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Les anxiolytiques sont à titre d’exemple l’alprazolam (Xanax®), le bromazépam (Lexomil®), le
lorazépam (Ativan®), le clorazépate (Tranxene®) ou le diazépam (Valium®), les hypnotiques sont le
flunitrazépam (Rohypnol/Narcozep), le loprazolam (Havlane®), le lormétazépam (Noctamide®). Sont
apparentés aux benzodiazépines les hypnotiques zolpidem (Stilnox®) et zopiclone. En outre, cette classe
comprend le myorelaxant tétrazépam et l’anti-épileptique clonazépam (Rivotril®).
NIVEAU DE LA CONSOMMATION DE BENZODIAZÉPINES EN FRANCE
Dans ce rapport d’une cinquantaine de pages, l’Afssaps dresse un état des lieux de la consommation
actuelle des benzodiazépines en France et son évolution depuis 10 ans d’après les données de ventes
disponibles, les données de remboursement de l’assurance maladie, les études réalisées sur des populations
particulières et des données provenant de son système de vigilance. Il apparaît que, chaque année, un Français
sur cinq consomme au moins une benzodiazépine ou une molécule apparentée. Près de 60 % des patients
sont des femmes. La consommation augmente avec l’âge. En 2010, 134 millions de boîtes ont été vendues en
France, soit 3,8 % de la consommation totale des médicaments en volume. Il est souligné dans le rapport que ce
niveau est particulièrement élevé compte tenu du fait que ces médicaments sont sur prescription médicale
obligatoire avec une durée limitée d’utilisation telle que définie dans le RCP. Leur chiffre d’affaires total
était de 183 millions d’euros (en prix fabricant hors taxes), soit 0,7 % des ventes de médicaments en France en
valeur en 2010. Les benzodiazépines sont principalement prescrites en médecine générale. Il est noté dans ce
rapport qu’existe depuis 10 ans « une stabilisation voire une diminution de la consommation des
benzodiazépines » (conséquences des mesures déjà mises en place pour favoriser leur bon usage ?). La
consommation des benzodiazépines anxiolytiques auraient ainsi diminué en France en moyenne de 1,8 % par an
depuis 2002 avec toutefois une reprise de la consommation en 2010 (explication ?). Celle des hypnotiques s’est
stabilisée sur les dix dernières années.
Par contre, la consommation des benzodiazépines indiquées dans les contractures musculaires et
dans l’épilepsie a progressé, avec une hausse annuelle moyenne de 3,6 % de l’usage de tétrazépam (Myolastan®
et génériques) depuis 2010 (à noter que ce médicament est déremboursé depuis fin 2011) et de 4,5 % pour le
clonazépam (Rivotril®). L’Afssaps note que ces derniers ne sont pas toujours perçus comme étant des
benzodiazépines.
LIEN ENCORE INCERTAIN AVEC DES DEMENCES
Parmi les risques associés aux benzodiazépines, figurent des troubles de la mémoire et du
comportement qui sont accrus chez le sujet âgé, ainsi qu’un risque, quel que soit l’âge, d’abus et de dépendance
psychique ou physique, avec la possibilité de survenue d’un syndrome de sevrage à l’arrêt du traitement. Des
études suggèrent l’existence sans cependant clairement le démontrer, d’un lien entre benzodiazépines et
démence, en particulier la maladie d’Alzheimer. Les résultats des études réalisées ne sont pas concordants.
L’Afssaps évalue actuellement cette problématique.
Ainsi, sur dix études publiées, cinq études concluent à une association, une retrouve un effet
protecteur des benzodiazépines sur l’apparition d’une démence et quatre ne retrouvent pas d’association ou ne
permettent pas de la mettre en évidence pour des raisons statistiques. Au chapitre des risques, l’Afssaps cite
également la possibilité de détournements et usages abusifs chez les toxicomanes et un usage criminel à des fins
de soumission chimique. Il est aussi à considérer que la consommation de benzodiazépines augmente le risque
d’accidents de la route (effet sédatif).
NÉCESSITÉ DE COMMUNIQUER DAVANTAGE SUR LE BON USAGE DES BENZODIAZÉPINES
L’Afssaps constatant que les mesures déjà mises en place ont permis de stabiliser voire faire diminuer
la consommation et favoriser le bon usage, déclare vouloir « renforcer les mesures déjà initiées et en proposer de
nouvelles » en termes d’information de prescription et délivrance davantage encadrées (limitation de la durée de
prescription, utilisation d’ordonnances sécurisées pour certaines benzodiazépines détournées par les
toxicomanes ou restrictions d’indications pour certains médicaments, modifications galéniques entreprises pour
limiter la soumission chimique). Les benzodiazépines les plus impliquées dans des cas d’abus et d’usage
détourné font l’objet d’une surveillance renforcée. Des mesures nouvelles pourraient « être proposées d’ordre
réglementaire en encadrant, par exemple, davantage les conditions de prescription et de délivrance ». Il est
évoqué la possibilité d’étendre de la prescription de l’ensemble des benzodiazépines sur ordonnance sécurisée.
Une enquête est en cours à ce sujet (résultats courant 2012 ?)
Une autre piste à l’étude serait de réduire la taille des conditionnements afin de « mieux adapter la
quantité délivrée à la quantité prescrite ». Devraient également être mises en place des études sur les
déterminants sociaux, économiques et culturels liés au recours aux benzodiazépines et aux médicaments
psychotropes » pour « mieux comprendre les raisons de la forte consommation de psychotropes en France » et
ainsi « adapter les actions mises en œuvre par les autorités sanitaires ».