SAISON _ D’EUX 16 _ 17 PRESSE POCHE /GVE THÉÂTRE /Vieille-Ville Rue du Cheval-Blanc 7 /1204 Genève +41 22 310 42 21 [email protected] www.poche---gve.ch contact presse Julia Schaad [email protected] POCHE /GVE Administration 4, rue de la Boulangerie 1204 Genève +41 22 310 42 21 www.poche---gve.ch dramaturge saison d’eux Pauline Peyrade identité visuelle Pablo Lavalley — oficio / (logo : BCVa / Manolo Michelucci) 2 __saison d’eux cargo4 cargo5 __ Waste __ Dans le blanc des dents Guillaume Poix /Johanny Bert Nick Gill /Collectif Sur un Malentendu 26.09 – 16.10 27.02 – 19.03 sloop3 i-monsters accueil2 bienvenue aux Belges __ Unité modèle Guillaume Corbeil /Manon Krüttli __ Alpenstock 14.11 – 29.01 __ Les Morb(y)des Sébastien David /Manon Krüttli 21.11 – 29.01 Rémi De Vos /Axel De Booseré & Maggy Jacot 03.04 – 12.04 __ Loin de Linden Veronika Mabardi /Giuseppe Lonobile __ Nino 24.04 – 30.04 Rébecca Déraspe /Yvan Rihs 05.12 – 29.01 __ J’appelle mes frères Jonas Hassen Khemiri /Michèle Pralong 09.01 – 29.01 3 __édito L’enthousiasme n’a pas disparu. La profession de directeur s’apprend. L’artisanat s’aiguise. On affine, on écoute, on améliore. Certaines critiques étaient attendues, d’autres ont détonné. Le métier entre. Et c’est avec un plaisir et une fierté nullement entamés que nous vous offrons cette SAISON_D’EUX, faite sur de nouvelles brisées, vers d’autres ouvertures. Elle donne toute la place aux autres. Tout au POCHE /GVE parlera D’EUX en cette saison. Des étrangers. Étrangers à NOUS, étrangers à eux-mêmes. Et la parole vient D’EUX : pas de discours sur les étrangers, mais une parole qui vient du lointain. Depuis le lointain Québec, où tout semble si loin et si proche. Depuis la plate Belgique. Depuis Stockholm. Depuis une grande ville d’Europe. Et ces lointains qui nous parlent D’EUX pointent non pas nos différences, mais ce qui nous unit : nos peurs communes, nos espoirs, mais aussi et surtout, nos responsabilités. Le monde dans lequel nous vivons est différent. Il n’a jamais existé avant. Il est pluriel, complexe, incompréhensible, difficilement explicable. Il ne se laisse pas réduire à des vérités simples et unilatérales. Au POCHE /GVE, nous mettons les AUTEUR-E-S VIVANT-E-S dans la lumière : nos questions, nos soucis, nos obsessions, nos peurs et nos espoirs ont besoin d’écrivains d’aujourd’hui pour NOUS être racontés. Notre réalité mérite d’être décrite, écrite, questionnée, déplacée et sublimée. Nous avons besoin de pensées articulées sur le réel, de manières de le saisir. POCHE /GVE, c’est cette collectivité de pensées au présent, vivantes, pour interroger un point du monde. POCHE /GVE est un théâtre. Mais un théâtre particulier. Ici, c’est le choix des textes par un COMITÉ DE LECTURE qui préside à la programmation de la saison. Ce sont donc les textes qui sont à l’origine, au centre, au début du travail : ce qui nous invite à interroger nos pratiques de production, à observer ce que font nos voisins, à nous inspirer des dispositifs de fabrication des Allemands, des Anglais, des Canadiens... Mettre les textes au centre de notre fabrique de théâtre nous oblige également à devenir producteurs de la majorité de nos spectacles. POCHE /GVE est un lieu qui produit local, dans le temps et l’espace et qui fait partager toute l’amplitude du paysage de l’écriture contemporaine. L’usage veut que pour monter un spectacle, on réunisse un groupe d’acteurs et de créateurs pour une dizaine de semaines, pour répéter et jouer un texte devant un public. Puis, ce collectif se dissout dans l’espace pour reformer d’autres équipes de création. Cette forme de création, c’est ce que nous appelons les CARGOs. Mais à regarder toutes ces créations, ici et ailleurs, il nous semble que cette énergie créative, cette force de groupe, cet apprentissage de l’être-ensemble investi pour un seul texte, une création, puis perdu et dispersé dans le paysage sont en opposition avec une idée de durabilité et d’économie. Produire en nombre des spectacles pour une durée de vie limitée est-il encore // zeitgemäss // ? Un SLOOP est la constitution d’un collectif de longue durée, pour la création de plusieurs 4 textes, avec une scénographie commune. L’énergie du collectif grandit de texte en texte. Sa communauté, sa réactivité, son intelligence collective sont décuplées : nous avons fait un théâtre pour des textes et nous avons obtenu un théâtre où se donne à voir le travail des acteurs ! À l’heure où la question des permanences artistiques, des collectifs et des ensembles est sur nombre de lèvres, plutôt que de simplement participer aux débats, nous passons aux actes, afin de pratiquer les possibles ! En mettant les textes au début, nous redonnons une place aux auteurs dans notre théâtre. Chaque saison, nous confions un travail réflexif, éditorial et d’accompagnement artistique à l’un-e d’entre eux : notre dramaturge de saison. Il ou elle (elle cette saison) rédige les cahiers de salle, seconde les collectifs artistiques et propose son point de vue sur la saison. C’est la vision de Pauline Peyrade qui vous ouvre cette première porte sur notre deuxième saison. Pour nous, le théâtre est lieu d’interprétations et d’interrogations. Nous livrons les questions. Le public reconstruit les vides et les absences : l’odeur des incendies dans cette décharge d’Accra, celle du poulet de la bonne ménagère ou de son produit pour les vitres, ce paysage de fumées et de collines… Nous faisons confiance à sa curiosité, à son imagination, à sa participation. Aujourd’hui, où la place de l’art, et du nôtre en particulier, est menacée financièrement par les politiques publiques , moralement par les défenseurs de nombreux apostolats et, statistiquement, par la défection des masses individualisées, je crois que la meilleure façon de défendre notre raison d’être est d’être radicalement d’aujourd’hui, d’être moderne. Les opportunités sont partout : une nouvelle grande maison de théâtre à Genève, une émulation lémanique stupéfiante, de nouveaux directeurs avec de belles missions dans de nombreux lieux genevois et des spectateurs affamés de formes et de questions : nous avons tous un rôle à jouer dans la présence de notre art dans la Cité. Au POCHE /GVE, nous tenons le bastion des écritures résolument modernes, ouvertes aux mondes, aux AUTRES, aux existences différentes. Nous mettons du rire, de la profondeur, de la dérision, de la noirceur brillante, du décalage dans nos réels. Certains auteurs font fleurir des fleurs sur des décharges. Mais l’horreur et la beauté de ce que nous montrons sur notre petite scène est à peine à la hauteur de nos responsabilités. Nous savons qu’il n’est pas aisé de tenir cette place, mais la fidélité de nos spectateurs, leur curiosité, leurs yeux et leurs oreilles ouverts, nous montrent leur désir de poésie, de travail, de langues, de pensées et de présences vivantes. _ mAthieu Bertholet 5 __cargo /sloop Un cargo est un spectacle produit de manière traditionnelle. Un collectif artistique est réuni pour une période de répétition allant de 4 à 7 semaines, en fonction de la difficulté du texte, du nombre d’acteurs, etc. La pièce est représentée // en suite // pendant deux ou trois semaines, avant de partir en tournée dans d’autres théâtres. Un cargo est un navire de charge, qui se manœuvre difficilement mais qui transporte beaucoup d’expériences et de découvertes. cargo4 #waste #guillaumepoix #johannybert #marionnettes #agbogbloshie #accra #déchargesproduitsélectroniques cargo5 #sérietéléviséedéjantée #dansleblancdesdents #mirrorteeth #nickgill #collectifsurunmalentendu Un sloop est une forme de production propre au POCHE /GVE inspirée de certains théâtres germanophones ou d’Europe de l’Est. Un collectif artistique est constitué et se voit confier la création de plusieurs textes (de 2 à 4) qui vont bien ensemble de par leurs thématiques ou leur forme, ou simplement parce qu’ils ont la même distribution. Ces pièces sont alors répétées en parallèle et rapidement par les acteurs de manière à ce qu’ils puissent non seulement en présenter une nouvelle chaque semaine, mais aussi toutes les jouer, en alternance, au cours de la même semaine. Ils jouent donc // en répertoire // . Ce // répertoire // vous offre l’opportunité de rencontrer un groupe d’acteurs, de plonger dans un genre théâtral ou de voir et sentir l’artisanat d’un collectif de création à l’œuvre. Un sloop est une embarcation légère, rapide, qui peut naviguer sur des flots contraires et vous emmener très loin, très vite. sloop3 #comédiesquébécoises #unitémodèle #morbydes #nino #jappellemesfrères #david #desraspes #corbeil #khemiri #pralong #krüttli #ryhs 6 26.09 / 16.10 cargo4 _ Waste texte_Guillaume Poix mise en scène_Johanny Bert Tournée 28–31.03.2017 _ Comédie de Clermont-Ferrand jeu Jane Friedrich, Térence Rion, Miami Themo, Assane Timbo assistanat à la mise en scène Barbara Tobola scénographie Amandine Livet marionnettes Christophe Kiss son Fred Jarabo lumière Danielle Milovic costumes Eléonore Cassaigneau La compagnie Théâtre de Romette est subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication et conventionnée par la Ville de Clermont- production POCHE /GVE coproduction Théâtre de Romette Ferrand. Johanny Bert est artiste associé à La Comédie de ClermontFerrand, scène nationale à partir de septembre 2016. synopsis et présentation À l’autre bout du monde, grandit une montagne. Un amas d’ordinateurs, de smartphones et de télévisions qui grossit au rythme des allées et venues des cargos-poubelles du Nord. Sur cette montagne, pousse une jungle humaine. Des enfants-troqueurs, des trafiquants, des mères et des vieillards qui errent, luttent, se dressent et disparaissent parmi les crevasses de plastique et les effluves toxiques. À l’autre bout du monde, grandit // la bosse //. La tumeur du monde. Êtes-vous prêt-e-s à faire face ? Au carrefour du documentaire et de la fiction, Waste aborde avec justesse et sans concession un sujet épineux, douloureux, honteux de notre monde occidental : les décharges numériques qui restent de nos consommations boulimiques. À Accra, au Ghana, trois gamins, Jacob, Isaac et Moïse vivent de la refonte de métaux extirpés aux carcasses d’ordinateurs et de smartphones usagés que les grands groupes déversent quotidiennement sur les côtes africaines. La pièce nous raconte leur survie face aux trafiquants et aux effluves toxiques à travers le regard tour à tour effaré, effrayé et fasciné de // L’Homme occidental //. Parabole contemporaine, Waste tente, par le détour de la poésie, de rendre visible ce qui est insupportable à l’œil, audible ce que l’oreille refuse d’entendre, appréhendable ce qui excède l’entendement, et rappelle ainsi l’humanité à elle-même. 7 __extrait 11/ #BABEL [Pb6] Dans un coin de la bosse, abrités sous les fumées verticales. WISDOM. - T’as tout le cimetière numérique de la planète ici, t’as tout l’obsolète qui se trouve une place pour s’aplatir sous les coups de poing des gosses qui le fouillent. On te dit C’est numérique, c’est dématérialisé, on te dit C’est sans fil c’est encore plus plat, on te dit C’est l’encombre en moins et la vitesse du son du tonnerre dans ta gueule, on te dit C’est la fibre, on te dit C’est la fibre, on te dit C’est les choses qui s’amenuisent et perdent en gravité et tout qui se stocke en minuscules capteurs de rien de chez rien, on te dit C’est la poussière en propre, en qui prend pas de place, on te dit des trucs pareils là où t’es toi, mais ce qu’on te dit pas c’est que chez nous ça devient la bosse, ça devient l’Afadjato, ça devient Babel le truc, ça monte jusqu’au ciel, les merdes cabossées dézinguées bousillées elles bâtissent une deuxième planète qui te poisse la gueule et le buste, qui t’encrasse les conduits, merdes qui croupissent dans toi, qui se dispersent dans tes migraines et tes vomissures, qui maculent les gosses morts à vingt ans de respirer l’air de la planète infestée par les rebuts de là où t’es toi et que les gens de chez toi voient rien C’est dématérialisé, c’est numérique, c’est sans fil, c’est tout plat, c’est amenuisé, c’est du vent pour toi là-bas et ici c’est des montagnes d’air compact et brun qui se hissent en haut, qui peignent le ciel tout en volutes et qui te rentrent Disons, pour conclure le topo, que ce qui se voit pas là-bas est pas tout à fait invisible ici. dans l’épiderme que ça te gratte à t’en dégainer le cuir. L’HOMME. - Tu peux m’introduire dans la zone où les gamins triment ? WISDOM. - Je te branche avec les gosses que je connais. L’HOMME. - Ils bossent pour qui ? WISDOM. - Ils bossent pour leur famille, pour rapporter des trucs à becter, ils revendent le métal et ils se ménagent une routine de fouille. Bon, nous on essaie de les protéger pour qu’ils se fassent pas bouffer par des bandes qui les exploitent – je te dis bande, je te dis prédateur, je te dis tout ce que les mecs peuvent vouloir bouffer des gosses, tu me comprends. Donc heureusement qu’on est là, nous, pour au moins les empêcher de tomber dans les trafics. Tu as tout ? Le blanc-bec est incommodé par les odeurs qui lui pénètrent les narines, mais il acquiesce puis éteint son bazar. WISDOM. - Il te faut des images ? L’HOMME. - Ouais. WISDOM. - Bon, tu te fais p’tit, tu cliches et on se casse. L’enfer, c’est pas open bar, mon gars. 8 __rencontre entretien avec Guillaume Poix (extrait) Comment est née l’envie, l’idée, la nécessité de l’écriture de Waste ? Pouvez-vous nous raconter la manière dont vous avez travaillé et dont le texte s’est construit ? En novembre 2013, j’ai découvert le travail d’un photographe sud-africain, Pieter Hugo, et notamment Permanent Error, une série de clichés consacrée à la décharge électronique d’Agbogbloshie, au Ghana. Je n’avais jamais entendu parler d’un tel lieu: une déchetterie à ciel ouvert où échouent nos ordinateurs, smartphones et tablettes usagés – appareils que // trient // de nombreux adolescents pour en extraire les métaux précieux. Je ne m’étais non plus jamais posé la question du devenir de ces objets que j’utilise, comme presque tout le monde aujourd’hui je pense, à longueur de journée. J’ai été profondément marqué par ces photographies très spectaculaires qui jouent du sentiment de scandale et de fascination que l’on ressent inévitablement en découvrant ce décor cauchemardesque. Les travailleurs, travailleuses et habitant-e-s d’Agbogbloshie y posent au milieu des déchets, leurs silhouettes et leurs visages se découpent sur les multiples fumigènes qui s’élèvent dans le ciel : c’est une vision de l’enfer, comme si sous nos yeux, ici et surtout maintenant, avait lieu l’apocalypse. Parce que cela me semblait impossible à représenter sur une scène, j’ai immédiatement pensé qu’il fallait écrire un texte de théâtre qui se passerait à Agbogbloshie. C’est souvent quand les choses me semblent infaisables que l’envie d’écrire un texte me vient. Je sais qu’il y a beaucoup d’orgueil dans ce présupposé d’écriture (c’est impossible, je vais donc essayer de le faire ! ) mais c’est ce qui rend possible, chez moi, l’excitation et le grand désarroi de l’écriture. […] Dans Waste, il est question du regard de l’Occident sur la situation au Ghana. Le personnage de l’homme qui vient pour prendre des photos de la décharge semble prendre en charge ce regard tour à tour inquiet, rebuté et fasciné par la misère engendrée par notre civilisation. On serait tenté d’y voir une transposition de l’œil de l’auteur sur son sujet. Pourquoi avoir insisté sur ce regard ? Que raconte-t-il pour vous ? C’est tout à fait une transposition non de mon regard personnel, mais de celui de // l’Occident // (j’entends par là surtout l’Europe et l’Amérique du Nord) sur ce qu’il rend possible sans s’en émouvoir outre mesure. C’est une manière de mettre les autres personnages en confrontation directe avec un être dont les pratiques de consommation et le mode de vie sont directement responsables de leur situation. Une manière aussi de confronter une allégorie occidentale (le photographe) avec la réalité d’individus dominés, opprimés et assassinés à petit feu. Une rencontre est-elle possible dans ces conditions? Si moi, demain, je vais à Agbogbloshie, aussi bien intentionné que possible (mieux intentionné en tout cas que le photographe de Waste), aussi rigoureux que possible, aussi ouvert à l’autre que possible, ai-je une chance de rencontrer l’un des travailleurs de la décharge ? Par rencontrer, j’entends poser les bases d’un échange équitable 9 dénué de préjugés, de compassion et de projections fallacieuses. Puis-je sortir de ma condition d’oppresseur ? Je me pose vraiment la question par le biais de ce personnage. C’est donc un regard qui n’est pas strictement le mien mais qui prend en compte mes questionnements de citoyen. Évidemment que je n’ai pas voulu qu’une décharge comme celle d’Agbogbloshie existe. Pour autant, il m’est arrivé de me débarrasser d’un lave-linge sans m’assurer qu’il serait convenablement recyclé, de jeter un ou plusieurs téléphones à la poubelle, me disant qu’une fois le couvercle de celle-ci refermé, mon acte n’existerait plus. Ainsi, comme j’interrogeais le rapport de notre civilisation au déchet, je ne pouvais pas me confronter directement à cela sans inventer un personnage issu de ma société et pris, comme nous tous, dans le monde numérique tel qu’il est aujourd’hui. Ce n’est pas moi, mais ce n’est pas pas moi. L’idée n’était pas de condamner l’ère du numérique, mais de questionner en profondeur notre rapport à l’ordure, au rebut, et donc à l’autre que l’on n’est jamais loin de considérer comme moins important que soi, donc dispensable, et donc : jetable. Et puisque cette décharge est, comme par hasard, dans un pays africain, qu’en est-il de ma conception postcoloniale d’un habitant de ce pays ? Aussi altruiste et consistant que je me croie être, un Africain m’est-il toujours un // moins //, et partant, un déchet ? Si je me permets de situer une décharge chez lui, d’alimenter cette décharge avec mes propres appareils, quel respect ai-je pour lui ? J’aurai beau me payer de mots et de discours universalistes, condamner le racisme et désirer la paix, si je ne me confronte pas à ce problème essentiel, cette croyance enfouie que serait mon droit supposé et inavoué de disposer du corps d’un être dit noir (que je me raconte comme étant noir, quelle que soit sa couleur de peau), alors je ne suis plus seulement responsable, mais aussi coupable de la situation. Et là, je dis précisément // je // car je ne pense pas aux autres en écrivant, je pense à moi, à mes actes, aux leçons que je me crois autorisé à donner aux autres alors que je me regarde de biais. J’ai assez à faire avec mes propres culpabilités pour ne pas chercher à culpabiliser les autres. Ce serait pourtant bien commode ! […] La pièce dessine clairement le cercle vicieux des trafics de déchets numériques et surtout leurs conséquences pour la planète. // La bosse // serait une sorte de tumeur du monde, comme pourrait l’être le // huitième continent //, cet amas de déchets plastiques qui dérive au Nord de l’océan Pacifique. Est-ce le prix à payer pour cette révolution technique? L’humanité aurait-elle ainsi créé son propre meurtrier ? Cela semble effectivement le prix de cette révolution, mais le problème est de savoir qui s’en acquitte. Ce ne sont pas ceux qui jouissent de ces avancées technologiques qui sont les premières victimes de leur usage et de leur obsolescence. D’accord l’addiction, les problèmes d’hyperactivité, de nervosité, l’impossibilité à décrocher, le burn-out, la mélancolie profonde née de la multiplication fascinante des possibles, mais au regard de l’intoxication des corps et des sols par les métaux lourds, je ne suis pas certain qu’il y ait 10 une juste répartition de ce prix à payer. Les conséquences de la révolution technologique (formidable et émancipatrice à de maints égards) sont différenciées et de mon point de vue, profondément injustes. Rassurons-nous, l’humanité a créé le meurtrier de ceux et celles qu’elle juge moindres. Elle saura toujours se protéger tant qu’elle aura des cibles sur qui faire peser le poids de ses ambitions. Et quand la terre sera épuisée, l’humanité aura trouvé comment vivre ailleurs, elle saura se payer le voyage et ne s’encombrera pas de ceux qui, génération après génération, payent le prix de ses désirs. Pour que l’humanité survive, il faut qu’elle sacrifie une part d’elle-même. Ce n’est pas de la sélection naturelle (ou cela va le devenir à cause du désastre climatique qui a commencé), c’est la sélection libérale. Et c’est ce discours politique fataliste qui l’a emporté aujourd’hui. Alors je me dis qu’écrire c’est, quoi que l’on fasse et quel que soit le sujet que l’on aborde, refuser cela. C’est peut-être vain. Mais il me paraîtrait tout aussi vain de l’accepter. Alors, tant qu’à faire, autant se compliquer un peu l’existence ! Propos recueillis par Pauline Peyrade 11 #beautédelinadmissible #poésiedelinsupportable #langue #contamination #injustices #dérives #courage #inyourface #dénonciation #ensatt #prixjournéesauteurslyon #dramaturgesaison_unes © Jean-Louis Fernandez __biographies #metteurenscène #esthétiqueplurielle #marionnettes #théâtredobjets #géniemachinerie #auteursvivants #irreprésentable #trashpoem #directiondacteurs Guillaume Poix Johanny Bert Auteur de pièces très documentées, ancrées Johanny Bert a élaboré un langage théâtral très dans des réalités difficiles, Guillaume Poix personnel, né de la confrontation entre l’acteur propose des langues fortes et poétiques pour et sublimer diplômé cette relation acteurs-marionnettes, il travaille de l’Ensatt en écriture dramatique, il a été le régulièrement avec des auteurs contemporains, dramaturge de la saison UNES au POCHE /GVE. par exemple dans le cadre de ses spectacles Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre, Histoires Post-it / On est bien peu de chose dont Les Présomptions, Virgile n’a pas les quand même ! pour lequel il passe commande épaules, Wave, et Straight, publiée aux éditions à quatre auteurs, Théâtrales, lauréate de nombreux prix dont Aubert avec Le Préau, CDR de Vire, Le Goret de les Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre Patrick McCabe, L’Emission de Sabine Revillet et de l’aide à la création du CNT. En octobre, (création en appartement), L’âge en bandoulière il créera au Préau-CDN de Basse Normandie, de Thomas Gornet (création pour adolescents Tout entière, spectacle évoquant la mystérieuse en salle de classe), De Passage de Stéphane destinée de la photographe Vivian Maier. Il Jaubertie, Pastoussalafoi !, opéra jeune public travaille aussi pour l’opéra, le cinéma et la danse de Matteo Franceschini sur un livret de Philippe : comme dramaturge au Théâtre des Champs Dorin. En 2012, il est nommé à la direction du Elysées, pour La Favorite de Donizetti, avec Centre Dramatique National de Montluçon - Le l’actrice et réalisatrice française Nicole Garcia Fracas - et mène, durant quatre ans, un projet sur le film Un beau dimanche. Avec Christian fort sur le territoire avec une équipe d’acteurs et François Ben Aïm ainsi qu’Ibrahim Maalouf, permanents. Il reprends en 2016 son parcours il écrit actuellement une pièce chorégraphique de metteur en scène en compagnie et devient qui sera créée en février 2017. Waste a été lue notamment artiste associé à La Comédie, scène dans le cadre de la Mousson d’été 2015. nationale de Clermont-Ferrand. l’indicible. Normalien et 12 la forme marionnettique. Développant Les Orphelines de Marion __sloop3 i-monsters Trois comédies québécoises et un drame suédo-tunisien nous racontent les crises de l’intime contemporain. D’un côté, la radicalisation de la norme, le bonheur-marchandise, l’existence mappée par les architectes de la réussite, les designers de l’épanouissement, les ingénieurs de l’amour et les développeurs de l’indépendance. De l’autre, les démons que l’on porte en nous, nos // i-monsters //, avatars monstrueux tapis dans des recoins de plus en plus retranchés de nos êtres, qui nous dérangent et nous empêchent de correspondre-à, de nous fondre-dans, d’être reconnus-comme. C’est au risque d’abandonner le politiquement correct, de froisser la bien-pensance et de heurter les bons sentiments que les quatre auteurs du sloop3 nous font entendre, voir et ressentir, sans concessions et dans toute sa complexité, notre (in)humanité. Pour ce faire, ce n’est pas moins de quatorze rôles que se partageront les cinq acteurs du sloop, un défi d’interprétation et de mise en scène qu’a accepté de relever la troupe d’artistes formée au POCHE /GVE pour l’occasion. D’un texte à l’autre, d’une performance à l’autre, ils nous réjouiront à la fois d’une prouesse artistique et d’une authentique pensée à l’œuvre. collectif jeu Rebecca Balestra, Charlotte Dumartheray, Julien Jacquérioz, Céline Nidegger, François Revaclier assistanat à la mise en scène Lucile Carré scénographie Sylvie Kleiber lumière Jonas Bühler son Andrès Garcia production POCHE /GVE 13 sloop3 i-monsters _ Unité modèle 26.09 / 16.10 texte_Guillaume Corbeil mise en scène_Manon Krüttli jeu Julien Jacquérioz, Céline Nidegger assistanat à la mise en scène Lucile Carré scénographie Sylvie Kleiber lumière Jonas Bühler son Andrès Garcia Les spectacles du sloop3 sont soutenus par la Fondation Leenards. production POCHE /GVE synopsis et présentation Ce soir, nous vous présentons la cité Diorama. Diorama, c’est plus qu’un simple quartier résidentiel. C’est une ville dans la ville. Un cadre de vie moderne et personnalisé prêt à accueillir les plus beaux moments de votre existence. Diorama, c’est un restaurant pour votre premier rendez-vous, un parc ensoleillé pour vos week-ends en famille, un appartement tendance pour vos soirées entre amis. Diorama, c’est votre histoire. Nous l’avons rêvée pour vous. Vous verrez. Vous allez adorer vivre ici. Deux représentants tiennent conférence pour présenter un complexe immobilier dernier cri : la cité Diorama. À travers le récit d’une histoire d’amour, de la rencontre à la déliquescence du couple, mêlant démonstrations publicitaires et jeux de rôles, ils nous invitent à découvrir la cité sous tous ses aspects, de ses appartements modernes à ses espaces verts en passant par ses salles de sport et ses restaurants. Avec une justesse inquiétante et un humour décapant, Guillaume Corbeil dresse le portrait de notre société, entre ses possibles et ses dangers, ses aspirations et ses ambiguïtés, ses tendresses et ses hypocrisies. 