LES FORMES VERBALES DU
PULAAR
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1.2.3. Au plan de la phonétique combinatoire aussi, on observe parfois des
variations dans certaines formes verbales, àpartir
d'une
seule forme de base.
Ces variations sont dues à une différence de distribution de l'accent
d'un
parler à un autre, aboutissant ainsi à des incidences différentes sur la chaîne
des morphèmes. Ainsi, à
partir
d'une
forme de base /wad-r-at/, avec wad- :
(racine) faire, -r- :morphème dérivatif à valeur instrumentale/modale, -at :
marque aspectuelle (inaccompli), on aura trois réalisations de la forme verbale
superficielle, selon les parlers :
a) wadirat (avec voyelle d'appui idevant r),
b) wadirtu (avec voyelle d'appui idevant ret uaprès z),
c) wa'rat (avec changement de la glottale
den
?).
Toutes ces trois formes sont attestées au Sénégal, les deux premières au
Fuuta et la troisième au
Jolof
1.2.4. De façon générale, le sémantisme des morphèmes radicaux, notam-
ment en ce qui concerne la voix admise, ne connaît que peu de variations
interdialectales. On observe toutefois quelques rares cas d'exception.
On dira,
par
exemple, parfois au Fuuta :
(14) omo gol/oo il travaille (rac. gol/-, inaccompli, voix moyenne)
et au
Jolof
:
(15) hombo golla il travaille (rac. goll-, inaccompli, voix active).
1.2.5. Signalons aussi que, la position du
pronom
sujet
par
rapport
au
verbe conjugué ayant des incidences sur cette forme verbale, parfois, du nord
au sud, on relève des variations formelles dues à la différence de la place du
pronom
d'un
parler à un autre. Exemples:
(16) ko hannde ngar-mi (rac 'ar- venir) dans le
Nord
(17) ko hannde mi 'ari (rac 'ar- venir) dans le Sud
c'est aujourd'hui que je suis venu.
On voit dans (16) que la position enclitique du
pronom
sujet mi a un double
effet sur la forme
verbale:
d'abord
l'initiale radicale
1'/
passe à /ng/
(alternance régulière); ensuite la marque -i de l'aspect se trouve effacée
devant le
pronom
enclitique (la forme normale, de base, est *ngari-mi). Toutes
ces différences et variations interdialectales que nous avons signalées (et il y en
ad'autres, mais nettement moins significatives) dans les formes verbales du
pulaar sont linguistiquement négligeables et n'affectent nullement l'inter-
compréhension entre les locuteurs, et encore moins la cohérence du système.
Pourtant, de tous les aspects de la grammaire du pulaar, c'est le système
verbal (ce système
dont
nous avons déjà souligné l'extrême homogénéité
morphologique au plan interdialectal) qui connaît le plus de controverses, qui