rompre asymétriquement la pose, par exemple
quelques minutes à 10% ou 20% avant la n
de l’exposition (par exemple une interruption
de 5 minutes, 10 min avant la n d’une expo-
sition totale de 40 minutes). Le « petit bout »
de la traînée laissée sur l’enregistrement de la
pose indiquait alors la direction du déplace-
ment de l’astre, ce qui permettait de le retrou-
ver ultérieurement par extrapolation.
4 Les queues de comètes se développent au fur et à
mesure de l’approche du Soleil.
Fig. 7 – La constellation de la Vierge.
(© Wikipedia)