S e c u r e M e d i c a l N e t w o r k i n g
La télé-expertise en pratique
Le réseau de télémédecine en neurochirurgie
neurotraumatologie de la Région Centre :
retour d’expérience
mai 2011
S e c u r e M e d i c a l N e t w o r k i n g 1
Avec près de 1 000 avis de télé-expertise par an, la coopération instaurée entre
les neurochirurgiens du CHU de Tours et les urgentistes des centres hospitaliers de la
région s’enracine progressivement dans l’organisation sanitaire du Centre.
Les besoins : l’accès à l’expertise
À l’initiative du Dr Bruno Aesch, praticien hospitalier au CHRU de Tours, les urgences
neurochirurgicales de la Région Centre bénéficient désormais d’un dispositif de prise
en charge optimisé, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Avec une population d’un peu plus de 2,5 millions d’habitants, le Centre fait partie des
régions françaises parmi les moins bien dotées en offre de soins. Les schémas
régionaux d’organisation sanitaire (SROS) successifs ont cependant réussi à organiser
un maillage satisfaisant des services d’urgence. Restait à le compléter par des
coopérations permettant d’assurer l’accès des patients à une expertise
spécialisée, comme l’exige notamment l’urgence neurochirurgicale.
« Le CHRU de Tours a vocation à travailler avec l’ensemble des services d’urgence de
la région », rappelle le Dr Bruno Aesch. Sur ses trois sites de Bretonneau, Clocheville
et Trousseau, l’établissement tourangeau dispose en effet de l’ensemble des plateaux
techniques nécessaires pour accueillir les patients, enfants comme adultes, qui
Le spécialiste, également responsable du Pôle Tête et Cou du CHU, a vu dans le
réseau de télémédecine un excellent moyen de développer les démarches de
coopération médicale qu’il avait entreprises avec les hôpitaux périphériques de la
région. Tandis que les urgentistes de ces établissements consolident ainsi la qualité de
prise en charge des patients sur leurs territoires.
Une organisation en réseau
« Notre collaboration avec les CH de Châteauroux, Blois, Bourges et Chartres a
commencé en 2008 par des réunions de formation et des consultations avancées (
le
médecin de Tours se déplaçant auprès des professionnels et des patients de chaque
hôpital
,
NDLR
) », raconte le Dr Bruno Aesch. Interventions qu’il poursuit aujourd’hui à
raison de deux demi-journées par mois dans chacun des établissements. « Elles sont
essentielles au maintien de relations étroites dans la mesure où il y a un fort turn-over
parmi les urgentistes. »
« Ces rencontres se sont rapidement traduites par l’intérêt d’organiser une garde
de neurochirurgie au CHU, qui s’appuie sur la télétransmission d’images
envoyées par les urgentistes de ces centres hospitaliers. »
La garde est assurée par 7 neurochirurgiens seniors, assistés d’internes.
Urgences
neurochirurgicales -
neurotraumatologie :
1 000 avis de té-
expertise par an.
L’efficacité du recours
à la télémédecine
repose sur des
coopérations
formalisées.
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Une convention liant le CHU et chaque hôpital définit la procédure de télé-expertise.
Lorsque le service des urgences décide d’y recourir, il recueille donc, si possible, le
consentement du patient ou de sa famille ; il téléphone directement au
neurochirurgien de garde à qui il expose les données cliniques ; parallèlement, il lui
transmet les images de scanner ou d’IRM et renseigne le formulaire en ligne de
demande d’avis ; il reçoit ensuite l’avis motivé (décision de transfert ou non) de
l’expert à la fois par téléphone et via ce dossier électronique (appelé « fiche suiveuse
»).
« Cet avis est rendu dans les délais les plus courts », précise Bruno Aesch. D’autant
plus que les médecins peuvent utiliser leur poste de travail habituel et n’ont pas à se
rendre auprès d’un poste dédié.
Les bénéfices
Les indications pertinentes de transfert figurent parmi les principaux
critères de satisfaction des acteurs. Côté centre expert : « Nous avions,
auparavant, tendance à conseiller les transferts vers le CHU par excès, simplement
pour nous assurer d’analyser les images ; ce qui avait pour conséquence d’allonger les
durées moyennes de séjour au CHU. » (Dr Bruno Aesch). Et côté demandeur : « Dans
un hôpital comme le nôtre, les patients peuvent avoir l’impression qu’on ne leur offre
pas le maximum. Il nous est désormais plus facile d’étayer une décision de non-
transfert car elle est confortée par l’avis du neurochirurgien à distance. » (Dr Louis
Soulat, Pôle Médecine d’urgence, CH de Châteauroux).