14 __extrait LE REPRÉSENTANT. Vous desserreriez votre cravate Vous accrocheriez votre veston sur une des lettres en métal que vous auriez accrochées au mur Et qui épelleraient le mot patère LA REPRÉSENTANTE. Gros plan sur vous qui détacheriez votre coiffure Vous souririez Et au ralenti vos cheveux tomberaient délicatement sur vos épaules LE REPRÉSENTANT. Vous choisiriez une bouteille dans votre cellier Rien de trop cher Non Vous connaîtriez de bons vins À prix raisonnable De toute façon Le plus important Pour vous Ce serait la qualité du moment partagé LA REPRÉSENTANTE. Dans un walk-in de dix mètres carrés Tous vos vêtements seraient accrochés les uns aux côtés des autres Dans un système modulable pratique Et Avouez-le Élégant Vous feriez pivoter cette section-là Ici Comme ça Et vous découvririez votre collection de chaussures Les unes à côté des autres Comme au magasin Mesdames Je suis certaine que vous êtes comme moi C’est pas qu’on est superficielles Disons simplement qu’on a Oui Un petit côté coquet Je veux dire Ça C’est un rêve de petite fille devenu réalité 15 __réflexion par Pauline Peyrade Roger Caillois, à qui la France doit les premières traductions de Borges et peut-être toute la sympathie pour le réalisme magique, dit quelque part que les rêves sont la matière humaine la plus difficile à manier. Rien de plus rétif au partage qu’un rêve. Rien qui ne soit plus intime expérience. On commerce de tous les biens et tous les dons : des révélations de la divinité, des visions oraculaires et des prévisions astrales, mais le rêve ne se vend pas, ni ne se prête, ni ne se donne. // Mickaël V. Dandrieux, Plénitude et songes creux, // LE FAKE //, Cahiers européens de l’imaginaire n°6. // Y a-t-il un commerce du rêve ? Si oui, quelle(s) forme(s) prend-il ? À quelles fins économiques et/ou politiques ? Et quelles en sont les conséquences ? Bien que, comme le dit Mickaël V. Dandrieux, le rêve garde une part d’irréductible étrangeté, il serait naïf de croire que le territoire du rêve échappe aux schémas libéraux. // New Frontier // pour pionniers en jeans haute couture qui veulent nous faire croire qu’à l’Ouest l’or coule encore à flots, les stratégies marketing n’ont de cesse d’entériner sa valeur de monnaie d’échange. L’avènement de la publicité elle-même, y compris sous ses formes les plus rudimentaires, révèle la nécessité de l’imaginaire dans le commerce des biens. Du matin au soir, on nous // vend du rêve //, dissimulant le réel sous des couches de papier glacé, de BB-Cream et de linoléum bon marché. Dès lors, la question est : que nous dissimule-t-on ? Ou plutôt, que cherche-t-on à nous faire ignorer ? Dans ce jeu de dupes qui lie l’acheteur et le vendeur, nul ne l’est vraiment. L’un et l’autre connaissent les conditions de fabrication des vêtements, des meubles, des steaks sous cellophane ou des tomates Monsanto. L’un et l’autre savent quelles conséquences ces systèmes de production ont sur l’économie mondiale, sur le climat, sur la santé. Pourtant, l’un et l’autre choisissent de ne pas y penser, reléguant l’éthique au statut de bigoterie hypocrite ou de bien-pensance gauchiste, selon le groupe auquel ils appartiennent. Comment ne pas les comprendre ? Face à l’impuissance citoyenne et à l’aliénation de la démocratie, l’amnésie, le déni et le cynisme sont les meilleurs amis de l’homme que sa conscience encombre. La part du roi revient alors à celui qui lui offre l’illusion de légèreté, de légitimité et de sécurité la plus crédible. Escrocs hier, prophètes aujourd’hui, les // vendeurs de rêve // ont fait du monde leur terrain de jeu. Ils l’imaginent, le conçoivent, le créent pour nous. Rêver à notre place et nous servir ce rêve sur un plateau d’argent, c’est bien ce que s’emploient à faire les deux représentants de la chaîne immobilière Diorama imaginée par Guillaume Corbeil. Transformé en salle de conférence, le théâtre offre un cadre à une fiction de réalité, art dans lequel Steve Jobs en son temps et à sa suite Mark Zuckerberg sont passés maîtres. Les représentants Diorama n’ont plus rien des colporteurs en 16 complet strict et attaché-case. Ce sont des gens comme vous et moi, en un peu mieux. Une version améliorée mais accessible. Leur discours tient en une phrase : // Il était une fois votre vie. // Une vie saine, équilibrée, enrichissante, stimulante, épanouie, connectée… une vie normale, quoi. Ce qu’ils vous vendent n’est ni plus ni moins que les réponses aux besoins élémentaires des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Il est loin, le temps des premières nécessités. L’individu moyen peut désormais prétendre à plus qu’un toit sur la tête et un repas chaud tous les soirs. Il peut exiger le confort, l’élégance, le choix, le rapide, l’accessible, la quantité et la qualité. Alors, on y va ! Alors, on y croit ! Alors, on achète, on s’endette, on se la pète, c’est ça le progrès ! // Pigeons //, pensez-vous ? // Inutile //, direz-vous ? Pas si sûr. Ce que propose Diorama excède le plaisir du jeu de masques social et de la représentation de soi. Plus qu’un décor, un environnement. Plus qu’un costume, un corps pour entrer sur la scène du théâtre du monde. C’est peut-être là le coup de génie du capitalisme : nous faire croire que nous n’appartenons pas tout à fait au monde. Ou qu’il existe toujours une façon plus noble de l’habiter. Pour que marche ce tour de passe-passe il faut d’abord créer en nous un sentiment d’inachevé, d’imperfection, qui flirte souvent avec la honte et la détestation de soi, au point de rendre notre condition insupportable. Seuls remèdes à notre désespoir : un nouveau sac, un nouveau canapé, un // nouveau look pour une nouvelle vie //. Pas plus que notre besoin de consolation, notre pulsion de consommation semble impossible à satisfaire. Dès lors, le rêve qui autrefois permettait de s’échapper du réel, de le transformer, de le transfigurer, n’est occupé à présent qu’à le rejoindre. L’espoir dominant est celui du Même, quand l’Autre est relayé à la marge, assigné aux ténèbres du doute et de l’anonyme, sans qu’on s’en aperçoive. En effet, la caractéristique et le but premiers du capitalisme est de faire capitalisme de tout. Ainsi, la contre-culture devient culture, la révolution renouveau et toute tentative d’altérité, d’alternatif, est intégrée malgré elle à la dynamique de standardisation de l’unique. De tout ceci est-il bon de s’inquiéter ? C’est la question qui sous-tend Unité modèle. À travers le prisme du couple et de l’histoire d’amour, de la rencontre à l’effritement inavoué, la pièce interroge l’endroit de frictions entre deux fictions : la fiction sociétale et la fiction amoureuse. Qu’aime-t-on quand on aime ? Est-ce l’image que l’on renvoie à deux, aux autres et à soi-même ? Est-ce l’autre ou le couple ? L’altérité ou l’unité ? L’environnement ou l’intimité ? La posture ou l’aventure ? L’appartement Diorama, c’est une unité modèle pour votre unité modèle, celle que vous formez à deux, indivisible et inaltérable. Un cliché de bonheur saisi sur le vif et figé dans le temps à coups d’injections de Botox et de ravalements de façade. À la fois un rêve et un cauchemar contemporain. Derrière les intérieurs feutrés et les parcs ensoleillés, se cache le pendant le plus insaisissable du capitalisme : son totalitarisme invisible, qui multiplie les cadres au même rythme que les illusions de liberté. En effet, la pièce brosse le portrait d’un modèle sociétal rigoureusement 17 normé que nous ne connaissons que trop bien. Dans ce nouveau phalanstère, l’humanité s’organise comme dans un catalogue de décoration. Chaque chose se doit d’y être à sa place au risque de menacer l’harmonie de l’ensemble. Le canapé, face à la télé ; la cuisine (ouverte), pas trop loin du salon ; les meubles encombrants ou atypiques, dans un coin, on évitera de les bouger ; les chaises et le petit mobilier standard, ça se déplace, tant qu’on peut s’asseoir dessus ou y poser des trucs ; quant à tout ce qui est vieux, cassé, abîmé, fatigué, usé ou mal assorti, on les met // à la bosse //, sur le trottoir, le service de propreté passe toutes les semaines pour vous en débarrasser. 18 __biographies #québec #comédie #absurditédumonde #formatage #chaos #sociétéaseptisée #critique #décapant #dérèglement #humain #théâtredaujourdhui #jeunesse #manufacture #idées #mastermiseenscène #engagement #froidquébecoisconnexion #souffleusesloop2 Guillaume Corbeil Manon Krüttli La fine plume et le talent de Guillaume Corbeil Après des études au Conservatoire de Genève pour la critique sociale ont été largement salués et aux Universités de Berne et de Berlin (tout en par la critique québécoise et ce dès ses débuts. effectuant stages et assistanats notamment à Agé de 35 ans aujourd’hui, il avait, avant de finir la Schaubühne de Berlin et au Théâtre de Vidy) sa formation en écriture dramatique à l’École Manon Krüttli complète sa formation avec un nationale de théâtre en 2011, déjà écrit un recueil master en mise en scène à la Manufacture- de nouvelles, L’art de la fugue, finaliste au prix HETSR. La même année, elle conçoit une du Gouverneur général et récipiendaire du prix performance Les carnets de l’intime. Carnet 1: Adrienne-Choquette, un premier roman, Pleurer Le corps avec la cie les minuscules à Genève comme dans les films, ainsi qu’une biographie qui marque le début d’une recherche plus large du metteur en scène André Brassard. Depuis, il autour de l’intime // féminin // et de l’écriture écrit pour la scène les textes Tu iras la chercher de soi. Elle met ensuite en scène une forme et Nous voir nous. Ce dernier est présenté à courte Die Welschen ficken besser – Eine l’Espace Go sous le titre Cinq visages pour Konferenz dans le cadre de la Tankstelle au Camille Brunelle. Il s’est vu décerner le prix Südpol à Lucerne. La saison dernière, elle est de la critique pour le meilleur texte, le prix assistante à la mise en scène au POCHE /GVE Michel-Tremblay et le prix du public au festival dans le cadre du SLOOP2 et collabore avec le Primeurs, à Saarbrücken en Allemagne. En metteur en scène Julien George, en tant que avril 2016, Unité modèle est présentée au dramaturge pour le spectacle Le Moche de Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal, Marius von Mayenburg. Elle présentera en début et sa réécriture de trois contes célèbres, Trois de saison prochaine à Lausanne, ChériChérie, princesses, paraît aux éditions du Quartanier. re-création de son spectacle de fin d’études. 19 sloop3 i-monsters _ Les Morb(y)des 21.11 / 29.01 texte_Sébastien David mise en scène_Manon Krüttli jeu Rebecca Balestra, Charlotte Dumartheray, François Revaclier assistanat à la mise en scène Lucile Carré scénographie Sylvie Kleiber lumière Jonas Bühler son Andrès Garcia Les spectacles du sloop3 sont soutenus par la Fondation Leenards. production POCHE /GVE synopsis et présentation Y a Stéphany, pis y a Sa Sœur. Stéphany, elle aime rêver. La journée, elle tchatte avec Kevyn sur un forum de freaks et, la nuit, elle traîne dans les quartiers mal famés de Montréal. Sa Sœur, elle, elle passe son temps devant la télé à s’enfiler de la junk food, tellement qu’elle peut plus se lever du canapé. Elle sort pas, Sa Sœur. Elle sort plus. Stéphany et Sa Sœur, même si elles se disputent, dans le fond, elles se ressemblent. Elles trouvent pas leur place. Elles veulent disparaître. En fait, elles ont déjà disparu. Sûrement la plus sombre des trois comédies québécoises, Les Morb(y)des met en scène deux sœurs, Stéphany et Sa Sœur, qui vivent coupées du monde. Souffrant d’obésité morbide, elles se dérobent aux regards, sortent la nuit ou bien se terrent chez elles sous des montagnes de paquets de chips et de pots de glace vides. Pour seules fenêtres sur le monde, elles ont respectivement la télévision et les forums de freaks sur Internet. Deux fenêtres donc non sur le réel mais sur les mises en fiction de la société par elle-même, dont elles sont condamnées à occuper les coulisses. La pièce raconte une tentative d’émancipation de Stéphany qui, avec l’irruption de son ami virtuel Kevyn, entrevoit la possibilité de quitter son appartement en soussol et de remonter à la surface. Sébastien David s’empare d’un sujet de société et en propose une mise en perspective vertigineuse avec humour, tendresse et acidité. 20 __extrait Un demi sous-sol. Stéphany est par terre. Sa Soeur frappe Stéphany du bout du pied. SA SOEUR. Stéphany Réveille-toé Envoye Réveille-toé Ostie Stéphany revient à elle tranquillement. Câlisse Tu m’as faite peur T’es tombée Pis ç’a faite bang STÉPHANY, encore sonnée. Le Big Bang SA SOEUR. Non Ç’a juste faite bang Au début J’ai ri Je trouvais ça drôle Me suis dit A s’est enfargée L’épaisse Pis est tombée C’est drôle Mais là Tu te relevais pas T’avais l’air morte STÉPHANY. Ben là chus ressuscitée 21 __reliefs par Pauline Peyrade Fictions et autofictions À la marge du monde, Stephany et Sa Sœur vivent dans un monde d’histoires. Sa Sœur, accro à la télévision, passe ses journées à regarder et commenter les mises en fiction du monde, celles que nous proposent les médias, les séries, les jeux ou encore les émissions de téléréalité. Elle se pose ainsi comme spectatrice du présent, peut-être la seule place qu’elle ait réussi à trouver dans le théâtre du monde. Stéphany, au contraire, se rêve actrice. Elle rêve seulement car, si elle sort de chez elle, c’est uniquement pour jouer pour elle-même (ou à elle-même) des scénarii de films noirs : Montréal, la nuit, dans le parc où les prostituées se font enlever et éventrer ( schéma qui n’est pas sans rappeler celui de Jack l’Eventreur). Le reste du temps, elle traîne sur les forums de freaks, autres rêveurs marginaux, et croit volontiers aux récits d’enlèvements extraterrestre de son cyber-ami Kevyn s’ils peuvent enchanter un peu le monde, ou bien elle reste cachée sous sa couette à imaginer des paysages merveilleux et le jour de sa rencontre avec le musicien star Moby. Les deux soeurs présentent chacune une posture de retrait qui est tout à fait spécifique à la société médiatisée et virtualisée dans laquelle nous vivons. Le réel se rappelle à elles cependant, très régulièrement, chaque fois que Sa Sœur doit prendre les pilules qui permettent à son corps de survivre malgré son obésité morbide. Obésité morbide Un phénomène de plus en plus répandu et qui attire l’attention de la médecine et des médias à scandales depuis une vingtaine d’années. Et pour cause, l’obésité n’a été reconnue comme maladie qu’en 1997. Depuis lors, le mot est sur toutes les lèvres et les campagnes de prévention se sont multipliées au point de devenir omniprésentes dans certains pays occidentaux. Paradoxalement, ce coup de projecteur, plutôt que de permettre aux personnes souffrant de cette pathologie de retrouver une place digne dans la sphère sociale, semble les avoir isolées davantage, au point d’en faire parfois des bêtes de foire, de la chair à pognon pour la télévision. On les voit raconter leur vie et pleurer à chaudes larmes dans des émissions d’amincissement ou de confessions intimes, exhibant leur corps au voyeurisme collectif. Le corps obèse, objet de terreur et de fascination, recueille toutes nos projections. À l’heure du jeunisme et de l’injonction à la minceur, dans une société qui nous invite à projeter notre existence sur une page de papier glacé et nous renvoie tous les jours à nos échecs, à nos imperfections, ce corps excessif, excédé, poussé aux limites de lui-même, se pose comme l’image de la réification du mal-être du temps, incarnation de la pulsion de mort, de la pulsion d’ostracisme, pulsion à la fois érotique et existentielle qui constitue l’homme et la femme contemporains. 