Voir, regarder et leur complémentation à travers l’histoire du français
verbes existants en français moderne. Faute de temps, il n’a pas été possible de rechercher
esgarder dans une autre base de données. Alors, le corpus de la période suivante, le moyen
français, a été complété par des textes en français de la Renaissance afin d’avoir un éventail
de textes suffisamment large pour notre étude. Pour cette période, nous avons de nouveau
dû remplacer les exemples contenant des formes non verbales de voir pour obtenir 150
formes verbales. La recherche de regarder n’a posé aucun problème et nous avons donc
atteint le nombre de 150 exemples. Nous avons encore étudié des exemples de garder, mais
aucun sens perceptif n’a été repéré. Finalement, nous avons sans empêchement trouvé 150
formes verbales de voir et de regarder en français classique.
Après avoir rassemblé les exemples pour notre corpus, nous les avons traités dans le
logiciel Microsoft Access pour constituer notre propre base de données. En premier lieu,
nous avons indiqué si le verbe est accompagné d’un objet direct ou d’un autre complément
obligatoire, et éventuellement s’il est question d’un attribut de l’objet et de quel type
d’attribut il s’agit. Ensuite, nous avons marqué les extensions des verbes pour les classer
dans différents groupes suivant leurs sens déviant du sens perceptif pur. Il n’a pas toujours
été facile de déterminer le sens (la perception pure/ la cognition/ l’opinion/ …), mais nous
discutons des problèmes de classification en montrant les différents types de
complémentation. Nous avons ensuite indiqué le type d’objet direct (concret ou abstrait), ce
qui aide à classer les exemples selon les sens (p.ex. : un COD abstrait signale le plus
souvent un passage à la cognition). Pour le français moderne, nous avons mis en relief
l’agentivité, la télicité1 et la durativité d’une énoncé comportant voir ou regarder, en nous
basant sur l’emploi de certains adverbes (p.ex. : l’adverbe attentivement implique une
perception volontaire et agentive) ou par la séquence de verbes (p.ex. : regarder sans voir
exprime l’aspect non réussi de la perception), auxquels nous revenons plus en détail dans
notre étude. Ensuite il a été intéressant de vérifier si le verbe se trouve à la voix active ou
passive. Nous n’avons plus examiné les traits spécifiquement reliés à l’agentivité, la télicité
et la durativité pour les autres périodes de l’histoire du français pour nous concentrer sur
l’évolution de la sémantique inhérente aux verbes ou indiquée par la complémentation.
Néanmoins, le nombre d’exemples pourrait ne pas être suffisant et ceci pourrait en
conséquence influencer l’objectivité de notre travail. Néanmoins, nous sommes d’avis que
notre corpus peut servir d’un bon outil pour montrer des tendances syntaxiques et
sémantiques de voir et de regarder à travers l’histoire du français.
Pour montrer l’importance de la vision et des verbes de perception visuelle, nous
nous appuyons dans un premier temps sur Viberg (1984, 2001) qui a étudié de manière
comparative le champ des verbes de perception en général.
Dans un deuxième temps, nous nous limitons aux verbes de perception visuelle, en
exposant d’abord le champ qui s’organise autour de regarder et de voir. Les définitions du
TLFi servent de point de référence des sens que nous rencontrons. Nous entamons ensuite
l’analyse sémantique et syntaxique de la complémentation de voir et de regarder, en nous
basant sur d’autres linguistes tels que Willems (1983, 2000b, 2011), Willems et Defrancq
(2000a), Miller et Lowrey (2003) et Guimier (1998), qui se sont intéressés à quelques types
de complémentation en particulier. La sémantique inhérente à voir et à regarder ne manque
1 Ce terme a été emprunté à Willems (2011), qui réfère à l’aspect réussi de la perception.