La religion avait alors une fonction publique et politique : elle servait à fonder l’ordre social,
d’où l’importance de la religion de l’Etat et de l’exigence de l’observer, qui était une exigence
purement politique.
Or à partir du IIe siècle, l’Empire traverse une crise religieuse. On assiste à une intensification
des aspirations personnelles. L’individu cherche à exister religieusement, d’où l’incroyable
quête spirituelle qui caractérise les mentalités du temps.
Aussi, on assiste à une certaine usure des dieux païens de la cité devenus trop distants pour
assurer un contact personnel avec le divin. Tout cela faisait en sorte que, sans se soustraire
aux obligations de la religion d’Etat, incontournables pour le citoyen, on poursuivait une
religiosité plus personnelle où l’individu se plaçait sous la protection d’une divinité qu’il
pensait avoir des raisons de considérer comme bienfaisante et comme assez puissante pour le
garder à l’abri des épreuves.
- Une proposition de salut
Dans ce cadre, le christianisme est une religion du salut parmi d’autres, mais il faut se
souvenir que la sôtêria, dans cet univers, était quelque chose de très concret : la guérison
d’une maladie, la vie sauvée dans un naufrage, échapper à la mort lors d’une attaque de
brigands. Sur ce point, le christianisme présente des atouts.
Le christianisme va se présenter dès lors comme une proposition de salut parmi d’autres
quêtes d’origine orientale propagés par les marchands ou les soldats (parfois les esclaves) :
- - Propositions de magie, astrologie, superstitions (au sens de conjurer l’avenir)
- - Propositions de sagesses philosophiques venues essentiellement de Grèce
- - Propositions de cultes orientaux (dieux venus d’Asie comme Cybèle, d’Egypte
comme Isis ou Osiris, de Syrie, comme Adonis ou de Perse comme Mithra)
L’atout du christianisme, ce sera dès lors de se présenter comme une force de sagesse, thème
exploité par les apologistes chrétiens, apparentant le Christ au Logos, la raison, grecque.
- Une religion pour tous
Le christianisme s’offre donc à ceux qui ont soif de salut personnel et s’ajoute aux cultes
orientaux. Il est vrai que la prédication de la croix et de la résurrection de Jésus était apte à
fonder l’espérance en un bonheur après la mort et par conséquent à attirer des gens qui
n’avaient pas beaucoup à attendre de cette vie : des esclaves, des pauvres, des femmes