22 La femme-canapé On a tous quelque part dans notre imaginaire l’image de la femme-canapé, celle qui a force de rester assise à manger de la junk food s’est incrustée dans son mobilier. Elle est devenue une sorte de créature mythologique, un Minotaure contemporain. On ne sait plus si on l’a vue aux informations ou bien dans une série télévisée, mais comme tout mythe, la véracité de son existence est moins importante que ce qu’elle vient satisfaire. À travers le personnage de Sa Sœur, Sébastien David la pose sur scène, proposant ainsi, par le détour de la littérature et la mise à distance du plateau, de porter un autre regard sur cette représentation du monde par lui-même, un regard libéré de la complaisance médiatique et infusé d’esprit critique et de poésie – un regard, en somme, hautement politique. Car le mythe, représentation cathartique du monde, a pour fonction première d’expliquer ce qu’on ne comprend pas, de donner corps à nos peurs et à nos doutes. La femme-canapé pourrait être l’incarnation de l’échec du modèle consumériste, de sa perversité, de sa dangerosité pour l’homme – ce n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien si c’est une femme, une femme grosse // de rien, grosse de graisses saturées et d’OGM, grosse de la vacuité de la société de consommation, de ses déchets, de ses poisons, en un mot, grosse de la fin de l’espèce. // Un vélo qui ne va nulle part Quoi de plus triste ? Outre sa fonction fitness, que la pièce dépasse très rapidement, l’image du vélo prend en charge une dimension symbolique fondamentale des Morb(y)des. Moyen de transport léger, qui rappelle à l’enfance, à la puissance du corps, au défi, à l’aventure, il est à Stéphany ce que le canapé est à Sa Sœur, une sorte de totem ou d’avatar mobilier. Seul meuble (à part le canapé) de l’appartement, juché en plein milieu du salon, à l’abandon, le vélo d’appartement de Stéphany symbolise la quête du mouvement, le désir de réintégrer le monde, de // reprendre sa vie en main // pour parler comme un magazine bien-être, d’agir sur le monde et sur sa vie. Cela passe par une réappropriation de son corps, de ses muscles, de ses nerfs. Car, comme le vélo, Stéphany est dans les starting-blocks. En effet, ce qui la distingue de Sa Sœur, et ce qui la // sauve // aussi, c’est la vélocité de son imaginaire. Si son corps ne va nulle part, son esprit voyage, rencontre, espère et rêve. À travers l’imagination de Stephany, l’auteur semble proposer une possible réhabilitation de la marge. Il ajoute à la pièce une dose d’espoir. Il nous permet de croire que, peut-être, un jour, Stéphany sortira du tombeau qu’elle et Sa Sœur se construisent pour échapper au monde et que, comme le vélo, elle ira quelque part. Pouce levé En code numérique : ( y ). Au cœur des Morb(y)des, comme un rappel à l’espoir et à la puissance. 23 ©Julie Artacho __biographies #québec #comédie #langue #plateaumontroyal #réinvention #solitude #freak #rêve #corps #cauchemarcontemporain #poésie #jeunesse #manufacture #idées #mastermiseenscène #engagement #froidquébecoisconnexion #souffleusesloop2 Sébastien David Manon Krüttli Né à Montréal, Sébastien David est acteur, auteur Après des études au Conservatoire de Genève et metteur en scène. Il obtient son diplôme en et aux Universités de Berne et de Berlin (tout en interprétation de l’École nationale de théâtre effectuant stages et assistanats notamment à du Canada en 2006. En quatre fortes pièces, la Schaubühne de Berlin et au Théâtre de Vidy) il a démontré une maitrise de l’écriture dans Manon Krüttli complète sa formation avec un laquelle il explore la solitude et la misère urbaine master en mise en scène à la Manufacture- sans aucune complaisance : T’es où Gaudreault HETSR. La même année, elle conçoit une précédé de Ta yeule Kathleen, lui a valu plusieurs performance Les carnets de l’intime. Carnet 1: prix ; son deuxième texte Les morb(y)des a été Le corps avec la cie les minuscules à Genève présenté au Théâtre de Quat’Sous à Montréal, en qui marque le début d’une recherche plus large lecture publique à la Comédie-Française (prix autour de l’intime // féminin // et de l’écriture coup de cœur du public), puis à La Mousson de soi. Elle met ensuite en scène une forme d’été ; Les haut-parleurs, texte pour adolescents, courte Die Welschen ficken besser – Eine créé en 2015 dans le cadre d’une résidence au Konferenz dans le cadre de la Tankstelle au Théâtre Bluff est actuellement en tournée à Südpol à Lucerne. La saison dernière, elle est travers le Québec. Sébastien David assure la assistante à la mise en scène au POCHE /GVE direction générale et artistique de la compagnie dans le cadre du SLOOP2 et collabore avec le La Bataille, et enseigne régulièrement à l’École metteur en scène Julien George, en tant que nationale de théâtre du Canada. Il travaille en dramaturge pour le spectacle Le Moche de ce moment sur son quatrième texte, Dimanche Marius von Mayenburg. Elle présentera en début napalm, qui verra le jour en novembre 2016 au de saison prochaine à Lausanne, ChériChérie, Centre du Théâtre d’Aujourd’hui à Montréal. re-création de son spectacle de fin d’études. 24 05.12 / 29.01 sloop3 i-monsters _ Nino texte_Rébecca Déraspe mise en scène_Yvan Rihs jeu Rebecca Balestra, Charlotte Dumartheray, Julien Jacquérioz, Céline Nidegger, François Revaclier assistanat à la mise en scène Lucile Carré scénographie Sylvie Kleiber lumière Jonas Bühler son Andrès Garcia Les spectacles du sloop3 sont soutenus par la Fondation Leenards. production POCHE /GVE synopsis et présentation Nino pleure. On ne sait pas pourquoi, c’est un bébé et, les bébés, on ne sait pas vraiment pourquoi ils pleurent. Alors, chacun y va de son petit commentaire, de son petit conseil, de son petit jugement. Chacun y va, toujours avec politesse et bienveillance… Nino pleure. Pour l’endormir, quelle méthode est la meilleure ? Qui est le meilleur père ? La meilleure mère ? Moi je dis ça je dis rien… Nino pleure. Et sa mère ? Que fait-elle ? Qui est-elle ? Est-elle encore une bonne amie ? Une bonne épouse ? Peut-elle encore être une femme ? Nino pleure. À croire qu’il ne s’arrêtera pas. Pas avant de nous avoir tous rendus fous… Comédie grinçante, la pièce met en scène deux jeunes parents et leurs proches face à un défi de taille : endormir Nino, un an, qui ne cesse de pleurer dans la pièce d’à côté. De conseils en analyses, les pleurs de l’enfant les renvoient tour à tour à leur impuissance, à leur insuffisance, à leurs frustrations et à leur terreur d’être au monde. Avec un humour et une intelligence redoutables, Rébecca Déraspe interroge le rapport de trois femmes et deux hommes à la figure maternelle et pose la question qui fâche encore nos sociétés modernes : une Mère a-t-elle le droit de disposer d’elle-même ? 25 __extrait CHARLOTTE. Aurais-tu aimé ça qu’on te laisse pleurer dans ta chambre Le jour de tes trente ans ? MARION. Y a pas eu trente ans CHARLOTTE. Je veux ben mais – MARION. Y a eu un an Le plus beau cadeau que tu peux faire à un enfant C’est d’y apprendre à s’endormir tout seul CHARLOTTE. Ostie de cadeau de pauvre MARION. Moi Si j’avais un enfant Ça ferait longtemps qu’y serait capable de s’endormir tout seul CHARLOTTE. Tu vas le laisser pleurer comme ça ? Imagines-tu l’angoisse qu’y doit vivre en ce moment ? MARION. Angoisse Angoisse CHARLOTTE. C’est important que sa mère réponde à ses besoins Sinon En qui y va pouvoir avoir confiance ? MARION. Y est clairement sur le bord de s’endormir CHARLOTTE. Y a peut-être faim MARION. Qui dort dîne SANDRINE. Pis ? Comment ça va vous autres ? 26 __résonance Simone de Beauvoir, 1949 (extraits) // La mère //, Le Deuxième Sexe, tome 2, C’est par la maternité que la femme accomplit intégralement son destin physiologique ; c’est là sa vocation // naturelle // puisque tout son organisme est orientée vers la perpétuation de l’espèce. Mais on a déjà dit que la société humaine n’est jamais abandonnée à la nature. Et en particulier depuis environ un siècle, la fonction reproductrice n’est plus commandée par le seul hasard biologique, elle est contrôlée par des volontés. […] // Grossesse et maternité seront vécues de manière très différente selon qu’elles se déroulent dans la révolte, dans la résignation, la satisfaction, l’enthousiasme. Il faut prendre garde que les décisions et les sentiments avoués de la jeune mère ne correspondent pas toujours à ses désirs profonds. Une fille-mère peut être matériellement accablée par la charge qui lui est soudain imposée, s’en désoler ouvertement, et trouver cependant dans l’enfant l’assouvissement de rêves secrètement caressés ; inversement, une jeune mariée qui accueille sa grossesse avec joie et fierté peut la redouter en silence, la détester, à travers des obsessions, des fantasmes, des souvenirs infantiles qu’elle-même refuse de reconnaître. […] On a vu que dans l’enfance et l’adolescence, la femme passe par rapport à la maternité par plusieurs phases. Toute petite, c’est un miracle et un jeu : elle trouve dans la poupée, elle pressent dans l’enfant à venir un objet à posséder et à dominer. Adolescente, elle y voit, au contraire, une menace contre l’intégrité de sa précieuse personne. Ou bien elle la refuse farouchement, ou bien elle la redoute tout en la souhaitant, ce qui conduit à des fantasmes de grossesse et à toutes sortes d’angoisses. […] Il n’existe pas d’ // instinct // maternel : le mot ne s’applique en aucun cas à l’espèce humaine. L’attitude de la mère est définie par l’ensemble de sa situation et par la manière dont elle l’assume. Elle est extrêmement variable. […] Comme l’amoureuse, la mère s’enchante de se sentir nécessaire ; elle est justifiée par les exigences auxquelles elle répond ; mais ce qui fait la difficulté et la grandeur de l’amour maternel, c’est qu’il n’implique pas de réciprocité ; la femme n’a pas en face d’elle un homme, un héros, un demi-dieu, mais une petite conscience balbutiante, noyée dans un corps fragile et contingent ; l’enfant ne détient aucune valeur, il ne peut en conférer aucune; en face de lui la femme demeure seule ; elle n’attend aucune récompense en échange de ses dons, c’est à sa propre liberté de les justifier. Cette générosité mérite les louanges que les hommes inlassablement lui décernent ; mais la mystification commence quand la religion de la Maternité proclame que toute mère est exemplaire. Car le dévouement 27 maternel peut être vécu dans une parfaite authenticité ; mais, en fait, c’est rarement le cas. Ordinairement, la maternité est un étrange compromis de narcissisme, d’altruisme, de rêve, de sincérité, de mauvaise foi, de dévouement, de cynisme. // Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité, 31 (extrait) De l’autre côté de moi, bien loin derrière l’endroit où je gis, le silence de la demeure touche à l’infini. J’écoute la chute du temps, goutte à goutte, et aucune des gouttes qui tombent n’est entendue dans sa chute. Je sens mon cœur physique oppressé physiquement par le souvenir, réduit à rien, de tout ce qui a été ou de ce que j’ai été. Je sens ma tête matériellement posée sur l’oreiller, qu’elle creuse d’un petit vallon. La peau de la taie d’oreiller établit avec ma peau le contact d’un corps dans la pénombre. Mon oreille même, sur laquelle je repose, se grave mathématiquement contre mon cerveau. Mes paupières battent de fatigue, et mes cils produisent un son d’une faiblesse extrême, inaudible, sur la blancheur sensible de l’oreiller relevé. Je respire, tout en soupirant, et ma respiration est quelque chose qui se produit – elle n’est pas moi-même. Je souffre sans penser ni sentir. L’horloge de la maison, endroit fixe au cœur de l’infini, sonne la demie, sèche et nulle. Tout est si vaste, tout est si profond, tout est si noir et si froid ! // // 28 #québec #comédie #réuniondefamille #ressentiment #catastrophe #préjugés #quotidiencontemporain #sos #rirejaune #huisclos #rythme #virtuose © Cédrinne Vergain © Julie Artacho __biographies #genevois #incontournable #surprises #textes #auteurscontemporains #directiondacteurs #musiquesurscènes #conservatoire #rythme #ludique Rébecca Déraspe Yvan Rihs Rébecca Déraspe est diplômée de l’École Yvan Rihs arpente les plateaux romands depuis Nationale de Théâtre du Canada en écriture plus de vingt ans comme metteur en scène, dramatique. Elle est l’auteure des textes : dramaturge, comédien et pédagogue. Avec Le Radeau, présenté au Théâtre de la Petite sa compagnie - Yvan Rihs pour le moment Marée à Bonaventure (QC), Deux ans de votre -, il a réalisé dernièrement l’adaptation et la vie, créé par Les Biches Pensives au Théâtre mise en scène des Aventures de Huckleberry d’Aujourd’hui à Montréal (prix BMO auteur Finn, d’après Mark Twain, au Théâtre Populaire dramatique), Plus (+) que toi et Nino présentés Romand et en tournée. C’est dans la littérature au Festival Dramaturgies en dialogue, Votre mondiale qu’il puise les récits qui l’inspirent. crucifixion, créée par Ubi et Orbi aux Contes D’Evgueni Schwartz (Le Dragon) à Charles Urbains du Théâtre La Licorne de Montréal, Dickens Peau d’ours au Petit théâtre du Nord (en lice Novarina (L’Inquiétude) à Toshiki Okada (Cinq pour le prix Michel-Tremblay), Le merveilleux jours en mars), Yvan Rihs développe une voyage de Réal de Montréal au Théâtre de la esthétique haletante fondée sur la pulsation Petite Marée, et Gamètes qui est présenté cette du récit, mêlant création théâtrale, musicale année au Festival Jamais Lu. Elle fait partie du et chorégraphique. Parmi d’autres multiples collectif endoscope.collectif qui a créé la pièce collaborations, il a notamment créé Purgatory Ceci est un meurtre au Théâtre Aux Écuries. Elle quartet, opéra de Xavier Dayer ou Express travaille également comme scénariste. Selon elle, Partout, avec la compagnie haïtienne Zepon. l’objectif principal de l’écriture est de provoquer Depuis une quinzaine d’années, il enseigne l’empathie. Ce à quoi elle arrive aisément avec au Conservatoire de Genève (classes pré- son style vif, son écriture acérée, concrète, et ses professionnelles d’art dramatique) : dramaturgie, personnages si loin, si proches de nous ! interprétation, stages et ateliers. 