Vers une grille de correction en français écrit adaptée pour les

Vers une grille de correction en français écrit adaptée
pour les élèves sourds ou malentendants
Rapport de projet
Préparé par
Lise Lacerte
Professeure
Département de Français
Remis au SAIDE
Cégep du Vieux Montréal
22 décembre 2004
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Vers une grille de correction en français écrit adaptée
pour les élèves sourds ou malentendants
Présentation du projet
Pour la correction du français écrit, le Département de Français utilise une grille de correction
commune à laquelle les correcteurs se réfèrent pour coder les erreurs retrouvées dans les
textes, travaux et examens des élèves. On s’assure ainsi d’une certaine normalisation dans
l’identification et la pondération des erreurs commises. De plus, les codes d’erreurs
répertoriées dans la grille se rapportent au guide d’autocorrection le Parce Que auquel les
élèves peuvent se référer pour se corriger. La grille est donc à la fois outil de correction, pour
les professeurs, et d’autocorrection —idéalement, d’apprentissage— pour l’élève.
La grille et le Parce que sont donc deux outils étroitement reliés. Les adaptations, résultats et
considérations présentés ici pourraient servir de base à une éventuelle adaptation
correspondante du guide d’autocorrection pour tenir compte des textes des sourds et des
malentendants.
Les erreurs relevées chez l’élève permettent d’établir la notion de fréquence!: mesure du
nombre de mots écrits divisé par le nombre d’erreurs dans un texte. Par exemple, une
fréquence de 25, indique en fait une moyenne d’une erreur par 25 mots.
On peut ainsi établir des normes!: par exemple, pour réussir l’épreuve uniforme de français, il
faut une fréquence minimum de 30. On peut aussi s’en servir comme mesure de la
progression des élèves au cours du programme et la spécification d’objectifs de compétence.
Ainsi en mise à niveau, on vise 18, pour le 101 on veut une fréquence de 25, on veut atteindre
30 pour le 102 et 37 pour le 103.
Ces normes et la grille de correction sont jusqu’à aujourd’hui utilisées pour tous les élèves du
cégep du Vieux Montréal!: entendants, sourds et malentendants.
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Situation actuelle des élèves sourds ou malentendants du cégep du Vieux Montréal
La lecture et l’écriture sont pour les élèves sourds ou malentendants des obstacles importants
dans la réussite de leurs études. En plus de connaître les difficultés des apprenants de langue
seconde, ils sont confrontés à celles qui sont causées par la surdité. La plupart des élèves
écrivent dans ce que les chercheurs appellent un Français Sourd qui est parfois difficilement
accessible même pour un lecteur qui connaît la langue des signes québécoise. Il s’agit d’un
groupe qui présente en général de plus grandes difficultés d’apprentissage en français et qui,
conséquemment, présente de plus grands risques d’échec.
Définition de la problématique
L’utilisation de la grille actuelle pour la correction des textes des sourds et des malentendants
pose problème parce qu’elle ne prend pas en compte les erreurs causées par la surdité et le fait
que le français est une langue seconde pour la plupart des élèves des groupes homogènes.
Puisqu’elle ne tient pas compte des particularités de cette clientèle, la grille actuelle est moins
efficace comme outil diagnostique chez les sourds que chez les entendants. Il est difficile pour
l’élève de s’en servir de façon efficace comme outil d’autocorrection. La grille de correction
est aussi mal adaptée au plan de l’évaluation. Pour le professeur, il est difficile de s’en servir
pour guider son intervention pédagogique, les diagnostics présentés dans la grille étant parfois
trop généraux ou carrément différents pour cette clientèle particulière.
Par exemple, la grille ne couvre pas les erreurs sémantiques et phonologiques ou encore les
problèmes causés par la lecture labiale. De plus, les indications de correction fournies sont
souvent mal comprises par cette clientèle ou se réfèrent à des notions qu’elle ne maîtrise pas
nécessairement. Il en résulte inévitablement des fréquences toujours trop basses et surtout
très décourageantes pour les élèves qui se retrouvent constamment en situation d’échec.