Fort de ses deux ans d’expérience, le dispositif confirme ses avantages directs et
effets indirects.
Pour les patients
La télé-expertise abolit les distances et tout habitant de la région peut bénéficier, en
cas de traumatisme cranio-cérébral ou d’urgence neurochirurgicale, de la même
qualité de diagnostic, qu’il réside à une cinquantaine de kilomètres (Chinon, Blois), à
plus de 150 km (Châteauroux, Bourges, Chartres), ou sur le territoire de santé du
CHU de Tours.
Son transfert est justifié par une indication chirurgicale : si le déplacement n’est pas
nécessaire, le patient restera donc soigné par l’établissement qui l’a pris en charge ;
c'est-à-dire,
a priori
, à proximité de sa famille. De même, si l’intervention chirurgicale
doit être programmée à une date ultérieure, la durée de son éloignement sera limitée.
La décision médicale est sécurisée par la formalisation des échanges entre les équipes
qui renseignent systématiquement la « fiche suiveuse » : ce qui est explicité « noir sur
blanc » ne risque pas de prêter à équivoque.
Même si le patient n’est pas transféré, il continue à bénéficier d’un suivi par les
spécialistes de Tours (imagerie de contrôle, consultation avancée).
La télé-expertise abolit
les distances et permet
à tous de bénéficier de
la même qualité de
diagnostic.
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Pour les urgentistes
Outre l’argument de crédibilité renforcée à l’annonce du diagnostic (lire plus haut), les
urgentistes apprécient l’amélioration de la qualité d’accueil de leurs patients sur le
plateau technique de Tours. L’avis de transfert conseillé est en effet
systématiquement complété de précisions relatives à l’intervention : dans quel service,
par quel médecin, le malade sera pris en charge.
En documentant très précisément la gravité de la situation clinique, la télé-
expertise apporte également une aide à la décision pour le choix du mode
de transfert (route ou hélicoptère) et, le cas échéant, la nature de la prise
en charge à assurer sur place avant l’intervention neurochirurgicale.
Pour les CH de Châteauroux et Bourges qui mutualisent l’utilisation d’un hélicoptère
sanitaire, « le dispositif facilite la redistribution des ressources budgétaires allouées à
ce moyen de transport », souligne le Dr Louis Soulat. « Ce qui n’est pas négligeable
quand on sait qu’une heure de vol en hélicoptère coûte environ 2 000 €. »
La traçabilité et l’archivage des échanges d’informations entre les professionnels de
santé constituent aussi un élément important de la coopération en termes de
responsabilité.
Le recours à la télémédecine présente enfin des effets indirects en matière de
formation et d’amélioration des pratiques professionnelles, comme le relève le Dr
Bruno Aesch : « la compréhension des cas cliniques par les services d’urgence
progresse, au fil du temps, grâce à cette coopération à distance ».
Pour le CHU, centre expert
En évitant les transferts inutiles, les services du CHU optimisent leur fonctionnement
et la qualité de leur organisation. « Nous faisons preuve d’une régulation plus fine des
pathologies prises en charge. Les malades qui sont accueillis sont ceux qui ont
véritablement besoin de nous. Cela produit ses effets sur la durée moyenne de séjour,
qui est à la baisse. » (Dr Bruno Aesch). Un résultat qui contribue aux efforts engagés
par le CHU en matière de pilotage médico-économique.
L’organisation de cette filière neurochirurgicaleneurotraumatologique apporte en
outre au centre régional une meilleure connaissance des structures d’aval, ce qui lui
permet de faciliter le parcours de ses patients.
La rentabilité est-elle au rendez-vous ? Le Dr Bruno Aesch n’en doute pas qui en
souligne un pré-requis essentiel : l’amélioration de la qualité de fonctionnement.
Sur le plan financier, par ailleurs, l’avis de télé-expertise donne lieu à un forfait de
50facturé au centre demandeur dès lors que le patient n’est pas transféré vers le
CHU (soit un volume total de 25 950 sur l’année 2010). La convention de
coopération décrit les dispositions financières de la collaboration.
Pavillon des Urgences de
Châteauroux avec
hélicoptère
Décision de transférer
ou non le patient et
choix du mode
transfert.
En évitant les
transferts inutiles, les
services optimisent
leur fonctionnement et
la qualité de leur
organisation.
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