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Forum Med Suisse 2012;12(1–2):20–21 20
HigHligHts 2011: médecine pHysique et réHabilitation
Une spécialité «allround» à l’épicentre
de la réadaptation globale
Inès Kramers-de Quervaina, Otto Knüselb
a Rheumatologie und Rehabilitation, Schulthess-Klinik, Zürich
b Medical Center Maienfeld
Dénition et missions de la réadaptation
La réadaptation est l’engagement coordonné de mesures
médicales, de soins, sociales, professionnelles, techniques
et pédagogiques visant à améliorer les capacités fonc-
tionnelles des patients et à permettre à ces derniers des
activités aussi autonomes que possible et la participation
à l’ensemble des activités de la vie quotidienne dans la
mesure de leurs moyens. La réadaptation s’occupe, de
par sa nature multidisciplinaire, de toutes les consé-
quences des maladies et des accidents. La réadaptation
se fonde sur le modèle de santé fonctionnelle de l’OMS.
Ce modèle ne décrit pas simplement l’état de santé sur la
base du code diagnostic des maladies (ICD-10). Il intègre
une vision fonctionnelle globale, tenant compte de la situa-
tion personnelle au quotidien, des a spects professionnels
et des activités de loisirs. Il se fonde sur la classi cation
internationale du fonctionnement, du handicap et de la
santé (International Classication of Functioning, Dis-
ability and Health [ICF]).
L’objectif de la médecine de réadaptation est l’améliora-
tion de la qualité de vie lors de séquelles après une mala-
die ou un accident. Elle englobe la prise en charge des
l ésions structurelles organiques, le traitement symptoma-
tique, l’amélioration des fonctions physiques et c ognitives
par l’entraînement de réhabilitation, la mise en place des
voies de compensation, la mise à disposition de moyens
auxiliaires, ainsi que la réintégration dans la vie quoti-
dienne, tenant compte des facteurs psychosociaux et en-
vironnementaux propres à chaque patient. Cet objectif est
le même, quel que soit l’organe ou le système d’organes à
l’origine des limitations des capacités de performance ou
du handicap. Le spécialiste en réadaptation a la charge du
diagnostic, de la prévention, du traitement et du suivi de
la réadaptation de patients de tout âge, atteints d’affec-
tions invalidantes et porteurs de comorbidités.
La réadaptation – un droit fondamental
aujourd’hui
C’est sous ce titre que Rolf Frischknecht a présenté, dans
son article de 2009 écrit pour le présent journal, la Conven-
tion relative aux droits des personnes handicapées, pu-
bliée par les Nations Unies le 3 mai 2008 [1]. Le but de
cette convention était la garantie des droits fondamen-
taux de toutes les personnes handicapées concernant
leur participation active à tous les aspects de la vie poli-
tique, économique, sociale et culturelle. Le premier «World
Report on Disability», élaboré par l’OMS (Organisation
Mondiale de la Santé) en collaboration avec la banque
mondiale (World Bank) [2], a été publiée le 9 juin 2011.
Ce rapport est une contribution importante des Nations
Unies à la mise en œuvre de la Convention pour la protec-
tion des droits des personnes handicapées. Au 24 sep-
tembre 2011, pas moins de 104 nations avaient déjà rati-
é ce document. La Suisse ne l’a pas encore fait à ce jour,
car elle poursuit une stratégie cherchant à mesurer au
préalable avec précision tous les effets et toutes les consé-
quences d’une adhésion. Reste que le principe de l’égalité
et du devoir d’intégration des personnes han dicapées
gure bel et bien dans la législation suisse. La Constitu-
tion fédérale interdit par exemple la discrimination des
personnes souffrant d’un handicap «physique, mental ou
psychique» et exige l’élimination de tous les désavan-
tages auxquels les personnes handicapées ont à faire face.
La réadaptation est ancrée dans la LAMal 1994 en tant que
prestation à la charge de l’assurance-maladie obligatoire
selon l’art. 25, al. 2 lit d. Les examens et les traitements
dispensés peuvent l’être en milieu hospitalier ou ambula-
toire. La notion de «partiellement hospitalier» n’existe plus
depuis le 1er janvier 2009. Les assureurs offrant des cou-
vertures accidents obligatoires sont libres, dans le cadre de
la LAA, de prendre en charge des prestations lorsqu’elles
répondent aux critères d’économicité et d’adéquation, en
vertu du principe des prestations en nature. Le Conseil
f édéral a clarié la question de l’admission de la réhabi-
litation dans le domaine hospitalier dans sa décision du
23 juin 1999. Les règlements tarifaires dans le secteur am-
bulatoire en sont en revanche encore au stade des prin-
cipes (MTK). Les DRG pour les prestations de réadaptation
constituent un problème encore non résolu (Système tari-
faire suisse pour la réadaptation [ST Reha]).
La recherche en médecine de réadaptation
L’efcacité de la réhabilitation pluridisciplinaire a été dé-
montrée ces dernières années par d’innombrables tra-
vaux de recherche nationaux et internationaux. Il existe
divers programmes destinés spéciquement au soulage-
ment des douleurs, à l’amélioration des capacités fonc-
tionnelles et à la facilitation du retour au travail [3, 4].
La formation postgraduée pour l’obtention
du titre de spécialiste en «MPR» [5]
Avant que la rhumatologie devienne une spécialité re-
connue en Suisse, la formation en médecine physique et ré-
habilitation (MPR) était intégrée, avec la médecine interne,
dans le cursus de formation en rhumatologie. La méde-
cine musculo-squelettique était donc traditionnellement
une formation postgraduée de base. Aujourd’hui, le spé-
cialiste en MPR doit cependant maîtriser tous les aspects
et toutes les techniques de la réadaptation pour pouvoir
Inès Kramers-
de Quervain
Les auteurs n’ont
pas déclaré
d’obligations
nancières ou
personnelles en
rapport avec
l’article soumis.