29 (Great Expectations), de Valère sloop3 i-monsters _ J’appelle mes frères 09.01 / 29.01 texte_Jonas Hassen Khemiri traduction_Marianne Ségol-Samoy mise en scène_Michèle Pralong jeu Rebecca Balestra, Charlotte Dumartheray, Julien Jacquérioz, François Revaclier assistanat à la mise en scène Lucile Carré scénographie Sylvie Kleiber lumière Jonas Bühler son Andrès Garcia Les spectacles du sloop3 sont soutenus par la Fondation Leenards. production POCHE /GVE synopsis et présentation Amor décroche. Il apprend la nouvelle. La police est partout. Une voiture a explosé. Amor sort de chez lui. La ville le regarde. Elle regarde ses cheveux noirs. Son sac à dos. Son foulard palestinien. Une voiture a explosé. Amor pense. Il pense à sa famille. À ses amis d’enfance. À tout ce qui fait de lui qui il est. Amor marche. La ville tremble sur son passage. Elle le file. Elle se cache. Amor tremble. Une voiture a explosé. Amor doute. Une voiture a explosé. Et si ? Il n’était pas là. Et si ? Ça n’a pas de sens. Et si ? Et si ?… Et si ? La nuit dernière, une voiture a explosé. Amor, jeune homme issu de l’immigration maghrébine, refuse de se sentir concerné. Au fil d’une errance à travers la ville, il revisite ses souvenirs et mène des conversations imaginaires avec ses proches pour faire le point sur la situation. Traversé par l’inquiétude des uns, le jugement des autres, les questions d’ici, la colère de là-bas, le doute de tous et la peur de chacun, Amor se met en examen lui-même et malgré lui. Lui qui refusait de croire au délit de faciès s’accuse peu à peu d’être responsable de l’explosion. Avec justesse, intransigeance et humour , Jonas Hassen Khemiri raconte l’autre ravage du terrorisme, celui qui s’abat sur ceux et celles qu’on identifie à l’ennemi, et nous rappelle, en ces temps troublés, à nos responsabilités. Car la suspicion persistante peut, telle la // question //, pousser des innocents à avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis. 30 __extrait 2/SHAVI.- Putain c’est un truc de malade, un vrai truc de malade. 1/AMOR.- Rues désertes. 2/SHAVI.- Salut c’est encore moi. Ils disent que c’était une voiture remplie d’explosifs, remplie de dynamite. 1/AMOR.- Feux qui clignotent. 2/SHAVI.- Elle a explosé il y a juste quelques heures. J’espère que c’est pas un… 1/AMOR.- Ponts déserts. 2/SHAVI.- Putain j’espère vraiment que c’est pas un… 1/AMOR.- Terrasses de café vides. 2/SHAVI.- Salut c’est encore moi. Je voulais juste dire que ça y est, ils ont sont signalement. Ils disent qu’il ressemble à un… 1/AMOR.- Abris bus vides. 2/SHAVI.- Ils disent qu’il portait un… 1/AMOR.- Vitrines éteintes. 2/SHAVI.- Ils ont renforcé le degré d’alerte au niveau 3 ou rouge ou je sais pas comment on dit quand c’est presque le niveau maximum. 1/AMOR.- J’étais assis dans le taxi et je comprenais pas pourquoi il réagissait si fort. 2/SHAVI.- Merde putain. Merde. 1/AMOR.- J’avais l’impression qu’il allait se mettre à… 2/SHAVI.- Putain putain putain putain. 1/AMOR.- Enfin… C’était juste une voiture. 2/SHAVI.- Rappelle-moi. 1/AMOR.- Personne n’était… enfin… 2/SHAVI.- Appelle-moi. 1/AMOR.- Ça n’avait rien à voir avec nous. 2/SHAVI.- Appelle-moi. 1/AMOR.- Rien. 31 __rendez-vous entretien avec Jonas Hassen Khemiri et Marianne Ségol-Samoy On trouve beaucoup d’humour dans votre pièce. Pour vous, est-ce nécessaire de rire dans le contexte actuel ? Jonas Hassen Khemiri : J’ai souvent utilisé l’humour comme une issue de secours dans ma vie. Je crois que le rire peut ouvrir les gens. C’est très difficile de s’empêcher de rire. Je suis aussi inspiré par les comédiens qui utilisent l’humour comme outil politique, je pense par exemple à un humoriste comme Richard Pryor : il crée des rires, mais il a aussi la capacité de créer des silences. J’ai toujours aimé ce moment où on n’est pas sûr, quand on commence à rire qu’on se demande pourquoi on rit, quand on ne sait pas si le but de l’écrivain est de nous faire rire ou de nous de faire pleurer… C’est déstabilisant. C’est quelque chose que je recherche dans mes romans aussi. Marianne Ségol-Samoy: Dans les pièces de Jonas, on passe souvent du rire aux larmes. C’est ce qui, à mon avis, donne encore plus de force à ses textes. Il y a beaucoup d’humour et en même temps, derrière les mots se cache une gravité. Progressivement, le rythme se resserre et la comédie devient plus grinçante. Les clichés et les malentendus autour de l’Autre laissent place à la réalité et à la solitude de l’être humain. Et si l’autre, c’était moi ? Le personnage d’Amor dit : // Notre histoire est soit musulmane soit communiste. On est soit du côté de Mohamed soit du côté de Marx. l’islam et le communisme ? // Pouvez-vous éclairer ce rapport entre J. H. K. : J’appelle mes frères, c’est l’histoire de quelqu’un qui essaie de trouver son groupe, sa communauté. Dans la pièce, Amor s’en prend aux gens qui l’entourent parce qu’ils ne sont pas // vrais //, parce qu’ils ne se souviennent pas de l’Histoire. Mais lui non plus n’est pas // vrai //. Il utilise beaucoup de dichotomies quand il cherche sa place dans le monde. Le choix entre le communisme et l’islam, c’est un exemple de ça. Amor ne veut pas choisir son camp et il reproche aux autres de le faire. Il reproche à sa cousine d’avoir trouvé sa voie. Il y a plusieurs exemples dans la pièce. Amor essaie toujours de se séparer d’une communauté, mais quand il se rend compte qu’il a besoin d’elle, il y revient. Et il utilise des mots pour se situer, pour se reconnaître. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé : comment, en tant que collectif, on se retrouve avec l’outil de la langue. Vous jouez beaucoup sur les étiquettes, rien que dans le titre, comme pour piéger le lecteur, le mettre face à ses préjugés et/ou surligner la puissance évocatrice (voire assignataire et performative) du langage. Est-ce pour vous une manière de déjouer ces préjugés, de les bousculer ? 32 J. H. K. : Oui. Je ne sais pas ce que cette pièce évoque sur une scène française. J’ai écrit cette pièce en suédois, pour des suédois. Le mot // frère //, en suédois, peut désigner n’importe qui. Amor dit // j’appelle mes frères //, mais il ne parle qu’avec des femmes. Il essaie d’être masculin dans un monde patriarcal. Je pense que le mot // frère // raconte aussi ce besoin de trouver sa communauté. Par exemple, dans le magasin, il dit : // il était mon frère, il fait partie de mon histoire. // Je crois qu’il y a un pouvoir fort dans la création d’un groupe, même si c’est toujours simple de le critiquer. Finalement, je crois qu’Amor est quelqu’un d’extrêmement seul, qui essaie de trouver une communauté à laquelle appartenir. D’ailleurs, il ne parle aux autres qu’au téléphone. M. S-S. : Comment partir d’un stéréotype pour le déconstruire et montrer la complexité du monde. Jonas joue avec les préjugés envers les autres et envers nous-mêmes. Ici, comme souvent dans ses pièces, la représentation des immigrés et des étrangers est au cœur de l’histoire. Au fur et à mesure que le personnage central évolue dans un paysage urbain, l’arrière-plan politique d’une société se dessine et révèle son racisme et sa peur de l’étranger. Amor est lui-même dans ce stéréotype. Pour lui, ses amis sont des frères. Mais ici, son sentiment d’appartenance à un groupe est mis à l’épreuve. Ses amis ont choisi une identité plutôt que d’en avoir plusieurs. Chacun a choisi sa propre voie. Cette pièce parle du danger de réduire l’individu au groupe. L’histoire se déploie au fil de l’errance d’Amor, à travers le récit de ses souvenirs et la réécriture de ses souvenirs. Il semble refuser de se mêler au monde ou de s’y confronter. Est-ce un moyen de traduire un repli sur soi généralisé face à la peur ambiante ? J. H. K. : Je pense que la technologie crée de la distance entre Amor et le monde, et cette distance crée une possibilité de manipulation. Je pense que c’est lié à sa peur. Il s’agit d’un personnage qui passe du temps dans une ville qui est pleine de peur, et qui lui aussi a très peur du monde autour de lui. Je voulais que dans la pièce, la frontière entre la paranoïa d’Amor et la peur de la société soit trouble. C’est parce qu’il essaie de devenir invisible que les autres ont peur de lui. Je crois que c’est la phrase clé de la pièce : // On n’est pas peur //. En Suède, lors d’une représentation, le public s’est mis à scander cette phrase. Ici encore, j’ai ressenti la puissance du groupe, de la communauté. M. S-S. : Cette pièce tourne autour de la paranoïa et du fait de se sentir exclu. On s’est tous déjà sentis étranger à soi-même. Ne pas reconnaître sa propre image, réaliser qu’on a plusieurs visages. La pièce nous embarque dans un univers singulier et claustrophobe où un personnage est happé par la suspicion ambiante. Une guerre a été déclarée. Mais pas comme nous l’entendons. Ici, la guerre s’est introduite dans la tête des gens et s’exprime sous forme de peur. Et lorsque cette peur s’est installée, les avions deviennent des missiles, les sacs à dos deviennent des bombes et tous les barbus deviennent des ennemis potentiels. Propos recueillis par Pauline Peyrade et Célia VermotDesroches, Festival Regards Croisés, Grenoble, avril 2013 33 ©Thron Ullberg __biographies #actualité #dérangeant #politique #poétique #engagement #suédoistunisien #étrangerpartout #europeenquestion #précision #justesse #textes #forme #grü #dramaturgedelextrême #deuxièmemiseenscène #aubord_saison_unes Jonas Hassen Khemiri Michèle Pralong Jonas Hassen Khemiri est l’un des auteurs Michèle Pralong a été collaboratrice artistique suédois les plus reconnu de sa génération. Il a du Théâtre du Grütli, de la Comédie de Genève remporté de nombreux prix pour ses romans et a codirigé le GRÜ/transthéâtre avec Maya (dont l’August Prize, le plus prestigieux prix Bösch. littéraire suédois). Il creuse de façon rare un théâtre en un vigoureux cluster de pratiques univers personnel dans lequel sa langue et son transdisciplinaires. Elles y développent des écriture sont au service d’une recherche sur projets collectifs et insistent sur le lien entre la nature de l’individu contemporain, révélée théorie et pratique. Elle a travaillé comme au prisme d’une histoire en mouvement, dans rédactrice pour le Théâtre de Vidy, comme laquelle l’immigration et la Ensemble, elles transforment ce mondialisation dramaturge de projets chorégraphiques et/ sont les ferments d’un trouble de l’identité. ou performatifs, notamment avec Caroline Sa première pièce, Invasion !, écrite pour le Bergvall, Cindy Van Acker ou Foofwa d’Imobilité. Théâtre National de Stockholm, rencontre un La saison dernière, Michèle Pralong participe immense succès dès sa création (deux saisons au SLOOP2 du POCHE /GVE en mettant en à guichets fermés) ; Michel Didym en assure la scène Au Bord de Claudine Galea. En 2016 et mise en scène en français au Théâtre Nanterre- 2017, elle collabore avec Caroline Bergvall sur Amandiers. J’appelle mes frères est créée au RAGA DAWN, chant de l’aube qui sera créé à Théâtre National Itinérant dans le cadre du La Bâtie en septembre prochain et voyagera projet européen “Europe Now”, et à New-York ensuite du Maroc à l’Islande. Michèle Pralong a en février 2014 par la Play Compagny. Jonas publié Raconter des histoires. Quelle narration Hassen Khemiri a reçu de nombreux prix dont au théâtre aujourd’hui, avec Arielle Meyer la bourse Henning Mankell en 2011 et le OBIE MacLeod, Partituurstructuur : Les Partitions Award aux Etats-Unis. Ses romans sont traduits Chorégraphiques de Cindy Van et GRÜ: six ans en dix langues, et ses pièces ont été jouées en de transthéâtre avec Maya Bösch. Europe et aux Etats-Unis. 34 cargo5 _ Dans le blanc des dents 27.02 / 19.03 texte_Nick Gill traduction_Elisabeth Angel-Perez mise en scène_Collectif Sur un Malentendu jeu Léonard Bertholet, Émilie Blaser, Cédric Djedje, Pierre-Antoine Dubey, Nora Steinig accompagneurs Claire Deutsch, Cédric Leproust scénographie Chloé Dumas lumière Joana Oliveira costumes Véronica Segovia coproduction Collectif Sur un Malentendu, POCHE /GVE, Théâtre Populaire Romand La Chaux-de-Fonds, Centre neuchâtelois des arts vivants, Les Colporteurs, avec le soutien du Comité régional franco-genevois (CRFG) tournées 25– 28.01.2017 _ Théâtre populaire romand La Chaux-de-Fonds, Centre neuchâtelois des arts vivants / 01–04.02.2017 _ Arsenic, Centre d’art scénique contemporain, Lausanne titre original Mirror Teeth. The Agency (London) est agent théâtral du texte représenté. synopsis et présentation Dans la famille Jones, il y a le père, James, la mère, Jane, la fille, Jenny et le fils, John. James, le père, tient un petit commerce spécialisé dans la vente d’armes aux particuliers. Jane, la mère, est passée maître dans l’art de tenir sa maison et d’esquiver les voyous capuchés qui squattent les trottoirs du voisinage. Un soir où John, le fils, revient de l’université, Jenny, la fille, ramène à la maison son nouveau petit ami, un jeune homme au nom délicieusement exotique : Kwesi Abalo. Qu’à cela ne tienne, on n’a aucun tabou chez les Jones. Absolument aucun. Comédie décapante, Dans le blanc des dents s’attaque à la bien-pensance de la petite bourgeoisie européenne occidentale pour en révéler les mensonges, les travers et l’hypocrisie. À travers l’histoire d’une famille bien sous tous rapports, il dresse un portrait farcesque et hautement critique de notre société, société en proie au politiquement correct, au racisme inassumé, aux pulsions sexuelles réprimées. Dans l’intimité d’une chic maison de banlieue, derrière les rideaux de laine, se jouent les pires comédies humaines, dont l’auteur Nick Gill s’empare avec finesse et insolence pour nous les servir sur un plateau. 