Samia LABIDI : Présidente du MIS/SIM Tél : +33680572695
Soyons à l’heure…
A l’heure actuelle, le Monde Arabo-Musulman est à la croisée des chemins. En pleine
mutation, culturelle et cultuelle, il est à la recherche d’un « juste milieu » entre les dictatures
en places et les islamistes avides de pouvoir. Que les arabes soient juifs, chrétiens, musulmans
ou même bouddhistes. Que les musulmans soient asiatiques, africains, moyen-orientaux ou
encore berbères, ils traduisent un tout hétérogène en quête de légitimité nationale et
internationale. Or, force est de constater que l’image de l’arabo-musulman se ternit, de jour en
jour, au grand désespoir de cette communauté qui a du mal à se reconnaître dans la succession
des clichés véhiculés par les uns et les autres à tord ou à raison.
En effet, à l’heure où Dieu devient un acteur incontournable sur le plan politique,
social et même économique. A l’heure où ce « Dieu » quitte la sphère religieuse sacrée pour
se banaliser, se vulgariser, se faire piétiner, exploiter et profaner des uns et des autres en toute
impunité. A l’heure où Dieu devient un candidat à la présidence ou à la députation et dirige
des partis politiques. A l’heure où Dieu devient le prétexte pour commettre des crimes contre
l’humanité et des attentats sanguinaires. A l’heure où Dieu s’implique là il ne faut pas…il est
temps de réagir non pas pour défendre ce Dieu, qui n’a pas besoin de notre aide. Il est temps
de réagir pour venir au secours du citoyen ordinaire qui ne sait plus à quel saint se vouer pour
retrouver une vie digne, paisible et sécurisée.
Les pays arabo-musulmans, dont le dénominateur commun est l’Islam, ont souffert
successivement du colonialisme, des dictatures et maintenant de l’international islamisme.
Trois maux suffisamment handicapants pour conduire ces pays dans un impasse dont il est
difficile de s’en sortir. Le colonialisme a généré les régimes dictatoriaux qui, à force
d’asphyxier leurs peuples ont favorisé la formation des nébuleuses islamistes. Seuls
prototypes de partis, politiques d’oppositions, aptes à prendre racine dans les pays arabo-
musulmans en s’appuyant sur un patrimoine culturel et cultuel déjà implanté sur place.
Ces trois types d’influences, au cours de ce dernier siècle, ont profondément modifié
le tissu social, économique et politique. Les dernières décennies, fortement teintées, par les
rapports de forces, entre dictatures en places et mouvements islamistes, ont lourdement
affecté une population en quête de changement progressiste. Coincée, entre le marteau et
l’enclume, cette population de plus en plus jeune (plus de 60% mois de 20 ans), de plus en
plus instruite et de plus en plus ouverte sur un monde occidental détenteur de tout ce dont elle
rêve d’obtenir sur place. Cette jeunesse, assoiffée de liberté d’expression et de conscience, se
trouve en marge de la société mains et poings liés par le chômage, la misère intellectuelle des
médias locaux et l’absence totale d’alternative prometteuse pour un avenir meilleur.
Face à ce désespoir intérieur aux pays d’origines, l’international islamisme brille tristement à
travers ses attentats, prises d’otages, crimes contre l’humanité en affectant, avant tout, la
majorité des musulmans pacifistes qui ne se reconnaissent, ni de près ni de loin, dans cette
image que véhiculent ces « fous de dieu » au nom de l’islam et des musulmans. A la détresse,
au quotidien, s’ajoute une image identitaire salie à l’échelle internationale et qu’il faille vivre
avec. Bref, un islam dont ils ont du mal à se reconnaître et un vide spirituel qu’ils ont du mal à
combler.
Ce climat chaotique a tissé, à l’insu de son plein grès, une situation radicalement
nouvelle des sociétés arabo-musulmanes. Ces dernières sont bien moins homogènes qu’on a