4 IGAS, RAPPORT N° RM 2013-160P
[6] Par ailleurs, la Fondation a adapté ses statuts en 2006 pour les conformer aux statuts types du
conseil d’Etat mais ces modifications ne garantissent toujours pas sa nécessaire indépendance vis-
à-vis de ses fondateurs. Ainsi, le collège des fondateurs a de fait une majorité au conseil de
surveillance au travers de son contrôle de la composition d'un second collège «des amis de la
Fondation ». De plus, l'un des membres fondateurs est également président du directoire. Ce
dernier est à la tête des principales entités liées à la Fondation. Cette concentration n’est pas
contrebalancée par les diverses commissions statutaires placées auprès du conseil de surveillance.
Il apparaît souhaitable que la Fondation adapte ses statuts aux nouveaux standards du conseil d’Etat
et que le conseil de surveillance s’entoure de contre pouvoirs plus efficaces.
[7] Enfin, si sa mise en place dans le cadre d’une démarche de certification externe constitue un
net progrès, le service du contrôle interne n’est pas encore capable de pleinement garantir la bonne
utilisation des fonds des donateurs. La mission relève notamment, comme celle de 2002, l'existence
de financements non conformes à l’objet social d’intérêt général contribuant au fonctionnement de
communautés religieuses (5 % des missions d’aides), soutenant l’enseignement privé hors contrat
ou diverses structures sans lien avec l’activité de la Fondation. Certains risques importants,
notamment les risques liés à l’accueil d’enfants en situation de vulnérabilité ou les risques d’image
liés au passé du fondateur, sont mal pris en compte par la Fondation. Enfin, la bonne affectation des
ressources aux missions ou aux projets, en particulier des legs et des appels ciblés, n’est pas
complètement garantie : des erreurs d’affectation des legs ont été constatées pour l’année 2011 et le
suivi des fonds collectés via des appels ciblés apparaît insuffisant.
[8] La Fondation doit s’assurer de la conformité de ses dépenses à son objet social et réévaluer
sa politique de gestion des risques.
La stratégie de collecte respecte les donateurs et l’information qui leur est fournie est
bonne dans l’ensemble
[9] La stratégie de collecte retenue par la Fondation repose sur l’envoi de journaux et de
publipostages dont le contenu respecte globalement les obligations déontologiques. Elle s’appuie
sur des prestataires dont elle a utilement réduit le nombre en 2013. L’évolution de la rentabilité de
la collecte sur trois ans est plutôt défavorable, avec des frais de collecte progressant de 15 % pour
atteindre 2,9 M€ pour des ressources collectées diminuant de 13 %. Dans un contexte de
contraction forte de son réseau de bénévoles et de quêteurs, la collecte directe de proximité
(journée mondiale des lépreux) coûte plus qu'elle ne rapporte depuis plusieurs années.
[10] Dans ce contexte, la Fondation s’est engagée dans une démarche onéreuse - mais dont elle
espère tirer des fruits à moyen terme - de recherche de nouveaux donateurs et d’optimisation de ses
opérations de collecte reposant sur un ciblage très précis.
[11] Afin de répondre aux réclamations de certains donateurs et d’optimiser ses dépenses, la
Fondation a développé une série d’outils permettant de limiter la fréquence des sollicitations. La
Fondation doit encore toutefois se mettre en conformité avec les prescriptions de la CNIL en fixant
une durée limite de conservation des données personnelles des donateurs. Il lui revient également
de sécuriser la déductibilité fiscale à 75 % (et non 66 %) des dons qu’elle reçoit, en engageant une
procédure de rescrit auprès de l’administration fiscale.
[12] Enfin, l’information des donateurs sur les projets financés est dans l’ensemble exacte et
sincère mais manque parfois de précision quant aux objectifs recherchés ou aux moyens utilisés.
C’est notamment le cas pour des soutiens à l’enseignement catholique hors contrat en France ou à
des organismes sans lien direct avec les missions sociales, pour le recours quasi exclusif à des
opérateurs catholiques pour porter les projets sur le terrain, pour les objectifs de l’intervention au
Liban et pour la lisibilité de l’action de la Fondation dans le cadre de la mission sociale information
et diffusion du message de Raoul Follereau.