35 __extrait JAMES. As-tu réfléchi un peu plus à ce que tu aimerais faire après le lycée ? JENNY. Eh bien, avant de m’inscrire à l’université, je pense que je vais prendre une année de césure, papa ; des tas de jeunes gens de mon âge font ça de nos jours, dans Ce Pays, parce qu’on aime élargir notre horizon, et s’employer à trouver qui on est. JAMES. Hmm. Voilà une idée intéressante. JOHN. Peut-être que passer du temps à voyager dans Un Autre Pays serait une bonne façon de découvrir qui tu es ? JAMES. Voilà une excellente idée, John. JANE. Voilà une très très bonne idée. Tu entends ça, Jenny ? Une seule année à l’université et le voilà qui revient avec des idées comme ça. Tu auras vraiment du pain sur la planche si tu veux faire aussi bien que ton frère à l’université. JAMES. Tu iras loin en Affaires, John, écoute bien ce que je te dis. JOHN. Je l’espère, papa. JAMES. Mmm, c’est succulent, chérie. Qu’est-ce que c’est ? JANE. Du poulet. JOHN. C’est très bon, maman. JANE. Merci, mon cœur. JAMES. Tu as avalé ça vite fait, Jenny. JENNY. Oui ; il faut que je me prépare pour ce soir ; Kwesi ne va pas tarder. JOHN. Qui ? JENNY. Kwesi. C’est mon nouveau petit copain. JANE. Oh, comme c’est formidable que nous puissions faire sa connaissance. C’est un drôle de non ça, Kwesi. JENNY. Oui, c’est africain. Silence interminable. JANE. Il travaille… dans une Banque ? JENNY. Non. JANE. Oh. 36 __regard collectif Sur un Malentendu Les projets du Collectif Sur Un Malentendu s’appuient avant tout sur le choix de textes contemporains. Il s’agit de rencontrer un auteur, d’entrer en dialogue, en friction avec sa proposition. Comment ce qu’il a écrit va entrer en interaction avec nos imaginaires à la fois individuellement et collectivement ? Nous faisons appel à des collaborateurs qui suivent les différentes phases de la création et avec qui nous débattons, échangeons, proposons et décidons. Dans le processus de travail nous commençons par une semaine de dramaturgie : un chantier qui nous permet de dégager les thèmes, les questions soulevées par la pièce, d’analyser les mouvements de l’écriture, les moteurs et les trajectoires des personnages. Nous collectons des matériaux qui entrent en correspondance avec l’univers de la pièce (textes, films, musiques, images, expositions…). Chacun prend l’initiative de présenter au groupe ce qui l’interpelle. Et nous débattons. Nous procédons à des séances d’écriture automatique. Cela permet de découvrir quelle(s) réalité(s) imaginaire(s) recouvrent les mots employés, les idées avancées. A l’issue de cette semaine, la distribution est décidée et des directions se dessinent quant à la scénographie, au son, au climat, au type de jeu... Une deuxième phase, ultérieure, réservée au plateau, sans présence de regards extérieurs, constitue une sorte de laboratoire. Chacun a pour mission de lancer des défis aux autres membres du groupe, en rapport avec les thèmes de la pièce et en fonction des rôles de chacun. Cela permet de réveiller le goût du jeu, de s’amuser avec la matière, les partenaires sans viser de résultat. Dans un troisième temps, celui qui dure le plus longtemps, nous nous confrontons directement au texte, à l’espace, au climat sonore, au jeu. Il s’agit de donner une forme à l’univers rêvé. Chacun, dans son domaine, est responsable de faire des propositions que nous testons, que nous analysons. Les phases de discussion, de bilan sont fréquentes afin d’avancer ensemble. Mirror Teeth, Nick Gill Mirror Teeth est une variation en trois temps de la vie d’une famille anglaise bourgeoise : les Jones. Nous assistons à la dégénérescence de ce modèle. Les dents du pouvoir Qui détient l’autorité ? Que fait-on du pouvoir une fois qu’on l’a ? Avoir les dents longues, oui, mais à quel prix ? Qu’est-ce qu’un gagnant ? 37 La question du pouvoir dans un groupe est au cœur de notre recherche, à travers notre propre fonctionnement en tant que collectif et à travers les pièces que nous choisissons de créer. Le texte que nous traitons est un miroir qui nous renvoie à nous-même et au fonctionnement de la société dans laquelle nous vivons. Cette pièce peut apparaître comme une loupe sur notre société et plus précisément sur un milieu, la bourgeoisie. Est bourgeois celui qui possède les moyens de production et de ce fait appartient à la classe dominante d’une société. A travers cette famille, en sondant ses comportements, ses codes, en analysant son langage, en lui donnant un corps, une voix, nous souhaitons soulever les questions du pouvoir que confère l’argent, un statut social, une appartenance, et comment les rapports de force qui régissent ce microcosme l’amènent à s’autodétruire. Il s’agira de mettre au jour comment se distribue le pouvoir dans cette famille : qui obéit à qui ? Découvrir comment peut naître la révolte, le soulèvement par rapport aux codes institués à travers le personnage de Jenny. Comment l’étranger, Kwesi, peut vouloir intégrer ces codes jusqu’à être désintégré. L’Autre : un miroir ou les dents de la menace ? La famille Jones est un milieu fermé dans lequel un étranger (Kwesi, le petit ami de Jenny) va entrer. Nous désirons aborder ce phénomène d’un point de vue chimique et faire l’expérience suivante : qu’est-ce qu’un corps étranger provoque en s’introduisant dans un milieu homogène (qui ne se remet pas en question) ? Dans quelle mesure un monde avec ses codes se laisse-t-il altérer, modifier, déplacer par l’arrivée d’un Autre ? Comment Kwesi modifie l’état des Jones ? Il s’agira, en filigrane, de raconter, de questionner un phénomène géopolitique actuel : comment et pourquoi un pays ouvre ou ferme ses frontières aux étrangers ? Qu’est-ce que nous attendons de l’Autre ? Qu’il soit même et rassure, comme Jean, la petite amie du frère ressemblant comme deux gouttes d’eau à la sœur ? Jean apparaît comme un ersatz de Jenny. Qu’il soit exotique et nous fasse rêver à un ailleurs idéalisé ? Qu’il comble nos désirs ? Dans quelle mesure est-il possible d’intégrer à une forme un élément qui va nécessairement la transformer ? Un miroir déformant Mirror Teeth peut apparaitre comme un miroir déformant de nous-mêmes, des tares de notre société, des tares qui menacent chaque groupe se formant. En tant que groupe, que collectif, nous voulons questionner notre formation, nos rapports. Le collectif est lui-même objet d’expérience. Il faut pouvoir porter un regard critique sur lui, remettre en cause, inquiéter les affirmations qui nous ont fondés. 38 Avec cette pièce nous désirons travailler sur le cliché, à la fois visuel et langagier. Comment se forme-t-il ? Comment circule-t-il ? Comment agit-il ? Dans Mirror Teeth, on peut identifier des // phrases qui courent // : celles qu’on entend ailleurs (dans les médias, chez les voisins, dans la rue…) et qu’on répète sans y avoir pensé. Des //on-dit // qui forment une pensée collective, qui ont un impact sur le comportement d’un groupe. Nous souhaitons mettre au jour la nécessité de remettre en cause ce qui a été dit, sans quoi la sclérose risque de s’installer. Sans mouvement, sans la perturbation (provoquée par l’Autre) la maladie s’installe. Les Jones déménagent, ils opèrent une migration. Dans l’acte I, ils vivent en Angleterre, dans l’acte II, au Moyen-Orient et cependant leur maison, leurs comportements restent absolument intacts, identiques. Les Jones ne semblent pas intégrer dans leur système le changement du paramètre // environnement //. L’Autre est un corps dérangeant à éliminer. La famille Jones devient autophage, détruisant ses propres membres (Jenny qui finit par sombrer dans l’apathie). A travers elle, on peut lire le fonctionnement d’un type de société. Les personnages de cette pièce apparaissent comme des archétypes, comme des caricatures, ce qui permet d’opérer une catharsis. Mirror Theeth fonctionne comme une loupe. Les traits grossis, observés de trop près révèlent leurs ridicules, leur absurdité. Ce qui peut réveiller le rire, le dégoût, une réaction physique, une mise à distance. Collectif Sur Un Malentendu, Avril 2016 39 #uk #royalcourtlondon #comédie #sérietv #déconstruction #conventions #bienpensance #bourgeois #critique #dérangement #nitroglycérine#toutestbien #toutvamal © Lucas Seitenfus ©Ve Knowland __biographies #djeuns #collectif #inventivité #écriturescontemporaines #manufacture #radicalité #renouveau #acteursmetteursenscènedramaturges #engagement #témérité #lucidité Nick Gill Collectif Sur un Malentendu A 36 ans, l’anglais Nick Gill est un touche-à- Fondé en juin 2014, le collectif Sur Un tout brillant, dont l’expression se réalise au Malentendu est formé de six comédiens, travers de médias variés. Outre son activité tous issus de La Manufacture–HETSR: Emilie aujourd’hui bien reconnue en Angleterre Blaser, Claire Deutsch, Cédric Djejde, Pierre­ d’auteur pour le théâtre, il est scénariste Antoine Dubey, Cédric Leproust et Nora pour le cinéma, compositeur et interprète Steinig. Ils se réunissent une première fois de musiques de scène, mais développe pour travailler Les Trublions, pièce de Marion aussi des compositions en solo et avec des Aubert. Ainsi naît un premier projet, qui formations Tranfer rencontre un joli succès en tournée dans ou Fireworks Night. Pour vivre, il travaille plusieurs théâtres autour du Léman (Théâtre comme typographe. Ses pièces de théâtre du Grütli, Arsenic, Théâtre Oriental-Vevey, sont mises en scène par des compagnies Théâtre du Pommier). Ce succès les convainc britanniques The de poursuivre leur travail ensemble et leur Apathists, The Royal Court, Theatre 503 ou permet de poser les bases d’une étique de Paines Plough. Parmi celles-ci, on peut citer travail particulière : le théâtre développé fiji land, Sand, The Trial, ainsi qu’une quinzaine par le collectif se construit sans metteur de courtes pièces. Il bénéficie régulièrement en scène, dans la confrontation de leurs six de bourses de la Peggy Ramsay Foundation expériences, guidé par le jeu de l’acteur, pour l’écriture de ses pièces et celles-ci sont fondé par le texte et questionnant les limites publiées chez Oberon Books. A sa création du théâtre. Ce manifeste conduit à un second par Kate Wasserberg en 2011, Mirror Teeth projet sorti à l’automne 2015, Tristesse animal a été nominée pour quatre des OFF WEST noir d’Anja Hilling qui rencontre à nouveau un END awards, dont ceux de Meilleure nouvelle beau succès public et suscite définitivement pièce et Auteur le plus prometteur. l’intérêt de la critique et des professionnels. comme The Monroe prestigieuses comme 40 accueil2_bienvenue aux belges Comment se reconnaît-on ? Selon quels critères se définit-on ? Pour quelles conséquences? Et pourquoi en a-t-on à ce point besoin ? Chacun à sa manière, les deux spectacles qui côturent la SAISON_D’EUX interrogent notre rapport à l’identité. Venus de Belgique, une comédie burlesque sur le nationalisme et un entrecroisement sensible de récits de vie racontent ensemble et par contre-points comment la petite histoire se mêle à la grande pour construire les figures, archétypes, stéréotypes auxquels nous nous identifions et auxquels nous assignons l’Autre. Un double accueil qui affirme si besoin est l’inévitable porosité de l’intime et du politique et offre une réjouissante conclusion à cette saison consacrée à la diversité. 41 accueil2_bienvenue aux belges 03.04 / 12.04 _ Alpenstock texte_Rémi De Vos mise en scène_Axel De Booseré & Maggy Jacot jeu Mireille Bailly, Didier Colfs, Thierry Hellin assistanat Rüdiger Flörke, Valérie Perin scénographie & costumes Axel De Booseré, Maggy Jacot son & musique François Joinville lumière Gérard Maraite effets spéciaux Paco Arguelles maquillage Laura Lamouchi construction décor & confection costumes Ateliers du Théâtre de Liège production Compagnie Pop-Up coproduction Théâtre de Liège, Théâtre Le Public avec le soutien de Fédération Wallonie-Bruxelles / Service du Théâtre et Tournées Art et Vie synopsis et présentation Fritz et Grete forment un couple austro-hongrois irréprochable. Leur maison austrohongroise étincelle l’encaustique austro-hongroise et chaque année Fritz revêt son costume traditionnel austro-hongrois pour participer aux réjouissances austrohongroises de la fête austro-hongroise de la ville. Tout va austro-hongrois jusqu’au jour où Grete se rend au marché cosmopolite et ramène un détergent fabriqué… on ne sait où. Dès lors, c’est la porte ouverte à tous les Yosip des environs que Fritz tentera par tous les moyens de chasser de chez lui. Fritz et Grete semblent mener une vie paisible dans leur intérieur rutilant au milieu des prairies verdoyantes. Mais les apparences sont souvent trompeuses. Fritz est rongé de convictions nationalistes et développe un dégoût profond pour les étrangers. Grete tente en s’investissant dans le nettoyage compulsif de juguler ses aspirations romantiques. Un jour, elle rencontre Yosip, un exilé balkano-carpato-transylvanien, qui lui offre l’amour passionnel dont elle rêvait.... 