Courrier de l'Environnement de l'INRA n° 25
Sauveur). Elles se distinguent par un cortège floristique plus pauvre que celles de la vallée de Seine,
notamment en espèces thermophiles. La nature marneuse de la craie du Turonien permet cependant la
présence d'espèces végétales très originales comme la parnassie des marais, habituellement présente
dans les prairies humides ou les tourbières. Contrairement aux autres pelouses du département, la
pérennité de l'exploitation pour l'élevage a permis le maintien de populations importantes d'espèces
typiques des pelouses sèches dont certaines sont protégées en Haute-Normandie. En conséquence, sur
les 200 ha de pelouses recensées pour le pays de Bray, 11 sites de pelouses ont été classés en ZNIEFF,
soit une superficie approximative de 100 ha.
Jadis exploitées en communaux, de nombreuses pelouses ont été cultivées sporadiquement après la
Révolution. Devant les faibles rendements obtenus, toutes ces terres sont cependant retournées à la
prairie au début du XXe siècle. Aujourd'hui les surfaces de pelouses font l'objet d'exploitations
diverses, du maintien du pâturage (60%) à l'abandon agricole (25%) en passant par la conversion en
labours (10%) ou en bois (5%). 74% des pelouses pâturées le sont par des bovins (Neufchâtel,
Neufmarché), 23% par des ovins (Mont-Sauveur) et 3% par des équins (fig.2). Le pâturage est souvent
tournant avec une ou deux exploitations dans l'année. Le chargement annuel dépasse rarement 1 UGB
(unité gros bétail)/ha.
L'opération locale mise en place dans le pays de Bray
vient conforter les mesures classiques de l'opération
groupée d'aménagement foncier (OGAF) menée entre
1990 et 1992. Cette opération locale résulte du règlement
CEE n°2078/92 qui codifie dans un même texte toutes les
mesures agricoles à caractère environnemental (article 19,
prime à la vache tondeuse, etc.). Dans le pays de Bray,
cinq mesures sont mises en oeuvre dans un but d'entretien
des paysages : maintien du pâturage extensif dans les
prairies humides et les coteaux calcaires, entretien des
rivières, des haies et des vergers.
2.2. Les boucles de la Seine
Entre Rouen et Le Havre, la vallée de Seine présente un
paysage original marqué par les méandres de la Seine et
les falaises calcaires abruptes qui la bordent au nord
comme au sud. Contrairement au pays de Bray,
l'agriculture est de plus en plus dominée par les cultures
aux dépens de l'élevage traditionnel. Les boucles de la
vallée de Seine constituent également un patrimoine
paysager important qui attire chaque année de nombreux
touristes.
Pelouse calcaire pâturée dans le pays de Bray
D. Alard del.
Pour le département de Seine-Maritime, en aval de Rouen, les pelouses se limitent principalement à
deux grands ensembles (fig. 1), l'un dans la boucle de Roumare (coteaux d'Hénouville, 30 ha), l'autre
sur la rive nord de l'estuaire entre Tancarville et Le Havre (coteaux du Hode-Saint-Vigor d'Ymonville,
100 ha). Ces deux ensembles sont classés en ZNIEFF. Outre certaines espèces rarissimes et protégées
en Haute-Normandie, ces pelouses abritent également des espèces en limite nord-ouest de leur aire de
répartition. C'est notamment le cas de l'anémone pulsatille sur les coteaux d'Hénouville (Liger, 1952).
Si les pelouses de ce dernier site ont été cultivées jusqu'au début du XIXe siècle (vignobles, blé,
sainfoin, etc.), les pelouses de Saint-Vigor d'Ymonville ont, quant à elles, surtout connu un passé de
communal. Contrairement aux pelouses du pays de Bray, toutes les pelouses des boucles de la Seine
sont aujourd'hui abandonnées de toute exploitation agricole depuis les années 1960.
L'opération locale des boucles de la Seine fait suite à une OGAF Agriculture-Environnement mise en
place pour les zones humides depuis 1992. Elle complète cette dernière opération en intégrant les
coteaux calcaires dans les zones éligibles pour des aides au maintien du pâturage extensif. Ses
objectifs principaux sont le maintien du pâturage extensif dans les prairies humides et les coteaux
calcaires, la reconquête des vergers haute-tige et la rénovation du bocage.
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