Chapitre 2.8.3. — Maladie hémorragique du lapin
1048 Manuel terrestre de l’OIE 2005
routine, bien que cela puisse être utile dans le cas où des échantillons donneraient des résultats de tests
équivoques (exemple : HA négatif/ELISA positif) ou pour le diagnostic initial dans des pays où la RHD n’est pas
censée exister.
Pour faire des essais expérimentaux réussis, les lapins concernés doivent être entièrement sensibles au virus,
c’est-à-dire qu’ils devraient être âgés de 40 ou 50 jours et ne pas posséder d’anticorps spécifiques, même à bas
titre. La RHD peut être reproduite par utilisation de suspensions de foie filtrées et traitées aux antibiotiques,
inoculées soit par voie intramusculaire, soit par voie intraveineuse, soit per os. Quand la maladie est cliniquement
évidente, les signes et les lésions post mortem sont identiques à ceux décrits pour une infection naturelle. Une
augmentation de la température corporelle est enregistrée entre 18 et 24 h post-infection, suivie, aux alentours de
70 à 90 % des cas, de mort entre 24 et 72 h post-infection. Quelques individus peuvent survivre jusqu’à 6 jours
après l’infection. Les animaux qui surmontent la maladie montrent seulement une hyperthermie transitoire, de
l’abattement et de l’anorexie, mais présentent une forte séroconversion saisissante qui peut être facilement
détectée 4 à 6 jours après l’infection.
a) Test d’hémagglutination
L’HA a été le premier test utilisé pour le diagnostic de laboratoire en routine de la RHD (19). Il devrait être
réalisé avec des globules rouges (GR) humains de groupe O, fraîchement collectés, stockés toute une nuit
dans de la solution d’Alsever, et lavés avec du PBS à 0,85 % et à pH 6,5 (gamme de 6-7,2). L’HA est moins
évidente voire inexistante lorsque des GRs d’autres espèces sont utilisés. Les GRs lavés sont suspendus
dans du PBS à 0,75 %. Une dilution 2x du surnageant clarifié d’un homogénat à 10 % de tissus de foie ou
de rate est incubé avec un volume égal de GRs lavés dans une plaque de microtitrage scellée à 4°C, de
préférence. Après 1 h (entre 20 min et 2 h) d’incubation, l’hémagglutination à une dilution > à 1/160 est
considérée comme positive. Des titres moins élevés pourraient être considérés comme douteux, et
devraient être vérifiés par d’autres méthodes. Aux alentours de 10 % des échantillons sont positifs par
ELISA ou microscopie électronique, mais donnent des résultats négatifs au test d’hémagglutination (HA faux
négatifs). Certains isolats de RHD peuvent montrer des différences dépendant de la température dans leurs
caractéristiques d’hémagglutination (3) et pourraient montrer une activité HA seulement lorsque le test est
réalisé à 4°C. Néanmoins les faux négatifs au HA sont principalement détectés dans les organes de lapins
montrant une forme subaiguë/chronique de la maladie et cela dépend des caractéristiques des particules
lisses, tronquées de RHDV.
Les organes de lièvres donnent rarement un titre significatif quand le protocole HA RHDV est utilisé. Pour
metttre en évidence une activité HA dans des organes provenant de lapins infectés par le EBHSV, une
procédure modifiée doit être adoptée : toutes les étapes sont effectuées à 4°C, la suspension d’organe est
traitée avec un volume égal de chloroforme, et les GRs ne sont pas utilisés à un pH plus élevé que 6,5 (8).
Même avec cette méthode, environ 50 % seulement des échantillons donnent un résultat positif, car cette
maladie est le plus souvent subaiguë ou chronique chez les lièvres et que le virus doit donc avoir les
caractéristiques antigéniques et structurales typiques des particules s-RHDV (8).
En raison de la difficulté pratique d’obtenir et de conserver des cellules sanguines humaines du groupe O,
ainsi que du risque de travailler avec ces cellules, et de la difficulté d’obtenir des résultats répétables, ce test
a été remplacé par la détection du virus par ELISA.
b) Microscopie électronique
La microscopie électronique en coloration négative peut être réalisée par la méthode dite « méthode de la
goutte ». Une grille recouverte de formvar/carbone est placée sur une goutte de suspension d’organe
(préparée de la façon décrite dans la section B.1.a), et laissée pendant 5 min. Après avoir enlevé l’excès de
fluide avec le bord d’un morceau de papier filtre déchiré, la grille est laissée, flottant sur une goutte à 2 % de
phosphotungstate de sodium (NaPT), pH 6,8, pendant 1,5 min. L’excès de coloration est enlevé et la grille
peut être observée à un grossissement de 25 000.
Du fait de la faible sensibilité de la méthode de la goutte, il est envisageable de centrifuger l’échantillon dans
le but de concentrer les particules virales. Le culot obtenu après ultracentrifugation d’au moins 100 000 g
pendant 30 min ou, alternativement en utilisant une Beckman Airfuge à 21 psi durant 5 min est resuspendu
dans du PBS ou de l’eau distillée, déposé sur une grille pendant quelques minutes, et ensuite coloré tel que
décrit par avant. Les virions de RHD sont visibles sous forme de particules sans membrane, de 32 à 35 nm
de diamètre, présentant une structure interne (25 à 27 nm de diamètre), délimitée par un anneau duquel
radient 10 petites projections périphériques à distribution régulière. Les particules lisses (s-RHDV) sont
identifiées par la perte complète des portions externes, devenant parfaitement hexagonales et plus petites,
avec seulement l’anneau de la capside visible (2, 8, 14).
Dans le but de réaliser un diagnostic, notamment lorsque les autres méthodes donnent des résultats
douteux, la meilleure méthode microscopique est une technique immuno-électromicroscopique (IEM). Cette
méthode utilise soit un sérum hyperimmun anti-RHDV, obtenu de lapin ou d’autres espèces, soit des AcMs