42 __extrait FRITZ. As-tu bien travaillé aujourd’hui ? GRETE. J’ai fait le ménage de fond en comble car la saleté revient tous les jours. Toute la sainte journée, j’ai astiqué dans la maison et il ne reste plus de poussière. Même si je sais que demain tout sera à recommencer, ça m’est égal ; je ne suis pas de ces femmes qui regardent tranquillement la poussière s’installer dans la maison et qui laissent la vaisselle dégoûtante s’amonceler dans l’évier au risque de provoquer la colère légitime de leur mari au retour du travail. FRITZ. Tu es une véritable femme au foyer, ma poulette. J’ai eu de la chance de tomber sur toi. GRETE. Dès le lever du jour, je pars en guerre contre la saleté qui s’introduit dans les maisons. Toute la journée, j’astique et je nettoie pour que mon gentil mari retrouve une maison saine après sa journée de travail. FRITZ. Bravo, Grete ! GRETE. J’emploie différents produits qui combinent une action désinfectante pour tuer les microbes à des particules désincrustantes qui laissent une maison désinfectée et dégageant une bonne odeur de frais. FRITZ. C’est très bien, Grete. GRETE (extatique). Je n’arrête pas de frotter et de récurer. Tout est en ordre ! La maison est d’une propreté inimaginable ! Je mets au défi quiconque de trouver la moindre saleté quelque part. FRITZ. Je te fais confiance, Grete, ma poulette. (Il s’assoit et prend le journal.) Ah ah… GRETE. Des nouvelles très intéressantes ? FRITZ. Qu’as-tu préparé pour le dîner ? GRETE. J’ai préparé des pommes de terre et de la charcuterie avec des cornichons. FRITZ. Beau travail, Grete. GRETE. J’ai trouvé le temps de faire les courses. Je suis allée au marché cosmopolite. Un temps. FRITZ. Tu sais bien que je n’aime pas te savoir seule au marché cosmopolite. GRETE. Je le sais bien, mon lapin, mais c’est le plus pratique pour faire les courses. J’avais la maison à nettoyer. J’ai même acheté du détergent. FRITZ. Du détergeant dis-tu ? Au marché cosmopolite ? Enfin Grete, quelle valeur peut avoir un détergent acheté au marché cosmopolite? 43 __l’intrigue vue par les metteurs en scène La pièce Dans une petite maison surannée digne de celles qui poussent dans les prairies verdoyantes de certains feuilletons télévisés, Fritz et Grete semblent vivre une vie confortable bien ancrée dans les traditions. Mais leur monde stéréotypé n’est lisse qu’en apparence : sous le vernis des conventions, les frustrations et les peurs s’accumulent. Arrive alors l’inéluctable bouleversement, conséquence de l’incapacité humaine à juguler indéfiniment les insatisfactions d’une vie étriquée. Chez Fritz, cette altération prendra le chemin du repli sur soi et de l’adhésion aux thèses identitaires, tentative forcenée de retrouver une estime de soi par la mise en avant de l’estime de sa terre natale. Pour Grete, ce trouble se traduira par le désir d’une aventure amoureuse riche et sensible dont le manque crée inconsciemment la maniaquerie qui l’obsède. Or, ironie féroce, c’est sous les traits d’un étranger croisé au marché // cosmopolite // que ce besoin affectif sera comblé de la façon la plus charnelle qui soit. La confrontation de ces deux parcours verra alors les vernis se craqueler monstrueusement, laissant apparaître un racisme déchaîné où préjugés xénophobes et peur de l’autre sont le creuset de dérives identitaires extrêmes. Le vaudeville farcesque de Rémi De Vos se fera alors satire politique aux accents grandguignolesques. La forme et le sens Au-delà des vallées alpines d’opérette dessinées à gros traits colorés par l’auteur, ce sont les stigmatisations, les difficultés du vivre ensemble, les frustrations qui rongent et la puissance destructrice des préjugés qui sont épinglés. Mais l’écriture brillante, ludique et éminemment théâtrale de Rémi De Vos, malgré les dénonciations domestiques, ne s’enferre pas dans un réalisme documentaire. Libres et revisités, les mots s’articulent autour de concepts néologiques d’une inventivité réjouissante. Ils dévoilent la nature profonde des personnages qui les portent et les endoctrinements dont ceux-ci sont les sujets et les victimes dociles. Les situations sont développées dans une liberté de ton qui touche souvent au délire. Mais, comme dans toute grande farce, l’humour n’est pas au seul service de lui-même. Si les personnages partent en vrille, c’est pour mieux nous raconter les aspirations secrètes, les violences enfouies et les troubles traversés. La profondeur du drame qui se joue en eux, le ridicule des situations qu’ils traversent, leur volonté impossible à satisfaire de maintenir le réel dans un cadre contrôlé, se font l’écho grotesque de nos propres fragilités. Et la déraison débridée de leur humanité fracturée nous réjouit et nous effraie. En nous invitant à réfléchir aux mécanismes qui conduisent aux // dérapages //, le style résolument burlesque de l’ensemble nous embarque dans un univers absurde et salvateur. 44 Avec Alpenstock, nous retrouvons les fondements d’un théâtre contemporain, à la fois politique et ludique – celui-là même qui a été au coeur de notre recherche au sein de la Compagnie Arsenic. Nous renouons ainsi avec le désir de proposer à tous les spectateurs, quelles que soient leurs habitudes culturelles, un moment théâtral où réflexion et plaisir se renforcent. Axel De Booseré et Maggy Jacot __biographies Rémi de Vos Né en 1963 à Dunkerque, Rémi De Vos est l’un des auteurs français les plus en vue du moment ; ses pièces sont mises en scène très régulièrement en France comme en Suisse ou en Belgique. D’abord comédien, il commence à écrire pour le théâtre en 1994. Il reçoit une bourse de la Fondation Beaumarchais pour sa première pièce Débrayage, qu’il monte avec l’aide d’Eric Vigner. En 1998, il est Lauréat du programme En-Quête d’auteurs – AFAA/ Beaumarchais. En 2006, il reçoit le Prix de la Fondation Diane et Lucien Barrière pour le théâtre // De l’écrit, à l’écran et à la mise en scène //, pour sa pièce Jusqu’à ce que la mort nous sépare créée par Éric Vigner et #comédie #stigmatisations #vivreensemble #frustrations #préjugés #farce #écritureféroce #peurs #éditionsactessudpapiers #sissi #alpsconnection #rire #délire #violences #troubles #lasuissepaslasuède présentée au Théâtre du Rond-Point. Pour l’écriture du Ravissement d’Adèle, il a obtenu l’aide à la création de textes dramatiques du Centre National du Théâtre. La pièce a été créée au Théâtre du Peuple à Bussang dans une mise en scène de Pierre Guillois. Il reçoit de nouveau l’aide à la création pour sa dernière pièce Trois ruptures, créée au théâtre de Dole. Depuis deux ans, il est auteur associé au Théâtre du Nord, CDN à Lille sous la direction de Christophe Rauck. Ses pièces sont éditées chez Actes Sud-Papiers, dont Alpenstock suivi de Occident. Rémi De Vos est reconnu comme l’un des rares auteurs contemporains convaincu par la force de la comédie et capable de convaincre par son écriture tous les publics. 45 Maggy Jacot Maggy Jacot habite Bruxelles et partage sa vie entre le monde de la scène et un travail personnel en sculpture. Depuis 1985, elle conçoit les décors, costumes, marionnettes, masques et accessoires pour plus d’une soixantaine de spectacles en Belgique et en France, principalement dans le domaine théâtral avec des metteurs en scène d’horizons très variés, tout en faisant des incursions dans le monde de la danse avec Wim Vandekeybus, et de l’opéra avec Thierry Poquet et Claire Servais. De 1999 à 2011, avec le metteur en scène Axel de Booseré, elle cosigne les spectacles #artsplastiques #histoiredelart #compagniearsenic #scénographie #costumes #marionnettes #masques #sculpture #performance #acteurmetteurenscène #compagniearsenicaussi #prixdumeilleur spectacle2002 #nouvellestructure_ compagniepop-up d‘Arsenic, compagnie de théâtre itinérant pour laquelle elle crée également des espaces mobiles singuliers. Dans son partenariat avec celui-ci, elle développe un langage exigeant et varié pour explorer les formes dites populaires, alliant une réflexion citoyenne du théâtre et un souci aigu des relations avec les publics. Depuis 2013, au sein de la Compagnie Pop-Up, elle poursuit avec Axel De Booseré les recherches sur un théâtre populaire contemporain porteur de sens. Axel de Booseré Après une formation au Conservatoire de Liège (Belgique), il entame une carrière d’acteur au Théâtre du Campagnol. Il rencontrera ensuite des metteurs en scène tels qu’André Steiger, JeanClaude Berutti et Jacques Delcuvellerie. C’est en 1999 que son travail prend son ampleur dans sa rencontre avec Maggy Jacot (lire ci-dessus). Avec elle, il réalise durant 12 ans les créations de la Compagnie Arsenic. Ce ne sont pas moins de 200’000 spectateurs qui ont assisté à l’une de leurs 1’200 représentations. Aujourd’hui, sa collaboration avec Maggy Jacot et l’équipe artistique qui s’est rassemblée autour de leur duo, entame un nouveau parcours avec la Compagnie PopUp. Leur première création en janvier 2014 au Théâtre de Liège, Alpenstock de Rémi De Vos, a rencontré un vif succès. On les retrouvera début 2017 aux commandes de Méphisto inspiré par Faust de Goethe au Théâtre du Parc de Bruxelles. 46 accueil2_bienvenue aux belges 24.04 / 30.04 _ Loin de Linden texte_Veronika Mabardi mise en scène_Giuseppe Lonobile Loin de Linden est édité aux éditions Lansman. jeu Valérie Bauchau, Véronique Dumont, Giuseppe Lonobile régie & création lumière Fabien Laisnez création et production ATIS THÉÂTRE / lemanège.mons coproduction Le Rideau de Bruxelles synopsis et présentation Clairette et Eugénie se sont vues une seule fois, un soir d’hiver 1960 à Linden. L’une est flamande, l’autre wallonne. L’une modeste femme au foyer, fille d’un gardechasse, l’autre issue de la grande bourgeoisie. Toutes les deux drôles malgré elles, pudiquement touchantes, secrètement tendres, également fières. C’est à Linden que leurs enfants s’aiment, puis se marient. C’est à Linden que le silence s’installe entre elles, ce fameux hiver 60, pour ne plus jamais se rompre. Des années plus tard, c’est au théâtre, dans un Linden reconstitué, que se rejoue leur rencontre manquée. L’occasion pour leur petit-fils de réinventer leur histoire et, peut-être, de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là. Un homme convoque sur la scène ses deux grands-mères, Eugénie et Clairette. La première, flamande, était fille du garde-chasse. La seconde, francophone et cosmopolite, est la fille du Général de Witte. Leurs destins se sont croisés autour du Château de Linden. Le petit-fils questionne le silence qui a régné entre elles depuis cet hiver de 1960 et veut comprendre ce qui a empêché les deux femmes de se parler… Entre leurs trajectoires, la Belgique des années 60, les guerres, les conflits linguistiques, on découvre avec humour et tendresse la vie telle qu’elle a changé en deux générations dans ce pays si proche du nôtre. 47 __extrait EUGÉNIE. En ce temps-là, il y avait des prières pour tout Les maisons, la récolte, les bêtes, il y avait des prières pour tout Alors ils ont béni l’enfant, ils ont protégé la maison LE PETIT-FILS. Et ça a écarté la sorcière ? EUGÉNIE. Elle n’est plus venue, c’est tout LE PETIT-FILS. Et après ? EUGÉNIE. Après, un jour… (soupir) Ma mère était sur la route, avec le petit Émile, il s’appelait. C’était le plus beau de nous tous Et la vieille est sortie du bois Elle a dit : il va mieux ce petit ? Elle lui a caressé la tête LE PETIT-FILS. Et alors ? EUGÉNIE. Ce soir-là, il l’a eu encore une fois. Le mal LE PETIT-FILS. Il est mort ? EUGÉNIE. C’est une mauvaise hasard Regard vers Clairette Mais les paroles restent, ça je crois Les paroles, c’est du grain, ça vole, on sait pas où ça va Et quand on n’y pense plus ça fleurit, comme du poison C’est pour ça, il faut faire attention Les paroles, ça réveille le mal qui dort C’est pas de la magie. C’est de la colère 48 __note de l’auteur (extrait) En 1979, j’ai demandé à ma grand-mère Eugénie de me raconter sa vie. Pour moi, à 17 ans, c’était logique : elle allait mourir, elle perdait la faculté de raisonner, je voulais garder quelque chose d’elle, pour // après //. Faire entrer l’idée de sa mort dans nos conversations m’était impossible, alors je lui ai dit que je voulais écrire un livre sur sa vie. Je suivais l’intuition qu’il y avait quelque chose à comprendre dans la parole de cette vieille femme aimante, qui n’avait pas achevé ses études primaires, mais avait, selon ses propres dires // eu une belle vie //. Comprendre peut-être, pourquoi je me sentais // sans terre //, tiraillée entre deux langues, deux classes sociales, deux façons de ressentir le monde, et d’où venait ma colère devant les jugements hâtifs, les clichés de classe, de langue, ce qu’adolescente j’appelais // les étiquettes de merde // ; la façon dont on classe les gens en riche ou pauvre, flamand ou wallon, beau ou laid, bête ou intelligent, avant même de leur avoir adressé la parole. J’ai passé des heures à enregistrer la voix d’Eugénie sans savoir exactement ce qu’il fallait demander. Je n’osais pas évoquer sa rencontre avec mon autre grand-mère, Marie-Claire. Ou plutôt, l’absence de rencontre, puisqu’elles n’ont fait que se croiser. Car elles se sont à peine parlé et chacune refusait de me parler de l’autre. Je sentais qu’à cet endroit quelque chose était trop douloureux pour être raconté et je reconnaissais cette douleur comme une part de moi. […]. __note du metteur en scène Quand j’ai lu Loin de Linden, j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une œuvre intime à vocation universelle. Une œuvre à la fois charnelle, autobiographique et historique – voire sociologique. À travers le prisme de ces deux récits croisés, de ces deux vies touchantes et représentatives d’une société, on comprend que c’est de la Belgique dont il est question. La Belgique du siècle passé, avec ses mutations sociales sans précédent. Chaque décennie apportant son lot d’espoirs, de frustrations, de blessures et de renouveau. En mettant en scène ce texte de Véronika Mabardi je souhaite inviter le public à s’immerger totalement dans la vie des femmes et des hommes qui ont été pris dans le courant de ces années folles. À l’heure où les partis radicaux font des percées significatives dans le nord du pays, où l’on souhaite des divorces communautaires, il m’a semblé intéressant de proposer une création qui, parmi d’autres, peut apporter un modeste éclairage sur notre histoire commune. Sans être moralisatrice, Loin de Linden est une œuvre qui interroge notre propre rapport à l’autre. 