Les erreurs qui sont spécifiques aux sourds sont suffisamment importantes pour justifier
l’adaptation de la grille aux besoins de ces élèves. Une grille adaptée permettrait idéalement
de définir des objectifs de fréquences d’erreurs plus réalistes et, à terme, d’établir une courbe
de progression tenant compte des difficultés réelles d’apprentissage de cette clientèle.
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Objectifs du projet
Il s’agissait d’élaborer, à partir de la grille actuellement utilisée, une grille tenant compte des
erreurs caractéristiques des sourds et des malentendants.
Il était aussi prévu d’établir une progression des fréquences souhaitables à chacune des
sessions dans les cours de français pour ce groupe.
Le premier objectif a été atteint. À la lumière de la complexité des résultats obtenus et des
limites du corpus étudié, il est cependant apparu qu’il était prématuré d’essayer de répondre
précisément au deuxième objectif.
Ce travail demanderait une étude plus approfondie prenant en compte les résultats sur
plusieurs sessions de plusieurs groupes-cours, et non pas simplement les groupes de mise à
niveau. Il faudra également tenir compte de l’influence de l’évolution des exigences et de la
complexification des consignes au cours d’une session pour pouvoir normaliser la mesure de
la progression. La détermination des objectifs de progression ne pourrait se faire qu’après
l’analyse de ces résultats en concertation avec les intervenants concernés!: le CAF, le
département de Français, le SAIDE et le ministère de l’Éducation.
Les retombées attendues
Des normes de correction justes pour tous les élèves.
Des critères clairs et précis, connus de tous les élèves et leur permettant d’établir des
objectifs d’amélioration de leur français écrit.
Une grille de correction permettant la coordination des interventions des tuteurs /
tutrices et de la professeure de français auprès des élèves sourds ou malentendants.
Résumé des travaux
La première étape consistait à faire la recension des erreurs les plus fréquentes à partir d’un
corpus de textes d’élèves de mise à niveau sourds ou malentendants. Les textes ont été
recueillis sur trois sessions!: automne 2000, automne 2003, automne 2004, ce qui représente
un corpus de 63 textes.
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Les rédactions des élèves de mise à niveau des trois sessions ont ensuite été corrigées en
respectant les codes de la grille de correction du CAF. Les 984 erreurs relevées ont ensuite été
analysées et regroupées par type.
Application de la grille de correction
Le travail de correction a permis d’identifier des lacunes dans la grille de correction actuelle!
et plusieurs types de problèmes posés par son utilisation:
Imprécision des codes existants pour les erreurs commises par les sourds
Les codes actuels n’étant pas toujours assez précis pour identifier les erreurs relevées dans le
corpus, des précisions, catégories ou sous-catégories, ont être ajoutées. Celles-ci ont
permis une analyse plus fine qui fait ressortir un profil d’erreurs caractéristiques différent des
élèves dont le français est la langue maternelle.
Par exemple, dans le code A1 (accord de l’adjectif), les précisions genre et nombre ont été
ajoutées. On voit ainsi que les élèves sourds font plus d’erreurs de genre (on en recense 21
sur les 31 de type A1) —ce qui influence également la catégorie du déterminant—, que
d’erreurs de nombre (8 sur 31), les erreurs restantes (2 sur 31) étant d’ordre phonétique.
On trouvera en annexe le tableau complet des erreurs relevées, classées et regroupées selon
ces nouvelles catégories qui précisent le code existant.
Les phrases «incorrigeables»
Dans une première étape de la correction, le correcteur est parfois confronté au problème des
phrases incompréhensibles. Ces «phrases incorrigeables» telles que les nomment certains
chercheurs (voir en particulier NADEAU 1993), ne font aucun sens pour le correcteur. C’est
une particularité dérangeante mais bien réelle du Français Sourd, qu’on ne retrouve pas
chez les élèves de type L1.
Nous en avons trouvé 14 dans le corpus telles!que:
(A00.SG1) Elle était commencée contente d’avoir se la donné pour la riche.
(A00.ED5) Le Deuxième, il l’a frappé la tête qui s’est assis.
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