49 __biographies #mémoire #témoignage #souvenirs #intime #tendresse #humour #actualité #identité #autobiographique #historique #sociologique #éditionslansman #conservatoireroyaldemons #recherche_acteur #jeunepublic #ateliers #finesse #tendresse Véronika Mabardi Giuseppe Lonobile Veronika Mabardi est née à Louvain en 1962 Issu du Conservatoire de Mons, Giuseppe et s’est formée aux métiers du théâtre (de Lonobile est comédien, metteur en scène et l’écriture à la production) sur le terrain des auteur. Issu du Conservatoire de Mons, Giuseppe jeunes compagnies Ateliers de l’Echange et Lonobile est comédien, metteur en scène et Ricochets. Elle y a joué, mis en scène, balayé auteur. En 2000, il fonde l’Atis théâtre avec la le plateau… Peu à peu, l’écriture a pris une comédienne Céline Degreef et met en scène place centrale dans son travail, tantôt solitaire, entre autres Agatha de M. Duras, Un paysage tantôt en collaboration avec divers artistes sur la tombe de F. Mentré, La nuit des assassins (metteurs en scène, plasticiens, musiciens, de J. Triana ou encore Childéric d’Eric Durnez. danseurs, créateurs sonores...). Avec le groupe Les thèmes de la compagnie tournent autour de rock féminin Guys in the Kitchen, elle a créé le // l’Homme en devenir //, sa construction et sa spectacle Collapse or notes en 2013. Animatrice recherche identitaire. L’acteur reste au centre de d’ateliers d’écriture et de dramaturgie, elle ses préoccupations artistiques. Il gère un atelier accompagne des auteurs dans leur travail, de formation sur le jeu de l’acteur et avec lequel notamment dans le cadre du Master en Ecriture il monte régulièrement les classiques comme de l’INSAS. Elle écrit également pour la radio Molière, Shakespeare, Tchekhov, Canetti, Kafka, et réalise les créations radiophoniques Demain etc. Il travaille aussi pour le jeune public et Tombouktou et Tout ce qui pousse. Ses textes développe de nombreuses animations pour des sont principalement édités chez Emile Lansman associations dédiées à l’éducation culturelle. Il et aux Editions Esperluète. Pour les éditions est auteur d’une premier texte, Vivarium, créé à Weyrich, en collaboration avec Lire et Ecrire, Bruxelles et édité en 2014 sous le titre Comme elle écrit Rue du Chêne, un roman pour adultes un insecte aux Editions Lansman. Trois autres en apprentissage d’écriture. textes et créations sont aujourd’hui en chantier. 50 __en parallèle /autour des spectacles forums thématiques Cette saison, POCHE /GVE accueille deux forums. Le premier, en parallèle à la création de Waste, portera sur la question de la représentation de la diversité et des minorités sur les plateaux de théâtre. Le second s’intéressera aux différentes langues au théâtre : accents, idiolectes, dialectes, langues artificielles, travaillées et poétiques, en échos aux textes québécois, en néo-argot, en sabir télévisuel et autres langages spécifiques représentés dans les textes de cette saison. forum2 les minorités sur les plateaux de théâtre 14 & 15 octobre 2016 forum3 les langues au théâtre 24 & 25 février 2017 Gratuit les Colporteurs Voyages des publics pour une scène sans frontières Quatre lieux culturels du bassin lémanique (L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain à Lausanne, Château Rouge à Annemasse, la Maison des Arts du Léman à Thononles-Bains et POCHE /GVE) mènent chaque saison une action culturelle commune. Ils vous invitent à traverser un programme ambitieux de collaborations artistiques et de créations théâtrales développé des deux côtés de la frontière pour faire voyager les publics et les idées. Saison 2016-2017 : Quand même texte & mise en scène Jean-Paul Delore 12 octobre 2016 à Château Rouge Paysages intérieurs Cie Philippe Genty / mise en scène Philippe Genty 15 novembre 2016 au Théâtre Maurice Novarina (MAL) Ivanov texte AntonTchekhov / mise en scène Emilie Charriot 22 novembre 2016 à L’Arsenic Voyage en bus, collation et billet de théâtre au prix unique de CHF 30.- 51 __dramaturge de saison Parce que les auteur-e-s et les textes sont au centre de notre fabrique de théâtre, il nous semble important de donner une place à celles et ceux qui, aujourd’hui, font le pari d’être les documentalistes de notre monde. Pauline Peyrade est de ceux-ci. Jeune auteure formée à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon (ENSATT), Pauline conçoit des formes avant même de commencer à écrire ses pièces. Elle embrasse des sujets en y plongeant entièrement, faisant de ses personnages, de ses fables, de ses motifs, les matériaux absolument concrets de ses pièces. Lorsqu’elle écrit Ctrl-X, (créé au POCHE /GVE en avril 2016), elle offre à son héroïne des centaines de fragments #ctrlX #boisimpériaux #formfollowsfunction #engagement #bruitsdumonde #neoféminisme #ensatt #solitairesintempestifs #hashtaggull #profondléger Pauline Peyrade d’internet et de conversations pour exprimer au plateau la solitude des individus d’aujourd’hui. Dans Bois Impériaux, elle crée un road movie théâtral qui révèle les failles intérieures d’une sœur et d’un frère. Pour Pauline, chaque sujet, chaque personnage appelle son propre théâtre. Elle sait que les formes canoniques n’ont plus cours et que chaque auteur se retrouve seul-e devant son écran face à ses choix. Radicalement moderne, elle ose interroger la machine du théâtre, lui lancer des défis. L’exigence artistique absolue à laquelle elle s’astreint, du début à la fin de ses dialogues, ainsi que ses choix formels et artistiques font de ses textes de véritables défis pour les créateurs de théâtre. Membre d’une génération que l’on dit // individualiste //, Pauline prouve la fausseté d’un tel raccourci et partage son engagement d’artiste. Fondatrice de la revue le bruit du monde, elle travaille à l’apparition d’une nouvelle scène de l’écriture contemporaine et participe à la réflexion sur le rôle et la place des auteurs aujourd’hui. Par cet engagement et parce que chacune de ses pièces est une preuve de sa modernité, Pauline Peyrade se révèle être la dramaturge idéale pour cette SAISON_D’EUX. Ctrl-X et Bois Impériaux sont publiés aux Solitaires Intempestifs. Les différents numéros du bruit du monde se trouvent à la librairie du POCHE /GVE. Nous y vernirons également le prochain numéro. 52 __ partenariats / remerciements POCHE /GVE est géré par la Fondation d’Art Dramatique de Genève, soutenue par la Ville de Genève (Département de la culture et du sport) et la République et Canton de Genève. POCHE /GVE est heureux de compter sur le soutien de ses partenaires : LE BRUIT DU MONDE G5 POCHE /GVE est associé à la Comédie de Genève, le Galpon, le Théâtre du Loup et le Théâtre du Grütli, dans le cadre du projet G5 qui favorise la circulation des publics entre les théâtres en leur proposant un tarif réduit sur présentation d’un billet acheté pour un spectacle dans l’un des théâtres partenaires: tarif G5 au POCHE /GVE CHF 22.le passe-textes avec la Comédie de Genève Le passe-textes facilite le voyage entre la Comédie et POCHE /GVE et favorise la découverte des auteurs vivants et des écritures contemporaines. Trois spectacles au POCHE /GVE: Waste / J’appelle mes frères /Dans le blanc des dents Deux spectacles à la Comédie de Genève: La Boucherie de Job texte Fausto Paravidino, mise en scène Hervé Loichemol, du 04 au 21 octobre 2016 /Des Roses et du Jasmin texte et mise en scène Adel Hakim, le 25 février 2017 le passe-textes CHF 150.- /le passe-textes réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 125.- 53 __horaires /tarifs horaires des représentations nouveau ! lundi, mercredi, jeudi et samedi 19h mardi 20h dimanche 17h vendredi relâche attention ! horaires spécifiques les fins de semaine en période de SLOOP, consulter les horaires détaillés et la grille. tarifs plein tarif avs_ai_chômeurs groupe (min. 10 personnes) tarif du mardi nouveau ! étudiants_apprentis carte 20ans / 20francs groupe 3 personnes billets suspendus inconnu ! CHF 35.CHF 22.CHF 25.CHF 15.CHF 15.CHF 10.CHF 27.- nouveau ! informations/accès www.poche---gve.ch +41 22 310 37 59 7, rue du Cheval-Blanc 1204 Genève La billetterie et le BARDU (bar du théâtre) ouvrent une heure avant la représentation (soit 3 billets pour CHF 81.-) offrez 1 place de spectacle à un Connaissez-vous les // cafés suspendus // en Sicile ? Si vous achetez deux cafés et que vous n’en buvez qu’un, le second reste // suspendu // pour être servi plus tard à une personne en difficulté. L’idée est la même. Mais ici, en achetant un second billet, le spectateur offre une place à quelqu’un qui a moins facilement accès au théâtre : immigrés, primoarrivants, jeunes déscolarisés, familles précaires. Pour chaque spectacle, POCHE /GVE choisit une association pour laquelle il est possible de // suspendre // des billets. Nous nous engageons alors à leur remettre les clés pour entrer dans le spectacle ainsi qu’un espace pour exprimer leurs impressions. 54 __abonnements /adhésion abonnement saison_d’eux (8 spectacles) pass pass pass pass pocheCHF 160.poche réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 140.poche –30ansCHF 80.poche duo (2 places par spectacle) CHF 280.- option cahiers de salle en POCHE nouveau ! Ajoutez CHF 10.- à votre pass et recevez l’ensemble des cahiers de salle de la saison (prix normal CHF 5.- /pièce). pour les abonnés de la saison UNES / 2015/2016 POCHE /GVE remercie ses abonnés de leur fidélité et leur propose un tarif préférenciel sur le renouvellement de leur abonnement s’ils viennent accompagnés d’un nouvel abonné : 1 nouvel abonné = CHF 20.- de rabais (sauf pass poche duo) 2 nouveaux abonnés et plus = CHF 40.- de rabais (sauf pass poche duo) Les nouveaux abonnés s’abonnent au tarif correspondant à leur catégorie. POCHE /GVE à la carte nouveau ! adhésionCHF 30.Adhésion au POCHE /GVE pour bénéficier d’un tarif préférentiel sur les 8 spectacles de la saison 2016/2017. tarif adhérent pleinCHF 25.- (au lieu de CHF 35.-) tarif adhérent réduit (avs, ai, étudiants, chômeurs) CHF 16.- (au lieu de CHF 22.-) tarif adhérent –30ansCHF 15.- (au lieu de CHF 35.-) 55 SAISON _ D’EUX POCHE---GVE.CH Unité modèle Les Morb(y)des atelier d'écriture Les Morb(y)des ME 23 19h 19h JE 24 VE 25 19h SA 26 19h Waste atelier mvt_texte_corps Waste atelier critique atelier mvt_texte_corps Waste atelier mvt_texte_corps Waste atelier mvt_texte_corps atelier d'écriture atelier mvt_texte_corps 17h 19h 20h 19h 19h 19h 19h DI 02 MA 18 DI 16 SA 15 VE 14 JE 13 Waste forum2 19h atelier critique Waste atelier d'écriture forum2 19h 17h Waste 19h Waste Colporteurs Château Rouge SOIRÉE PETITJÉSUS ! 19h Les Morb(y)des 21h Nino 0h45 Unité modèle SA 31 SOIRÉE GALA ! MA 20 20h Les Morb(y)des Nino Nino LU 19 JE 22 Nino 19h DI 18 Nino Nino Les Morb(y)des Unité modèle 15h 17h 19h 19h Nino Les Morb(y)des 17h 19h SA 17 19h 21h Nino 19h JE 15 ME 21 SA 25 Les Morb(y)des ME 14 19h 19h 17h 19h DI 19 VE 31 19h 20h Dans le blanc des dents MA 28 20h Loin de Linden VE 05 19h atelier d'écriture MAI Loin de Linden DI 30 17h SA 29 19h atelier d'écriture Loin de Linden VE 28 Dans le blanc des dents 19h LU 27 19h forum3 Loin de Linden Loin de Linden Loin de Linden Alpenstock Alpenstock MA 25 20h LU 24 19h ME 12 MA 11 19h Alpenstock Alpenstock LU 10 17h Alpenstock atelier d'écriture DI 09 Alpenstock VE 07 19h SA 08 19h Alpenstock JE 06 19h Alpenstock Alpenstock AVRIL atelier d'écriture Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents ME 05 19h MA 04 20h LU 03 19h 19h 19h JE 16 SA 18 19h ME 15 Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents JE 27 forum3 atelier d'écriture 19h Dans le blanc des dents atelier d'écriture Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents atelier d'écriture Dans le blanc des dents Dans le blanc des dents MARS ME 26 19h VE 24 Nino stage d'écriture VE 17 stage d'écriture stage d'écriture JE 16 SA 18 stage d'écriture stage d'écriture stage d'écriture FÉVRIER J'appelle mes frères Unité modèle Les Morb(y)des Nino J'appelle mes frères atelier d'écriture J'appelle mes frères J'appelle mes frères J'appelle mes frères ME 15 MA 14 LU 13 DI 29 15h 17h 19h 21h SA 28 19h MA 13 20h Nino Les Morb(y)des Unité modèle 19h VE 27 19h JE 26 ME 25 19h MA 24 20h LU 23 19h DI 22 J'appelle mes frères LU 13 Nino Unité modèle Les Morb(y)des 15h 17h 19h 17h 19h MA 14 20h DI 12 J'appelle mes frères 19h SA 21 SA 11 J'appelle mes frères 19h JE 19 19h VE 10 J'appelle mes frères ME 08 19h MA 07 20h ME 18 19h Nino 15h 17h 19h 17h LU 06 19h DI 05 SA 04 19h JE 09 19h J'appelle mes frères J'appelle mes frères J'appelle mes frères atelier d'écriture J'appelle mes frères VE 03 19h JE 02 19h ME 01 19h J'appelle mes frères 19h 17h 19h 19h 19h J'appelle mes frères J'appelle mes frères J'appelle mes frères JANVIER MA 17 20h LU 16 DI 15 SA 14 VE 13 JE 12 19h LU 12 DI 11 SA 10 atelier d'écriture VE 09 19h Nino Unité modèle Nino JE 08 19h 17h 19h Les Morb(y)des Nino Nino atelier d'écriture Unité modèle ME 07 19h MA 06 20h 19h LU 05 19h Waste 20h MA 11 Waste 19h LU 10 19h JE 01 VE 02 19h DÉCEMBRE Les Morb(y)des Les Morb(y)des MA 29 20h ME 30 19h Unité modèle LU 28 19h Waste 17h ME 12 Les Morb(y)des Colporteurs Arsenic 20h Unité modèle Les Morb(y)des Les Morb(y)des 19h LU 21 17h 19h Unité modèle 19h JE 17 DI 27 Unité modèle ME 16 19h Waste atelier mvt_texte_corps Waste DI 09 SA 08 VE 07 JE 06 ME 05 MA 04 LU 03 MA 22 Waste 19h SA 01 OCTOBRE Waste 19h JE 29 MA 15 Waste 19h ME 11 ME 28 19h 20h Unité modèle Colporteurs MAL Waste MA 27 20h MA 10 20h LU 09 19h 2017 Unité modèle atelier d'écriture Waste 19h LU 14 atelier d'écriture LU 26 19h 19h NOVEMBRE VE 11 SEPTEMBRE VE 23 19h 2016